L’envie du pénis chez les féministes

Les féministes sont obnubilées par le sexe masculin. Dès que l’on se penche sur leurs discours, leurs revendications, leurs productions artistiques… l’obsession phallique s’érige comme une évidence.

« L’Origine de la guerre » de l’artiste féministe Orlan, 2011

Le féminisme du point de vue psychanalytique

Il n’y a donc pas que « la langue française qui reste attachée au phallus », comme le disait si bien Chloé Delaume ; il y a aussi la féministe refoulée, qui pense tellement à la bite que celle-ci occupe l’entièreté de son paysage mental.

Le féminisme a toujours beaucoup frayé avec la psychanalyse, en particulier avec ses discours les plus filandreux ou les moins étayés scientifiquement. Mais on ne pense pas assez à aborder le féminisme lui-même (ou plus exactement le néo-féminisme) comme une névrose liée au phallus ; phallus qui renvoie non seulement au pénis, mais plus encore à l’image fantasmatique du pouvoir absolu qu’elles lui attribuent jusqu’à en perdre la raison. La frustration, la jalousie et la rage que suscitent chez elles ce fantasme révèlent en creux la haine pathologique qu’elles portent à leur propre condition.

La névrose de toute femme – qui au sens psychanalytique est un état normal et non pathologique – serait selon le docteur Freud la fameuse « envie du pénis » (il s’agirait du pendant féminin du « complexe de castration » masculin). Si, en tant que femme bien dans ma peau, cette hypothèse m’apparaît plutôt farfelue – je n’ai jamais rêvé posséder de pénis – , je me demande quand même si le concept ne s’appliquerait pas assez bien aux féministes, pour le coup. D’aucuns ont déjà relevé le transfert que celles-ci ont fait de « l’envie du pénis » vers « l’envie du pénal » (l’expression est de Philippe Muray) – lorsqu’elles cherchent par exemple à criminaliser toute forme de sexualité masculine hétérosexuelle.

Par ailleurs, la théorie psychanalytique de l’hystérie fait justement appel au concept de l’envie du pénis… De là à faire le lien avec certaines « féminhystériques », il n’y a qu’un pas que je serais presque tentée de franchir quand, en écrivant ces lignes, je vois passer sur Instagram cette photo de la bien nommée « Irenevrose » :

Irénévrose, incarnation du néo-féminisme névrotique du XXIe siècle (1 février 2019).

– la relation névrotique des féministes à leurs règles devant précisément faire l’objet de mon prochain article.

On relèvera au passage la posture jambes écartées d’Irenevrose. L’envie refoulée de se faire mettre une bite bien profond saute aux yeux !  D’ailleurs comme elle le précise elle-même sur son accueil Instagram, Irenevrose ne s’intéresse qu’au cul. Son psychisme régressif se reconnaît aussi dans ce qui suit : « mother of cacarevolution« . Peut-être que les féministes, après avoir épuisé la pisse et les règles, se rouleront dans leur merde à la prochaine étape ? (c’est probable !).

Le phallus dans l’art féministe

Le tableau d’Orlan cité plus haut m’offre l’occasion d’explorer, à travers l’art, l’évolution du discours féministe sur le phallus – et notamment son basculement de l’envie amoureuse à la jalousie haineuse.

1/ Le phallus avant la haine

Si l’exposition « In the Cut – The Male Body in Feminist Art«  qui vient de s’achever à Sarrebruck (mai 2018-janvier 2019) illustre précisément la fascination féministe pour le phallus, elle étonne cependant par son absence de haine affichée envers le membre masculin. L’exposition s’attache même au désir hétérosexuel chez les artistes féministes, ce qui ne manque pas de surprendre en ces temps où la troisième vague féministe n’a de cesse de démolir celui-ci. Que s’est-il passé ? D’aucuns auraient-ils réalisé que la misandrie était allée trop loin ? On n’ose y croire.

Parmi les choses tout à fait intéressantes, on y trouve par exemple « Le Divorce » (1992), de Sophie Calle, une photo étonnante accompagnée d’un texte très émouvant sur son chagrin au moment de divorcer de son mari. Le texte est à lire ici et je dois reconnaître que cette oeuvre singulière m’a touchée :

Sophie Calle, Le Divorce, 1992.

De la même manière, je ne trouve pas grand chose à redire à la série Landscape (1972) d’Eunice Golden, où le corps masculin s’offre comme un paysage et un horizon  indépassables – si ce n’est qu’à travers le motif du filet qui entoure le pénis, elle dénoncerait « l’injonction de la virilité » faite aux hommes. Je répondrais à cela que les femmes non féministes, qui comme moi ou Natacha Polony feraient plutôt l’éloge de la virilité, ne voient aucune raison de la vilipender. D’ailleurs, une étude montre que les féministes elles-mêmes la plébiscitent en secret (voir plus bas).

Eunice Golden, Landscape #160, 1972

J’ai un peu plus de mal à voir en quoi ces images sont subversives ou même spécifiquement féministes.  Par le simple fait de renverser le rôle de l’artiste et du modèle ?  A-t-il vraiment fallu attendre la fin du XXe siècle pour que des femmes dépeignent des sexes masculins ? Le female gaze a tout de même quelques antécédents dans l’histoire de l’art, par exemple chez Camille Claudel quand elle sculpte l’étreinte amoureuse et le corps masculin sensuel.

Camille Claudel, La Valse, 1905
Camille Claudel, La Valse, 1905 (détail)
  • Sur Camille Claudel, voir aussi  :

Je ne pensais pas que s’intéresser au corps masculin ou afficher son désir pour lui pouvait faire d’une femme artiste une féministe. Il va de soi que cette liberté du female gaze doit faire partie des droits fondamentaux pour toute femme et que si le féminisme n’était que cela, je serais féministe. Mais ces droits sont acquis depuis longtemps et le féminisme a beaucoup évolué depuis…

Il s’agit en tout cas ici d’artistes qui pour moi ressortissent d’un féminisme de bon aloi, que j’appellerais « d’avant la haine », car éloigné des postures plus récentes de nos pénibles activistes radicalisées et ivres de ressentiment (pour ne pas dire de paranoïa) envers les hommes. Quoi qu’il en soit de l’intention exacte des commissaires de cette exposition (je n’ai pas consulté le catalogue, pas encore paru), je ne peux que saluer l’angle retenu.

2/ Le phallus du grand méchant loup

Le phallus joyeux et la liberté d’afficher son intérêt positif pour lui semblent définitivement proscrits de l’art féministe dans les décennies qui suivent. Le féminisme radical lesbien a imposé sa vision péjorative dans tous les domaines et le phallus, symbole du grand méchant loup pour nos pauvres féministes en état de sidération devant son pouvoir démoniaque – qu’elles surestiment grandement au passage, mais puisqu’elles ont tant besoin de se percevoir comme des pauvrettes dominées, laissons-les à leur fantasme de soumission –, le phallus, donc, ne sert généralement plus que de défouloir régressif, sexiste et misandre.

Le thème est exploité sur plusieurs décennies par Judith Bernstein, notamment à travers cette oeuvre tirée de sa série « Bites de Mort » (Dicks of Death, 2015) où le contraste des couleurs primaires accentue la violence attribuée à la bite, chargée de tout le malheur du monde. La répétition des éléments de langage victimaires chez cette artiste (« Haaaan, le patriarcat, la misogynie, la phallocratie, la domination masculine, mais ouin-ouin-ouin »), font que je ne peux absolument pas entrer dans le discours simpliste et caricatural qui accompagne ces oeuvres.

Judith Bernstein, Dicks of Death, 2015

Pour l’artiste féministe Orlan, « L’Origine de la guerre » (2011) est, comme c’est original, le phallus. Mais bien sûr, le phallus, c’est le mâââl, c’est la guerre. Et la guerre, cépabien, toussa, toussa… On lui rappellera tout de même que si les armées de Daesh déferlaient un jour sur sa ville, Orlan serait la première à supplier que des hommes prennent les armes pour la sortir de là ! Qu’elle médite plutôt sur l’adage romain : « Si vis pacem, para bellum » (« Si tu veux la paix, prépare la guerre »), et qu’elle n’oublie pas que si elle vit dans une société pacifiée qui permet aux féministes de tirer des traites à vie sur leur narcissisme victimaire, elle le doit avant tout à ces milliers de soldats qui ont sacrifié leur vie sur les champs de bataille. Il serait bientôt temps de changer de paradigme et de retirer ses lunettes déformantes.

Orlan, L’origine de la Guerre, cibachrome collé sur aluminium, 88 x 105 cm, 2011

Mais en attendant, tu ne te rincerais pas un peu l’oeil, petite cochonne ? Je plaisante. Orlan a bien raison de figurer – à son corps défendant, j’imagine – un sexe masculin dans une posture plutôt érotique et elle a la bonne idée d’en faire un pendant à lOrigine du Monde de Gustave Courbet (1866), ce qui rend son tableau plutôt amusant et sympathique. Pour autant, son intention sexiste et misandre ne doit pas être minimisée puisque ce phallus est aussi, selon l’artiste, « le procréateur d’une violence plus universelle » (gna gna gna).

Le manspreading ou la quête du phallus dans les transports

J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur la nouvelle lubie féministe en provenance du métro de New York, la « lutte contre le manspreading » (le fait que les hommes écartent spontanément les cuisses quand ils sont assis). Ces cruches ont du mal à comprendre qu’un homme, ayant quelque chose entre les jambes, contrairement à elles, ne puisse pas physiologiquement croiser les jambes en les serrant pendant des heures entières dans les transports en commun. Ces refoulées de la bite tuent donc le temps dans le métro en matant l’entrejambe des hommes à la recherche de l’excroissance qui les fera défaillir (« Aaaaahhh, j’en ai vuuu !! J’ai repéré des couilles ! Aaaahh, c’est abominable ! »). On se croirait revenus chez les victoriennes du XIXe siècle (« Doux Jésus ! J’ai vu le loup ! Vite, mes sels ! »).

Par contre, que le fessier de la féministe en question, quand il est oversize, prenne plus de place qu’un homme au max de l’écartement de ses cuisses et si ce dernier ne lui laisse pas son siège, là, c’est du sexisme. Normal. Au fait, la névrosée des règles, un peu plus haut, elle ne ferait pas du womanspreading, par hasard ? Quand est-ce qu’on légifère contre les femmes qui s’étalent dans l’espace public ?

Les féministes et les hommes sexistes

Le plus drôle, c’est qu’en totale contradiction avec leurs discours publics blâmant sans fin les machos, on découvre qu’en privé, les féministes elles-mêmes les plébiscitent ! C’est le résultat d’une étude sérieuse parue en juin 2018 dans le Personality and Social Psychology Bulletin (voir aussi « Les féministes trouvent les hommes sexistes plus sexy que les hommes « féministes« , en anglais). Ainsi donc, le jour elles les fustigent sur le site Zeromacho par exemple, mais le soir, elles en rêvent comme les autres et avec un vibromasseur, si ça se trouve…  Il n’y a rien de mal à faire cela, naturellement, mais pourquoi alors une telle dichotomie et un tel double discours ? Un petit problème de refoulement, peut-être ? Même si le sexisme en question est plutôt ici ce qu’elles appellent le « sexisme bienveillant » (et que les femmes normales, non féministes, appellent tout simplement le charme masculin), elles font donc mine officiellement de combattre sans répit ce dont elles rêvent en secret. Allo, docteur Freud ? Vous pourriez me dépêcher quelques flottes d’Airbus ? J’ai un paquet de patientes pour vous, là…

Confirmation de ce que j’écris : « Je suis féministe mais j’aime avoir des rapports sexuels avec un macho, pourquoi ? » (Europe 1, 05/02/21)

. 15 mars 2019 : L’envie du pénis se hurle sur les pancartes des adolescentes biberonnées au féminisme de la « marche pour le climat » :

15 mars 2019 : L’envie du pénis s’affiche publiquement.
  • Mai 2020 : L’envie du pénis (raciste car il réduit les noirs à la taille de leur sexe et exclut les hommes blancs) se hurle encore plus fort sur ces pancartes féministo-racialistes des manifestations « Black Lives Matter » :
  • Fascination phallique et cravate
Tasjoui, complètement frustrée, ne pense plus qu’à la bite…

[à suivre…]

. Voir aussi :

  • Le clitoris comme phallus de substitution :
  • Le féminisme est-il un ondinisme ?
  • Les règles du dégoût :
  • Féminisme et stade anal :

Retour vers l’univers néo-féministe :

Yann Moix-Moi-Moi et le féminisme

M’étant fait traiter de néo-féministe (et ce n’était pas un compliment) parce que je me suis insurgée avec vigueur contre la goujaterie de Yann Moix (sa célèbre sortie sur les femmes de 50 ans), je tenais à faire un petit retour sur les rapports de cette affaire avec le féminisme. Dénoncer Yann Moix ne fait pas de moi une féministe et voici pourquoi.

  • Réfléchir sur le vieillissement des femmes n’a jamais fait  partie des luttes féministes

En effet, la question du vieillissement de la femme n’a jusqu’à présent jamais été une question féministe, ce que confirme la lecture de cet intéressant article de 2010, « L’impensé de la vieillesse : la sexualité« , où l’auteur se demande : « Pourquoi la vieillesse n’est-elle pas devenue un thème de luttes féministes ? ». Afin de répondre à cette question, elle annonce une étude d’envergure qu’elle va conduire auprès des féministes :  « Cette recherche entend combler les silences du féminisme concernant la vieillesse pro-sexe ou sans sexe, en cherchant les raisons d’une omerta collective ou au contraire en mettant au jour des initiatives peu connues et des alternatives aux discriminations sexuelles dues à l’avancée en âge. »

Il sera d’ailleurs très intéressant de voir comment la victimisation va pouvoir être proclamée, sachant que plus on avance en âge, plus les hommes partent les premiers.  Les féministes vont-elles oser se plaindre d’être toujours en vie longtemps après que tous les hommes de leur génération dégustent les pissenlits par la racine ?  Las, on peut leur faire confiance pour trouver de quoi accabler les hommes puisque, selon les études de genre, la règle est invariable : les hommes sont toujours coupables de tout (y compris de mourir trop tôt – j’ai vu passer des tweets en ce sens).

Etudes de genre : « C’est trop bien ! Si tu utilises ton imagination, tu peux accuser les hommes de TOUT ! »

Pour ma part, je n’essentialise pas. Je ne dénonce pas « les » femmes en général, mais certaines d’entre elles, les féministes idéologues et misandres et toutes celles qui apportent leur pierre à la mauvaise guerre des sexes. Je ne critique pas ces femmes pour leur genre, dont elles ne sont pas responsables (et que je partage de toutes façons), mais pour leurs idées, qu’elles ont tout le loisir de reconsidérer si elles le souhaitent. Je ne me sens pas non plus solidaire de la « classe » des femmes (une approche 100% gauchisto-sexiste – le féminisme étant par définition un sexisme), je suis solidaire de tout être souffrant, qu’il soit homme, femme, enfant ou animal.

Toute femme n’ayant pas à être féministe –  l’un n’impliquant pas l’autre, puisque « femme » signifie un genre biologique et social et « féministe » une idéologie généralement très marquée à gauche et de plus en plus inepte sur le plan intellectuel – ; je ne vois donc pas pourquoi réfléchir sur la question du vieillissement d’un sexe biologique ferait automatiquement de vous une idéologue féministe.

De même, je ne défends pas « les » hommes en tant que groupe indistinct, je me contente de pointer à l’occasion, comme les masculinistes modérés (par ex. sur le site neo-masculin.com), les injustices et les mensonges que leur fait subir de plus en plus souvent le féminisme dominant.  Et donc, au sein des hommes, il y en a qui ont des comportements et des prises de position tout aussi critiquables que les pires féministes va-t-en-guerre – et c’est le cas de Yann Moix.

Dénoncer ce dernier n’est pas du féminisme, car  :

Comme j’en avais l’intuition dès le départ, Moix s’affirme lui-même féministe ! En tant que héraut médiatique de la bien-pensance de gauche, il ne pouvait évidemment pas en être autrement… Et il en incarne justement les pires travers – immaturité affective,  complaisance dans sa névrose, narcissisme infantile et mépris de l’autre sexe porté en étendard.

Extrait vidéo –  Yann Moix justifie sa goujaterie en déclarant : « Je suis quelqu’un d’extrêmement féministe » (ONPC, 12/01/2019) :

Quand il se dit féministe sur le plateau d’ONPC, Moix débite quelques lieux communs sur la libération de la femme des années 70 ; quelques vieilles lunes qui montrent qu’il ne connaît pas grand chose aux dernières évolutions du féminisme mais qui lui sont très utiles pour justifier dans la foulée son ego pathologique : « Moi, moi, moi, moi, moi… ». Si je lui reproche de trop bien l’incarner, je dois lui reconnaître d’avoir plutôt bien résumé le féminisme, justification ultime de toute forme de narcissisme décomplexé. Même Christine Angot n’a pas trouvé quoi lui répondre.

Les féministes feront probablement la fine bouche et objecteront que son féminisme est en carton ; tant il est vrai que Moix peut tenir les discours les plus contradictoires (pour autant que le buzz le serve) –puisqu’il n’a aucune conviction profonde. Excellant surtout à humer l’air du temps, il calcule ensuite savamment sa posture la plus provocatrice et/ou la plus bankable.

Les féministes s’en prennent régulièrement à lui, ce qui d’ordinaire ne manque sans doute pas de le flatter. Elles le font d’ailleurs de manière assez stupide, comme dans cet article où l’une d’elles reproche à Mélanie Thierry de ne pas se revendiquer féministe face aux questions orientées de Moix. Sur ce coup-là, je donne raison sur toute la ligne à Mélanie Thierry qui s’est parfaitement défendue toute seule, et je ne trouve pas non plus que les questions de Moix étaient inintéressantes. Ses interrogations sur le désir amoureux ou sur la tentation de l’infidélité sont des questions légitimes et défendables ; je ne vois pas pourquoi elles seraient taboues ou marquées du sceau de l’infamie sexiste.  Mélanie a eu la liberté de ne pas y répondre, c’est très bien aussi. Rien à redire, donc.

  • Moix est le valet du féminisme, puisqu’il en est le meilleur rabatteur

Féministe ou anti-féministe au gré de ses postures ou de ses besoins – voire les deux en même temps –, Moix vient en tout cas de remettre une énorme pièce dans la machine féministe. Il vient même de tirer une grosse cartouche dans le fondement des mascus qui le soutiennent. Car qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

Le féminisme est revigoré au-delà de toute espérance. Quelle femme de plus 40 ans, directement insultée dans sa chair et rappelée au mépris général envers la femme vieillissante – y compris de la part des autres femmes, d’ailleurs, car compétition sexuelle exige, les femmes plus jeunes ou plus sexy frétillent d’avoir le bon âge et de pouvoir renvoyer la concurrence dans les cordes (la « sororité féministe universelle » démontrant une fois de plus qu’elle n’est qu’un concept vide) –, quelle femme de plus de 35 ans, donc, ne va pas se tourner vers les féministes pour y trouver réponses et soutien ?

Moix aurait-il oublié qu’il incarnait l’homme blanc de 50 ans, riche et occidental, c’est-à-dire l’ennemi juré des féministes ? Celles-ci ne manqueront pas de redoubler de coups sur ce profil masculin et comme on peut s’y attendre, cette surenchère haineuse n’aura comme effet que d’alimenter un peu plus la guerre des sexes et la fureur des deux camps l’un envers l’autre.

Pour autant, j’insiste, la question du vieillissement (des hommes comme des femmes) ne doit pas être laissée aux seules féministes. On est ici au croisement de la biologie et de la culture, et pas nécessairement dans l’idéologie victimaire de gauche. La question est bien plus vaste que cette approche par le petit bout de la lorgnette.

Je suis bien la seule à ne pas être surprise de voir M. Schiappa mouiller sa chemise pour défendre son laquais : entre féministes crasses, on se comprend forcément… Marlène Schiappa incarne ici la misogynie féministe à courte vue (je reviendrai dans un prochain article sur la misogynie féministe).

  • Moix est misogyne et ce n’est pas féministe que de le dire

En ce qui me concerne, je suis anti-féministe mais pas misogyne ; ce sont des choses séparées, comme je l’explique dans cet article : « [Amalgames faciles] – L’anti-féminisme n’est PAS la misogynie ». Et je considère que la dernière posture de Moix est bien de la misogynie.

On m’a rétorqué que la misogynie était la haine des femmes et que Moix n’avait fait qu’exprimer ses goûts.  Une analyse plus fine de sa personnalité fait pourtant bien ressortir non seulement sa peur, mais aussi sa haine des femmes. Quand on déclare ne pouvoir « aimer » des femmes que si elles sont réduites à leurs corps, leur âge ou leur race (qu’il confond d’ailleurs avec leur nationalité : « les chinoises », « les japonaises », etc.), on n’aime pas ces femmes : on a seulement besoin d’une fixation érotique, d’une objétisation et d’une mise à distance pour pouvoir surmonter son dégoût absolu affiché pour toute femme ne rentrant pas dans ses critères. Ce genre d’homme qui crache sur le corps féminin est rarement un grand amoureux de ce corps, même jeune (car il ne sert qu’à lui faire oublier sa peur et son dégoût), et encore moins de la femme qui se trouve derrière.

Les mauvaises justifications de l’evopsy

Moix m’a vite fait penser à certains discours masculinistes radicaux qui, trop contents de découvrir l’évopsy, y trouvent matière à justifier leurs comportements les plus primaires, à savoir : « L’évopsy dit que le singe en nous bande seulement sur la femelle jeune et fertile ; ça veut dire qu’on peut se comporter comme de gros babouins en société – comme Moix, quoi ». Et de justifier l’injustifiable : non pas la préférence (en réalité très régressive) de Moix pour les corps jeunes, mais l’affichage vulgaire et haineux de cette préférence. Et donc d’encourager la guerre (sale) des sexes.

Comme l’écrit Claude Habib, il existe en France « une tradition d’entente joueuse entre les sexes, qui se renouvelle de génération en génération, et qui est une particularité nationale, même si elle ne se connaît pas comme telle. Cette variante est rare – en tout cas elle est moins commune que la guerre des sexes, telle que la prône le féminisme mondialisé ». Moix et ses alliées féministes achèvent de la mettre à bas.

Certes, notre comportement social est aussi piloté par nos gènes – tout n’est pas culturel –, mais le tout génétique est une autre forme d’excès. Des études montrent que les choses changent parfois vite sous l’influence culturelle et que dans les civilisations avancées et pacifiques, les appariements hommes-femmes sont moins soumis aux vieux réflexes génétiques qu’autrefois. On constate que dans les sociétés modernes, les préférences sexuelles des hommes sont moins régressives et davantage ouvertes en direction des femmes de leur âge.

Même s’il est vrai que les hommes bandent plus facilement pour certaines femmes (dont les jeunes), contrairement à Moix, ils ne les choisissent pas pour les aimer, vivre avec ou les épouser : « Ces chiffres montrent que les préférences (affichées plus ou moins publiquement) et les attitudes sur un site de rencontre se différencient de la sexualité et de la conjugalité effectives. Les femmes avec qui les hommes se mettent en couple ou ont des relations affectives et/ou sexuelles ne sont pas forcément celles qu’ils trouvent les plus attirantes. »

L’argument selon lequel Moix préfère se mettre en couple avec des corps de 25 ans « parce que plus fertiles » tombe de lui-même : il ne correspond pas au comportement moyen des hommes.

Car il faut bien garder en tête que Moix n’est pas l’homme de la rue. Moix est un riche bobo médiatique qui peut se payer les corps qu’il veut et donc se complaire ad vitam dans son immaturité affective : il pourra toujours s’acheter des jeunes chinoises, non pas parce que c’est son « goût », mais d’abord parce que c’est dans ses moyens financiers. Sinon, il désirerait et baiserait des femmes de son âge, comme tout le monde.

Femmes de son âge qu’il n’est pas le dernier à désirer d’ailleurs, puisqu’on l’a vu frétiller au point d’en perdre ses moyens devant Carla Bruni ou Estelle Lefébure, qui ont toutes deux plus de 50 ans. Sa déclaration sur les femmes de 50 ans n’est évidemment qu’un grossier mensonge. La vérité, c’est qu’il est prêt à sauter sur qui veut bien de lui, mais comme il est en promo pour son dernier livre, il lui fallait un petit scandale bien senti. Comme il le rappelle lui-même dans ONPC pour se défendre, il s’agit d’un discours déjà servi ailleurs et donc parfaitement assumé.  Il a de plus relu et validé avant publication son interview dans Marie-Claire. Il savait très bien ce qu’il disait et l’impact que cela aurait : il a cherché à blesser uniquement pour faire le buzz.

« Sa » vérité, qui n’est que mensonge et manipulation, lui sert en réalité à cracher à la fois sur les femmes de son âge (pour se venger de toutes celles qui l’ont quitté), mais aussi sur les hommes de son âge (tous ceux qui ne peuvent pas se payer des jeunes chinoises toute l’année et à qui il envoie le message qu’il ne doit pas être confondu avec eux).

En conclusion, les prétendus goûts de Moix ne sont rien d’autre que l’étalage de ses mensonges, de sa veulerie et de sa capacité à faire le buzz pour assurer son existence médiatique. Son inclination pour les asiatiques de 25 ans lui est moins dictée par ses goûts ou ses gènes (qui ont bon dos) que par son porte-monnaie et sa consommation immodérée d’imagerie pornographique. Prétendre que cet homme dit des « vérités » ou qu’il représente les autres hommes, c’est se montrer bien naïf. Tout comme prendre au premier degré son dernier numéro de Caliméro narcissico-médiatique pour encore se faire plaindre après avoir agressé tout le monde. Qu’il assume au moins de récolter ce qu’il a semé !

  • Voir aussi :

. Addendum : Moix, Moix et Moix

En attendant le dénouement de la guerre fratricide entre Caïn et Abel (et leur père José), et pour mettre provisoirement tout le monde d’accord :

« In the Bible Cain slew Abel and East of Eden he was cast
You’re born into this life paying for the sins of somebody else’s past
Daddy worked his whole life for nothing but the pain
Now he walks these empty rooms looking for something to blame
You inherit the sins, you inherit the flames 
Adam raised a Cain « 

Les françaises voilées sont des militantes, pas des victimes

J’ai parcouru avec beaucoup d’intérêt les arguments pour la défense du voile tels qu’ils sont présentés par les féministes musulmanes de Lallab.

Je les ai lus avec d’autant plus d’intérêt que n’étant pas féministe – je récuse vigoureusement le paradigme féministe voulant nous faire croire que les hommes oppriment les femmes depuis toujours, partout et tout le temps (bullshit !) –, je ne suis pas assujettie à ce parti pris idéologique qui voudrait à tout prix faire des femmes voilées des soumises, des idiotes, des misérables ou des faibles.

Le féminisme de la troisième vague prétend représenter toutes les femmes (y compris celles qui comme moi, ne lui ont rien demandé) et les défendre contre les hommes – sauf que, dans les faits, son universalisme s’applique exclusivement à celles qui pensent exactement comme lui. Les femmes de droite sont donc exclues de sa bienveillance salvatrice (on se souvient des Femmes de droite de l’inénarrable Dworkin), de même que les anti-féministes ou les croyantes. La sororité universelle a tout de même ses limites !

J’ai donc souri et plutôt approuvé à la lecture de ceci :

« Le féminisme de la troisième vague : le choix de faire le « bon » choix. 
« Je pense que les femmes devraient avoir le droit de choisir ce qu’elles font de leur corps ! Enfin… Sauf si elles choisissent de faire de la chirurgie esthétique, de raser leurs poils pubiens, d’être mère au foyer, de ne pas allaiter, d’être travailleuse du sexe ou mannequin, de porter le voile, ou de faire toute autre chose que j’ai décrétée oppressante pour les femmes. Certaines femmes ne savent tout simplement pas ce qui est bon pour elles ! »

Ou de cela :

« Ironie du sort : des femmes qui se sont battues pour s’émanciper reproduisent cette oppression sur d’autres femmes. Ce féminisme paternaliste sous-entend que des femmes, musulmanes en l’occurrence, sont incapables de faire leurs propres choix. »

J’avoue trouver plutôt amusante l’expression « féminisme paternaliste ». L’accusation d’être traitées en gamines irresponsables et inconscientes est aussi un  grief récurrent.

Il ressort plusieurs choses des témoignages de Lallab (je compile ici la lecture de huit de leurs articles) :

  • Ils émanent de françaises libres et fortes, aucunement soumises et qui revendiquent leur totale liberté de choix, fondée (c’est ce qu’elles mettent en avant) sur un sentiment religieux. Le choix du voile y est présenté comme une manière de vivre leur foi et de se rapprocher d’Allah. De la part d’occidentales émancipées ou ayant fréquenté l’école de la République, cela peut sembler contre-intuitif au premier abord. Pour autant, cela peut s’expliquer : le spirituel étant autoritairement évacué de nos sociétés, je ne suis pas si surprise de le voir revenir en force, y compris de cette manière.
  • Elles rejettent vigoureusement la lecture victimaire des féministes :

« Je n’ai rien de la musulmane décrite par les médias français, qui vit prostrée chez elle, totalement dépendante des hommes de son entourage. Comme la majorité des musulmanes françaises, je vis, dans le respect de ma religion, la vie de n’importe quelle autre femme active. »

« Mettre le voile en France en 2017 n’est facile pour aucune femme. Pas parce qu’on y est forcées, mais parce que l’on est constamment montrées du doigt. Or, cette décision est profondément personnelle et propre à chacune. »

« Cela fait des années que l’on voit des femmes musulmanes sportives, artistes, entrepreneuses, journalistes, médecins, avocates, ingénieures et j’en passe, clamer qu’elles ont décidé quoi porter. Il était de plus en plus difficile de faire croire aux esprits les plus critiques que nous sommes toutes des femmes oppressées. »

« Parce que OUI, forcément, ce voile est le symbole de la soumission que j’ai pour mon mari, qui est forcément arabe, n’est-ce pas ? Et cela supposerait aussi que mon mari est forcément autoritaire, voire violent. Impossible de croire que j’ai choisi pleinement ce voile. En tant que femme, je suis capable de penser par moi-même sans avoir à répondre aux injonctions d’un homme, quelles que soient ses origines. »

« Enfin, ces dernières années, l’image réductrice et indélébile de ces femmes musulmanes éternellement soumises et oppressées par une religion violente s’est ancrée dans l’imaginaire collectif. Représentées comme un bloc homogène, avec une histoire unique, et réduites à un silence paradoxal : on ne cesse de parler d’elles, mais sans jamais leur donner la parole. »

« Si nous étions habitués à voir des femmes voilées à la télévision, dans les bureaux, dans les enseignes que nous fréquentons, notre fausse image de “femmes soumises” serait assurément démystifiée. »

« On entend que les femmes sont totalement dépendantes des hommes, soumises. En nous privant d’accès au travail, c’est notre fonctionnement qui crée ce type de problème. Alors, qui soumet l’autre ? »

« Parfois, je lis aussi de la pitié. Rassurez-vous, oui je suis blanche et oui je suis fière de mon hijab, je l’ai choisi et le porter est une fierté. Je ne suis pas le fruit de la soumission à un homme. »

  • Les femmes qui témoignent sont des femmes éduquées, intégrées et mêmes « bourgeoises » (pour caricaturer un peu) :

« La personne qui veut interdire mon foulard pour me protéger et me libérer. Elle aime bien les histoires du genre Jamais sans ma fille et doit s’imaginer que je vis dans un HLM transformé en harem, où je fais la danse du ventre et cuisine du couscous toute la journée pour mes 20 gosses. Elle pense me faire peur en parlant de suppression des minima sociaux, alors que mes cotisations salariales paient son arrêt maladie, la retraite de son oncle et le chômage de sa voisine. »

Et en effet, l’une des plumes de Lallab, Stéphanie GT, est une kiné célibataire qui cotise à la mutuelle des cadres et a un niveau de vie – et un niveau culturel – plus élevé que la moyenne. De là, vient naturellement la critique : ces femmes sont-elles vraiment représentatives des autres musulmanes voilées ? Peut-être pas socialement, c’est possible. Il n’empêche que leur témoignage peut servir d’exemple et de phare et que de toutes façons, la très grande majorité des musulmanes voilées en France sont des filles de la classe moyenne et non des cas sociaux. Il faut donc sortir de la lecture sociale et victimaire pour mieux appréhender le phénomène du voile.

Stéphanie GT (Lallab), qui n’a rien d’une pauvrette soumise au patriarcat.

  • Car en filigrane, il est question de guerre :

La lecture de certains passages rejoint mon ressenti : le voile n’est pas seulement un acte de foi ; il est aussi un geste non seulement militant, mais guerrier. Et les porteuses de foulard sont aussi des guerrières, loin de l’image de la pauvre victime du patriarcat qui aveugle nos féministes.

« Je lis même L’art de la guerre pour me mettre en condition ! Et Comment convaincre en moins de deux minutes. On ne sait jamais ! »

« Si ce n’est pas ton frère, c’est donc toi, l’activiste de l’islam politique. » (Il s’agit ici d’une critique portée à leur encontre, mais il leur est difficile de la réfuter complètement.)

« Stéphanie, c’est une nana pas comme les autres. Elle aime bien se battre et pas uniquement contre les préjugés. Si elle te casse, son côté kiné s’occupera de te réparer. A bon entendeur, méfiez-vous! Une jeune femme peut cacher de sacrés coups ! 😉 »

« Une des femmes qui m’inspirent, c’est Rosa Parks. J’aime cette phrase d’elle, simple, puissante : ‘Les gens ont toujours cru que je n’avais pas cédé ma place parce que j’étais fatiguée. Ce n’est pas vrai. Je n’étais pas fatiguée physiquement. J’étais surtout fatiguée de devoir capituler.’ »  C’est donc bien le langage de la guerre qui est retenu ici.

  • On notera cependant que le côté guerrier du voile n’est pas mis en avant plus que cela. L’intention n’est pas de s’afficher ouvertement conquérante (même si c’est parfaitement présent en filigrane).

L’intention expansionniste transparaît pourtant derrière des formules telles que : « Réfléchis bien à ce que tu défends comme projet de société. » Quel projet de société ? Celui de l’Oumma ? Ceci, par exemple ?

East London, 2015 : « La charia ou la loi faite par des hommes, qu’est-ce qui est mieux pour l’humanité ? »

Ou encore à travers ce slogan de Lallab : « Diffuse la bonne parole ». N’oublions pas que Lallab est d’abord une association religieuse militante à visée prosélyte.

Quelle serait dès lors la fonction du voile au sein du féminisme musulman ?

Il est présenté prioritairement comme un choix religieux relevant de l’acte intérieur de foi : « Le cheminement spirituel qui allait m’amener à porter le voile » ; « Je ne parlerai pas ici des textes religieux qui ont bien sûr eu un poids dans ma décision », « Je suis fidèle à mes convictions et je sais que je fais cela pour moi et pour Dieu », « La raison de ce geste est inscrite au fond de mon cœur. Dieu Seul sait », « Je me sentais bien. Protégée, reconnue en tant que musulmane et reliée en permanence à mon Créateur », « Mon voile n’est pas un accessoire de mode qui est là pour me valoriser ou non. C’est un des liens que j’ai choisis pour me rapprocher de mon Créateur ».

Mais derrière ce paravent, il amène très vite un discours axé sur deux points essentiels :

  • L’identité ; l’identité musulmane et communautaire qui est l’alpha et l’oméga du choix du voile : « La personne qui se veut ouverte mais qui pense que mon identité est un fardeau dont il faut me débarrasser », « Venir en sacrifiant une partie de mon identité (le voile) n’arrange pas les choses. Je ne peux plus continuer comme ça », « Je ne me plierai jamais à ce que l’on attend de moi : l’effacement pur et simple de mon identité ».
  • L’accusation de racisme et de colonialisme : « Ce pays qui refuse d’ouvrir les yeux sur son racisme », « La France a colonisé nos ancêtres (…). Qu’elle assume, maintenant ! Nous sommes là et nous n’avons aucune intention de nous laisser domestiquer », « La personne encore un peu enfermée dans ses représentations néo-coloniales et qui voit en moi une victime de plus à sauver », « Merci-la-France-de-nous-avoir-colonisé·e·s-ghettoïsé·e·s-et-exploité·e·s-c’est-toujours-mieux-que-dans-notre-pays-amen ».

Il n’y a donc pas à chercher trop longtemps pour retrouver la déclaration de guerre à l’Occident sur fond d’accusations revanchardes et fallacieuses de néo-colonialisme et de racisme.

Une contributrice soulève aussi ce point critique : « Certes, mon voile est visible de tous, mais est-ce pour autant que j’ai envie de raconter son histoire à de parfaits inconnus qui m’abordent avec agressivité dans la rue ? ».

C’est là où elles sont en peine dichotomie : si leur voile n’était pas un instrument de propagande et une déclaration de guerre, elles ne le mettraient pas en avant dans l’espace public et se contenteraient de vivre leur foi de manière discrète et privée. Il est donc bien un étendard et un acte de militantisme politique.

En conclusion, il ressort à mes yeux que le militantisme de Lallab ne vise pas seulement à se prévaloir de la laïcité ou de la loi de 1905, comme elles le prétendent – laquelle loi encadre effectivement le respect des croyances personnelles, la liberté de culte et l’expression privée de la foi. Si la critique de Lallab envers l’attitude condescendante, méprisante et autoritaire du féminisme universaliste est recevable, tout comme l’est la liberté de chacune de croire, de se convertir à l’islam ou de réintroduire de la spiritualité dans son existence, la défense du voile dissimule mal un tout autre agenda : celui d’une déclaration de guerre revancharde à l’Occident, avec le projet d’islamiser la société et de faire plier le français soi-disant néo-colonialiste et raciste. Et là, il ne s’agit plus de foi ou de spiritualité, mais bien de politique – leur « projet de société », comme elles disent.

Les féministes se trompent en prenant ces militantes du voile pour de pauvres victimes soumises au patriarcat. Elles sont en train de leur démontrer que l’image d’Épinal de la faible femme voilée n’existe que dans leurs fantasmes. Ces voilées leur marcheront peut-être bientôt sur la tête, mais il sera trop tard.

Bien sûr, ces militantes de Lallab ne représentent pas toutes les femmes voilées de France. Il serait toutefois fort intéressant de vérifier quel pourcentage de voilées se reconnaissent dans leur propos : il est certainement bien plus important qu’on se l’imagine. Celles qui s’identifient comme victimes ou soumises ayant besoin de l’aide des féministes universalistes pour les arracher à l’oppression patriarcale y sont même probablement inexistantes.

. Sur le voile et le viol en terre d’islam :

[Paula Wright] – Pour la défense d’un « patriarcat » réformé

. Sur les femmes musulmanes :

[Féminisme islamique] – Et si l’islam était autant un matriarcat qu’un patriarcat ?

.  Sur le voile dans la culture occidentale :

Les françaises voilées sont des militantes, pas des victimes

Le viol est-il une affaire de sexe ou de pouvoir ?

J’avoue avoir souvent balancé entre les deux car les deux camps semblaient avoir des arguments qui tenaient la corde. La lecture simultanée de deux articles ces derniers jours m’a invitée à y réfléchir à nouveau et à me positionner.

Le premier, un article publié sur Quillette en 2016 par deux sociologues et basé sur des statistiques criminelles (« Violer, c’est vouloir du sexe, pas du pouvoir« ), conclut que le viol est essentiellement une affaire de sexe.  L’argument est que les victimes de viol sont majoritairement des femmes jeunes et désirables et que les violeurs gays et hétéros ciblent de la même manière des jeunes gens qui les excitent sexuellement – garçons ou filles, ce qui prouve que le viol n’a rien à voir avec la domination exclusive de l’homme sur la femme. Je donne plus bas ma traduction en français de cet article.

La doxa féministe est naturellement opposée à ce point de vue, puisque sa définition extensive à l’infini du viol entend faire croire que 100% des femmes dans le monde sont victimes d’agressions sexuelles et que sa théorie de la « domination masculine » est l’alpha et l’oméga de toute forme de relation entre les sexes sur cette terre.

Le second article, datant de 2014 et intitulé « Le voile et le viol : les mythes et leurs conséquences », est une analyse fort intéressante du lien statistique entre voile et viol. Il en ressort que l’on peut exactement superposer l’incidence du viol et du voilement, les cartes étant strictement les mêmes. Ainsi, plus une société voile ses femmes et plus le viol y est endémique – et inversement. Comment expliquer cela ?

L’article commence par exposer les faits sans tomber dans l’ornière idéologique féministe qui, prétendant que les hommes occidentaux sont tous violeurs par essence et qu’il y aurait donc autant de viols en Occident qu’en terre d’Islam, revient à minimiser, relativiser voire excuser la violence propre aux sociétés islamiques. Ce caractère infâme du féminisme occidental s’est d’ailleurs illustré ces derniers jours quand les féministes mainstream, non seulement n’ont pas condamné officiellement l’exécution barbare des deux jeunes scandinaves au Maroc mais, sur les réseaux sociaux, l’ont banalisée en la rapportant aux violences conjugales des hommes occidentaux. Cette alliance du déni de réalité, de la lâcheté et de la soumission à l’islam illustre on ne peut plus clairement le visage hideux du néoféminisme : un tapis rouge déroulé en vue de l’islamisation des esprits.

L’article reprend ensuite la théorie féministe de la domination masculine : ce serait pour imposer leur pouvoir aux femmes que les musulmans les voilent et les violent, les deux allant de pair. Cette explication me paraît cependant un peu courte, car :

  • Elle généralise des cas de viol qui sont statistiquement à la marge, l’essentiel des viols véritables concernant en réalité des personnes jeunes et séduisantes afin de satisfaire des pulsions sexuelles (lire l’article plus bas). Dans les pays musulmans, on est davantage dans la pulsion ou la frustration sexuelle que dans l’envie intellectuelle de domination – problématique purement occidentale.
  • Mais surtout, le voile islamique n’est pas qu’une exigence masculine, ce que l’article ignore. Une meilleure prise en compte de la parole des femmes musulmanes permettrait en effet de se rendre compte que le voile est réellement leur choix et que si elles militent aussi activement pour sa généralisation, c’est qu’il y a de  bonnes raisons à cela :

. 1/ Le choix du voilement est tout autant le fait des femmes que des hommes car il est une arme puissante au service de l’islam conquérant, combat politique et religieux porté par les deux sexes. il faut cesser de voir la femme voilée comme une soumise : c’est d’abord une guerrière de l’expansion islamique et elle sait très bien ce qu’elle fait ! La lecture victimaire des féministes est dramatique dans le sens où elle leur interdit de voir que ces femmes leur ont déclaré la guerre. Les plaignant dans leur inconscience, elles leur dégagent en réalité la voie.

. 2/ Ensuite, le voile est le choix des femmes car il participe directement de la bonne vieille  compétition intra-sexuelle  : le voile est un instrument qui  permet aux femmes de se démarquer entre elles entre femmes vertueuses et salopes. Ou entre musulmanes respectables et non musulmanes bonnes à être réduites en esclavage sexuel, comme le préconise cette femme professeur de théologie islamique. C’est aussi pour cela qu’elles le plébiscitent et croire qu’entre femmes la « sororité » est une valeur plus forte que la compétition est une vue de l’esprit typiquement féministe ! Les femmes se livrent entre elles une compétition féroce pour séduire les  hommes les plus performants et le voile fait partie de leurs armes en milieu islamique. C’est aussi l’approche de l’evopsy, à laquelle je souscris (lire « Madones, putains, hijab. La mode du hijab (voile islamique) expliquée par la compétition sexuelle » ainsi que « Le hijab augmenterait la crédibilité« ).

Je pense même qu’une société ancienne figée dans son fonctionnement archaïque comme l’est le monde islamique y trouve en réalité une forme d’équilibre entre les sexes qui lui permet de durer : l’islam n’est pas tant l’infâme patriarcat décrit par l’idéologie féministe qu’une forme d’équilibre entre un matriarcat de mères toutes puissantes qui maintiennent à vie leurs fils dans un narcissisme immature (c’est une culture où les mères fabriquent des pervers narcissiques à la pelle) et un patriarcat apparent d’hommes en réalité émasculés et soumis à la loi coranique. Je rappelle qu’islam signifie soumission.

Lire sur ce sujet :

[Paula Wright] – Pour la défense d’un « patriarcat » réformé

Mais alors, au final, le viol est-il une question de sexe ou de pouvoir ?

On l’a compris, je penche pour ma part pour l’explication sexuelle, tout au moins dans la majorité des cas.

Je n’exclus pas cependant la dimension « pouvoir », car le rapport sexuel est par essence un lieu de pouvoir et de domination/soumission ; c’est même ce qui fait son plus grand charme, n’en déplaise aux féministes castratrices !  Que le sexe soit utilisé comme instrument de pouvoir me paraît donc naturel. Toutefois, du jeu sexuel demandé ou accepté au rapport imposé par la violence, il y a toute une gradation, de l’acceptable à l’inacceptable. Mais dans tous les cas, même quand il y a domination, il s’agit toujours de sexe !

Quant à la violence sexuelle endémique en terre d’islam, je pense qu’elle doit d’abord être rapportée à la violence généralisée dans la société islamique : violence éducative, violence envers les animaux, violence dans le Coran et ses interprétations fondamentalistes, violence de l’État islamique… violence à tous les étages, en quelque sorte. Le viol et le voile y sont à mes yeux moins le fait du « patriarcat » ou de la domination masculine que l’expression d’une société figée dans un islam politique archaïque et régressif, lui interdisant d’évoluer vers davantage de démocratie, de liberté et d’égalité – et donc vers davantage de progrès, de développement économique et social et moins de viols.

***

Gian Lorenzo Bernini, L’Enlèvement de Perséphone, (Rome, Galerie Borghèse), 1621-22.

. Traduction de l’article de Richard Felson et Richard Moran, « To Rape is to Want Sex, Not Power » :

Violer, c’est vouloir du sexe, pas du pouvoir

Dans le best-seller de 1975: Against Our Will, l’écrivain féministe Susan Brownmiller a affirmé que « le viol est une affaire de pouvoir, pas de sexe ». Depuis lors, on admet généralement que les violeurs sont des hommes misogynes qui cherchent la domination et le pouvoir sur les femmes et non des hommes violents en quête de sexe.

Toutefois, l’affirmation péremptoire de Brownmiller pose un problème fondamental. Au cours des 45 années qui ont suivi, aucune recherche empirique significative n’a été menée à l’appui de son affirmation. Pourtant, presque tout le monde la reprend.

A l’examen des données du FBI concernant 250 000 viols et autres agressions sexuelles, un facteur surpasse les autres : la tranche d’âge des victimes. C’est là que réside la clé pour résoudre le mystère de la motivation du délinquant.

Les sciences sociales ont prouvé une relation étroite entre l’âge et l’attrait sexuel. Les hommes hétérosexuels sont sexuellement attirés par les jeunes femmes, tandis que les homosexuels sont attirés par les jeunes hommes. La préférence d’âge explique pourquoi les stars de cinéma adultes, les travailleuses du sexe, les danseuses exotiques ainsi que les modèles glamour sont souvent jeunes, et pourquoi leurs revenus diminuent avec l’âge.

L’étude de l’âge des victimes offre donc l’occasion d’examiner la motivation sexuelle. Si les violeurs étaient principalement motivés par le désir de pouvoir et de domination, on s’attendrait à ce qu’ils préfèrent les femmes d’âge moyen avec une carrière. Mais si les violeurs désirent avant tout avoir des relations sexuelles, on s’attend à ce qu’ils préfèrent les jeunes femmes et les jeunes hommes. Nos recherches montrent que les délinquants attaquent presque toujours les jeunes (voir la figure ci-dessous). Le pourcentage de femmes victimes âgées de plus de 50 ans est proche de zéro. De même, dans les prisons pour hommes, où les femmes sont extrêmement rares, les hommes hétérosexuels ciblent les plus jeunes détenus.

Les études les plus récentes sur les agressions sexuelles ont porté sur les étudiants. Cependant, ce sont les lycéens qui courent le plus grand risque d’être agressés sexuellement. Nos analyses des données du FBI révèlent que les personnes de 15 ans sont les plus exposées au risque d’agression sexuelle. Elles sont environ 9 fois plus susceptibles d’être violées que celles âgées de 35 ans. Les femmes se livrent rarement à des agressions sexuelles – elles représentent 3% des agresseurs – mais lorsqu’elles commettent des agressions sexuelles, elles ciblent le plus souvent les jeunes de 15 ans. Une motivation de pouvoir ne peut pas expliquer pourquoi les délinquants, hommes et femmes, préfèrent les jeunes victimes. Seul un motif sexuel peut le faire.

L’agression sexuelle est un crime contre les jeunes autant que contre les femmes. Un homme de 15 ans est plus susceptible d’être victime d’une agression sexuelle qu’une femme de 40 ans. Les jeunes de 15 ans peuvent être plus exposés au risque parce que leur vie sociale les met en contact avec des violeurs potentiels. Mais la différence d’opportunité n’est qu’une explication partielle. Une analyse visant à déterminer si les femmes victimes de vol qualifié sont agressées sexuellement au cours de l’incident suggère que l’attrait sexuel des jeunes est un facteur important. Comme le voleur a déjà établi sa domination sur une victime vulnérable, les effets de l’opportunité et de la vulnérabilité sont supprimés et il ne reste que l’effet de la préférence en matière d’âge du délinquant. Dans de tels cas, les voleurs sont beaucoup plus susceptibles de violer les victimes âgées de 15 à 29 ans – les années où les femmes (et les hommes) ont tendance à être les plus attirants sur le plan sexuel. Seul un motif sexuel peut expliquer cette tendance.

Les délinquants sexuels de tous âges préfèrent les jeunes victimes. Même les délinquants âgés ciblent le plus souvent les jeunes de 15 ans. De plus, les hommes qui commettent des agressions sexuelles ont tendance à être considérablement plus âgés que ceux qui commettent d’autres types de crimes violents. Le taux relativement élevé d’infractions sexuelles chez les hommes âgés est probablement dû au fait qu’ils sont devenus moins attrayants avec l’âge, alors que leur attrait sexuel pour les jeunes n’a pas diminué. Les hommes et les femmes qu’ils trouvent les plus attrayants ne sont pas attirés par eux. Certains d’entre eux ont recours à la force pour se faire entendre.

La plupart des viols lors de rendez-vous ont lieu pendant un rapport consensuel lorsqu’un partenaire, généralement l’homme, veut aller plus loin et l’autre non. Au moment de l’agression, les hommes ont une pulsion sexuelle particulièrement forte. Cela ne veut pas dire que les hommes sont vaincus par le désir. Ils peuvent toujours se contrôler, la motivation sexuelle n’est donc pas une excuse. Cependant, l’excitation à partir de toute source augmente le comportement impulsif et joue donc probablement un rôle dans le viol lors d’une rencontre. La même chose vaut pour les drogues et l’alcool.

La raison pour laquelle la plupart des violeurs ciblent les femmes est qu’un pourcentage plus élevé d’hommes sont hétérosexuels et non qu’ils détestent les femmes. Le taux d’infraction des hommes homosexuels est aussi élevé que celui des hommes hétérosexuels. Les hommes gais sont tout aussi susceptibles d’attaquer les hommes que les hétérosexuels d’attaquer les femmes.

Toute explication d’agression sexuelle doit expliquer pourquoi les hommes homosexuels commettent le crime au moins aussi souvent que les hommes hétérosexuels. Il doit expliquer pourquoi les délinquants, quels que soient leur âge et leur sexe, ciblent majoritairement les jeunes. Plus important encore, il doit reposer sur des preuves scientifiques sociales solides et non sur l’orthodoxie féministe. Les preuves sont substantielles et mènent à une conclusion simple : la plupart des violeurs forcent les victimes à avoir des relations sexuelles parce qu’ils veulent des relations sexuelles.

***

  • Voir aussi : 

. Sur le même thème :

Peggy Sastre, « Pourquoi les hommes violent », Le Point, 27/03/21 ; traduction française de Matthew Blackwell, « Why Do Men Rape? », Quillette, 21/03/18, dont les conclusions sont identiques aux miennes.

. Sur le viol également :

Le viol est-il une affaire de sexe ou de pouvoir ?

. Sur le voile islamique en France :

https://eromakia.fr/index.php/2019/01/04/les-musulmanes-voilees-sont-des-guerrieres-pas-des-victimes/

Le « mâle blanc » occidental est-il vraiment l’ennemi des femmes ?

Néo-féministes dans la rue (montage photo personnel)

Jeudi 22 novembre 2018

VOX ; Vox Societe

Marlène Schiappa & Bérénice Levet : le « mâle blanc » occidental est-il vraiment l’ennemi des femmes ?

Devecchio, Alexandre

DÉBAT – Dans son nouvel essai, Bérénice Levet s’insurge contre un néoféminisme qui, selon elle, serait devenu une machine à criminaliser le désir masculin et à détruire notre modèle de civilisation. Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, voit au contraire dans le mouvement #MeToo un moyen de lutter contre les violences faites aux femmes.

LE FIGARO MAGAZINE. – Depuis le mouvement #MeToo, l’adversaire prioritaire des féministes est le «mâle blanc» occidental, termes utilisés par le président Macron. Cette tendance illustre-t-elle la thèse de Bérénice Levet, qui dans Libérons-nous du féminisme! dénonce une victimisation systématique des femmes?

Marlène SCHIAPPA. – Je me retrouve dans certains des propos de Bérénice Levet contre la victimisation des femmes, ou dans les écrits de Virginie Despentes sur ce sujet dans King Kong Théorie ou Baise-moi. Elle y explique que les femmes ne sont pas obligées de se sentir victimes après avoir subi un viol. Nous devons éviter d’être enfermées collectivement dans le statut de victime.

Bérénice LEVET. –  Je dénonce d’abord un féminisme identitaire, exaltant l’identité des femmes et les essentialisant dans le rôle d’éternelles victimes d’hommes eux-mêmes figés dans celui d’immémoriaux prédateurs. Le scénario est écrit et la vie des femmes, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, doit volens nolens y entrer. Loin du féminisme à la française universaliste, ce féminisme envisage les deux sexes comme deux continents séparés, deux camps dressés l’un contre l’autre.

» LIRE AUSSI – «#MeToo a permis à un féminisme identitaire et séparatiste de s’imposer en France»

Je me réjouis d’entendre que vous n’approuvez guère cette approche. Malheureusement vous-même y concourez. Vous êtes de ceux qui voudraient voir introduit dans le droit français le crime de « féminicide », et vous n’avez pas craint d’utiliser le terme lors de l’arrestation de Jonathann Daval.

Marlène SCHIAPPA. –  J’ai publié voici des années des travaux de recherche dans un livre, Où sont les violeurs? Essai sur la culture du viol. J’ai démontré que ce n’est pas uniquement une question femmes/hommes, puisque des hommes peuvent aussi être victimes d’autres hommes ou même de femmes. Je réfute la guerre des sexes. La violence sexuelle est d’ailleurs souvent le fait de gens qui ont subi eux-mêmes des violences. Par ailleurs, je revendique le fait que la France combatte le féminicide. Quand des petites filles sont tuées parce qu’elles sont des filles, il s’agit bien de féminicide. Le mot « féminicide » désigne le fait de tuer une femme parce qu’elle est une femme.

Bérénice LEVET. –  C’est bien là que le bât blesse ! Dans le cas du crime conjugal, ce n’est pas une femme qu’un mari ou un conjoint tue, c’est sa femme, sa conjointe.

N’est-il pas hypocrite de nier qu’il existe une forme de violence spécifique dont les femmes sont victimes dans certains quartiers où elles ne peuvent plus vivre normalement ?

Bérénice LEVET. –  Ce deux poids deux mesures est une des raisons majeures pour lesquelles il nous faut nous libérer du féminisme. Être féministe aujourd’hui, c’est être désespérément absent des seuls terrains et des seules causes où être féministe garderait un sens et une urgence, à savoir dans les territoires perdus de la République, et d’abord de la France, car ce sont les mœurs françaises, à commencer par notre art de la mixité des sexes, qui sont bafouées.

Marlène SCHIAPPA. –  Vous ne prononcez pas le mot mais vous voulez parler de l’islam ?

Bérénice LEVET. –  Ne croyez pas que j’allais le taire ! En effet, dans ces territoires, les clés ont été remises aux fondamentalistes islamistes, les femmes ont déserté l’espace public, ou quand elles le traversent, c’est dissimulées sous des monceaux de tissus ; parler de patriarcat ici se justifierait. Or, les féministes sont dans le déni…

Marlène SCHIAPPA. –  Il ne faut pas tout mélanger. Quand des femmes sont tuées par leur conjoint, ce ne sont pas toujours des conjoints islamistes. Il suffit de se pencher sur les statistiques des violences conjugales. Ces violences procèdent ni plus ni moins de la domination masculine…

Bérénice LEVET. –  Mais non…

Marlène SCHIAPPA. –  Comment non ? Je peux vous prendre mille exemples mais prenons celui qui me vient à l’esprit. Celui de Bertrand Cantat. Il ne m’est pas apparu qu’il était islamiste. Il a frappé Marie Trintignant parce qu’il pensait qu’il la possédait.

Bérénice LEVET. –  Le mécanisme des violences conjugales est autrement complexe et l’explication par la domination, ce talisman des féministes, n’éclaire rien. Chaque couple a une histoire singulière que l’on ne peut sûrement pas réduire à ce schéma…

Marlène SCHIAPPA. –  Expliquez-moi alors quel est selon vous le mécanisme des violences conjugales ? Savez-vous qu’en France, tous les trois jours une femme est tuée par son conjoint ? Vous me faites penser aux gens qui nient la réalité du terrorisme ! Vous savez, ces gens qui veulent toujours expliquer le terrorisme par la folie ou la singularité du tueur…

Bérénice LEVET. –  Je dis simplement ceci : le fait de voir la femme comme une inférieure n’entre pas en ligne de compte dans ce phénomène de violence. Surtout pas dans le cas de Cantat…

Marlène SCHIAPPA. –  J’ai été déçue par la manière dont plusieurs associations féministes ont réagi à l’affaire de Cologne, ou plutôt n’ont pas réagi. J’attendais une condamnation que j’ai moi-même faite à l’époque dans une tribune qui est toujours en ligne, et un chapitre entier d’Où sont les violeurs ? y est consacré. Être un étranger n’est pas une circonstance atténuante en matière de viol. Pas plus qu’une circonstance aggravante. Soyons clairs : la charia induit l’infériorisation des femmes et leur relégation. Par exemple, la burqa vise à faire disparaître les femmes de l’espace public, avant de les faire disparaître tout court. C’est révoltant !

Bérénice LEVET. –  Dans mon livre, je consacre un chapitre à Cologne et à La Chapelle-Pajol. Or, à La Chapelle-Pajol, vous-même avez d’abord cédé à la tentation du déni.

Marlène SCHIAPPA. –  C’est faux ! Citez une seule phrase qui exprime ce déni !

Bérénice LEVET. –  Vous vous filmez traversant les rues incriminées et vous concluez : « Il n’existe aucune zone de non-droit pour les femmes dans la République. » D’où vient que vous soyez si mobilisée lorsqu’il s’agit de mâles blancs hétérosexuels occidentaux et si discrète lorsqu’il s’agit des banlieues ou de certains quartiers des grandes villes ?

En mai, vous installiez vos bureaux à Trappes, très bien. Mais il a fallu que vous soyez pressée par de rares journalistes pour que vous reconnaissiez qu’il n’y avait pratiquement plus de femmes dans les rues de Trappes.

Marlène SCHIAPPA. –  Mais c’est totalement faux ! J’ai décidé seule de délocaliser trois jours mon cabinet à Trappes. J’ai adressé un message fort sur la manière dont les femmes doivent pouvoir s’emparer de l’espace public. Dire que j’ai parlé de ces réalités parce que j’y étais acculée est un procédé de mauvaise foi. C’est un procès d’intention.

Les propos d’Élisabeth Badinter sur la liberté des femmes qui régresse dans les « quartiers maghrébins », vous les avalisez ?

Marlène SCHIAPPA. –  Le propos est intéressant même si la notion de «quartier maghrébin» me paraît contestable…

On parle bien de « quartier chinois » dans le XIIIe à Paris, pourquoi pas de « quartier maghrébin » ?

Marlène SCHIAPPA. –  Parce que je suis opposée au multiculturalisme et à la notion de communautés. Il n’y a qu’une seule communauté en France : la communauté nationale. La République est une et indivisible. Mais je voudrais revenir sur La Chapelle-Pajol où je suis allée de nuit avec un ami pour me rendre compte par moi-même de ce qui se passe. Eh bien, je m’en suis rendu compte ! Il y a très peu de femmes dans l’espace public, monopolisé par des bandes d’hommes. Les femmes sont scrutées, parfois suivies. Je refuse que l’on m’accuse de déni, et ce d’autant plus que j’ai grandi dans ces quartiers, notamment à Belleville, à la Cité rouge, lieu tristement connu pour être celui où ont grandi les frères Kouachi à la même époque. Quand j’y retourne, je constate que ces quartiers ont évolué négativement. La place des femmes y a reculé. Quand j’étais enfant, dans les années 1980-1990, les petites filles pouvaient jouer tranquillement dehors. Adolescente, c’était déjà un peu difficile mais on pouvait encore sortir. Mais pour les jeunes filles d’aujourd’hui, c’est dramatique dans certains endroits ; c’est pour cela que nous avons créé les quartiers de reconquête républicaine.

Bérénice LEVET. –  Pourquoi ces questions-là ne sont-elles pas davantage mises en avant par votre secrétariat d’État ?

Marlène SCHIAPPA. –  Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Je viens de vous démontrer le contraire.

Dans son livre, Bérénice Levet met en cause un certain féminisme d’essence puritaine de provenance américaine. Comment vous situez-vous par rapport à cette idée ?

Marlène SCHIAPPA. –  C’est une blague ? Je ne risque pas de me reconnaître dans un tel courant. On me ferait plutôt le procès inverse puisque certains « m’accusent » d’avoir signé sous pseudo des romans érotiques et d’avoir joué Les Monologues du vagin. Soyons sérieux : le féminisme n’est pas un mouvement monolithique. Je ne valide pas la totalité du discours de chaque utilisatrice individuelle de #MeToo, et vice versa. L’enjeu de #MeToo est de lutter contre les agressions sexuelles, il ne s’agit pas de stigmatiser la sexualité dès lors qu’elle est consentie. Les femmes ne doivent pas être réduites au statut d’objet de désir, mais pouvoir être des sujets désirants.

Bérénice LEVET. –  Aussi longtemps qu’il s’agit d’exalter le désir féminin, autocentré, autosuffisant, les féministes n’y voient pas d’objection, en effet ! Comme dans cette pièce plébiscitée par les féministes et qui vous est chère, Madame la ministre, Les Monologues du vagin. Les choses se corsent et tournent au puritanisme lorsqu’il s’agit du jeu qui s’instaure entre les deux sexes, et c’est en ce sens que je parle de puritanisme. Il y a une hantise du désir hétérosexuel ! Votre loi sur le harcèlement de rue en est un bon exemple… Le regard même qu’un homme peut porter sur une femme devient suspect.

Marlène SCHIAPPA. –  Visiblement, vous n’avez lu ni le texte de théâtre, ni la loi. Vous l’avez lue, la loi ? À quel moment est-il question d’un regard offensant ?

Bérénice LEVET. –  Oui, je l’ai lue, et attentivement. La désignation des actes susceptibles de tomber sous le coup de l’accusation de harcèlement de rue est des plus vagues…

Marlène SCHIAPPA. –  Dites-moi quand j’ai dit qu’un regard appuyé devait être verbalisé ? Vous relayez des fake news ! Le harcèlement de rue, ce n’est pas cela ! Vous qui déplorez la situation des femmes dans le quartier de La Chapelle-Pajol, vous devriez me féliciter de cette loi !

Bérénice LEVET. –  Mais pourquoi avoir besoin d’une loi spécifique ? Revenons sur le mot « sexisme », c’est le nerf de la guerre. Que dit-il sinon que toute perception, toute pensée de la différence des sexes est condamnable ?

Pourquoi ne pas admettre que certaines disparités entre hommes et femmes sont fondées sur des différences de dispositions ?

Bérénice LEVET. –  Je suis très attachée à l’idée de polarité des sexes. Je ne m’offusque nullement d’une éducation qui apprend au petit garçon « un homme, ça ne pleure pas ! », non parce qu’il faudrait le rendre insensible, mais parce que, des deux sexes, il en faut un qui « ne concède pas trop à la nature », comme dirait Saint-Simon, qui sache contenir ses affects, et laisser croire que des malheurs, de l’adversité, on peut toujours triompher. Et si ce rôle revient à l’homme, c’est que ce roc, il l’incarne physiquement. Car je soutiens aussi que le corps n’entre pas pour rien dans notre identité. Je dis avec Hannah Arendt que l’on naît femme et qu’on le devient.

» LIRE AUSSI – Bérénice Levet: «Nous ne voulons pas que les hommes renient leur virilité»

Marlène SCHIAPPA. –  Ça, c’est intéressant. Le débat entre essentialisme et existentialisme me passionne depuis toujours. Les différences biologiques existent et sont déterminantes. Je suis très attachée à la maternité. Mais je trouve aussi émouvant un homme qui pleure. Quant aux différences physiques entre sexes, vous avez raison : dans la moyenne les femmes sont moins grandes, mais si je fais un match de boxe contre Éric Zemmour, je gagne !

Voir aussi :

Caroline De Haas, les étranges méthodes de la pasionaria du féminisme

 

Le Verrou de Fragonard ou l’équilibre asymétrique des désirs

 

Anthologie du féminisme urinaire

L’idéologie néo-féministe est une forme de « pensée » (le mot requiert ici des guillemets) simpliste dont le credo binaire (« L’homme est coupable de tout ; la femme est son éternelle victime ») s’accompagne habituellement d’une expression artistique de type régressif car fondée quasi exclusivement sur les organes sexuels et tout ce qui s’y rapporte : pipi, caca, règles, etc.

Du clitoris au pénis et vice-versa

L’appareil reproducteur féminin y tient en général le haut du pavé via son totem, le clitoris, sorte de bite puissance 4 (il a quatre branches et une tête), suivi de près par la vulve et les règles (articles sur le sujet). Viennent ensuite la pilosité (aisselles, jambes, pubis), la cellulite et les seins – le pubis poilu et les seins continuant toutefois de poser problème, car leur représentation, même féministe, conserve un fort pouvoir érotique sur les hommes, ce qui ne manque jamais d’agacer nos guerilleras misandres.

Le clito, c’est formidable, mais à travers la campagne Instagram tasjoui (2018) de Dora Moutot, la « survoltée du clito » qui reproche aux hommes de ne pas savoir faire jouir les femmes, le féminisme est passé aux aveux : il n’y a en réalité rien de mieux qu’un bon orgasme fourni par un homme, pas vrai ? Des décennies de lutte pour l’indépendance clitoridienne pour en revenir aux basiques… (soupir).  Mais il est si jouissif d’accabler les hommes pour tout et son contraire que renier son émancipation ne pose visiblement aucun souci.

Il n’y a pas besoin de gratter longtemps pour se rendre compte que la fixation obsessionnelle des néo-féministes se fait en réalité sur le pénis masculin, ou plus exactement sur la frustration de ne pas en posséder [voir article].

L’absolue dévotion féministe envers le phallus masculin s’exprime de manière le plus souvent inconsciente, comme on peut s’y attendre – car nos pauvres néofem sont restées fixées comme des moules sur le bon vieux complexe phallique du docteur Freud. Et ce n’est pas l’écrivain féministe Chloé Delaume, quand elle écrit :  « En français, la langue reste attachée au phallus », qui nous contredira ! (Chloé, pas la peine de dissimuler derrière du charabia pro-inclusif ton envie de sucer ; suce plutôt, et tout ira bien 😉 ).

Les artistes féministes reportent donc la fonction phallique sur le clitoris, lequel court à perdre haleine derrière son illustre modèle. Dans la mesure où la physiologie humaine l’a de toutes façons calqué sur le pénis, il est normal que sa représentation dans l’art fasse in fine penser à l’appareil génital masculin (Caramba ! Encore raté !).

Sophia Wallace, Cliteracy, 2014

Cette vénération du clito n’est finalement qu’un décalque de la vénération du phallus et des bourses telle qu’on la trouve par exemple chez Picasso ou chez Félicien Rops  :

Félicien Rops, Le beau paon (femme assise devant un symbole phallique), encre sur papier, 1851/1898 (Namur, Musée Félicien Rops) [cliquer sur l’image pour agrandir]

Félicien Rops, Sainte Marie Madeleine (Série Pornocratès), encre sur papier, 1878 [cliquer sur l’image pour agrandir]

En latin, le mot « fascinus » (nom masculin) désigne à la fois le membre viril et l’enchantement, le maléfice, le sort… Un registre sémantique plus passionnant encore à explorer dès lors qu’on observe le féminisme – et que ce tableau féministe d’Orlan illustre à la perfection [article sur le sujet].

Orlan, L’Origine de la guerre, cibachrome collé sur aluminium, 88 x 105 cm, 2011

Du pénis au pipi

Si les féministes jalousent à mort le pénis, c’est d’abord parce qu’il symbolise le pouvoir dont elles se croient privées (leur meilleur mantra), mais surtout parce qu’il permet aux hommes de faire des choses qui leur sont inaccessibles, comme faire pipi debout, quand on veut, où on veut. Ô insupportable dysmorphie corporelle, scandaleuse oppression patriarcale : ils ont des bites et pas nous ! Ils peuvent pisser contre le vent et pas nous ! Il faut nous battre pour nous libérer de cette injustice, mes soeurs !

Comme l’a également relevé Camille Paglia, l’urinement mâle « met en évidence la concentration et la projection… Voilà un mode d’expression que les femmes ne maîtriseront jamais. Les femmes, comme les chiens femelles, sont destinées à l’accroupissement, au squat. Il n’y a pas de projection au-delà des frontières de soi ». [Camille Paglia, Femmes libres, hommes libres, Laval (Qc), 2019, p. 70-71].

Les féministes se lancent alors à corps perdu dans cette noble reconquista du pipi ; ce que j’ai baptisé le « féminisme urinaire », tant la récurrence de ses manifestations est devenue un poncif du discours néofem.

  • Paris, FIAC 2012 : C’est ainsi qu’à l’occasion de la FIAC 2012, on voit apparaître dans le jardin des Tuileries une fontaine féministe en forme de pisseuse (Elsa Sahal, Fontaine). Le Manneken Pis revisité, comme c’est original ! C’est rose, régressif, un poil pédophile et, comme il se doit, subventionné : la mairie de Nantes exposera à son tour Place Royale, en août et septembre 2020 cette synthèse de la Fââme du XXIe siècle réduite à une vulve qui pisse – mais qui pisse debout, s’il vous plait ! Pas de tête, pas de cerveau, pas d’esprit, juste une grosse chatte qui pisse bien loin pour matérialiser le sempiternel ouin-ouin des pleureuses professionnelles et surtout… pour singer les hommes ! Jalousie du phallus, quand tu nous tiens… et que tu nous réduis à des trous sur pattes

Elsa Sahal, Fontaine, 2012 (Céramique émaillée, 204 x 57 x 42 cm). Ici à Paris (Tuileries en 2012) et à Nantes (Place Royale) en 2020

Le questionnement qui suit démontre à quel point le féminisme idéologique du genre ignore dramatiquement les données de la biologie, et plus prosaïquement, à quel point il rend irrémédiablement stupide :

  • Voyant qu’obliger les hommes à pisser assis ne prenait pas vraiment (encore heureux), l’idée du Pisse-Debout a alors émergé (2013, toujours) – mais l’inénarrable gadget avec son logo de féministe à lunettes était bien loin de faire l’unanimité, y compris chez les féministes.

Le « pisse-debout », singerie pénienne pour féministes à lunettes.

Pour autant, Wish, le site international des merdes en plastique, essaie toujours d’en convaincre quelques unes qu’avec ça, elles seront des hommes comme les autres

Personnellement, cette obsession à vouloir singer les hommes en tout me fait surtout pitié.

  • On mentionnera aussi la lutte féministe contre le « sexo-séparatisme des WC publics » (2013, encore), noble combat s’il en est et d’une urgence absolue – qui n’a une fois de plus pas fait l’unanimité (on se demande bien pourquoi…).
  • Qu’à cela ne tienne ! Nouvelle manifestation du féminisme urinaire à l’été 2018 : un collectif de féministes baptisé « Les Pisseuses » (le nouveau nom des féministes, donc) dégrade des urinoirs publics parisiens à destination des hommes, ne supportant pas que ceux-ci aient la possibilité de sortir leur bite pour pisser debout dans des « uritrottoirs » prévus à cet effet. On mesurera la jalousie maladive tout autant que la pudibonderie qui les animent.
  •  Comme c’est dans les vieux pots (de chambre) qu’on fait les meilleures soupes, le féminisme urinaire retente sa chance au Concours Lépine 2019 avec une pissotière pour femmes, rose comme il se doit et très pratique pour s’observer mutuellement pisser et se torcher :

Urinoir féminin de plein air « Lapee » (Concours Lépine 2019)

  • Mais c’est surtout à l’automne 2018 que le féminisme urinaire nous a servi son feu d’artifice, avec la vidéo « Pas pipi dans Paris » de Swann Périssé pour le compte de la Mairie de Paris.

Son abyssale bêtise, sa vulgarité confondante, son absence totale de subtilité et sa délectation pour l’urine m’ont tout de suite fait penser à une création féministe. Bingo ! Swann Périssé, son auteur et actrice principale, est bien une féministe bon teint régulièrement encensée par Madmoizelle, le webmédia des nunuches néofem. Elle est aussi signataire, en tant que féministe, de la Manif de la honte des islamo-gauchistes du 10 novembre 2019 à Paris.

Sur le coup, j’avais pensé que ce clip avait été décidé à l’issue d’une orgie ondiniste chez un collaborateur de la mairesse de Paris – ce qui n’est d’ailleurs pas à exclure non plus –, puisque le fantasme ondiniste inavoué (« Oh ouiii, inonde-moi DEBOUT avec ta belle bite ») sous-tend visiblement toute l’inspiration inconsciente du féminisme urinaire. Je vais donc poursuivre l’enquête 🙂

  • Brest, décembre 2019 : La jalousie féministe, en la personne d’une « référente LREM » exige de la SNCF qu’elle retire deux pissotières en libre accès à la gare de Brest pour obliger les hommes à s’acquitter de 20 centimes pour accéder à des toilettes. Morale de l’histoire, comme l’écrit Maël Pellan dans cet article : « LREM aura réussi à faire perdre 20 centimes de pouvoir d’achat aux hommes sans rien faire gagner aux femmes. » Ils ont une bite et pas nous, on va les faire payer !

[A suivre…]

. Et sur l’art féministo-clitoridien :

Des clitos, des clitos et encore des clitos

  • Retour vers l’univers néo-féministe :

L’univers néo-féministe

L’Écho des palais morts

. Lucrèce Borgia (2007)

Lucrezia Borgia (maquette, 2007). Musique : Jonathan Capdevielle ; Paroles et voix française : Jean-Patrick Capdevielle.
Nosferatu à Venise, film de 1988 avec Klaus Kinski.
– Filippo Rossato, Eromachie. Giochi di lotta e d’amore (sculpture, 2007)
Iconographie et montage : Lucia (août 2018)

« L’écho des palais morts
Noyés d’or et de soie
Et l’ombre d’une histoire
Qui n’a connu de loi
Que celles des plaisirs
Voulus par des coeurs froids
Murmure le doux nom
De Lucrèce Borgia »

  • Nosferatu à Venise ( 1988)

Dans ce film, Nosferatu est un vampire qui casse les codes : il savoure son reflet dans le miroir et ne craint pas la lumière du petit matin (il en raffole même).

Il est en quête de rédemption par l’amour (tout comme la capitaine du vaisseau fantôme, Le Hollandais volant ou même Hadès dans le mythe de Perséphone). Dans la scène où Nosferatu découvre la jeune femme (Anne Knecht) dans son lit, celle-ci lui demande : « Pourquoi ne m’as tu-pas tuée ? » et il lui répond : « Parce que je veux que tu m’aides à mourir ».  Comme pour le Hollandais volant, c’est seulement l’amour d’une femme qui pourra briser sa malédiction et mettre fin à son errance perpétuelle de mort-vivant. Si les choses ne se passeront pas comme prévu dans le film, il nous reste au moins ces puissantes images oniriques avec un vampire au charme fou :

Comme je n’aime pas marcher dans les clous, j’ai eu envie de rendre ici un discret hommage à Klaus Kinski, désormais paria de l’histoire du cinéma, puisque vampire à la ville comme à l’écran.

Comme tant d’autres grands ou très grands artistes, Kinski nous place devant cet irréductible paradoxe : comment envisager séparément l’homme (parfois très mauvais) et le génie (parfois immense) ? Il nous faut pourtant bien séparer les deux – avant de les réunir ; et Klaus Kinski ne mérite sans doute pas moins qu’un autre la rédemption – au terme d’un purgatoire bien mérité.

  • Le Chant du serpent (1970)

Jean-Patrick Capdevielle, Le Chant du serpent (gouache sur carnet tibétain, années 70).

La vidéo ci-dessus était initialement dédiée au Chant du serpent, oeuvre qui m’avait donné l’occasion d’explorer la thématique érotique de la femme et du poulpe dans une de mes toutes premières vidéos (ci-dessous).  Comme elle était assez sommaire, j’ai eu envie de la reprendre et de l’étoffer. J’aurai certainement l’occasion de reparler de cette peinture dans une vidéo et/ou un article.

[à suivre…]

. Sur Lucrèce Borgia, voir aussi :

Lucrèce Borgia – Entre le vice et la vertu

  • Sur les attaques féministes et le cinéma :

[Festival de connes] – Les César 21 et les pompeuses cornichonnes

Samantha Geimer : Que les féministes la laissent tranquille !

  • Samantha Geimer est la première « victime » de Polanski – sauf quelle supplie depuis des décennies qu’on abandonne les poursuites contre lui, expliquant qu’elle n’a pas souffert de cette relation et qu’elle va parfaitement bien. Les féministes la harcèlent continuellement, ne supportant pas de ne pouvoir l’instrumentaliser au service de leur « cause ».

. Voici plusieurs articles au sujet de Samantha Geimer, assignée par les féministes à être la victime à vie de Roman Polanski, et où celle-ci  démontre ce qu’est la force et la liberté de pensée d’une femme de caractère. 
. Ils sont suivis par ma traduction française d’un billet de Samantha Geimer elle-même (27/08/2019) où elle dénonce la manipulation #Metoo, cette entreprise de contrôle des femmes par le sexe et la honte.
. Ils sont précédés par un retour de ma part sur  l’affaire Polanski /Valentine Monnier  (13/11/2019) 

*

L’affaire Polanski (J’accuse)/Valentine Monnier  (13/11/2019) 

Suite à l’entreprise de démolition de Valentine Monnier à l’encontre de Roman Polanski à la veille de la sortie de J’accuse (novembre 2019),  Samantha Geimer est de nouveau harcelée par les féministes pour qu’elle prenne parti en faveur de cette manipulatrice ainsi que d’Adèle Haenel, l’autre féminazie de la semaine. Sa réponse est sans appel : elle les envoie chier !

« Sous le feu des critiques pour ne pas soutenir davantage les accusatrices qui utilisent des dates de sortie de film pour programmer leurs révélations avec la presse et sont restées assises en silence alors que je me faisais traiter de menteuse, pute et chercheuse d’or en 1977, sachant qu’elles auraient peut-être pu empêcher cela, si elles avaient eu la vérité et le courage de ma mère », écrit-elle, très remontée, sur Twitter.

La coalition des putes du cinéma, par la voix de  Sand Van Roy, la supplie alors (en vain) « de ne pas les abandonner ». Elles peuvent toujours aller se frotter !

Entre alors en scène la milicienne féministe de service, la dénommée Iris Brey, « spécialiste de la représentation du genre au cinéma » (traduction : grosse débile du féminisme universitaire) qui vient bassiner pour la cent-millième fois Samantha Geimer avec sa « culture du viol« . Elle ne supporte pas que Samantha Geimer n’ait pas souffert et n’en ait pas spécialement voulu à Polanski. Elle prétend donc savoir mieux que Samantha ce que celle-ci a vécu et ressenti. Mais c’est elle qui commet un viol ! C’est elle qui dénie aux femmes leur histoire, leur personnalité, leur expérience de vie pour les inscrire de force dans sa lecture fanatique et mensongère de la réalité ! Mais quand les femmes mettront-elles enfin des bourre-pifs à ces bécasses qui prétendent écrire leur vie à leur place ? Quand dessoudera-t-on enfin ce féminisme aux méthodes totalitaires qui viole les consciences ? Je ne les supporte plus !

=> Sur les féministes et le cinéma :

[Festival de connes] – Les César 21 et les pompeuses cornichonnes

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Idées, lundi 22 janvier 2018 – 

 Samantha Geimer : « Toute cette haine, cette revanche, ne guériront pas les femmes »

[En 1977, lorsqu’elle avait 13 ans, Samantha Geimer a été violée par Roman Polanski. Elle a récemment expliqué avoir pardonné à son agresseur. Elle a demandé à la justice américaine de clore le dossier afin qu’elle puisse retrouver une vie normale, déclarant qu’elle était toujours assaillie par la presse, quarante ans après les faits et le début de la procédure. Un juge de Los Angeles a refusé d’abandonner les poursuites et continue de considérer le réalisateur comme un fugitif. Peu après l’éclatement de l’affaire, Roman Polanski avait reconnu avoir eu des relations sexuelles avec une mineure et avait passé un accord amiable avec la justice, mais craignant que l’entente ne soit subitement annulée, il a pris la fuite vers la France en 1978.]

Tribune. On peut être surpris de me voir signer ou approuver une tribune critiquant le mouvement #metoo. Je suis une féministe, défendant les droits des victimes, et l’on me connaît d’ailleurs surtout pour avoir été moi-même victime d’un viol. Mais laissez-moi vous expliquer pourquoi je suis entièrement d’accord avec la tribune « Nous défendons une liberté d’importuner », [signée, entre autres, par Catherine Deneuve, Catherine Millet et Ingrid Caven].

#metoo devrait être une plateforme de soutien pour les victimes, un espace où l’on témoigne de sa solidarité, où l’on se soutient les unes les autres. Toutes celles qui, comme nous, ont souffert de différentes (mais semblables) façons, mais ont toujours eu conscience d’appartenir à un groupe plus vaste, de mères, de sœurs ou d’amies, nesont pas une minorité. Nous nous sommes toujours soutenues.

On ne peut pas empêcher les conservateurs politiques et religieux de détourner à leurs fins les initiatives les plus louables. Pour attaquer, par exemple, Meryl Streep, Hollywood en général ou des hommes politiques qui ne leur plaisent pas, ils se serviront de #metoo ou de n’importe quel autre mouvement, sans aucun souci de ce qui est réellement en jeu, des personnes qui souffrent ou ont souffert.

« On m’accuse de faire l’apologie du viol, d’être sous le coup du syndrome de Stockholm (…) et, plus grave encore, de causer du tort à toutes les autres victimes de viol. Une dérangée, en somme »

J’ai passé quarante ans de ma vie à me défendre. Contre les attaques de ceux qui considéraient qu’il n’était pas possible de se remettre d’un rapport sexuel avec un homme beaucoup plus âgé, en l’occurrence Roman Polanski. Faut-il vraiment que je souffre pour vous donner satisfaction ? Pourquoi expliquer que ce qui m’est arrivé était affreux, épouvantable ? Ça n’a pas été le cas, mais ça n’en était pas moins un crime. Un crime pour lequel Roman Polanski a plaidé coupable et fait de la prison.

Quand je refuse de me plier à ce que l’on exige de moi en faisant état des dégâts causés, on m’accuse de faire l’apologie du viol, d’être sous le coup du syndrome de Stockholm, de m’être laissé acheter et, plus grave encore, de causer du tort à toutes les autres victimes de viol. Une dérangée, en somme. Et une traînée par-dessus le marché, puisque j’étais sexuellement active à 13 ans.

Le problème quand on est une femme forte, une survivante, c’est que les militants ne peuvent rien tirer de vous. Ils le comprennent tout de suite et tournent les talons. Ils ont besoin de victimes, pas de rescapées. Qu’on se le dise : si vous vous en sortez, pourquoi auriez-vous besoin d’eux ? Il faudrait en finir avec ce genre de militantisme. Finir de s’excuser d’être un survivant heureux et solide. Nous devrions au contraire servir d’exemples, donner du courage aux femmes qui se battent et les aider à se relever. Il n’est pas vrai que notre rétablissement nuit aux autres.

Redonner aux femmes leur pouvoir d’action

Le viol, le harcèlement sexuel et l’intimidation au travail sont des problèmes graves, qui doivent être traités avec gravité. Il faut redonner aux femmes leur pouvoir d’action, pas exiger d’elles qu’elles ressassent indéfiniment le tort « assurément indélébile » qu’elles ont subi, pour prouver que ce qui leur est arrivé est mal, ou même simplement pour nous divertir. Il est triste qu’une femme confiante, ayant survécu à un drame, soit moins intéressante que le spectacle d’une femme tordue de douleur.

Si #metoo ne sert finalement plus qu’à attaquer des gens puissants ou à tirer profit de personnes maltraitées, pour prouver quelque chose ou se valoriser, si le mouvement n’offre aucun soutien, ne permet aucune guérison, mais sert juste à « valider » votre peine comme s’il s’agissait d’un mérite, d’un atout, plutôt que d’un événement que l’on peut surmonter, alors il est temps de tourner la page de #metoo.

Mettre une simple caresse au cours d’une séance photo, une mauvaise blague, certains comportements typiques des années 1970-1980 sur le même plan qu’un viol ou un véritable harcèlement sexuel, c’est minimiser la gravité de ces crimes et de ces agissements. Quand on parle de pédophilie à propos d’avances faites à des jeunes de 17 ans, c’est faire peu de cas des véritables victimes de pédophilie. Si vous sondez votre mémoire pour essayer de savoir qui, par le passé, a eu à votre égard une attitude inappropriée, c’est que vous n’êtes pas une victime, et vous ne devriez pas souhaiter l’être.

Les femmes doivent s’affirmer telles qu’elles sont

La société valorise la faiblesse et la douleur chez les femmes, mais nous valons bien plus que cela. Si les femmesveulent l’égalité, être reconnues partout, dans tous les domaines, il va falloir qu’elles s’affirment telles qu’elles sont en réalité : comme des adultes solides, qui n’ont pas besoin de protection spéciale ou de traitement particulier parce qu’elles appartiendraient au sexe faible, des femmes capables de se défendre, parce qu’on nous l’a appris et qu’on l’attend de nous.

« Ce qui change une vie, ce n’est pas une expérience douloureuse, c’est notre résilience »

Je ne suis pas d’accord avec l’idéologie puritaine qui explique aux femmes que le sexe leur fait violence et qu’il est « capté » par les hommes. Qu’elles se résument à leur vagin, à leurs corps, d’après les critères que les hommes qui les touchent ont fixés. Il faut enseigner aux jeunes femmes d’aujourd’hui que la sexualité est quelque chose de sain, de normal, de nécessaire. Ce qui change une vie, ce n’est pas une expérience douloureuse, c’est notre résilience. Toute cette haine, cette revanche ne nous guériront pas, pas plus qu’elles n’effaceront le passé. Votre beauté, votre mérite, voilà ce qu’on ne pourra jamais vous enlever.

La cause des femmes devrait nous rendre plus fortes, pas nous transformer toutes en éternelles victimes qu’il faudrait protéger du monde, des hommes, du sexe… et d’elles-mêmes. La sexualité est quelque chose de personnel, cela fait partie de la vie : c’est compliqué et ça ne se passe pas toujours bien. Mais ça ne fait pas de mal. Il ne faut pasconfondre ceux qui nous aident à nous émanciper, à regagner du pouvoir, et ceux qui nous refusent le droit de choisir notre sexualité en dehors de celle qui correspond à ce qu’ils entendent contrôler religieusement et politiquement.

Le viol est un crime, le harcèlement sexuel au travail a des conséquences graves et cela doit prendre fin. Mais qu’on nous offense est aussi le prix à payer pour être libres. Ne confondons pas tout. Il n’est pas toujours facile d’y voir clair, mais s’il vous plaît, mesdames, ne renonçons pas aux droits et à l’égalité pour lesquels nous nous sommes si durement battues, au profit de gens qui ne veulent que nous contrôler et nous mettre en cage.

(Traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria)

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. Le Point.fr, no. 201801
Société, lundi 22 janvier 2018 –
#MeToo : victime de Polanski, elle explique son soutien à la tribune du « Monde »

Par 6Medias
Samantha Geimer reproche au mouvement MeToo d’enfermer les femmes dans leur statut de victime et de considérer celles qui s’en sortent comme des « dérangées ».

« Je suis une féministe défendant les droits des victimes. » C’est ainsi que se définit Samantha Geimer, abusée sexuellement par Roman Polanski à l’âge de 13 ans. Dans une tribune qu’elle publie dans Le Monde lundi, l’Américaine explique pourquoi elle a signé le texte publié le 9 janvier qui défendait la « liberté d’importuner » pour les hommes, corollaire indispensable à la liberté sexuelle, selon les auteurs.

Cette tribune signée par une centaine de femmes, dont Catherine Deneuve, a été très critiquée. Dans les colonnes du quotidien, Samantha Geimer affirme qu’elle sait que son choix peut surprendre. « On me connaît d’ailleurs surtout pour avoir été moi-même victime d’un viol », rappelle-t-elle. Depuis, l’Américaine a récemment affirmé avoir pardonné au réalisateur et demandé à la justice américaine de classer l’affaire. Cette agression ne l’empêche toutefois pas d’être « d’accord » avec la tribune du 9 janvier. « J’ai passé 40 ans de ma vie à me défendre. Contre lesattaques de ceux qui considéraient qu’il n’était pas possible de se remettre d’un rapport sexuel avec un homme beaucoup plus âgé », écrit-elle.

La parole des « rescapées » pas assez entendue

Samantha Geimer raconte avoir été accusée de « faire l’apologie du viol », de s’être « laissé acheter », voire « de causer du tort à toutes les autres victimes de viol », en ayant refusé de se « plier à ce que l’on exige d'[elle] en faisant état des dégâts causés ». Comme d’autres, elle déplore que le mouvement #MeToo dénonce indistinctement toutesorte de comportements comme s’ils se valaient tous : « Mettre une simple caresse au cours d’une séance photo, une mauvaise blague […] sur le même plan qu’un viol, c’est minimiser la gravité de ces crimes et de ces agissements. »

Pour elle, la prise de parole des femmes ces derniers mois a été instrumentalisée. « #MeToo devrait être une plateforme de soutien pour les victimes, un espace où l’on témoigne de sa solidarité », revendique-t-elle, avant d’observer que « le problème quand on est une survivante, c’est que les militants ne peuvent rien tirer de vous. […] Ils ont besoin de victimes, pas de rescapées. » Pour Samantha Geimer, la prise de parole des victimes ayant réussi à se reconstruire après un viol n’est pas assez entendue. Une erreur, dit-elle. « Nous devrions au contraire servir d’exemples, donner du courage aux femmes qui se battent et les aider à se relever. Il n’est pas vrai que notre rétablissement nuit aux autres. »

Tourner la page de #MeToo

C’est pour cela qu’elle plébiscite un combat quelque peu différent de celui présenté jusqu’à présent au travers des différentes prises de parole. « Il faut redonner aux femmes leur pouvoir d’action, pas exiger d’elles qu’elles ressassent indéfiniment le tort « assurément indélébile » qu’elles ont subi. » Et l’Américaine de s’agacer : « Il est triste qu’une femme confiante, ayant survécu à un drame, soit moins intéressante que le spectacle d’une femme tordue de douleur. »

Pour Samantha Geimer, si le mouvement #MeToo est revanchard, il est temps de « l’enterrer ». « S’il ne permet aucune guérison, mais sert juste à « valider » votre peine comme s’il s’agissait d’un mérite plutôt que d’un événement que l’on peut surmonter, alors il est temps de tourner la page », écrit-elle.

« Toute cette haine, cette revanche ne nous guériront pas, pas plus qu’elles n’effaceront le passé », ajoute-t-elle, avant de conclure. « La cause des femmes devrait nous rendre plus fortes, pas nous transformer toutes en éternelles victimes qu’il faudrait protéger du monde, des hommes, du sexe… et d’elles-mêmes. »

 . Samantha Geimer, « L’arme de la honte » :

 « Lorsque vous associez la honte et la culpabilité au sexe, vous facilitez les abus sexuels. J’ai atteint l’âge adulte quand l’activité sexuelle était considérée comme une dimension saine de la vie. On ne m’a jamais appris que le sexe me dévalorisait ou me causait du tort. L’idée que le sexe était pris par des hommes à des femmes qui abandonnaient quelque chose ne faisait pas partie du monde que je connaissais.
Lorsqu’un homme plus âgé m’a forcée, les réactions de nombreuses personnes m’ont déconcertée. Pourquoi n’avais-je pas honte ? Pourquoi ne m’étais-je pas sentie endommagée et salie ? J’ai pensé : pourquoi le serais-je ? Je n’ai rien fait de mal. Au cours des 42 années qui ont suivi, les temps ont changé et mon combat contre ce récit, selon lequel j’étais amoindrie à cause de ce qui s’était passé, est devenu encore plus difficile.
En quoi est-il rationnel de demander aux victimes d’agression sexuelle de maximiser leur douleur afin de prouver que l’agression sexuelle est bel et bien répréhensible ? (…) Au début, je me sentais chanceuse d’avoir été élevée avec une mentalité saine envers le sexe. J’avais vécu une mauvaise expérience, mais j’allais bien.
Au fil des décennies, le ressentiment m’a de plus en plus gagnée car je subissais constamment des pressions pour éprouver de la colère et de la douleur, de la part d’inconnus qui exagéraient – souhaitant même qu’il me soit arrivé quelque chose de pire – pour satisfaire leur propre besoin de transformer la sexualité, une chose naturelle, en quelque chose de sale et de nuisible. Lorsque nous mettons ces pensées malsaines dans l’esprit de nos jeunes, nous les aidons à souffrir ou faire souffrir. Si vous parlez des rapports sexuels comme s’ils causaient des dégâts ou des blessures, les gens l’utiliseront comme une arme. Si vous dites aux jeunes femmes que le sexe les dévalue et leur nuit, elles se sentiront honteuses et coupables, même dans les rapports sexuels consensuels. Le fardeau que vous leur demandez de porter, si elles sont un jour agressées, n’est rien moins que cruel.
Le sexe est une fonction naturelle et biologiquement impérative de l’humanité. C’est beau ; c’est drôle ; c’est une grande partie de la vie. Lorsque celles qui tentent d’imposer la moralité sexuelle à d’autres via la honte et la stigmatisation prennent le contrôle du récit, comme elles l’ont fait avec le mouvement #MeToo, elles deviennent non seulement des abuseurs, mais elles encouragent et facilitent la violence sexuelle en transformant le sexe en arme. Elles ne souhaitent pas autonomiser les femmes : elles souhaitent les contrôler. »

 

. Sur le même thème, mon témoignage :

Le Verrou de Fragonard ou l’équilibre asymétrique des désirs

 

D’un désert à l’autre

Jean-Patrick Capdevielle, Dimanche Treize (album Mauvaises Fréquentations, 1984)
Wim Wenders, Paris, Texas (1984)

L’ouverture mythique de Paris, Texas (1984) m’a toujours fait penser à la chanson Quand t’es dans le désert, sortie en 1979 (« Moi je traîne dans le désert depuis plus de 28 jours… »).

Travis Henderson (Harry Dean Stanton) dans le désert de Mojave (Ouest américain).

Impossible de savoir s’il existe un lien objectif entre les deux, mais Paris, Texas étant une production franco-allemande, rien n’empêche d’imaginer que Wenders (ou un autre ayant partie prenante au film) ait entendu ou fredonné cette chanson que tout le monde connaissait – et qui a squatté les charts pendant des mois – au début des années 80.

Le film s’inspirerait vaguement des Motel Chronicles (1982) de Sam Shepard, recueil de nouvelles sur le rêve américain déchu et l’Ouest désenchanté. Sam Shepard, écrivain lié à la Beat Generation (les inspirateurs du mouvement hippie), était, tout comme Jean-Patrick,  fortement marqué par Bob Dylan  – et je sens aussi fortement planer les images des chansons de Bruce Springsteen dans ses textes.

Des Motel Chronicles à Paris, Texas

« À l’origine de Paris, Texas, raconte Wim Wenders, il y a une image qui existait dans une seule phrase des petites histoires de Motel Chronicles. L’image de quelqu’un qui quitte le freeway et se met en marche droit dans le désert. Et puis aussi, un sentiment, une image plus qu’un sentiment : regarder l’atlas, la carte routière des États-Unis et partir, sur le moment, vers un endroit qu’on a trouvé sur la carte. C’est une seule phrase, et c’est vraiment là que le film a commencé. Avant qu’il n’ait une biographie, avant qu’il n’y ait le garçon, la femme, Travis était quelqu’un qui regardait la carte et qui était perdu. Et qui était un jour au Texas, et deux jours après on le retrouvait dans l’Illinois parce qu’il avait vu le nom d’une ville sur la carte et il voulait y aller. » (Postface de Bernard Eisenschitz à l’édition française des Motel Chronicles, 10/18, 1987, p. 148).

La nouvelle en question tient sur une page (p. 109 de l’édition française). Elle commence par :

« Il est debout immobile près de sa valise écrasée, scrutant ce qui reste de ses possessions. Les  savonnettes récupérées dans les douches de motel, écrabouillées. Les boîtes de haricots verts aplaties. Une carte déchirée de l’Utah. Du goudron chaud et des gravillons maculent la serviette pure et blanche qu’il avait gardée en réserve pour son premier bain du mois. »

Elle se termine ainsi : « Il jette tout sur la pile de débris. S’accroupit nu dans le sable brûlant. Fait flamber le tout. Puis se redresse. Tourne le dos à la Route US 608. S’enfonce dans la plaine ouverte. »

La nouvelle, datée du 17/2/80 et écrite à Santa Rosa, Californie, n’est postérieure que de quelques mois à Quand t’es dans le désert, sortie en France à l’automne 1979. On notera par ailleurs l’ouverture parallèle avec la chanson C’est dur d’être un héros (enregistrée en août 1980) : « T’as plus qu’une chemise et t’es presque zéro / T’es perché sur ta valise, tu regardes passer les métros »).

L’errance dans le désert de l’Utah fait aussi résonner The Promised Land de Bruce Springsteen (1978) : « Sur une autoroute qui serpente dans le désert de l’Utah, j’ai ramassé mon fric et suis retourné vers la ville ». De son côté, c’est seulement en 2012 que Bob Dylan exploitera cette veine, dans The Narrow Way (« La voie étroite ») : « Je marcherai dans le désert jusqu’à avoir recouvré la raison. Je ne penserai même pas à ce que j’ai laissé derrière. Il n’y a rien là-bas qui était vraiment à moi de toutes façons ».

La source d’inspiration des Motel Chronicles pour Paris, Texas reste finalement très ténue, presque tirée par les cheveux. À tel point que je me demande toujours si l’énorme succès de la chanson de Jean-Patrick n’a pas tout autant joué son rôle pour imprimer une image puissante et évocatrice dans l’esprit des uns ou des autres. 😉

Quoi qu’il en soit des influences réelles, on pourra tout au moins retenir une communauté d’inspiration, en ce début des années 80, entre les univers de JPC, de Sam Shepard et qui sait, de Paris, Texas… 

De Los Angeles à Ibiza

Quelque chose d’Ibiza, haut lieu de la communauté hippie internationale (où JP a élu domicile en 1970) flotte sur les collines de Los Angeles telles que Wim Wenders les a filmées. Le vent chaud, la végétation, les rues qui montent, les villas perchées…

Travis Henderson dans le jardin de son frère, dans la banlieue de Los Angeles.

Los Angeles, Ibiza… Jean-Patrick me dit en plus que l’acteur principal du film, Harry Dean Stanton, était par la suite devenu un ami de son fils Cyril, qui a vécu (et souffert) à Los Angeles. Ci-dessous une photo de Cyril face à JP et un autre ami (Bob Jesse ?) sous une tonnelle d’Ibiza en 1981 (j’en profite pour envoyer des pensées affectueuses à Cyril, à qui j’ai souvent pensé).

Jean-Patrick, Cyril et un ami (Ibiza, 1981)

Pensées émues aussi à David que j’avais pris en photo en 2012 avec ses chevaux :

David Capdevielle (Ibiza Horse Valley, 2012)

Parmi les sources d’inspiration de Wim Wenders pour ce film d’une beauté étourdissante, on reconnaît les toiles d’Edward Hopper. La scène où Travis revoit pour la première fois Jane (de dos) me fait penser à Nighthawks (Oiseaux de nuit), entre autres  :

Edward Hopper, Nighthawks, 1942 (Chicago Art Institute)

Par ailleurs, la tenue inoubliable de Jane (Nastassja Kinski), ce long pull-over rouge sur des collants, m’a rappelé celle de la danseuse du clip de Nancy Sinatra, These boots are made for walking (1966), ici aussi une délicieuse blonde péroxydée. On dirait que Jane a simplement enfilé le fameux pull rouge devant-derrière 🙂 . Je les ai donc réunies dans ma vidéo.

[… à suivre…]

Et si vous n’avez pas encore cliqué sur Dimanche Treize ==>

. Paris, Texas et Pleure pas, Marie

Paris,Texas m’avait déjà inspiré l’illustration de cette version oubliée (mais magnifique, avec un refrain inédit) de Gâche pas ta nuit (1980), sous la forme d’un roman-photo :

. Et pour découvrir les toiles de JP :

Feminists love islamists

https://www.youtube.com/watch?v=ecJUqhm2g08

Transcription et traduction en français

Français

Les féministes aiment les islamistes

  • Je suis un islamiste
  • Je suis une féministe

Vous ne pourriez pas croire qu’on a tellement en commun
Mais on partage essentiellement la même idéologie
Et les musulmans sont opprimés, de même que toutes les femmes

  • Je dis « haram »
  • Je dis « problématique »
  • Tu dis que tout est « offensant »
  • Et tu dis que tout est « pas dans le Coran »
  • Tu es un islamiste
  • Et tu es une féministe

Nous avons tellement en commun

  • Je dis « islamophobie »
  • Je dis « misogynie »
  • J’accuse les médias juifs
  • J’accuse le patriarcat
  • Car je suis féministe
  • Et je suis islamiste

Une belle paire de tarés geignards

Islamiste : – Tu sais ce qui me fait me sentir vraiment marginalisé ? C’est quand des ignorants me rappellent que le prophète (Allahou Allah) a eu des relations sexuelles avec une petite fille de 9 ans.
Féministe : – Mahomet a eu des relations sexuelles avec un enfant ? Oh, mais c’est super ! Ça veut dire que chaque pédophile blanc cis-genré hétéronormé, ici en Occident, est coupable d’appropriation culturelle et c’est ça, le véritable problème de la société !
Islamiste : – Ah oui !
Féministe : – Tu vois, c’est simple, quand on regarde le monde à travers des lunettes problématiques !
Islamiste : – Oh, qui aurait pensé que toi et moi on irait si bien ensemble ?

  • Je dis « Justice sociale »
  • Je dis « Jihad »
  • Je dis « Slutwalk » (« Marche des salopes »)
  • Je dis « Salope ! Où est ton hijab ? »
  • Car je suis islamiste
  • Et je suis féministe

Nous avons tellement en commun

Islamiste : – Ça te dérange si je te viole maintenant ?
Féministe : – Oh, ne sois pas stupide, ce n’est pas un viol quand c’est un musulman qui le fait !
Islamiste : – Haha, elle est bien bonne, haha.

Anglais

Feminists love islamists

I am an islamist
I am a feminist
You might not think we have
Very much in common
But we share essentially
The same ideology
And Muslims are oppressed
Just like every woman
I say « haram »
I say « problematic »
You say everything is triggering
And you say everything’s unquranic
Cos you’re an islamist
And you are a feminist
We have so very much in common

I say « islamophobia »
I say « misogyny »
I blame the Jewish media
I blame the patriarchy
Cos I am a feminist
And I am an islamist
A whiny pair of little spastics

Islamist: You know what makes me feel really marginalized, yeah? It’s when ignorant people remind me that the prophet (Allah hu Allah) had sex with a little 9 year old girl.
Feminist: Muhammad had sex with a child? Oh that’s awesome! That means that every white cis-gendered heteronormative pedophile here in the West is guilty of cultural appropriation, and that is the real societal problem!
Islamist: Oh yeah.
Feminist: See, its easy when you look at the world through problematic glasses!
Islamist: Oh, who would’ve thought you and me would get along so well

I say « Social justice »
I say « Jihad »
I say « Slutwalk »
I say « Whore, where is your hijab ? »
Cos I am an islamist
And I am a feminist
We have so very much in common

Islamist: So, do you mind if I rape you now ?
Feminist: Oh, don’t be silly, it’s not rape when a muslim does it !
Islamist: Haha, that is a good one, haha.

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Voir aussi :

Feminists love islamists