[Génie du mâle] – Picasso et les pisseuses

Picasso, c’est un regard. Un regard noir liquide d’andalou qui vous transperce et un regard d’artiste tout aussi farouche, capable de revisiter entièrement les arts visuels du XXe siècle et d’y laisser sa trace indélébile, comme un fer rouge sur l’encolure d’un Miura.

Picasso à Vallauris, 1948 (photo Willy Maywald)

Les féministes, évidemment, c’est un tout autre regard. L’ardeur, le désir, la libido, le sexe, la fougue, la flamboyance, la provocation, la brutalité, la mort du toro en plein soleil, le sens aigu de la plaisanterie… tout est comme toujours passé au filtre des fourches caudines de l’aigreur, de l’étalonnage mesquin, de la litanie des plaintes, du verbiage déconstructiviste ; tout est commué, as usual, en opération de liquidation et en pleurnicherie universelle.

D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, une prof « d’art féministe » – c’est-à-dire de vulves et de clitos géants servis avec le bréviaire larmoyant qui va avec – est en train d’investir avec son troupeau de brebis formatées le Museu Picasso de Barcelone pour « dire la vérité à propos des nombreuses artistes femmes qui ne peuvent pas développer leur créativité » (LOL !!) (16/06/21). Alors comme ça, si les artistes féministes sont nulles, c’est parce que Picasso a existé… (yeux au ciel). Il était donc temps pour moi de mettre en regard les adversaires en présence : « génie du mâle » d’un côté, féministes sans génie de l’autre – et d’essayer de comprendre pourquoi l’un et pourquoi l’autre.

Le regard de l’asepsie

Rappelons tout d’abord que la pollution du champ de l’histoire de l’art par les néo-féministes est un fléau déjà pluri-décennal que nous sommes encore trop peu nombreuses à dénoncer. Camille Paglia, avec sa thèse Sexual Personae en 1991 pourrait être considérée comme un précurseur en la matière. Elle est malheureusement quasi inconnue en France, car encore peu traduite et peu diffusée, contrairement à l’armada d’universitaires de tous pays, toutes féministes et donc toutes formatées à la même bourbe intellectuelle qui, telles un rouleau compresseur, déroulent à jet continu leurs imprécations – particulièrement depuis la charge portée en 1995 par Lynda Nead contre les Vénus dans l’art. Comme historiennes de l’art francophones non soumises au néo-féminisme, on pourra tout de même citer Annie le Brun ou Catherine Millet, sans oublier Nathalie Heinich pour la sociologie de l’art – et bien sûr des hommes, tels Jérôme Delaplanche ou Stéphane Guégan (liste non exhaustive).

Si le ouin-ouin sur Picasso constitue, comme on peut s’y attendre, la pleurnicherie la plus courue, l’espagnol n’est pas seul dans la ligne de mire, loin s’en faut. Rodin figure aussi en bonne place et derrière eux, la quasi totalité des artistes blancs occidentaux, puisqu’il s’agit en réalité d’un vaste programme concerté de destruction de la culture occidentale, mieux connu désormais sous le nom de « cancel culture » ou de « wokisme » – bien que tout cela ne date pas d’hier.

« Vénus s’épilait-elle la chatte ? » ou le catalogue complet des lieux communs féministo-victimaires sur l’art

Ce n’est donc pas un hasard si Libération se pâme devant ce petit manuel de vertu offensée, le podcast « Vénus s’épilait-elle la chatte ? », récitation servile de tous les clichés néoféministes sur l’art, rebattus depuis près de cinquante ans et annoncés, pour parler de Picasso, avec les ridicules trigger warnings et PSDV d’usage pour neurasthéniques et autres bobos fragiles : « Cet épisode est particulièrement difficile et parle de violences sexistes et sexuelles… gneu gneu, han… Prenez soin de vous ».

Le titre du podcast, « Vénus s’épilait-elle la chatte », est en lui-même un condensé des poncifs neofem régulièrement décryptés sur mes pages – voir « L’univers néo-féministe » : après avoir traité successivement du clitoris, de la vulve, des règles, du gras, des seins, de la pisse, de la merde et des troubles mentaux féministes, il me restait justement à aborder la chatte et les poils (articles en projet). Quant au thème des Vénus dénudées et de la rage féministe à leur encontre, je l’ai abordé ici : « Le plaisir féminin en peinture ». Le nombre des fixations néofem étant somme toute assez limité et répétitif, car tournant toujours autour des mêmes obsessions sexuelles, je devrais normalement en avoir bientôt fait le tour.

J’en profite pour replacer ici cette formule bien sentie de Camille Paglia sur l’urinement féminin : « Les femmes, comme les chiens femelles, sont destinées à l’accroupissement, au squat. Il n’y a pas de projection au-delà des frontières de soi » (Camille Paglia, Femmes libres, hommes libres, Laval (Qc), 2019, p. 70-71) ; manière percutante de dire que la vision féministe du monde – et de l’art – est toujours circonscrite à ce qui fait le tour de leur chatte… D’où le nom de ce podcast, la féministe étant par essence incapable de se projeter au-delà de ses organes sexuels et du théâtre victimaire qui les accompagne ordinairement.

C’est aussi pourquoi, avec Picasso, les féministes tombent directement sur un os – un pénis, plus exactement. Car l’art de Picasso est essentiellement, et à l’opposé de la névrose féministe, un art de la libido, un art du sexe hétérosexuel, un art où d’une certaine manière, c’est la fonction érectile qui tient le pinceau. On devine facilement l’émoi puis la haine et la rancœur que cela va déclencher chez les frustrées et les bitophobes du camp d’en face. Je trouve tout de même assez surprenant que la fille du podcast en soit à s’étonner que la peinture et la sexualité puissent être liées (19′) ou que l’art ait à voir avec la puissance sexuelle – ce qui ne devrait quand même pas être une découverte si elle a vraiment étudié l’art. Il est drôle aussi de la voir reprocher à Picasso de se passionner pour le sexe quand son propre podcast ne parle que de ses obsessions génitales à elle et s’intitule même La chatte et les poils. Bref, passons

Pablo Picasso, Le Phallus, 1903

Séparer l’homme de l’artiste – ou pas

J’ai donc pris sur moi et écouté intégralement son dernier podcast : « Picasso, séparer l’homme de l’artiste » (18/05/21). On le sait, les féministes, qui sont des êtres binaires, refusent de séparer l’homme de l’artiste : si un homme s’est comporté dans sa vie privée d’une manière qui contrevient à l’ordre moral – ou s’il n’a pas toujours été gentil –, il devra être condamné non seulement en tant qu’homme mais en tant qu’artiste. Quant à son œuvre, si elle ne peut, au grand dam des féministes, être bannie des musées et de l’histoire de l’art, elle devra au moins être vilipendée jusqu’à plus soif, ce qu’elles s’emploient à faire avec la subtilité de chars soviétiques qu’on leur connaît.

Personnellement, tout anti-féministe que je suis, je ne sépare pas non plus l’homme de l’artiste – puisque je ne suis pas dupe : ce sont aussi les perversions, les parts d’ombre et la libido débridée des grands artistes qui ont directement nourri leur art et en ont même souvent constitué le substrat ou la matière brute. Leur tâche, à travers la création artistique, aura justement été de sublimer cette matière noire, de faire de l’or avec du plomb ; ce en quoi les grands artistes seront toujours des alchimistes. Picasso n’est pas seul à parcourir cette voie : Le Caravage et bien d’autres l’y ont précédé et bien d’autres les suivront. Il en va de même pour un acteur comme Klaus Kinski ou un cinéaste comme Roman Polanski : aucun de ces êtres n’est entièrement noir, et le bien comme le mal, la morale comme l’amoralité ont contribué, avec des dosages qui varient selon les personnalités, à en faire les grands artistes qu’ils sont devenus. L’art se situe évidemment au-delà de la morale, de la vertu, de la bien-pensance ; raisons pour lesquelles les néo-féministes devraient à tout jamais quitter le champ de l’histoire de l’art : l’art n’a pas plus vocation à être l’auberge des préceptrices des bonnes mœurs que le couvent des Petites Sœurs de la Perpétuelle Indignation.

« Le bordel, c’est mââl… »

Le podcast aborde d’emblée Picasso sous l’angle de la psychologie de comptoir et des habituelles réprobations féministes 2.0 : « Il est un petit roi grandissant au milieu d’un environnement essentiellement féminin. » Eh bien justement, pourquoi ces fameuses femmes en ont-elles fait ce qu’il est devenu ? Pourquoi les machos sont-ils toujours les fils de leurs mères ? Pourquoi sont-ce toujours les femmes qui fabriquent et entretiennent le fameux « patriarcat » ? Posez-vous de temps en temps les bonnes questions, les filles… (pour info, les réponses sont ici).

Le puritanisme est également convoqué dès les premières minutes : « Humilié, il va développer une sexualité noire, largement épanchée dans les bordels »… On reconnait là le féminisme bigot anti-sexe et anti-prostitution avec ses pénibles abolitionnistes qui luttent obstinément contre le réel en agitant leur chapelet de condamnations vertueuses. Attention : je ne prétends pas que la prostitution soit une sinécure, je dis seulement que prétendre l’abolir est une pure chimère et une perte de temps pour tout le monde et que les concernés sur le terrain ont davantage besoin de soutien que de sermons.

« Son apprentissage de l’érotisme et son apprentissage de la peinture se sont faits en même temps dans les bordels de Barcelone. On devrait reconnaître que le bordel a été sa principale université. Non seulement il y a appris ce qu’est l’érotisme sous toutes ses formes, sauvages et plus inorthodoxes, mais aussi, il y a commencé à penser le problème du désir et à le penser de façon picturale », rappelait heureusement, et bien plus finement, Jean-Jacques Lebel dans Le Devoir (10/06/2001).

Picasso y a peint comme personne les prostituées, dont cette sublime Maternité rose de 1905, qui figure possiblement une prostituée parisienne avec son enfant – les filles étaient retirées de la rue par les services de santé publique le temps d’allaiter, avant d’être remises sur le trottoir et leur enfant placé à l’Assistance Publique. Alors, sans doute, l’histoire est-elle tragique, mais Picasso a justement sublimé cette jeune mère en lui donnant des allures éternelles de Vierge andalouse :

Pablo Picasso, Maternité, 1905 (Paris, Musée Picasso)

Mais comme les féministes haïssent autant la maternité que la féminité ou la beauté, aucun risque qu’elles s’attardent sur ce tableau… Un tableau d’un homme « qui n’aime ni les femmes ni les enfants », disent-elles… Ce n’est pas vraiment ce que nous dit sa peinture, mais encore faudrait-il retirer ses lunettes idéologiques pour s’en apercevoir. Rappelons également que pendant longtemps, la lutte contre l’allaitement a été un cheval de bataille des féministes.

Picasso se jouait du puritanisme et des féministes avant l’heure

Picasso est mort en 1973, au moment même où le féminisme de la seconde vague opérait son virage puritain (lire : « Le patriarcat est né en 1970 »). Mais depuis longtemps déjà, Pablo avait compris que le marché de l’art et la morale des américains n’allaient pas aimer ses œuvres érotiques, ce pourquoi il les dissimulait. Une Scène érotique de 1903 « où Picasso se fait sucer », pourtant achetée par le Metropolitan Museum of Art de New York, n’a ainsi jamais été exposée (Le Devoir). Depuis ses tous débuts en peinture, sa vie artistique et sa vie tout court ont été dans les faits un immense pied de nez à la morale sexuelle, aussi les féministes d’aujourd’hui ne seraient-elles pas pour le surprendre : non seulement, il les connaissait déjà, mais d’une certaine manière, il leur a dédié toute son œuvre.

Comme l’écrit Bérénice Levet, « il y a dans l’œuvre du peintre catalan une part, très grande, de jeu. Picasso s’amuse. Son art suppose chez ses spectateurs un sens du burlesque, du loufoque, du truculent, qui nous a peut-être quittés » (« Picasso sans masque », 15/11/ 2014). À propos du livre de Stéphane Guégan, elle résume les choses avec justesse : « Contre les lectures féministes de l’œuvre du peintre, mais aussi contre le puritanisme contemporain, Guégan se confronte à l’éros picassien et lui rend sa vérité existentielle. Le sexe, chez le maître, n’est ni innocent ni inoffensif. Le désir masculin et le désir féminin ne se recoupent pas, et Picasso explore et exploite cette dissymétrie. Aucun peintre, sans doute, dans l’histoire de la peinture occidentale – « En dehors de Masson et des arts non européens, qui lui opposer ? », demande Guégan –, n’a porté à ce point d’incandescence le désir, l’élan de la chair qui veut pénétrer et posséder, l’affolement des sens, la dévoration des amants, la convulsion des corps, cet « emboîtement des sexes » qu’il scrutera au plus près dans les dernières années de sa vie. Et l’on se demande bien comment les communicants du musée Picasso vont acclimater son œuvre à l’idéologie progressiste de l’indifférenciation sexuelle et de la ringardisation du désir hétérosexuel. » Et le climat a encore gravement empiré depuis, si l’on en croit le podcast de la Chatte

Le catalogue des poncifs du podcast

Venons-en justement au contenu de ce podcast. J’ai tenu jusqu’au bout parce qu’il le fallait bien pour pouvoir en parler, mais alors, quelle purge… Pour tuer le temps, je me suis efforcée de compter le nombre de fois où les mots-valises de la bonne chèvre féministe étaient repris, répétés, assénés encore et encore. Dans ce seul podcast sur Picasso, on comptabilise ainsi les mots :

. Viol, « culture du viol » : au moins 20 fois
. Misogynie : au moins 10 fois
. Impunité : au moins 10 fois
. « Virilisme », virilité : au moins 8 fois
. Pervers : au moins 5 fois
. « Système de domination » : au moins 4 fois
. Prédateur sexuel : au moins 4 fois
. Pédophilie, pédocriminalité : au moins 5 fois
. Homme blanc ; au moins 4 fois
. « Boys’ club » : au moins 4 fois
. « Système hétéropatriarcal »: au moins 2 fois
. Sans oublier les sempiternels autrice, sexisme, emprise, pouvoir, violences sexuelles, « charge mentale », « féminicide », consentement, mâle alpha, « masculinité toxique », stéréotypes, genre et j’en passe… Quand on pense que ces pintades se croient originales… Soupir…

Le plus drôle est que juste après avoir fustigé la « masculinité toxique » en bonne néofem à la cervelle rincée par la propagande du genre, elle a besoin de rappeler, un peu gênée, que « féminin ne veut pas dire grand chose », gneuu (13’58). Le masculin, c’est satanique, mais le féminin, ça n’existe pas (ben voyons). Réciter son évangile anti-humaniste et indifférentialiste truffé d’incohérences ne lui pose visiblement aucun problème.

Comme on le voit, absolument toutes les marottes du néo-féminisme sont égrenées comme un chapelet ; on a affaire à une élève très appliquée et même complètement lobotomisée. Plus besoin de faire de l’histoire de l’art au plus près des œuvres et des artistes, il suffit désormais de dérouler sa grille de lecture féministo-normée et le tour est joué. Je n’ai écouté que ce podcast et j’en ai déjà plus que ma dose de ce prêt-à-penser binaire et victimaire ; aucun risque que j’en écoute un autre, puisque ce sera le même déroulé stéréotypé : quel intérêt ? Quand on voit qu’il y en a pour appeler ça de l’histoire de l’art, on se dit que la gauche est décidément tombée bien bas.

L’incompréhension de l’art et la méconnaissance de l’histoire de l’art

La demoiselle dit qu’elle a passé 6 ans en fac d’histoire de l’art ; on se demande alors ce qu’elle a bien pu y faire car il lui manque visiblement quelques bases ; quelques rappels ne semblent donc pas inutiles. Je vais reprendre ses arguments dans leur ordre d’apparition :

. Elle s’étonne que Picasso ait utilisé son art pour « casser » ses ex-compagnes. Mais depuis quand l’art ne sert-il qu’à encenser ses proches ? Ne sait-elle pas que l’une des principales fonctions de l’art est justement de servir d’exutoire, de défouloir ou de catharsis ? Picasso a su faire des chefs-d’œuvres des anti-portraits de ses compagnes : en quoi faut-il s’en étonner ou le condamner ? Si l’art n’était qu’au service des bons sentiments, ça se saurait ! Je relève ici encore sa posture morale typiquement féministe. On ajoutera qu’elle et sa girls’ team (comme elles sont sexistes et misandres, elles ne collaborent qu’entre femmes) ne se gênent pas de leur côté pour « casser » Picasso avec ce portrait 500% à charge. Ainsi, quand elle évoque un élément de sa vie prouvant qu’il était humain et sensible (la mort de sa jeune sœur qui le bouleverse), c’est aussitôt rejeté et balayé sous le tapis. Toujours le deux poids-deux mesures…

. Elle charge ensuite le père de Picasso sans aucune raison, uniquement parce qu’il était un homme et Pablo un garçon et que le papa a encouragé son fils dans la voie artistique. On sent suinter la misandrie et la guerre contre la paternité, confondue comme toujours avec le « patriarcat ». Les sempiternelles jalousies et paranoïas féministes sont ressassées (« Les pères ne poussent que leurs fils vers l’art, jamais leurs filles, ouin ouin »), oubliant au passage que des femmes, bien avant Picasso, avaient justement été poussées et soutenues par leur père afin de devenir des artistes : Artemisia Gentileschi au XVIIe siècle et bien d’autres de ses contemporaines… Faut-il lui rappeler aussi que Camille Claudel n’a pu exercer son art QUE grâce à son père dans les années 1880 et qu’elle a été harcelée et martyrisée psychologiquement toute sa vie par une femme, sa mère ? (voir : « [Prise d’otage] – Camille Claudel et le féminisme misandre »). On ajoutera qu’aujourd’hui les écoles d’art regorgent de filles – sans qu’aucune Picassa n’ait toujours émergé… (et ce n’est pas en allant pleurnicher sur sa propre nullité devant les œuvres de Picasso que les choses risquent de s’arranger). Elles vont dire que c’est à cause de « l’oppression patriarcale », bien sûr… J’opterai plutôt pour un défaut de génie, particulièrement quand il s’agit de féministes… (voir l’explication plus bas).

. Elle accuse ensuite Picasso de s’être « créé une mythologie personnelle » : mais… et alors ? C’est la base pour tout artiste ! Tout créateur a son propre univers au sein duquel il opère comme un démiurge ; ces choses-là sont pourtant connues. Elle l’accuse dans la foulée « de se prendre pour Dieu », ce qui mérite cette fois un petit rappel de philosophie de l’art, puisque depuis toujours, le travail de l’artiste a été comparé au pouvoir créateur divin ! Ce n’est pas un hasard si le dieu créateur des hommes chez les Égyptiens anciens (le dieu Khnoum à tête de bélier) était un potier qui modelait l’argile ; tout comme le sera le Dieu créateur de la Genèse, formant à son tour Adam avec le limon de la terre. Dans l’Antiquité, le sculpteur taillant la pierre était l’artiste le plus admiré car il était comparé à Dieu créant l’homme. Au Moyen Âge, c’est l’architecte des cathédrales qui donne son compas au Verbe Créateur des grandes Bibles Moralisées du XIIIe siècle, car l’architecte est alors perçu comme l’artiste suprême. À partir de la Renaissance, le discours des artistes et des philosophes (Hegel, Kant…) a ensuite consisté à expliquer que désormais, c’est l’homme qui est au centre (principe de l’Humanisme) et que sa création artistique est non seulement capable d’égaler celle de Dieu mais de la surpasser, pour enfin la supplanter entièrement. La formule de Picasso prouve donc simplement qu’il avait parfaitement compris le rapport de l’artiste avec le divin !

. Elle voit ensuite des « Boys’ clubs » partout, jusqu’au Bateau-Lavoir. La fixation sur le « Boys’ club » est une paranoïa typique des féministes radicales, dont j’avais parlé ici. Incompréhension également du « système marchands-critiques » qui fonde le marché de l’art des XIXe et XXe siècles : il est tout à fait normal qu’un critique d’art participe à la reconnaissance d’un artiste et que son rôle ainsi que celui du marchand soient cruciaux dans la construction de sa notoriété. Y voir exclusivement des Boys’ clubs machistes relève de l’ignorance et de la paranoïa déplacées. On rappellera de plus que Gertrude Stein par exemple, une femme (et même une féministe) fréquentait le Bateau-Lavoir et qu’en tant que collectionneuse et amateur d’art, elle a grandement participé à la valorisation de Picasso.

Les Demoiselles d’Avignon ne sont pas un témoignage « d’appropriation culturelle » mais l’illustration même de la créativité !

Plus grave, beaucoup plus grave, elle confond la créativité artistique avec « l’appropriation culturelle » et le « pillage colonial » ! À propos des célèbres Demoiselles d’Avignon (les prostituées de la rue d’Avignon à Barcelone) que Picasso peint en 1907 au Bateau-Lavoir de Paris, elle y va de sa complainte sur « l’appropriation culturelle » et le « colonialisme » parce que, comme chacun sait, l’une des filles du tableau a un visage qui rappelle fortement un masque Fang. Contrairement à ce qu’elle croit, personne n’ignore non plus l’impact qu’a eue sur son art, pendant toute sa vie, sa découverte de l’art africain au Musée du Trocadéro, en 1907 justement. Découverte et engouement partagés par la plupart des grands artistes de son temps et qui contribueront à faire entrer ces formes dans le répertoire de l’art occidental afin de le renouveler presque entièrement.

Une des Demoiselles d’Avignon et un masque Fang (ou Mahongwe) du Gabon  

Il se pourrait également que ce soit lors d’une soirée chez Derain à la même époque que Picasso ait découvert l’art africain. Ensuite… il a fait du Picasso – ce que lui reproche La chatte qui s’épile –, c’est-à-dire qu’à partir d’une expérience vécue, ici une conversation et une découverte inopinée, il a activé son processus créatif ! Car la créativité, une notion pourtant très à la mode, n’est rien d’autre que ce qu’il a fait ce soir-là. Si l’on en croit cette définition : « La créativité est le processus consistant à faire des rapprochements entre différents points de données — chaque point de données faisant référence à une expérience vécue, un concept découvert ou une information recueillie » – et nous y sommes exactement.

« Picasso copie en faisant mieux », s’étrangle la Chatte. Alors que c’est précisément la définition même de la créativité : s’inspirer pour dépasser, en faisant se rencontrer des points de données que souvent tout sépare ! C’est alors de cette rencontre, parfois forcée, parfois fortuite, que pourra jaillir l’idée nouvelle et originale. C’est en ce sens qu’un artiste n’est jamais réellement un créateur mais toujours un créatif. Et ce qui le rend si créatif est justement son regard acéré – car c’est un voyant, comme Rimbaud en littérature, un visionnaire capable de voir ce que personne d’autre n’a su voir. C’est aussi en cela que Picasso est un regard – et que les féministes sont borgnes : les paranoïas victimaires et les complaintes narcissiques ressassées ad libitum ne pouvant à terme qu’assécher la créativité.

Picasso n’a rien volé à l’Afrique, bien au contraire, puisqu’il a contribué à donner une valeur extrême à ce qu’on appelle aujourd’hui les « arts premiers ». Sans lui et ses amis peintres, il est même fort peu probable qu’un masque Ngil Fang du Gabon du XIXe siècle ait pu atteindre un jour la somme colossale de 5,9 millions d’euros chez Drouot en 2006 – ni peut-être même avoir été conservé ! L’accusation de « pillages coloniaux » faite ici à Picasso est non seulement idiote mais diffamatoire. La Chatte semble ignorer également – ce qui est surprenant si elle a vraiment passé 6 ans en fac d’arts – que tout le monde reconnaît depuis longtemps l’apport des arts premiers à l’art occidental, ainsi que leur impact sur les Demoiselles d’Avignon. Elle dit également que collectionner de l’art revient à faire de l’appropriation culturelle… Soupir… On mesure en tout cas l’étendue de la rage et des fixations des féministes intersectionnelles, toujours prêtes à raconter n’importe quoi pour accabler l’homme blanc – histoire de bien fayoter devant l’homme non blanc : la féministe sait toujours qui est son maître.

Le Minotaure et ses « grandes maîtresses »

Chacune des « grandes maîtresses » de Picasso a occupé environ une décennie de sa vie. Autour d’elles et en sus, gravitaient de petites maîtresses dont le nombre n’est pas totalement connu mais qu’on devine nombreuses. On imagine alors aisément l’ambiance de volière et de couteaux tirés qui prévalait entre tout ce petit monde (et dont Guernica donne possiblement une image, voir plus bas). Ceci explique également le départ d’Olga, puis la jalousie féroce entre Marie-Thérèse et Dora, puis le départ de Françoise, puis la haine fanatique de Jacqueline vis-à-vis de toutes celles qui l’avaient précédée – sans parler d’Olga qui mettait toujours la pression de son côté.

. Comme attendu, le podcast se lamente sur la « relation du peintre à son modèle », forcément verticale, forcément de type domination/soumission, forcément abusive, etc. J’ai déjà abordé ce sujet à propos de Manet et de Victorine Meurent. Car la réalité est souvent bien plus nuancée que ces caricatures et les bénéfices partagés ; d’ailleurs les modèles se sont toujours bousculés pour poser nus devant le pinceau des grands maîtres et être ainsi immortalisés. La figure du peintre face à la jeune et jolie femme qui l’inspire est également un archétype, une image inépuisable du regard admiratif que l’homme pose sur la beauté féminine – ce qui fait par exemple l’objet d’un film entier tel que La Belle Noiseuse (1991) – mais essayer d’expliquer ces choses-là à des féministes victimaires et hétérophobes revient à essayer de faire comprendre la métaphysique à une chèvre. Ces névrosées préfèrent s’en tenir à leurs fixettes sur le « male gaze » – dans l’espoir de criminaliser toute forme de désir hétérosexuel – en s’imaginant que personne ne remarquera qu’elles sont surtout vertes de jalousie. Car en général, celles qui vocifèrent contre le « male gaze » sont soit celles que personne ne regarde, soit celles qui ont surtout besoin de se faire flatter : « Oh, regardez-moi, mais c’est affreux, on me désire ! ».

Le podcast prétend également que « la vie de Picasso est passée sous silence », ce qui doit être une plaisanterie, ou alors… Cela fait des décennies que les féministes bassinent la terre entière avec le profil de macho de Picasso, il faut vraiment habiter sur la banquise pour ne pas en avoir entendu parler !

. La question du destin tragique de la plupart des « grandes maîtresses » de Picasso reste cependant une question sérieuse qui ne peut être évacuée comme si elle n’existait pas. Cela ne peut en effet qu’interroger, comme on dit, quand on fait les comptes :
– Olga Khokhlova, sa femme, a fini ses jours délaissée et leur petit-fils Pablito s’est suicidé à la mort de Picasso ;
– Marie-Thérèse Walter s’est suicidée peu après la mort de Picasso ;
– Dora Maar s’est retrouvée à l’asile et a fini sa vie dans le mysticisme et la solitude ;
– Jacqueline Roques s’est suicidée peu après la mort de Picasso ;
– Par contre, Françoise Gilot, après l’avoir quitté, s’est remariée et vit toujours aujourd’hui, 70 ans après leur rupture ! Elle est revenue en 2004, dans un ouvrage et témoigne encore, sur des images des années 2010, dans ce documentaire d’Annie Maïllis, Pablo Picasso et Françoise Gilot, la femme qui dit non (2021) sur ses années Picasso – sans haine et sans esprit de vengeance, ce qui rend son témoignage d’autant plus intéressant.

Je ne vais pas nier que Picasso leur ait fait du mal à toutes, à l’image de ce type d’hommes auquel il appartient et qu’on appelle aujourd’hui des « pervers narcissiques ». Quasiment toutes les femmes sont attirées, ou l’ont été (même moi), par ce genre de piège à filles. Le tout est d’en sortir, ce qui est POSSIBLE et Françoise Gilot en est justement la preuve vivante. De ce point de vue, elle est un caillou dans la chaussure des féministes car sa force de caractère, qui fait qu’elle a su résister à Picasso et le quitter, fait aussi qu’elle ne se laisse pas embrigader par les féministes victimaires et punitives, malgré la cour assidue que celles-ci lui font depuis des années. Françoise Gilot est une irréductible qui illustre le fait que l’on peut dire non à un manipulateur, ne pas se laisser mettre sous emprise et, après la rupture et ses péripéties, ne pas devenir une féministe haineuse qui va imputer tous ses déboires à la gent masculine dans son ensemble. Elle a su partir puis tourner la page et pourtant, cela n’était pas plus facile pour elle que pour les autres puisqu’ils avaient deux enfants et qu’il lui a fait des procès – qu’il a tous perdus, au passage, preuve qu’il n’était pas si « protégé » que la Chatte le prétend.

Voyons aussi le positif : Picasso a offert à toutes ces femmes une passion amoureuse hors du commun avec ses montagnes russes émotionnelles et une solide notoriété post-mortem. C’est le cas pour Fernande Olivier, sa première compagne officielle qui lui dédie un livre sur le tard, Souvenirs intimes, où elle confie même d’emblée, p. 11 : « Ces années vécues près de toi, ce fut la seule époque heureuse de ma vie ». C’est aussi le cas pour Olga, pour Marie-Thérèse, pour Dora, pour Jacqueline… Dora y a même gagné un statut de martyre (La Femme qui pleure au chapeau rouge, 2010) et Françoise d’héroïne.

Sans lui, ces femmes auraient-elles toutes été aussi célèbres ? Olga était une obscure danseuse, Fernande, Marie-Thérèse et Jacqueline des inconnues, Dora était sans doute une photographe de talent, mais pas non plus de premier plan comme par exemple Man Ray, dont les portraits l’ont justement faite entrer dans la légende. Quant à Françoise, elle était certes une artiste peintre et l’est restée par la suite, mais sans que son œuvre n’ait jamais eu l’impact qu’a eue celle de Picasso sur l’histoire de l’art en général. Grâce à lui, elles figurent aussi toutes sur des tableaux ou des dessins célébrissimes, quand il ne s’agit pas de chefs d’œuvres quasiment aussi connus que la Joconde ; elles lui doivent au moins cette lumière et la postérité qui va avec. C’est ainsi que le tableau Nu au plateau de sculpteur, représentant Marie-Thérèse s’est vendu 106 millions de dollars en 2010 chez Christie’s. Et la Chatte de s’en étonner, voire de le déplorer, lol. Elle ne comprend pas non plus que les prix des œuvres de Picasso, malgré leur grand nombre, continuent de monter sur le marché de l’art – alors qu’il s’agit d’un phénomène psychologico-financier bien connu des spécialistes (« l’effet Veblen », pour ne pas le nommer).

Je partage ici un portrait célèbre de Marie-Thérèse, que j’aime bien parce qu’il choque les féministes. Le visage de Marie-Thérèse est vu de profil dans sa partie inférieure (verte) et de face si l’on rajoute la partie rose. Mais si l’on regarde à nouveau la partie verte seule, on remarque alors qu’au-dessus, la partie rose a la forme d’un pénis. Il s’agit donc de l’évocation d’une fellation (la lèvre rouge se transforme en langue à la base du pénis) et comme le tableau est intitulé Le Rêve, on comprend sans ambiguïté qu’il s’agit d’un rêve érotique – Marie-Thérèse a d’ailleurs ses deux mains sur son sexe.

Pablo Picasso, Le Rêve, 1932 (Collection privée)

La Chatte essaie de nous faire avaler que Picasso aurait été pédophile avec Marie-Thérèse Walter parce qu’elle n’avait pas tout à fait 18 ans quand il l’a rencontrée – ce qui est franchement n’importe quoi ! À 18 ans, on a la majorité sexuelle, assez de pudibonderie ! Marie-Thérèse était en réalité aussi féroce et jalouse que les les autres et n’avait rien d’une enfant sacrifiée comme le podcast le prétend.

. Elle nous présente ensuite Dora Maar, suivant la doxa contemporaine, comme une artiste exceptionnelle entièrement détruite par Picasso ; mais là aussi, il faut remettre les choses à leur place. Dora pleurait beaucoup, c’est incontestable, mais pas parce que c’était une femme continuellement battue comme la Chatte voudrait le faire croire. Les raisons de ses larmes sont plutôt à rechercher dans sa souffrance et sa jalousie vis-à-vis de Marie-Thérèse dans un premier temps puis de Françoise quand celle-ci l’a supplantée dans la vie de Picasso. Et surtout, dans le fait qu’elle n’arrivait pas à avoir d’enfant de Picasso alors que Marie-Thérèse en avait un. Et quand Françoise en a très vite eu deux à son tour, elle a sombré dans la folie. Il était là, son malheur, mais cela, évidemment, aucune féministe ne peut le comprendre – puisqu’elles conchient le désir de maternité.

. Pour ce qui est de Guernica (à 28’), il se passe la même chose qu’avec Rodin et Camille Claudel ; les féministes essaient toujours de retirer à l’homme sa part de l’œuvre pour en créditer sa maîtresse. Sauf que, pour l’instant personne ne sachant exactement qui a fait quoi, cela ne sert à rien d’épiloguer.

Le mystère Guernica

Il est possible de toutes façons que la part de Dora dans Guernica soit nettement surévaluée, si l’on en croit l’hypothèse récente, que je trouve fort séduisante, de José Maria Juarranz, dans son livre Guernica. La obra maestra desconocida (Le chef-d’œuvre inconnu), paru en 2018, et qui explique que Guernica serait en réalité un « portrait de famille » auquel Picasso aurait donné a posteriori et un peu par hasard le nom du village espagnol de Guernica (lire : « La théorie qui remet en cause les origines de Guernica », Le Figaro, 12/04/18) :

« Juarranz voit dans le taureau du tableau Picasso lui-même. Le cheval serait son épouse, Olga Khokhlova, la femme à la lampe serait sa mère, la madone à l’enfant serait sa maîtresse, Marie-Thérèse Walter, l’oiseau en pleurs Dora Maar, le guerrier gisant au sol son ami Carlos Casagemas, et son impuissance représentée par le glaive brisé… Résultat, «un portrait de famille» que le chercheur place dans la continuité des Ménines de Velázquez et de La Famille de Charles IV peinte par Goya. »

Pablo Picasso, Guernica, 1937 (Madrid, Musée national centre d’art Reina Sofía)

Ceci irait, qui plus est, dans le sens du désintérêt de Picasso pour la guerre, davantage préoccupé qu’il était, en tout narcissique décomplexé, par ses propres turpitudes : « L’historien parle du supposé désintérêt du peintre pour la chose publique – «selon Kahnweiler, son marchand d’art, Picasso était le plus apolitique des hommes» – et reconstruit le choix du titre: un groupe d’amis a débarqué dans son atelier, et l’un des invités, en voyant la toile, s’est exclamé: «Guernica!» Un titre idéal pour «dissimuler sa vie peu édifiante» et présenter un cadre «de propagande» au pavillon de la République espagnole à l’Exposition universelle. »

Il est également intéressant de relever que Françoise elle-même rapporte que Picasso lui avait dit au sujet de Guernica que « le cheval au centre est en quelque sorte une image désagréable d’Olga », ce qui irait dans le sens de cette hypothèse (à 11’27 de cette vidéo). Quant au tableau de Picasso, Minotaure et jument morte devant une grotte face à une jeune fille au voile, peint à Juan-les-Pins en 1936, Françoise confirme aussi que la jument morte y est Olga, les mains sortant de la grotte celles de Dora et la jeune femme au voile Marie-Thérèse. Le tableau semble préfigurer Guernica, peint seulement un an plus tard, en 1937.

Pablo Picasso, Minotaure et jument morte devant une grotte face à une jeune fille au voile, 1936 (gouache, plume, encre de Chine et incisions sur papier; Paris, Musée Pablo Picasso)

Il en va de même de la composition et de l’iconographie de la Minotauromaquia (La Minotauromachie), une eau-forte de 1935 considérée comme un « précédent immédiat de Guernica ». Le buste de jeune femme dépoitraillé au centre, à l’horizontale, a les traits de Marie-Thérèse. Le Minotaure est vraisemblablement Picasso. Or ces deux œuvres ont été réalisées avant le déclenchement de la guerre d’Espagne. Le thème iconographique que l’on retrouve développé dans Guernica travaillait donc Picasso depuis de longs mois, voire des années.

Pablo Picasso, Minotauromaquia, 1935 (Madrid, Museo Nacional Reina Sofia)

Il me semble donc de plus en plus évident que l’histoire du bombardement du village de Guernica soit une fable rapportée a posteriori au tableau : Guernica représente plus probablement, et de manière grandiose, la mythologie intime de Picasso. Mythologie toute personnelle qu’il a très bien pu actualiser opportunément en reliant la petite histoire à la grande histoire, processus créatif par ailleurs bien connu. Mais quand je vais lire les hypothèses interprétatives sur la fiche Wikipedia de Guernica, je me dis qu’il y a vraiment de l’hallucination collective dans l’air ; certains devraient peut-être un peu moins s’intoxiquer aux fables gauchistes anti-franquistes. Il n’est en tout cas pas à exclure que Picasso ait enfumé tout le monde – ce qui ne serait pas une première pour lui. Ajoutons qu’il s’est toujours refusé à expliciter l’iconographie de Guernica (ceci pouvant expliquer cela)…

. La Chatte et son interlocutrice n’ont ensuite pas de mots assez assez élogieux pour évoquer Dora Maar, au prétexte que celle-ci était plus politisée que Picasso, donc plus à gauche, donc « plus intelligente que lui », ce qui est en totale contradiction avec les propos de Françoise Gilot dans le documentaire. Celle-ci déclare au contraire que Picasso était un homme très intelligent et un véritable intellectuel en plus d’être un génie artistique.

Françoise Gilot par Robert Doisneau en 1952

. Elles parlent ensuite de Françoise à qui elles vouent une véritable admiration et il va de soi que c’est aussi mon cas – toutefois pas exactement pour les mêmes raisons. Comme je l’ai écrit plus haut, Françoise est clairement une irréductible au caractère trempé, typiquement ce que j’appelle une femme forte. Quand elle raconte son histoire avec Picasso, elle assume avoir cherché à le séduire puis avoir persévéré dans cette voie malgré les conseils de ses proches – car son statut de Barbe-Bleue était parfaitement connu de la place de Paris (il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : le bad boy a toujours attiré la femme, et plus encore, la féministe, comme le fromage attire les mouches). Françoise ne se pose cependant jamais en victime d’un prédateur et reconnaît tout à la fois les bons moments passés avec lui, tout comme les travers et les faiblesses psychologiques qu’il pouvait avoir. Elle ne cache même pas que s’il lui avait laissé la possibilité de se retirer seule de temps en temps, elle aurait pu poursuivre sa relation avec lui.

Quand dans le documentaire, elle parle avec émotion de la corrida – sur des images d’une grande beauté, où le pas du torero dans l’arène épouse celui du danseur de flamenco (à partir de 30′), on mesure tout ce qui la sépare des progressistes de notre temps. Picasso a su faire d’elle une véritable aficionada ; ce qui explique aussi qu’elle ne craignait nullement l’affrontement avec le toro (ou le Minotaure). La tentation misérabiliste du documentaire de la présenter comme la victime d’un oppresseur en est pour ses frais : Françoise Gilot est un esprit fort, un esprit libre, une incarnation de ce que j’appelle l’éromachie – et un modèle pour moi.

. Quant à Jacqueline Roques, la Chatte se contente de la victimiser, ce qui est évidemment très réducteur puisque ses parts d’ombre ne sont pas petites, comme elles le savent très bien. Jacqueline était une sorte de Laetitia Halliday avant l’heure, en pire, qui s’est comportée comme un cerbère intraitable, s’accaparant totalement Picasso et refusant à ses proches de l’approcher jusqu’à sa mort, y compris même d’assister à ses funérailles. Si « elle était un paillasson pour lui » comme elles disent, elle n’en était pas moins possessive, autoritaire et hyper-contrôlante.

Jacqueline et Pablo à la corrida, Vallauris, 1955

Picasso et les pisseuses

À voir les nombreuses pisseuses qu’il a représentées, on peut se demander si Picasso n’avait pas déjà tout compris des féministes. Le plus drôle est que celles-ci, qui s’offusquent devant sa Pisseuse de 1965, oublient qu’elles sont elles-mêmes obsédées par l’urine et n’ont de cesse de se représenter en pisseuses (voir « Anthologie du féminisme urinaire »). Rappelons également qu’il existe un collectif féministe qui s’est illustré en 2018 dans les rues de Paris et qui s’est lui-même baptisé « Les Pisseuses »

Pablo Picasso, la Pisseuse, 1965 (Paris, Centre Pompidou)

La Chatte reproche donc à Picasso d’avoir peint une Pisseuse, semblant ignorer qu’il s‘agissait en réalité d’un hommage à Rembrandt. Cette Pisseuse de Picasso, comme nombre de ses œuvres, emprunte par ailleurs également à l’art crétois qu’il revisite et actualise à sa manière. Répétons encore qu’il ne s’agit nullement d’appropriation culturelle, pas plus concernant l’art crétois que celui de Rembrandt, mais de cré-a-ti-vi-té !

Rembrandt, Femme se baignantn sans une rivière, 1654, Londres, National Gallery

Concernant Picasso (par exemple au sujet des Demoiselles d’Avignon), les accusations de copie sont d’autant plus risibles qu’elles viennent de professionnelles de la copie – on sait que les artistes féministes, qui n’ont de cesse de se plagier entre elles, ne brillent pas particulièrement par leur inventivité (voir « Des clitos, des clitos et encore des clitos »). Le style du « dernier Picasso », par contre (sa période des années 1960, telle cette Pisseuse), inspira fortement la scène artistique des années 1980. La Chatte s’énerve également sur le « sourire vertical » du sexe de la Pisseuse de Picasso… Qu’elle aille plutôt en parler à l’auteur féministe de cette œuvre, par exemple :

Elsa Sahal, 2014; Pisseuse installée en 2020 sur la Place Royale par la mairie féministe de Nantes

Quand on sait en plus que cette Pisseuse (rebaptisée Fontaine) est une œuvre imposée à sa ville par la maire féministe de Nantes en 2020, on comprend à quel point l’art féministe est surtout un art de cour, un art pompier et formaté, décidé d’en haut, dont on subit depuis des années le déferlement dans toutes les expositions d’art officiel. Il y a ici bien moins de subversion que de conformisme (et de pleurnicherie victimaire se parant des atours de la provocation). Il en va de même avec la pluie de clitoris partout dans nos villes depuis une dizaine d’années.

Conclusion : Génie masculin contre gémissements féministes

Le podcast de la Chatte s’est donc donné pour mission (comme c’est original !) de « déconstruire l’art occidental » – rien que de très normal en somme quand on est à la fois dépourvue de génie et juste capable de ressasser son aigreur et sa jalousie dans l’espoir de détruire ce que l’on aurait été bien en peine de produire soi-même. Heureusement, il y aura toujours des constructeurs et des reconstructeurs de talent face aux déconstructrices aux passions tristes.

. La question du « génie masculin » reste cependant, et plus que jamais, une pierre d’achoppement pour la compréhension féministe ; le point de fixation qui les fait enrager depuis toujours (d’où le piteux Génie lesbien de la misandre Alice Coffin, qui n’a pas franchement explosé les ventes, mais qui s’en étonnera ?). Pourquoi les grands génies de la créativité et de l’invention ont-ils toujours été des hommes ? Pourquoi les ingénieurs les plus brillants, et aujourd’hui les génies de la sécurité informatique, du hacking de haut niveau ou de l’intelligence artificielle sont-ils encore et toujours des hommes ? Pourquoi les Médaille Fields et les grands maîtres aux échecs restent-ils significativement des hommes ?

La Chatte nous fait la lecture, toute offusquée, de cet extrait de la Lettre à d’Alembert de Jean-Jacques Rousseau (à 20’) : « Les femmes, en général, n’aiment aucun art, ne se connaissent à aucun, et n’ont aucun génie. Elles peuvent réussir dans de petits ouvrages qui ne demandent que de la légèreté d’esprit, du goût, de la grâce […] Elles peuvent acquérir de la science, de l’érudition, des talents et tout ce qui s’acquiert à force de travail. Mais ce feu céleste qui échauffe et embrase l’âme, ce génie qui consume et dévore, cette brillante éloquence, ces transports sublimes qui portent le ravissement jusqu’au fond des cœurs, manqueront toujours aux écrits des femmes (LA, p. 201) ».

Allons bon. On a envie de se dire que Rousseau exagère, que les femmes sont des êtres très verbaux (moi par exemple), souvent même davantage que les hommes et que, depuis l’époque où il a écrit ce texte (en 1758), les femmes ont eu 250 ans de libération et d’accès aux lettres pour démontrer qu’il se trompait en tous points.

Un petit saut sur les pages de la Littérature française du XXe siècle et du XXIe siècle sur Wikipedia a toutefois vite fait de tempérer ces ardeurs : même en regardant bien, le nombre de femmes reste clairement inférieur à celui des hommes, particulièrement dans le genre qu’évoque Rousseau, celui de la grande littérature. Ainsi, dans le grand roman littéraire du XXe siècle, les hommes sont-ils légion quand il n’y a que trois femmes, Colette, Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras. On les voit ensuite apparaître petit à petit, mais davantage dans les catégories dites de « L’écriture de soi » pour le XXe siècle ou de « l’Autofiction » pour le XXIe siècle. Force est donc de conclure que Rousseau n’avait peut-être pas totalement tort.

En dehors de la grande littérature « qui porte le ravissement jusqu’au fond des cœurs », comme dit Rousseau, on retrouve des écrits féminins dans la catégorie Essais, mais où seul surnage le Deuxième Sexe de Beauvoir, ce lourd pensum qui personnellement me tombe des mains. Sur la condition de la femme contemporaine, je préfère de loin lire la prose autrement plus incisive de Michel Houellebecq, un des plus grands romanciers français de notre époque, justement – un homme, mais c’est sûrement un hasard.

. Il reste surtout à se demander pourquoi le génie masculin demeure, pourquoi aussi, comme l’écrit Camille Paglia : « Si la civilisation avait été laissée aux mains des femmes, nous habiterions encore des huttes de paille » (in Introduction à Personas Sexuelles, Laval : Hermann, 2017, p. 113).

. La meilleure explication que j’ai trouvée à ce jour reste celle avancée par Simon Baron-Cohen, professeur de psychopathologie à l’université de Cambridge, dont la thèse est accessible dans cet article traduit en français : « L’autisme : une forme extrême du cerveau masculin ? ».

Baron-Cohen distingue le cerveau masculin du cerveau féminin par le fait que le premier est baigné de testostérone depuis la gestation, ce qui n’est pas le cas du second. Ce supplément conséquent de testostérone est ce qui explique ensuite bien des choses :
– Le fait que le QI masculin parcoure toute la courbe de Gauss alors que le QI féminin est davantage regroupé vers son centre : en clair, il existe davantage d’hommes que de femmes très stupides, mais aussi très intelligents, alors que les filles se situent davantage dans la moyenne.
– Le fait qu’il y ait davantage d’autistes garçons que filles car la prévalence de l’autisme (neuf garçons pour une fille) serait directement liée à la testostérone (c’est l’hypothèse centrale de l’article de Baron-Cohen : l’hypermasculinisation du cerveau autiste, due à la testostérone fœtale).
– Ceci explique également que les garçons en classe soient plus souvent que les filles dans les notes extrêmes (très mauvais ou très brillants) alors que les filles se regroupent davantage autour de la moyenne.
– Ceci explique les particularités du cerveau masculin (dit « systémique » car porté vers les systèmes, l’ingénierie, etc.) et du féminin (dit « empathique » car davantage porté vers le verbal, le « care », l’infirmerie, etc.). C’est aussi le sujet central de l’article de Baron-Cohen. [Une étude récente (décembre 2022) a justement démontré que « la testostérone altère l’aptitude à la reconnaissance des émotions sur le visage d’autrui. La principale hormone sexuelle mâle constituerait donc bien un frein à l’empathie »; cf. J.-F. Bouvet, « L’empathie, les femmes et la testostérone », Le Point, 04/01/2023].
– Ceci explique aussi les choix des métiers, qui malgré l’incessant matraquage féministe, ne varient pas : les ingénieurs-système restent toujours à 90% des hommes et les infirmières et instits à 90% des femmes. Et cela ne changera jamais !
– Ceci explique aussi la prévalence des garçons dans les jeux d’échecs, dans l’informatique et dans les STEM en général, ou même dans le génie artistique, tous arts confondus.
– Ceci expliquerait aussi que les lesbiennes, qui ont un cerveau plus masculin que les femmes hétérosexuelles car ayant reçu davantage d’androgènes durant la gestation (ce qui signifie que l’orientation sexuelle ne se choisit pas), aient des goûts masculins et qu’on les retrouve plus souvent dans l’ingénierie, justement, ou dans des métiers masculins. Et que si « génie lesbien » il y a, qui sait après tout, il ne faut pas qu’il oublie au passage de rendre hommage aux hormones mâles.
– La testostérone est également une hormone directement liée à la prise de risques, au goût pour la compétition et à la mise en danger de soi-même, sans parler de la capacité à verser son sang pour une cause, choses toujours fort peu prisées par la gent féminine. C’est aussi le goût pour la compétition, la stratégie et pour l’art de la guerre qui explique la supériorité des garçons aux échecs notamment – car le jeu d’échec est un jeu de combat.
– C’est évidemment la testostérone qui explique tout à la fois le génie artistique de Picasso et le fait que sa libido en ait toujours été le principal moteur. Si on ne comprend pas que la sexualité, la virilité et le génie de Picasso ne font qu’un, on ne peut rien comprendre à ce qu’il est ou ce qu’il a produit ! (et c’est le cas de la Chatte, comme on l’a vu).

La libido, l’érotisme, le sexe à l’état pur, le goût pour l’hétérosexualité sont évidemment au cœur de l’art de Picasso. Raisons pour lesquelles les féministes veulent le détruire, puisqu’il incarne très exactement tout ce qu’elles abhorrent. On va donc laisser ces aigries à leur frustration, leur jalousie, leurs récriminations, leur misandrie, leur hétérophobie et leur entre-soi.

  • Vidéo : « Le Regard du Peintre / La Mirada del Pintor« 

Cette vidéo réunit des œuvres érotiques de Picasso montées sur un titre du célèbre chanteur flamenco Camarón de la Isla, « Romance de la Luna ». Le texte est le poème du même nom de Federico García Lorca. Les guitares sont de l’immense Paco de Lucía accompagné de son élève Tomatito.

Le lien entre le poème de García Lorca et Picasso est le thème du regard : « El niño la mira mira ; El niño la está mirando ». La lune du poème est devenue le modèle du peintre.

Picasso y apparaît sous les traits du Minotaure, le monstre fabuleux de la mythologie crétoise, qui dans son système symbolise tout à la fois sa puissance sexuelle et sa créativité (puisque l’un ne va pas sans l’autre). On y voit également des photos de Dora Maar prises par Man Ray et quelques autres de la petite pin-up du début du XXe siècle, « Miss Fernande ». Il ne s’agit pas de Fernande Olivier, bien sûr, mais elle symbolise les filles légères qui ont inspiré Picasso à côté de ses grandes maîtresses.

On y voit également un court extrait du Mystère Picasso, le documentaire d’Henri-Georges Clouzot (1955) – que la Chatte ne manque évidemment pas d’égratigner dans son podcast. Picasso, mutin, y dessine son double, le Minotaure, sous la forme d’une tête de taureau qui encercle la sienne, directement montée sur une énorme paire de couilles (peut-être une préfigure de l’expression : « Il a une bite à la place du cerveau »).

¡ Viva Picasso, viva España !
¡ Viva la libertad !
¡ Olé !

Voir aussi :

De l’art ou du cochon – Les féministes au musée

. Sur le rôle des hormones sexuelles :

4 réponses sur “[Génie du mâle] – Picasso et les pisseuses”

  1. Bonjour,

    Je crois qu’il est urgent de lire « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grandes femmes artistes de Linda Nochlin? » publié en 1971. Elle y explique clairement que le constat de la si faible proportion de femmes artistes doit amener à s’intéresser aux mécanismes d’exclusion des femmes de l’art dans une société patriarcale et non pas, comme tu le fais, à conclure que « Rousseau n’avait peut-être pas totalement tort. » Cette affirmation est très grave, en plus d’être erronée, car cela cristalliserait une différence fondamentale entre les femmes et les hommes. Les femmes sont des artistes autant que les hommes. La société ne leur donne cependant pas les mêmes opportunités et pas la même reconnaissance.

    Les trois femmes que tu cites, Colette, Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras, ont pu devenir artistes MALGRE leur place de femme. Ce sont des exceptions et ce sont les exceptions qui permettent au système d’exclusion de fonctionner : « mais si vous voyez bien qu’on accepte des femmes ! »…. Ensuite tu oublies quand même de nombreuses autrices parmi lesquelles Nathalie Sarraute ou encore Annie Ernaux qui a eu le Prix nobel de littérature.

    Si le Deuxième sexe te tombe des mains, je te conseille Mémoire d’une jeune fille rangée ou d’autres livres tels que ceux de Virginia Woolf (Une chambre à soi). Si tu aimes la prose incisive, Viriginie Despentes ou Gloria Steinem peuvent être à lire plutôt que Michel Houellebecq qui est vénéré par les mascu, les hommes anti-féministes (car ils n’ont pas compris grand chose au féminisme semble-t-il).

    Enfin, le podcast sur Vénus s’épilait-elle la chatte? n’est en effet pas d’une grande qualité en terme d’histoire de l’art et les analyses peuvent être exagérées mais tu tombes dans l’écueil inverse et finalement, tu reproduis les travers de l’histoire des arts occidental qui défend toujours les hommes (blancs) et même les aggrave. Les articles de ton blog sont assez alarmants et témoignent non pas d’une connaissance en Histoire des arts mais d’une simple volonté d’opposition à l’apport des féministes dans les recherches actuelles en les caricaturant et en prenant systématiquement le point de vue opposé.

    En étant moins dans une opposition frontale avec ce podcast, tu aurais pu en réalité proposer une analyse bien plus fine de la carrière de Picasso et de ses oeuvres. La Pisseuse est décriée par une poignée de féministes et appréciée par d’autres… !

    1. L’essai de Linda NOCHLIN EST LE PIRE TORCHON QUE JE CONNAISSE EN HISTOIRE DE L’ART. Cette idéologue médiocre ne fait JAMAIS d’histoire de l’art, elle se contente de dérouler sa névrose victimaire et son agenda politique misandre et revanchard, comme toutes ses soeurs féministes en incompétence et en jalousie maladive.
      Je récuse l’intégralité de votre argumentation, puisqu’elle est entièrement construite sur la pleurnicherie victimaire antipatriarcale. Vous déroulez très exactement ce que je dénonce à longueur de pages sur ce site. Votre vision du passé et des relations H/F est entièrement dictée par le dogme victimaire de votre secte, dont vous récitez servilement tous les poncifs. Déjà, vous ne devriez pas recourir au concept de « patriarcat » avec moi : je conchie cette baudruche idéologique montée de toutes pièces par des menteuses et des manipulatrices qui réécrivent continuellement l’histoire : https://eromakia.fr/index.php/la-supercherie-du-patriarcat/.
      Le reste étant à l’avenant, je ne vais pas tout reprendre point par point. Tenter de venir m’évangéliser avec vos délires contre l’homme blanc, votre misandrie congénitale, votre cancel culture, votre révisionnisme historique, votre morale de chaisière d’église et tout le reste est donc peine perdue.

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