Punir, censurer, interdire : les féministes au musée

Punir, censurer, interdire* : l’offensive féministe contre les arts visuels

Le féminisme triomphant de la « troisième vague » aimerait bien imposer aux peuples, avec la complicité des médias institutionnels (BBC en Angleterre, France Culture chez nous…), une pudibonderie anti-art allant jusqu’à la censure. Heureusement, le public encore sensible aux Beaux-Arts n’entend pas se laisser rééduquer aussi facilement par Big Sister.

« Le féminisme est devenu fou ! J’ai honte d’être féministe ! ». Une des réactions des visiteurs à la Manchester Art Gallery après l’enlèvement du tableau Hylas et les Nymphes par une conservatrice féministe (janvier 2018).

Afin de prendre la mesure de cette nouvelle offensive contre l’histoire de l’art, voici une première liste d’attaques féministes envers les arts visuels. Une forme d’agression d’autant plus pernicieuse qu‘elle provient de plus en plus souvent des professionnels mêmes de l’art – c’est-à-dire ceux qui sont payés par le peuple pour protéger, exposer, expliquer et défendre son patrimoine artistique. Cette liste sera tenue à jour en fonction de l’actualité.

On peut déjà se rendre compte à quel point les institutions artistiques et culturelles ont de plus en plus de mal à ne pas plier devant les attaques féministes : si certaines résistent, d’autres capitulent, quand d’autres encore sont les instigatrices mêmes de la censure. Il est en effet à noter que dans les musées, les expositions, les catalogues de vente, les écoles et les ateliers d’artistes, l’autocensure (en réponse à l’écrasante pression idéologique féministe) devient, en ce début du XXIsiècle, une menace des plus préoccupantes quant à la liberté d’expression, de création et de diffusion des arts.

Le point commun à toutes ces affaires est la posture névrotique, pour ne pas dire pathologique (vu leur degré de paranoïa victimaire) des féministes, enfermées dans une condamnation obsessionnelle du désir hétérosexuel, véritable épouvantail à leurs yeux. Les féministes ne peuvent pas tolérer que des hommes puissent désirer sexuellement des femmes – et que l’art ait osé illustrer ce travers ancestral. Leur rêve secret serait-il d’assimiler l’expression du désir masculin – surtout quand les femmes sont jeunes et belles, à du désir pédophile, afin de pouvoir le criminaliser à l’identique ? Cela semblerait  excessif, dit comme cela ; c’est pourtant le glissement auquel on a assisté en 2018 à Manchester.

L’histoire de l’art a bien souvent été une ode à la beauté et à la sensualité du corps humain ; de tous temps, les arts visuels, conjuguant Eros et Thanatos, ont illustré la douceur et la violence du désir et du commerce charnels. Cet état de fait est devenu un affront insupportable aux féministes idéologiques et autres zélatrices du « grand soir » des passions mortes – car le déni du réel est toujours leur viatique. En bonnes marxistes qui croient en l’avènement de « l’Homme nouveau », les féministes ne reculent ni devant le révisionnisme historique, ni devant la censure artistique, toutes entières à leur projet de purger la psyché humaine et de rééduquer le mâle blanc. Le désir hétérosexuel est déclaré coupable et faute de pouvoir l’éradiquer, on va le stigmatiser ou le retirer de la vue des visiteurs (cf. Manchester).

Les féministes s’en prennent en général, à la manière des talibans, aux nus féminins. Leur credo victimaire et misérabiliste, fortement teinté de misandrie, les rend en effet folles de rage à l’idée que le corps des femmes puisse être « l’objet du désir concupiscent des hommes ». Elles prétendent toujours représenter « toutes les femmes » quand elles hurlent à l’offense, à l’oppression ou au « patriarcat ». Que d’autres femmes (comme moi – ou même de nombreuses féministes, comme on l’a vu à Manchester) disent qu’elles n’ont à titre personnel aucun problème avec la beauté ou l’érotisme du corps féminin, rien n’y fait. C’est sexiste, offensant, immoral, péché (ou haram, au choix), bref c’est « maal ». Les victoriennes sont bien de retour.

Que des femmes puissent aussi désirer des hommes, les féministes l’oublient. Et quand les femmes sont des séductrices dans l’art, elles les maudissent et les traitent de « femmes fatales » – comme si ce type de femme n’existait qu’en peinture ou dans les fantasmes des peintres masculins. C’est que la féministe, qui a repris à son compte l’horreur lesbienne du mâle, ne peut entendre que le désir s’exprime dans les deux sens. Car, puisqu’il faut désormais rappeler des évidences, depuis toujours et pour toujours, hommes et femmes s’attirent, s’aimantent, se repoussent et se font souffrir, comme autant de rites d’éromachie auxquels les néo-féministes ne comprendront décidément jamais rien.

Grande-Bretagne :

À tout seigneur, tout honneur. C’est en Angleterre que l’iconoclasme féministe a vu le jour ; et c’est toujours en Angleterre que l’illustration la plus éclatante de l’iconophobie féministe vient tout juste de se produire.

. Londres, National Gallery : la Vénus au miroir (XVIIe s.) de Velázquez (mars 1914)

Le féminisme iconoclaste est entré en scène à la National Gallery de Londres le 10 mars 1914. La suffragette Mary Richardson y a attaqué au hachoir la Vénus au miroir de Velázquez (v. 1650), occasionnant sept entailles dans le tableau et endommageant fortement la zone entre les deux épaules. Les dégâts ont heureusement été réparés avec succès par le restaurateur du musée. Mary Richardson a été condamnée à six mois de prison, le maximum prescrit pour la destruction d’œuvre d’art.

Vénus au miroir de Velázquez lacérée par Mary Richardson, 10 mars 1914

Peu après, Mary Richardson a expliqué son geste de la manière suivante : « J’ai essayé de détruire l’image de la plus belle femme de la mythologie pour protester contre le gouvernement qui détruit Mme Pankhurst [une suffragette], qui est le plus beau personnage de l’histoire moderne ».

Diego Velázquez, Vénus au miroir, vers 1650 (Londres, National Gallery)

La logique de Mary Richardson ne saute pas aux yeux. Elle s’éclaire cependant à la lecture d’une interview de 1952, où celle-ci explique « qu’elle n’aimait pas la façon dont les visiteurs masculins regardaient bouche bée toute la journée » cette peinture. C’est d’autant plus intéressant que l’on croirait entendre Clare Gannaway, la conservatrice de Manchester, qui en janvier 2018 (voir plus bas), a expliqué à propos du Waterhouse censuré que les bénévoles du musée parlaient de « commentaires inappropriés » des visiteurs à propos des  peintures victoriennes de femmes nues.

Les féministes militantes se suivent donc et se ressemblent. Mary Richardson inaugurait la figure de la féministe puritaine et misandre ne supportant pas le regard des hommes sur la nudité féminine – et les choses n’ont fait qu’empirer depuis. Mary s’en était prise à l’image d’une belle femme nue, alors même qu’elle prétendait défendre « les femmes ». Qu’est-ce que son inconscient ne supportait donc pas chez cette Vénus ? Et bien, qu’elle soit érotique, bien sûr, offerte au désir des hommes et qu’elle ait le pouvoir de les émoustiller. Et c’est toujours le problème des féministes qui s’intéressent à l’art.

. L’iconoclasme féministe au début du XXsiècle

Il faut savoir que les suffragettes anglaises se sont signalées par la destruction de dix autres tableaux dans les musées anglais entre mai et juin 1914 – c’est la première guerre mondiale qui a mis un terme à ces exactions. L’iconoclasme féministe est donc bien une réalité attestée historiquement et ces précédents ne manquent pas d’interroger. Pour information, voici la liste des œuvres attaquées :

  • 4 Mai 1914 : “Henry James” de Sargeant.
  • 12 Mai 1914 : “The Duke of Wellington” de Herkomer.
  • 22 Mai 1914 : “The Agony of the Garden,” “The Madonna of the Pomegranate,” et “The Death of St. Peter, Martyr” de Bellini. “Portrait of a Mathematician” de Gentile ainsi qu’un portrait de l’école de Gentile.
  • 23 Mai 1914 : “Primavera” de Clausen
  • 3 Juin 1914 : “Portrait Study of the King for the Royal Family at Buckingham Palace, 1913″, de Lavery.
  • 8 Juin 1914 : “Master John Bensley Thornhill” de Romney.
  • 17 Juin 1914 : “Carlyle” de Millais.

Je cite ici Agnès Giard : « De façon très révélatrice, il s’agit presque toujours de portraits d’hommes célèbres et de scènes à caractère solennel. Les femmes vandales attaquent la pompe de l’Etat, ses flonflons, son prestige, ses trésors nationaux. Mary Wood, une «vieille dame au maintien respectable» qui attaque à coups de hachoir le portrait d’Henry James à la Royal Academy le fait, dit-elle, «parce que je voulais montrer au public que tant que les femmes n’obtiendront pas la liberté politique aucune oeuvre nationale, aucun chef d’oeuvre ne sera à l’abri.» Il s’agit de se battre «en actes pas en mots» (Deeds, not words est le slogan du WSPU). Trois châteaux écossais sont brûlés en une seule nuit, ainsi que la bibliothèque Carnegie de Birmingham. Des stations de train sont vandalisées, des débarcadères, des pavillons de sport, des meules de foin… On essaye aussi de faire sauter des réserves d’eau. Une bombe explose à Westminster Abbey… ». Du terrorisme, donc, et des attaques contre le patrimoine culturel. Talibanisme, quand tu nous tiens…

Sur les Suffragettes anglaises, en réalité des terroristes :

[Mythologie féministe] – Les Suffragettes et le droit de vote des femmes

. Manchester Art Gallery :John William Waterhouse, Hylas et les Nymphes, 1896 (Janvier 2018)

John William Waterhouse, Hylas et les Nymphes, 1896
(Manchester Art Gallery)

L’affaire du décrochage du Waterhouse fin janvier 2018 à la Manchester Art Gallery est tellement emblématique des dérives fanatiques du féminisme contemporain (un féminisme outrancier, idéologique et misandre) que je lui consacre un article complet sur ce site :

Je me contenterai ici de signaler, après avoir parcouru les 811 messages d’amateurs d’art sur le site du musée – et relevé que seuls 2 ou 3 défendent le comportement aberrant de la conservatrice à l’origine de cette pantalonnade –, qu’il ne s’agit que de réactions intelligentes, étayées et cultivées. Ces réactions sont rassurantes quant au refus du vulgum pecus de se laisser mépriser et censurer par une petite « clique de puritaines morales perpétuellement indignées », comme j’ai pu le lire.

La tentative de censure de Hylas et les nymphes, décidée par cette coterie de prétendus progressistes prétentieux mais plus prudes, puritains et inhibés que les victoriens eux-mêmes, se filmant en train de retirer une œuvre qu’ils méprisent profondément (alors même qu’ils sont censés la protéger et la promouvoir) a profondément écoeuré les anglais.

Daesh et les talibans se filment aussi quand ils suppriment ou détériorent des œuvres d’art – des femmes nues également, d’ailleurs…  Certains commentateurs se sont même demandé si tout cela ne serait pas au final pour ne pas offenser certaines sensibilités musulmanes à Manchester.

On notera encore que cette tentative de censure a été motivée par la campagne #Metoo ; en somme que la conservatrice n’est rien d’autre qu’une féministe mainstream au ras des pâquerettes essayant de faire sa maligne en se raccrochant à cette entreprise de délation sauvage ciblée exclusivement sur l’homme blanc. Comme si Hylas, le personnage mythologique du tableau, était Harvey Weinstein. O tempora…

Autriche :

. Vienne, Musée Léopolod : Rétrospective Egon Schiele, à partir de février 2018

L’exposition prévue à Vienne pour célébrer le centenaire de la mort d’Egon Schiele, artiste expressionniste viennois mort en 1918, a vu sa campagne de communication censurée en Angleterre et en Allemagne. La régie des transports londonienne a refusé de diffuser les affiches en raison de « l’aspect trop explicite des oeuvres, qui pourrait choquer une partie de la population » (Lesquels ? Les féministes ? Les musulmans ? Les deux ensemble ?).

L’Office de Tourisme de Vienne a donc décidé de recouvrir les parties intimes jugées obscènes, par une bannière blanche portant l’inscription « Désolé, cent ans mais toujours aussi scandaleux aujourd’hui ».

Rétrospective Egon Schiele (Vienne 2018). Affiches après censure.

Ce qui n’est pas sans rappeler Sosthène de la Rochefoucauld, intendant aux Beaux-Arts, qui au XIXe siècle faisait recouvrir de feuilles de vigne le sexe des statues du Musée du Louvre et de la ville de Paris. Ou le pape Paul IV (XVIe s.) faisant voiler pudiquement certains personnages de la chapelle Sixtine de Michel Ange, continué en cela par Clément XII au XVIIIe siècle puis par Pie XI au XXsiècle…

La censure est donc bien de retour. Cette attitude londonienne justifie également les questions que l’on peut se poser quant aux motivations à Manchester. Une chose similaire s’est produite lorsque des statues nues du Vatican ont été dissimulées à l’occasion d’une visite du président iranien en 2016. De la même manière, les services du Ministère de la Culture français ont osé présenter des nus masculins du type kouroï affublés de slips en plastique « pour ne pas choquer certaines sensibilités » (Unesco, Journées du Patrimoine 2019).

Suède :

. Stockholm, Parlement, Georg Engelhard Schröder, Junon ou Allégorie de l’élément Air (XVIIIe s.), décembre 2013

Georg Engelhard Schröder, Junon ou Allégorie de l’élément Air, non daté (Nationalmuseum, Stockholm)

Ceci nous rappelle cet épisode à Stockholm en décembre 2013. Une peinture baroque de G. E. Schröder (1684-1750) figurant la déesse Junon les seins nus, accrochée dans la salle à manger du Parlement suédois depuis 1983, a été retirée afin de ne pas offenser à la fois les féministes et les musulmans, comme le rapporte le journal suédois The Local. Une source du parlement a en effet déclaré : « Vous devez penser aux invités étrangers, en particulier ceux des pays musulmans ». La vice-présidente du Parlement suédois, Susanne Eberstein, a ajouté : « Je pense que c’est davantage une question féministe. Il est fastidieux de regarder une femme avec une poitrine nue quand je suis assise à des dîners publics avec des invités étrangers. Je pense que c’est un peu difficile de rester assise là avec des hommes qui nous regardent, nous les femmes ». Junon n’avait pourtant pas grand chose ici de choquant. Ceci en dit long sur le degré de puritanisme atteint par les suédois.

Etats-Unis :

. Washington, National Gallery of Art :Chuck Close et Thomas Roma (Janvier 2018)

Aux États-Unis, plusieurs galeries ont été ciblées par la censure féministe, même si celle-ci n’est pas la seule à s’exprimer – la censure « antiraciste », parfois en « convergence des luttes » avec la précédente, étant tout aussi virulente. Le dernier épisode en date fait directement suite à la campagne de dénonciation #MeToo (comme Manchester, voir plus haut).

Deux photographes, Chuck Close et Thomas Roma, accusés « d’inconduite sexuelle » pour avoir fait des avances explicites à des femmes, viennent de voir leurs expositions reportées par la National Gallery of Art de Washington. Ici, ce sont donc les directeurs du musée qui s’empressent de se soumettre aux diktats féministes.

Chuck Close, Diptych I-Lucas
Thomas Roma, Mondo cane

Une voix s’est élevée timidement pour contester cette censure arbitraire, celle de Sheena Wagstaff, en charge des œuvres modernes et contemporaines au Met de New York : « En agissant de la sorte, en annulant une exposition ou en retirant des œuvres des murs, un musée réduit le travail d’un artiste au seul comportement répréhensible de celui-ci. »

L’homme, l’artiste et son oeuvre sont en effet des choses distinctes. Il est souvent difficile, voire douloureux, de les séparer. Si on a le droit de dénoncer, critiquer ou juger l’un ou l’autre, la censure artistique ne peut pas être une solution. Les censeurs rêvent d’aseptiser le monde, mais le vertige des passions humaines le mettra toujours hors d’atteinte.

 . New York, Metropolitan Museum of Art : Balthus, Therese Dreaming, 1938 (décembre 2017)

Le soupçon de pédophilie, utilisé discrètement à Manchester est l’angle d’attaque des féministes  à New York. Une pétition a été lancée par Mia Merrill et sa sœur pour faire enlever Thérèse rêvant du franco-polonais Balthus des cimaises du Metropolitan Museum of Art, parce que l’oeuvre « romançait la sexualisation d’un enfant ». En 72 heures, elle a recueilli plus de 100 000 signatures. Le musée ne compte cependant pas céder à la pression : « L’art visuel est l’un des moyens les plus importants que nous ayons pour réfléchir à la fois sur le passé et le présent », a-t-il déclaré, refusant de décrocher le tableau.

Balthus, Therese Dreaming, 1938 (New York, Metropolitan Museum of Art)

On voit une jeune fille de 12 ans dormant jambes ouvertes et sous-vêtements visibles. Les jeunes filles de Balthus, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouent sur l’idée de l’innocence perdue à l’adolescence. Balthus déclarait : « Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente, non. Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu. »

Même si, à titre personnel (la pédophilie me rebutant totalement), je suis mal à l’aise devant ce tableau, tout autant que devant la Leçon de guitare (1934) du même Balthus, je ne signerais certainement pas une pétition pour les censurer.

France :

. Bordeaux, Exposition « Présumés innocents : l’Art contemporain et l’enfance », 2000-2006-2011

L’accusation de pédophilie a aussi été utilisée en France pour traîner en justice les commissaires d’une exposition qui s’est tenue en 2000 à Bordeaux. Le feuilleton juridique qui a opposé l’ancien directeur des musées de Bordeaux, Henry-Claude Cousseau, à l’association de protection de l’enfance « La Mouette » a duré onze ans, pour finalement être abandonné en 2011. Cette organisation avait porté plainte en 2000, quelques jours avant la fermeture de l’exposition consacrée à « l’Art contemporain et l’enfance », estimant que parmi les 200 toiles, photos, installations, et vidéos d’artistes tels que Christian Boltanski, Annette Messager ou Robert Mapplethorpe, certaines présentaient un caractère pédopornographique. Les organisateurs ont donc été traduits en justice pour « diffusion d’un message à caractère violent ou pornographique […] susceptible d’être vu ou perçu par un mineur ».

Catalogue de l’exposition. Présumés innocents. L’art contemporain et l’enfance, présentée au musée d’art contemporain de Bordeaux, en 2000.Musée d’art contemporain de Bordeaux

Me Richard Malka, avocat d’Henry-Claude Cousseau, concluait en 2011 : « C’est l’épilogue de dix années de cauchemar. C’est une défaite salutaire des ligues de vertu, qui avaient malheureusement trouvé un écho auprès d’un juge d’instruction et qui ont tenté d’imposer leur vision névrotique de la sexualité à une société dans son ensemble, en assimilant art et pornographie. La plus haute autorité judiciaire s’est exprimée, on connait à présent le droit. » Et d’ajouter : « S’il fallait retirer tous les nus des musées pour plaire à quelques talibans névrosés, on devrait fermer la moitié du Louvre. »

C’est pourtant vers cela que l’on se dirige si on laisse faire les nouveaux censeurs. De l’anti-pédophilie à l’anti-sexisme névrotique, il n’y a qu’un pas que les féministes sont en train de le franchir allègrement en confondant leur agenda idéologique et politique (la revanche contre l’homme blanc) avec le champ de l’histoire de l’art. C’est l’objet de mon article à propos de l’épisode de Manchester.

États-Unis, Grande-Bretagne, Canada :

  • En novembre 2019, c’est au tour de Paul Gauguin de subir les foudres des féministo-indigénistes qui voient le mal partout. Un article du New York Times voue le peintre aux gémonies en l’accusant à son tour de pédophilie (toujours le même angle d’attaque alors qu’il s’agit de grandes adolescentes parfaitement nubiles) et la National Gallery de Londres, tout comme celle d’Ottawa, s’empressent de battre leur coulpe. Les nuages noirs féministes s’amoncellent décidément sur le monde de l’art.
Paul Gauguin, Deux Tahitiennes, 1899 (New York, Metropolitan Museum of Art)

On notera que ce tableau de Gauguin, Les Seins aux fleurs rouges (ou « Deux Tahitiennes« ) avait déjà été la cible d’une américaine en 2011 qui voulait le détruire car il évoquait la nudité féminine et l’homosexualité. Les femmes et l’iconoclasme, une longue histoire, donc…

  • En mai 2020, la Radio Télévision Suisse (rts.ch) fait mention dans un sujet de six oeuvres du Titien qui auraient été privées de publicité sur Twitter, car jugées obscènes, à l’occasion de l’exposition Titien du Musée des Beaux-Arts du Canada d’Ottawa (printemps 2020). Est également citée l’exposition Félix Vallotton qui s’est tenue à la Royal Academy de Londres en 2019, où des oeuvres auraient été retirées du programme pour les mêmes raisons. En attendant davantage de détails sur ces affaires :

1/05/20 :  « Certaines oeuvres d’art exposées pourraient disparaître car jugées désormais pornographiques. »

[à suivre…]

* « Interdire, censurer, punir » : l’expression se trouve aussi chez Me Florence Rault, dont je partage les points de vue.

. Voir aussi:

Une réponse sur “Punir, censurer, interdire : les féministes au musée”

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