J’avoue avoir souvent balancé entre les deux car les deux camps semblaient avoir des arguments qui tenaient la corde. La lecture simultanée de deux articles ces derniers jours m’a invitée à y réfléchir à nouveau et à me positionner.
Le premier, un article publié sur Quillette en 2016 par deux sociologues et basé sur des statistiques criminelles (« Violer, c’est vouloir du sexe, pas du pouvoir« ), conclut que le viol est essentiellement une affaire de sexe. L’argument est que les victimes de viol sont majoritairement des femmes jeunes et désirables et que les violeurs gays et hétéros ciblent de la même manière des jeunes gens qui les excitent sexuellement – garçons ou filles, ce qui prouve que le viol n’a rien à voir avec la domination exclusive de l’homme sur la femme. Je donne plus bas ma traduction en français de cet article.
La doxa féministe est naturellement opposée à ce point de vue, puisque sa définition extensive à l’infini du viol entend faire croire que 100% des femmes dans le monde sont victimes d’agressions sexuelles et que sa théorie de la « domination masculine » est l’alpha et l’oméga de toute forme de relation entre les sexes sur cette terre.
Le second article, datant de 2014 et intitulé « Le voile et le viol : les mythes et leurs conséquences », est une analyse fort intéressante du lien statistique entre voile et viol. Il en ressort que l’on peut exactement superposer l’incidence du viol et du voilement, les cartes étant strictement les mêmes. Ainsi, plus une société voile ses femmes et plus le viol y est endémique – et inversement. Comment expliquer cela ?
L’article commence par exposer les faits sans tomber dans l’ornière idéologique féministe qui, prétendant que les hommes occidentaux sont tous violeurs par essence et qu’il y aurait donc autant de viols en Occident qu’en terre d’Islam, revient à minimiser, relativiser voire excuser la violence propre aux sociétés islamiques. Ce caractère infâme du féminisme occidental s’est d’ailleurs illustré ces derniers jours quand les féministes mainstream, non seulement n’ont pas condamné officiellement l’exécution barbare des deux jeunes scandinaves au Maroc mais, sur les réseaux sociaux, l’ont banalisée en la rapportant aux violences conjugales des hommes occidentaux. Cette alliance du déni de réalité, de la lâcheté et de la soumission à l’islam illustre on ne peut plus clairement le visage hideux du néoféminisme : un tapis rouge déroulé en vue de l’islamisation des esprits.
L’article reprend ensuite la théorie féministe de la domination masculine : ce serait pour imposer leur pouvoir aux femmes que les musulmans les voilent et les violent, les deux allant de pair. Cette explication me paraît cependant un peu courte, car :
- Elle généralise des cas de viol qui sont statistiquement à la marge, l’essentiel des viols véritables concernant en réalité des personnes jeunes et séduisantes afin de satisfaire des pulsions sexuelles (lire l’article plus bas). Dans les pays musulmans, on est davantage dans la pulsion ou la frustration sexuelle que dans l’envie intellectuelle de domination – problématique purement occidentale.
- Mais surtout, le voile islamique n’est pas qu’une exigence masculine, ce que l’article ignore. Une meilleure prise en compte de la parole des femmes musulmanes permettrait en effet de se rendre compte que le voile est réellement leur choix et que si elles militent aussi activement pour sa généralisation, c’est qu’il y a de bonnes raisons à cela :
. 1/ Le choix du voilement est tout autant le fait des femmes que des hommes car il est une arme puissante au service de l’islam conquérant, combat politique et religieux porté par les deux sexes. il faut cesser de voir la femme voilée comme une soumise : c’est d’abord une guerrière de l’expansion islamique et elle sait très bien ce qu’elle fait ! La lecture victimaire des féministes est dramatique dans le sens où elle leur interdit de voir que ces femmes leur ont déclaré la guerre. Les plaignant dans leur inconscience, elles leur dégagent en réalité la voie.
. 2/ Ensuite, le voile est le choix des femmes car il participe directement de la bonne vieille compétition intra-sexuelle : le voile est un instrument qui permet aux femmes de se démarquer entre elles entre femmes vertueuses et salopes. Ou entre musulmanes respectables et non musulmanes bonnes à être réduites en esclavage sexuel, comme le préconise cette femme professeur de théologie islamique. C’est aussi pour cela qu’elles le plébiscitent et croire qu’entre femmes la « sororité » est une valeur plus forte que la compétition est une vue de l’esprit typiquement féministe ! Les femmes se livrent entre elles une compétition féroce pour séduire les hommes les plus performants et le voile fait partie de leurs armes en milieu islamique. C’est aussi l’approche de l’evopsy, à laquelle je souscris (lire « Madones, putains, hijab. La mode du hijab (voile islamique) expliquée par la compétition sexuelle » ainsi que « Le hijab augmenterait la crédibilité« ).
Je pense même qu’une société ancienne figée dans son fonctionnement archaïque comme l’est le monde islamique y trouve en réalité une forme d’équilibre entre les sexes qui lui permet de durer : l’islam n’est pas tant l’infâme patriarcat décrit par l’idéologie féministe qu’une forme d’équilibre entre un matriarcat de mères toutes puissantes qui maintiennent à vie leurs fils dans un narcissisme immature (c’est une culture où les mères fabriquent des pervers narcissiques à la pelle) et un patriarcat apparent d’hommes en réalité émasculés et soumis à la loi coranique. Je rappelle qu’islam signifie soumission.
Lire sur ce sujet :
[Paula Wright] – Pour la défense d’un « patriarcat » réformé
Mais alors, au final, le viol est-il une question de sexe ou de pouvoir ?
On l’a compris, je penche pour ma part pour l’explication sexuelle, tout au moins dans la majorité des cas.
Je n’exclus pas cependant la dimension « pouvoir », car le rapport sexuel est par essence un lieu de pouvoir et de domination/soumission ; c’est même ce qui fait son plus grand charme, n’en déplaise aux féministes castratrices ! Que le sexe soit utilisé comme instrument de pouvoir me paraît donc naturel. Toutefois, du jeu sexuel demandé ou accepté au rapport imposé par la violence, il y a toute une gradation, de l’acceptable à l’inacceptable. Mais dans tous les cas, même quand il y a domination, il s’agit toujours de sexe !
Quant à la violence sexuelle endémique en terre d’islam, je pense qu’elle doit d’abord être rapportée à la violence généralisée dans la société islamique : violence éducative, violence envers les animaux, violence dans le Coran et ses interprétations fondamentalistes, violence de l’État islamique… violence à tous les étages, en quelque sorte. Le viol et le voile y sont à mes yeux moins le fait du « patriarcat » ou de la domination masculine que l’expression d’une société figée dans un islam politique archaïque et régressif, lui interdisant d’évoluer vers davantage de démocratie, de liberté et d’égalité – et donc vers davantage de progrès, de développement économique et social et moins de viols.
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. Traduction de l’article de Richard Felson et Richard Moran, « To Rape is to Want Sex, Not Power » :
Violer, c’est vouloir du sexe, pas du pouvoir
Dans le best-seller de 1975: Against Our Will, l’écrivain féministe Susan Brownmiller a affirmé que « le viol est une affaire de pouvoir, pas de sexe ». Depuis lors, on admet généralement que les violeurs sont des hommes misogynes qui cherchent la domination et le pouvoir sur les femmes et non des hommes violents en quête de sexe.
Toutefois, l’affirmation péremptoire de Brownmiller pose un problème fondamental. Au cours des 45 années qui ont suivi, aucune recherche empirique significative n’a été menée à l’appui de son affirmation. Pourtant, presque tout le monde la reprend.
A l’examen des données du FBI concernant 250 000 viols et autres agressions sexuelles, un facteur surpasse les autres : la tranche d’âge des victimes. C’est là que réside la clé pour résoudre le mystère de la motivation du délinquant.
Les sciences sociales ont prouvé une relation étroite entre l’âge et l’attrait sexuel. Les hommes hétérosexuels sont sexuellement attirés par les jeunes femmes, tandis que les homosexuels sont attirés par les jeunes hommes. La préférence d’âge explique pourquoi les stars de cinéma adultes, les travailleuses du sexe, les danseuses exotiques ainsi que les modèles glamour sont souvent jeunes, et pourquoi leurs revenus diminuent avec l’âge.
L’étude de l’âge des victimes offre donc l’occasion d’examiner la motivation sexuelle. Si les violeurs étaient principalement motivés par le désir de pouvoir et de domination, on s’attendrait à ce qu’ils préfèrent les femmes d’âge moyen avec une carrière. Mais si les violeurs désirent avant tout avoir des relations sexuelles, on s’attend à ce qu’ils préfèrent les jeunes femmes et les jeunes hommes. Nos recherches montrent que les délinquants attaquent presque toujours les jeunes (voir la figure ci-dessous). Le pourcentage de femmes victimes âgées de plus de 50 ans est proche de zéro. De même, dans les prisons pour hommes, où les femmes sont extrêmement rares, les hommes hétérosexuels ciblent les plus jeunes détenus.
Les études les plus récentes sur les agressions sexuelles ont porté sur les étudiants. Cependant, ce sont les lycéens qui courent le plus grand risque d’être agressés sexuellement. Nos analyses des données du FBI révèlent que les personnes de 15 ans sont les plus exposées au risque d’agression sexuelle. Elles sont environ 9 fois plus susceptibles d’être violées que celles âgées de 35 ans. Les femmes se livrent rarement à des agressions sexuelles – elles représentent 3% des agresseurs – mais lorsqu’elles commettent des agressions sexuelles, elles ciblent le plus souvent les jeunes de 15 ans. Une motivation de pouvoir ne peut pas expliquer pourquoi les délinquants, hommes et femmes, préfèrent les jeunes victimes. Seul un motif sexuel peut le faire.
L’agression sexuelle est un crime contre les jeunes autant que contre les femmes. Un homme de 15 ans est plus susceptible d’être victime d’une agression sexuelle qu’une femme de 40 ans. Les jeunes de 15 ans peuvent être plus exposés au risque parce que leur vie sociale les met en contact avec des violeurs potentiels. Mais la différence d’opportunité n’est qu’une explication partielle. Une analyse visant à déterminer si les femmes victimes de vol qualifié sont agressées sexuellement au cours de l’incident suggère que l’attrait sexuel des jeunes est un facteur important. Comme le voleur a déjà établi sa domination sur une victime vulnérable, les effets de l’opportunité et de la vulnérabilité sont supprimés et il ne reste que l’effet de la préférence en matière d’âge du délinquant. Dans de tels cas, les voleurs sont beaucoup plus susceptibles de violer les victimes âgées de 15 à 29 ans – les années où les femmes (et les hommes) ont tendance à être les plus attirants sur le plan sexuel. Seul un motif sexuel peut expliquer cette tendance.
Les délinquants sexuels de tous âges préfèrent les jeunes victimes. Même les délinquants âgés ciblent le plus souvent les jeunes de 15 ans. De plus, les hommes qui commettent des agressions sexuelles ont tendance à être considérablement plus âgés que ceux qui commettent d’autres types de crimes violents. Le taux relativement élevé d’infractions sexuelles chez les hommes âgés est probablement dû au fait qu’ils sont devenus moins attrayants avec l’âge, alors que leur attrait sexuel pour les jeunes n’a pas diminué. Les hommes et les femmes qu’ils trouvent les plus attrayants ne sont pas attirés par eux. Certains d’entre eux ont recours à la force pour se faire entendre.
La plupart des viols lors de rendez-vous ont lieu pendant un rapport consensuel lorsqu’un partenaire, généralement l’homme, veut aller plus loin et l’autre non. Au moment de l’agression, les hommes ont une pulsion sexuelle particulièrement forte. Cela ne veut pas dire que les hommes sont vaincus par le désir. Ils peuvent toujours se contrôler, la motivation sexuelle n’est donc pas une excuse. Cependant, l’excitation à partir de toute source augmente le comportement impulsif et joue donc probablement un rôle dans le viol lors d’une rencontre. La même chose vaut pour les drogues et l’alcool.
La raison pour laquelle la plupart des violeurs ciblent les femmes est qu’un pourcentage plus élevé d’hommes sont hétérosexuels et non qu’ils détestent les femmes. Le taux d’infraction des hommes homosexuels est aussi élevé que celui des hommes hétérosexuels. Les hommes gais sont tout aussi susceptibles d’attaquer les hommes que les hétérosexuels d’attaquer les femmes.
Toute explication d’agression sexuelle doit expliquer pourquoi les hommes homosexuels commettent le crime au moins aussi souvent que les hommes hétérosexuels. Il doit expliquer pourquoi les délinquants, quels que soient leur âge et leur sexe, ciblent majoritairement les jeunes. Plus important encore, il doit reposer sur des preuves scientifiques sociales solides et non sur l’orthodoxie féministe. Les preuves sont substantielles et mènent à une conclusion simple : la plupart des violeurs forcent les victimes à avoir des relations sexuelles parce qu’ils veulent des relations sexuelles.
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- Voir aussi :
. Sur le même thème :
Peggy Sastre, « Pourquoi les hommes violent », Le Point, 27/03/21 ; traduction française de Matthew Blackwell, « Why Do Men Rape? », Quillette, 21/03/18, dont les conclusions sont identiques aux miennes.
. Sur le viol également :
. Sur le voile islamique en France :
https://eromakia.fr/index.php/2019/01/04/les-musulmanes-voilees-sont-des-guerrieres-pas-des-victimes/
Le choix du jeune âge ne dédouane pas de l’attrait du pouvoir au profit du simple sexe…
Une victime jeune est cueillie dans son innocence, sa fraîcheur, elle est influencée par cet acte plus fortement et durablement qu’une femme déjà construite…
Le pouvoir tordu s’exprime pleinement sur une jeunesse ‘salie’.
Et pourquoi choisir entre sexe et pouvoir… Les violeurs préfèrent cumuler.
Les deux sont opposés parce que les féministes s’obstinent à tout juger à l’aune de la « domination masculine » et à présenter « la » femme comme victime, toujours victime… sans comprendre le rôle des hormones sexuelles dans les comportements.