ENTRETIEN. Le chercheur américain David Geary revient sur l’importance de la biologie pour comprendre les différences comportementales entre les deux sexes.
Selon un récent rapport parlementaire sur l’égalité hommes-femmes remis le 6 octobre à la Délégation aux droits des femmes, les « stéréotypes de genre » à l’oeuvre depuis l’enfance seraient le point de départ des inégalités et des violences à l’encontre des femmes. Une position qui n’a rien d’original, puisqu’elle est majoritaire parmi les responsables politiques et les sociologues. Problème : peut-on se contenter, pour expliquer les comportements humains, du seul prisme de la culture, sans en passer par la nature ? En aucun cas, selon David Geary, professeur de sciences psychologiques à l’université du Missouri et auteur de l’ouvrage de référence sur les différences biologiques entre les sexes, Male, Female. The Evolution of Human Sex Differences (American Psychological Association), qui a consacré sa carrière à la compréhension du phénomène, au croisement des sciences cognitives, de la biologie évolutionnaire et de la psychologie.
Le Point : Qu’est-ce qu’un stéréotype ?
David Geary : Les stéréotypes sont des croyances génériques sur le comportement ou les pensées de certains groupes. Par exemple, dans le cas des garçons et des filles, on pense que les garçons aiment faire certaines choses et les filles d’autres choses. Selon certains, comme les auteurs de ce rapport, les stéréotypes agissent dans la société pour provoquer des différences entre les sexes. Mais en réalité, ils ne font que décrire les comportements typiques des garçons et des filles.
Les auteurs du rapport basent leurs recommandations sur des concepts issus de la psychologie sociale, comme la « menace du stéréotype ». De quoi s’agit-il et qu’en pensez-vous ?
Il s’agit de l’hypothèse suivante : si vous êtes une fille et que vous savez qu’il existe un stéréotype voulant que les filles aient des difficultés en mathématiques, vous aurez peur, face à un exercice de mathématiques, de confirmer le stéréotype et vos performances vont en pâtir. Mais ce résultat, quand il est testé, ne tient pas statistiquement et, pire, il n’a pas été répliqué.
Le rapport cite également l’« effet Pygmalion ».
C’est l’effet inverse : l’idée que, lorsque quelqu’un croit en vous, vous allez vous conformer à ses attentes et vous dépasser. Mais dans l’ensemble, tous ces prétendus « effets » sont typiques de modèles explicatifs qui accordent bien trop d’importance à l’influence de l’environnement. Ils partent à tort du principe que les individus sont des blocs d’argile vierge, des pages blanches entièrement façonnés par la socialisation.
Parce qu’ils ne le sont pas ?
Non, si l’on en croit la recherche en sciences cognitives et en psychologie évolutionnaire. Or, le rapport ne mentionne que des chercheurs en sciences sociales. Il ne cite aucune recherche sur les bases biologiques des différences entre les sexes. Les chercheurs en sciences sociales ignorent ces travaux, car ils estiment que toutes les différences entre les garçons et les filles et entre les hommes et les femmes sont socialement construites. Ils s’attendent à ce que les garçons et les filles soient identiques, et quand ils ne le sont pas, ils y voient le signe de socialisations distinctes. Je suppose d’ailleurs que, dans ce rapport, personne n’a demandé aux enfants leur avis sur leurs préférences : mais si vous interrogez des filles sur leur désir de devenir des garçons, et vice et versa, la quasi-totalité vous répondra par la négative. Les gens sont en général très à l’aise avec leur genre et les comportements typiques qui les accompagnent.
Quels déterminants biologiques influencent le comportement différencié des deux sexes ?
Plusieurs études sur des anomalies génétiques ou des mesures hormonales dans le liquide amniotique ont examiné l’exposition prénatale aux hormones. Il existe aussi un pic postnatal d’exposition aux hormones sexuelles dans les six premiers mois de la vie qui commence à être mieux étudié. Les garçons reçoivent une forte dose supplémentaire de testostérone vers le deuxième ou le troisième mois de vie, tandis que les filles sont périodiquement exposées à l’oestradiol. Ces études ont montré que les différences dans l’ensemble des activités typiques des deux sexes, comme les jeux – « jeux brutaux » versus « jeux doux » et « maternants » avec poupées -, sont influencées, du moins en partie, par l’exposition aux hormones.
Comment s’y prend-on, scientifiquement, pour faire la différence entre le fondement biologique et culturel d’un comportement ?
Chez les non-humains, les primates et les rongeurs, cela a été étudié au moins depuis les années 1950, via notamment des manipulations hormonales prénatales, postnatales ou lors de la période pubertaire. On peut donner, par exemple, aux femelles des hormones mâles ou aux mâles castrés de l’oestradiol. Ainsi, quand on donne de la testostérone aux femelles ou quand on castre les mâles, l’effet sur la nature du jeu – brutal ou doux – est fort. On ne peut évidemment pas faire de même avec les enfants, bien sûr, d’où l’emploi de moyens détournés, comme l’étude d’anomalies génétiques ayant une influence sur les hormones.
Vous estimez donc que, dans l’ensemble, l’effet de ces différences biologiques est plus important que celui des stéréotypes.
Les enfants génèrent essentiellement leurs propres comportements. Ils ont leurs propres intérêts et sont assez catégoriques pour les exprimer. Vous ne pouvez pas les mener par le bout du nez et les forcer à devenir ou faire ce qu’ils n’ont pas envie. Mais l’influence sociale a, bien sûr, une importance. Prenons le jeu brutal des garçons. Un trio de garçons aura tendance à se bousculer et à se pousser. Dans certaines cultures, les parents atténuent un peu ce type de comportement. Dans d’autres, où les bagarres entre hommes sont courantes, les parents, à l’âge adulte, les encouragent pour les rendre plus agressifs. Vous ne pouvez pas créer ce comportement, mais vous pouvez socialement l’atténuer ou l’exagérer.
Vous mentionnez des études sur les animaux. Que répondez-vous à ceux qui estiment que notre qualité d’humain nous place à part ?
Que ces comportements précoces ont été conservés au cours de l’évolution. Sans cela, il faudrait conclure que c’est par hasard que les humains ont évolué de la même façon que les autres mammifères, avec un cerveau comparable. L’argument évolutionnaire est le plus pertinent, car il est le plus parcimonieux.
Le rapport critique l’idée d’une « vocation maternelle » chez les femmes. Qu’en pensez-vous ?
Les chercheurs en sciences cognitives n’emploient pas ce vocabulaire, mais formulent cette question de la façon suivante : si on regarde les primates, et plus généralement les mammifères, la plupart des mâles ne s’occupent absolument pas de leur progéniture. La nature de la biologie reproductive – de la gestation interne à l’allaitement – fait que l’investissement parental penche largement vers les femelles. Mais chez les humains, les mâles contribuent parfois substantiellement au bien-être de leurs enfants. On constate une grande variation : d’un investissement nul à un investissement presque aussi fort que les mères. Mais dans toutes les cultures, il n’y a jamais d’équivalence et encore moins de dépassement. Certes, le lait maternisé et les petits pots pour bébé vont peut-être changer la donne, mais lentement. Ces innovations n’ont que quelques décennies et à l’échelle de l’évolution, c’est plus que négligeable.
Le rapport énonce : « Des études réalisées au Royaume-Uni ont ainsi montré que les parents qui essaient d’élever leurs enfants sans égard à leur sexe (gender neutral) risquent davantage l’échec. » Or, il explique ce phénomène non par des différences naturelles, mais par… les normes culturelles, considérées comme trop pesantes. Quand un fait invalide vos hypothèses, il faut abandonner celles-ci, et non l’inverse. Pourquoi cette approche aussi peu scientifique ?
C’est un cas typique de biais de confirmation. Face à des informations qui pourraient réfuter votre point de vue, vous avez deux options : en changer ou trouver une explication post hoc qui vous permet de ne pas le faire. C’est ce qui se passe ici. Sans compter que de telles études ont aussi été menées aux États-Unis, voici une trentaine d’années. Elles portaient sur des enfants élevés dans des familles traditionnelles, où le père travaillait et la mère restait à la maison, et des familles où les parents avaient décidé d’élever leurs enfants sans distinction de sexe, en donnant des voitures aux filles et des poupées aux garçons. Vers 5 ou 6 ans, les enfants élevés dans des foyers à éducation « unisexe » affichaient et, surtout, déclaraient effectivement une gamme comportementale plus diverse. Mais lorsque ces enfants étaient lâchés dans la nature, pour ainsi dire, et jouaient avec d’autres enfants, cette neutralité disparaissait. Mieux, à la maturité sexuelle, la division genrée était entièrement installée. En résumé, ce genre d’éducation permet de faire changer les croyances temporairement, pas les comportements à long terme.
Ou alors, pour espérer atteindre une égalité parfaite, par exemple dans les choix professionnels, il faudrait une politique excessivement oppressive. Pensez-vous que les auteurs de ce rapport aient conscience des conséquences de leurs désirs ?
Je pense qu’ils sont surtout naïfs ou même un peu limités intellectuellement. Ils ne tiennent pas compte des contre-preuves factuelles et croient probablement que si le gouvernement met en place ce type de politiques, il suffira d’une génération ou deux pour que leur vision utopique se réalise. Sauf que cela ne marchera pas ! Cela changera ce que les gens disent ou croient, pas ce qu’ils font. C’est là que l’oppression peut en effet entrer en jeu : la tentation de forcer, au sens strict, des gens à faire ce dont ils n’ont pas envie. Les Suédois ont essayé, pendant un temps, de forcer les filles à agir comme des garçons bagarreurs et turbulents, et les garçons à préférer les bavardages et les jeux maternants. Le plus grand effet en a été de stresser les enseignants et d’énerver les enfants.
De telles interventions peuvent-elles aussi renforcer des comportements typiques de façon pathologique ? On entend, par exemple, que la misogynie débridée qui s’exprime dans ce qu’on appelle les « incels » (involuntary celibate, célibataire involontaire) ou la « manosphère » pourrait être un effet adverse d’une éducation dégenrée.
Des études de privation menées sur les rongeurs montrent que, lorsqu’on leur refuse la possibilité d’exprimer des comportements typiques, en termes de jeu, par exemple, puis lorsqu’on leur en donne à nouveau l’occasion, les comportements s’accroissent de façon spectaculaire pour ensuite retomber à des niveaux normaux. Je ne serais donc pas surpris que l’on observe une augmentation des comportements stéréotypés après que l’on a empêché les enfants de s’y adonner. J’ai aussi le sentiment que la manosphère est un retour de bâton, du moins en partie, mais je n’ai lu aucun article scientifique à ce sujet.
Il ne faut pas confondre égalité de résultat et égalité d’opportunité. Les différences d’orientation professionnelle et de choix entre carrière et vie privée sont surtout le choix de préférences distinctes.
Ce rapport parlementaire part du principe que les stéréotypes genrés génèrent des inégalités. Des travaux scientifiques confirment-ils cette assertion ?
Il ne faut pas confondre égalité de résultat et égalité d’opportunité. Les différences d’orientation professionnelle et de choix entre carrière et vie privée sont surtout le choix de préférences distinctes. Par exemple, des études menées sur des surdoués en mathématiques, hommes et femmes, montrent que, à la trentaine, les hommes travaillent plus d’heures et avancent plus loin dans leur carrière. Ce n’est pas parce qu’ils sont meilleurs, mais parce qu’une grande partie de ces femmes ont réduit leur temps de travail pour se consacrer à leur vie de famille. Mais ni ces hommes ne se plaignent de travailler davantage ni ces femmes de progresser plus lentement dans leur carrière. Les deux groupes sont satisfaits de leur vie. Voilà ce que sont ces « inégalités » : des choix différents pour mener la meilleure vie possible selon ses propres critères. Ils ne voudraient pas qu’un bureaucrate, à Paris ou Washington, vienne leur dire comment organiser leur vie.
Dans votre travail, rencontrez-vous des difficultés à parler de la base biologique des différences comportementales entre les sexes ?
Heureusement pour moi, je suis têtu et assez insensible socialement. Je peux continuer à travailler parce que je pense être sur la bonne voie. Mais je connais des chercheurs qui ont baissé les bras et changé d’orientation de recherche, car c’est effectivement difficile et frustrant. Pour vous donner un exemple, nous cherchons à faire publier avec un collègue une étude rassemblant des données sur 475 000 adolescents à travers 80 pays, avec des échantillonnages aléatoires, sur les différences professionnelles, où l’on trouve beaucoup de « stéréotypes » dont nous avons parlé. Nous l’avons envoyée à quatre revues scientifiques. Le rédacteur en chef de la première nous l’a renvoyée sans même la lire, et encore moins l’envoyer en processus de révision par les pairs. Dans les trois autres publications, nous avons reçu des commentaires proprement hostiles qui n’avaient rien de scientifique. Nous sommes en attente de la réponse d’une cinquième…
Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste ?
Je suis optimiste dans le sens où je pense qu’il y a des différences réelles entre les sexes et qu’il y a encore bien des choses à comprendre. Cela dit, nous traversons une période, du moins dans le monde occidental, où le désir d’« égalité de résultats » biaise notre interprétation de la réalité, ce qui pourrait se traduire, comme nous l’avons évoqué, par des politiques oppressives.
« Peggy Sastre – Stéréotypes de genre : les contre-vérités ont la vie dure », Le Point, 15/10/21 : « À l’appui de leur épouvantable constat, Le Bohec et Lebon évoquent des recherches en psychologie sociale isolant trois effets : l’effet d’étiquetage, la menace du stéréotype et l’effet Pygmalion. Malheureusement pour leur démonstration, il s’agit de concepts ayant eu à souffrir lourdement de la crise de la reproductibilité touchant ces sciences humaines depuis une bonne dizaine d’années. En d’autres termes, les études qui pensaient les isoler ont, au mieux, une puissance statistique bien trop faible pour attester de leur réalité et, au pire, sont le fruit de chercheurs peu scrupuleux ayant bidonné leurs travaux. »
Chez les géladas, un grand singe proche du babouin vivant dans la corne de l’Afrique, il a été démontré, à partir de l’analyse hormonale des déjections de guenons, que plus de 80% des femelles d’un groupe donné faisaient une fausse couche spontanée dans les semaines suivant l’arrivée d’un nouveau mâle dominant (cf. Peggy Sastre, La Domination masculine n’existe pas, Paris, 2015, p. 122-123). Les femelles redeviennent ainsi rapidement fertiles afin de pouvoir engendrer des petits avec leur nouveau maître car, selon la loi de l’hypergamie féminine (qui s’applique également aux femmes), « les femelles préfèrent se reproduire avec les meilleurs mâles ».
Des femelles qui avortent spontanément pour mieux se soumettre au nouvel arrivant, donc. Il est tentant de faire le parallèle avec les féministes occidentales qui n’ont que l’avortement à la bouche, refusent d’enfanter, méprisent la maternité, la paternité, les hommes et les enfants – pour autant qu’ils soient blancs –, mais n’ont de cesse de tresser les louanges des nouvelles cultures qui s’installent entre leurs murs – pourvu qu’elles soient « racisées », comme elles disent, en parfaites néo-racistes qu’elles sont. On a tous compris que les néoféministes étaient des guenons comme les autres, ayant soupesé qui était le plus fort dans le conflit de civilisations que nous traversons actuellement et ayant en conséquence choisi leur camp depuis le début. Leurs pancartes dans leurs manifs parlent pour elles :
Ou bien :
Bien. Venons-en aux Miss, maintenant.
Cela fait quelques années déjà que j’évoque la guerre inlassable menée par les néo-féministes contre la jeunesse, la fraîcheur et la beauté féminines – incarnation de tout ce que la féministe aigrie ne peut que haïr maladivement : l’existence du désir hétérosexuel, évidemment. La seule idée qu’un homme puisse admirer et désirer une jeune femme qui expose à son regard sa beauté hors du commun, ou se présente devant lui comme l’archétype (un idéal le plus souvent inaccessible) de la jeune vierge prête à marier, ne peut que faire s’étrangler de haine et de fureur l’armée des vieilles punaises, frustrées et laiderons de tous poils qui peuplent les bataillons d’Osez le Féminisme.
Le conte populaire de la jeune et jolie Blanche-Neige sur le point de convoler, cible de la maléfique reine-sorcière qui tente de l’assassiner perfidement (le prototype de la néoféministe allergique à la jeunesse, la beauté et l’hétérosexualité) pourrait aussi être interprété comme une préfiguration parfaite de la jalousie destructrice de l’armée des mal-baisées du XXIe siècle :
Osez le Féminisme cherche donc une fois de plus, comme tous les mois d’octobre, à détruire le concours Miss France, accusé de sexisme et de tous les maux, sans pouvoir comprendre qu’il n’est que la manifestation de ce qui fait que le monde est monde depuis toujours et qu’il existe encore : sur un plan évolutionnaire, le capital féminin en vue de la reproduction de l’espèce est tout entier logé dans la jeunesse, la fraîcheur et la beauté des jeunes femmes – car ce sont des gages inconscients et universels de santé et de fertilité, tout simplement. Comme Blanche-Neige, princesse d’une exceptionnelle beauté, les Miss d’aujourd’hui incarnent cet idéal féminin qui transcende ; elles sont cette image de la beauté féminine pure qui éclaire le monde, tire hommes et femmes vers le haut et invite depuis l’aube des temps l’humanité à poursuivre son chemin.
Les féministes à front de taureau auront beau fulminer de rage et de dépit et même faire disparaître le concours Miss France, elles ne changeront rien à la marche du monde : les mêmes réflexes profonds (car il s’agit en réalité de nos gènes qui nous pilotent) feront que les hommes continueront d’être attirés instinctivement par la jeunesse et la beauté féminines et que ces mêmes jeunes beautés continueront à faire valoir leurs charmes et leurs appâts afin de séduire et sélectionner les meilleurs géniteurs. C’est ce qu’explique aussi François de Smet dans Eros Capital, Les lois du marché amoureux, Paris, Flammarion, 2019. C’est la vie, les filles, c’est comme ça, désolée pour l’armée de féministes et de lesbiennes nihilistes qui voudraient voir disparaître l’humanité en même temps qu’elles, mais l’instinct de survie et de reproduction sera toujours le plus fort et c’est tant mieux.
« Ces parangons de vertu, dont la courageuse Mila a peu entendu le soutien, et qui manifestent avec le CCIF, illustrent très bien par leurs actes ce que Karl Marx avait appelé « donner une claque à sa grand-mère ». Il est plus facile de douter du libre arbitre de jeunes femmes qui s’inscrivent de leur plein gré au concours de Miss France que d’aller soutenir celles qui sont contraintes par leur milieu familial ou par leur voisinage de se voiler de la tête aux pieds. Le voile, c’est tellement mieux que le dégradant maillot de bain avec lequel les candidates au titre de Miss France défilent chaque année. »
Le petit jeu des néo-bigotes pro-islam ne fait plus mystère pour personne. Je ne peux que le rapporter à cette forme de guenonisme dont je parlais en introduction : cracher sur Miss France, c’est évidemment cracher sur la France, puisque le mot « France » est dans Miss France et que cela fait plus d’un siècle que ce concours fait partie de ses meubles – on a le droit de l’apprécier ou pas, de regarder sa retransmission TV ou pas. Et c’est bien sûr envoyer des gages et un signal de soumission au nouvel arrivant qui lui non plus, n’aime pas beaucoup le concours Miss France : chacun sait que la femme pudique ne doit pas défiler en maillot de bain, pas plus sur les podiums qu’à la piscine ou à la plage. Osez le guenonisme assume donc sa reddition et obtempère fidèlement à la voix de son maître.
ENTRETIEN. La philosophe et psychanalyste publie un livre coup-de-poing contre #MeToo et ses suites, dans lesquels elle voit un mouvement totalitaire.
Sabine Prokhoris n’a pas froid aux yeux. La psychanalyste et philosophe, qui a peu apprécié le mouvement #MeToo, a décidé de le faire savoir sous la forme d’une démonstration minutieuse mais passionnée. Dans Le Mirage #MeToo (Le Cherche Midi), elle cible, par un ton enlevé et parfois même emporté, un mouvement dont l’ambition bénéfique cache selon elle une volonté de puissance destructrice.
Difficile d’accuser cette féministe inclassable – qui défend dans le même temps la gestation pour autrui (GPA) – de conservatisme. Mais il est sûr que celle qui avait déjà su démonter avec brio, dans Au bon plaisir des « docteurs graves » (Puf, 2017), la philosophie de Judith Butler, figure de proue des études de genre, ne goûte guère le féminisme à tendance vengeresse.
Le Point : Certains ont loué #MeToo. D’autres ont critiqué ses « dérives ». De votre côté, vous vous distinguez par une condamnation sans appel du mouvement dans son entièreté. Pourquoi ?
Sabine Prokhoris : C’est plutôt contre-intuitif en effet. En me mettant vraiment au travail – en allant « au fond de la mine », comme dit Foucault -, et donc en dépliant, pour les analyser, les logiques intellectuelles de #MeToo et leurs conséquences, je me suis aperçue qu’il s’agissait d’un mouvement structurellement vicié, de nature totalitaire : une « révolution culturelle » revendiquée, visant à fabriquer le meilleur des mondes « féministe ». Il s’inscrit d’ailleurs dans une mouvance plus vaste, celle des luttes dites « intersectionnelles » qui juxtaposent les figures de « dominés » et prétendent extirper du monde la « domination ». C’est de même nature que les mouvements qui ont conduit récemment à pratiquer des autodafés de livres, non pas à Kaboul, mais au Canada, les cendres des ouvrages « malfaisants » revenant à la terre-Mère (sic), une transmutation du mal en bien s’opérant grâce à cette « purification ».
Comment et quand avez-vous regardé ce mouvement d’un mauvais oeil ?
Bien sûr les agissements dont était accusé Harvey Weinstein m’ont paru odieux. Mais face à #BalanceTonPorc, puis à #MeToo, et à l’ampleur incontrôlable de la vague qui a suivi, j’ai vite eu des réticences, sans pouvoir clairement les fonder. La violence des réactions contre la tribune Deneuve, sur laquelle j’avais quelques réserves mais qui avait le mérite de faire entendre autre chose, m’a tout de suite alertée sur le refus de #MeToo d’un débat démocratique autour de ces questions. Comme l’a très bien dit Catherine Deneuve, on ne peut pas se réjouir d’effets de meute. Ils conduisent au pire.
Vous évoquez trois temps du mouvement : #BalanceTonPorc et #MeToo, le départ d’Adèle Haenel de la cérémonie des César et son « témoignage » sur Mediapart contre le réalisateur Christophe Ruggia, enfin la publication du livre de Vanessa Springora, Le Consentement. Pourquoi vous attardez-vous sur le cas d’Adèle Haenel, qui ouvre votre livre ?
Ce moment à proprement parler sidérant a, je pense, constitué un tournant dans le mouvement. Au-delà des protagonistes impliqués dans cette séquence étrange qui a hypnotisé la France entière – ce qui en soi est déjà un phénomène qui méritait qu’on le questionne, et j’ai commencé par là -, il fait apparaître au grand jour les ressorts et les logiques qui gouvernent le #MeToo-féminisme. Il donne aussi à #MeToo une inflexion spécifique, qui va propulser le mouvement à l’avant-garde de ces luttes « intersectionnelles », autour d’un noyau militant se revendiquant – politiquement avant tout – lesbien avec insistance. Pour toutes ces raisons, il fallait étudier précisément ce qui s’est joué dans cet épisode. On ne comprend pas les choses si on en reste à des idées générales. Il faut décrire et analyser des faits et leurs circonstances.
Vous critiquez l’acharnement à l’encontre de Roman Polanski et parlez même, en y voyant un renversement particulièrement malsain, d’une « shoahtisation » des atteintes sexuelles. Que voulez-vous dire ?
Que Polanski soit un doudou maudit de la détestation irrationnelle de certaines féministes, ce n’est pas récent. Rappelez-vous la rétrospective à la Cinémathèque il y a quelques années. Mais la fixation délirante sur le « cas Polanski », empreinte d’une haine fanatique assortie de slogans antisémites particulièrement choquants, véritable basse continue dans l’épisode Adèle Haenel, ne peut qu’interroger. Car dans le même temps, les glissements les plus pervers s’opéraient : un universitaire, médiocre certes mais ayant pignon sur rue, ne craignait pas de comparer Adèle Haenel à Primo Levi. Les victimes auto-proclamées se désignent comme des « survivantes ». Les associations militantes exigent l’imprescriptibilité pour le crime de viol, défini par un autre universitaire comme « génocide individuel ». L’inceste, transgression majeure en effet, aux conséquences le plus souvent ravageuses, est défini par des intellectuels et par certains magistrats biberonnés aux théories douteuses de Muriel Salmona, « experte » en « victimologie traumatique », comme « crime contre l’humanité ». Or cette « shoahtisation », formule qu’Alain Finkielkraut avait également utilisée à propos d’accusations visant de façon posthume Élie Wiesel, mué dès lors en « bourreau », a ceci de grave qu’en convoquant de cette façon indigne la mémoire de la Shoah, elle la banalise, jusqu’à l’effacement. Ce qui dévoile la façon intellectuellement frauduleuse dont #MeToo aborde la question des faits et de la vérité.
#MeToo et ses suites françaises ont fait apparaître en effet un glissement dans la compréhension de la vérité. Ce qui sort de la bouche d’une « victime » (qui n’est même plus une plaignante) qui expose son « traumatisme » devient « vrai » par définition. Comment analysez-vous ce phénomène ?
Je l’analyse en relation avec ce que je viens de souligner, et avec la promotion contemporaine des « identités-victimes ». Leurs « récits » sont source de vérité parce qu’ils sont censés renverser la « domination ». Et quand un président de la République, garant de l’État de droit, croit bon de tweeter : « Victimes, on vous croit ! », reprenant un slogan des Colleuses, ce sont les principes fondamentaux de la justice dans un État démocratique qui sont jetés par-dessus bord, à commencer par la présomption d’innocence. C’est très alarmant.
Que répondriez-vous à des femmes qui vous diraient que #MeToo les a libérées ? Leur a fait du bien ?
Comme psychanalyste, je constate plutôt l’inverse : risque d’enfermement dans la blessure pour celles qui ont subi en effet des atteintes graves. Panique sexuelle pour les autres, hommes et femmes.
Un des épisodes précurseurs de Mai 68, en 1967, était la revendication étudiante de pouvoir circuler librement dans les chambres de cités universitaires entre les zones des garçons et celles des filles. Que s’est-il passé pour que plusieurs décennies plus tard, les femmes soient considérées comme des êtres faibles qu’il faut constamment protéger ?
Peut-être un oubli peureux des exigences, forcément déceptives, de la liberté. J’ajoute que cette posture de faiblesse est en réalité une position d’attaque. C’est le psychanalyste Ferenczi qui parlait de « terrorisme de la souffrance »…
Estimez-vous que notre époque se caractérise par une forme de ressentiment féminin ? Les femmes ont obtenu presque tout ce qu’elles voulaient, et pourtant…
La vigilance féministe est toujours de mise, car rien n’est jamais définitivement acquis. Mais ce ressentiment, comme vous dites, n’est-il pas le signe qu’un mouvement qui se veut total bute toujours sur le fait que ça ne peut pas marcher ? Frustration, et rage vengeresse, alors ?
Et pour finir, pourquoi parler de « mirage » à propos de #MeToo ?
Parce que la promesse d’un paradis féministe est une illusion, dont l’envers grimaçant est un monde de paranoïa sexuelle. Lorsque les suicides de David Hamilton, du chef Taku Sekine, du chorégraphe Liam Scarlett apparaissent comme des victoires du féminisme, on peut s’inquiéter.
« DU CÔTÉ DES FEMMES (52 % DE LA POPULATION), RÉUSSITE RIME SOUVENT AVEC CÉLIBAT. »
« Plus une femme est diplômée, plus elle risque de rester seule ». Professeur à l’ESCP, Elisabeth Tissier-Desbordes pointe la différence des célibats masculin et féminin. « Schématiquement, entre 30 et 50 ans, la majorité des femmes célibataires appartiennent aux catégories supérieures, tandis que les hommes célibataires sont plutôt ouvriers ou employés. » Pourquoi ? « Parce que, traditionnellement, la mobilité sociale matrimoniale des femmes est supérieure à celle des hommes », remarque Pascal Lardellier, professeur, spécialiste de la communication, ce qui signifie qu’elles se marient souvent légèrement au-dessus de leur condition, alors qu’elles sont peu nombreuses en haut de l’échelle sociale à se lier avec un homme moins nanti. « Un couple formé d’une femme très diplômée et d’un homme qui a le niveau bac reste une transgression », souligne Pascal Lardellier. »
L’hypogamie féminine, l’effet pervers des victoires féministes
Mais une « transgression » pour qui, sinon pour la femme elle-même ? Car dans les faits, ce n’est pas « la société », mais bien la féministe elle-même qui ne peut accepter de revoir ses prétentions à la baisse (je dis « la féministe » plutôt que « la femme », car les premières sont beaucoup plus exigeantes et intransigeantes que les secondes). C’est en tout cas un état de fait que le féminisme conquérant avait omis d’anticiper, un de plus (voir « Les féministes et le coup d’après »).
Alors que l’hypergamie (le fait pour une femme d’épouser un homme de condition légèrement à très supérieure à la sienne) est une donnée anthropologique quasiment inscrite dans ses gènes – une donnée évolutionnaire en tout cas –, les féministes n’avaient pas prévu qu’en diplômant quasiment 100% des femmes et en leur offrant à grande échelle un statut salarial et économique égal, voire supérieur à celui des hommes, cette égalité leur fermerait petit à petit toute possibilité de pratiquer l’hypergamie.
C’est sans doute aussi une des raisons qui expliquent que les féministes soient toujours aussi haineuses vis-à-vis des hommes cadres ou chefs d’entreprise : non seulement elles veulent empocher leurs salaires et occuper leurs postes et leurs statuts qu’elles jalousent férocement, mais surtout, elles ne leur pardonnent pas de ne plus les épouser. Car quand il en a la possibilité, l’homme cadre supérieur choisit en général d’épouser une femme jeune avec qui faire des enfants et ce, quel que soit son âge à lui – plutôt qu’une virago carriériste de plus de 35 ans, surtout si cette dernière est en prime féministe, anti-maternité et lectrice de Mona Chollet.
Les femmes de carrière hétérosexuelles se voient donc confrontées au problème de l’hypogamie : accepter un partenaire moins diplômé, moins argenté, moins ambitieux ou d’une classe sociale inférieure à la leur. Les hommes ont pratiqué sans se plaindre l’hypogamie depuis l’aube de l’humanité – parce que cela leur offrait en échange l’accès au corps d’une femme jeune et fertile afin de fonder un foyer dont les ressources dépendraient en grande partie d’eux (mais pas seulement, car les femmes ont toujours travaillé ou contribué à leur manière aux ressources économique de la famille). C’était donc tout autant une affaire de ressources que d’envie et de nécessité de vivre en couple et de se reproduire. Et même une affaire de sentiments, car n’en déplaise aux nouvelles féministes, l’amour et l’attirance réciproques ont toujours existé entre les sexes – ce qu’il semble quasiment réac aujourd’hui de rappeler.
La « libération de la femme » a donc fait voler en éclats ce schéma éprouvé. Aujourd’hui, les hommes n’ont plus aucune utilité économique ni même reproductive ; les femmes ayant désormais tous les pouvoirs – contrairement à ce qu’elles prétendent à grands renforts de torrents de larmes antipatriarcales. Et comme leur pouvoir ne se partage pas (surtout pas avec des hommes, leurs ennemis de classe), il ne leur reste que leurs yeux pour pleurer sur leur solitude et leur célibat.
Le refus féministe de l’hypogamie
Sans en avoir conscience, le livre rempli à ras bord de récriminations de Mona Chollet est l’illustration même de cet état de fait. Mona a cru toute sa vie au Prince charmant ; Mona s’imagine, comme toutes ses coreligionnaires, que les relations de couple peuvent être passées à la moulinette de son féminisme punitif, rééducatif et déconstructionniste ; que les hommes n’attendent que des viragos toutes puissantes viennent leur apprendre à marcher droit et à se mettre à genoux pour leur manger dans le creux de la main. Autant dire qu’elles se préparent des lendemains encore plus désenchantés.
Les hommes n’en peuvent déjà plus de leurs exigences et de leurs névroses. À part quelques écolos masochistes et déconstruits prêts à ramper pour recevoir des coups de fouet (« Oh oui, frappe-moi encore, Sandrine, une teigne avec une trique, ça m’exciiite »), les hommes sont de plus en plus nombreux à jeter l’éponge et se détourner de cette comédie ; de plus en plus nombreux à rejoindre les mouvements dits « masculinistes », laissant de plus en plus de femmes et de féministes se demander « mais où sont passés les hommes ? ».
En réalité, les féministes n’aiment pas le changement
Autant il a toujours été évident pour un homme de suer sang et eau en échange d’une femme et d’un foyer, y compris pour une femme de condition inférieure à la sienne, autant l’inverse est impensable. Élevées comme des princesses Disney attendant leur prince charmant (aujourd’hui en version déconstruite, c’est-à-dire en pièces détachées qu’elles monteront elles-mêmes selon leurs exigences), les féministes du XXIe siècle ne peuvent envisager un seul instant d’abaisser leurs prétentions, ni même, aussi surprenant que cela puisse paraître aujourd’hui, d’épouser des hommes qui ne gagnent pas suffisamment, même – surtout – si elles-mêmes gagnent très bien leur vie.
Cette étude récente « The Ideal Husband? A Man in Possession of a Good Income » (05/10/21) montre ainsi que rien n’a changé : plus un homme gagne de l’argent et plus il aura de chances de se marier, ce qui n’est pas vrai pour les femmes. Donc malgré l’ascension économique des femmes, celles-ci continuent de sélectionner prioritairement les hommes en fonction de leurs revenus :
« Comme l’illustre la figure 1, pour les hommes, à mesure que le revenu augmente, la probabilité de mariage augmente également, de sorte que les hommes de la catégorie de revenu la plus élevée sont environ 57 points de pourcentage plus susceptibles de se marier que les hommes de la catégorie de revenu la plus faible. Il n’en est pas de même pour les femmes. Les hommes à revenu élevé sont plus susceptibles que les hommes à faible revenu de se marier, tandis que le revenu n’est pas lié au mariage pour les femmes. Étant donné que le mariage implique un choix de la part de l’homme et de la femme, ces résultats suggèrent que les femmes sont plus susceptibles de choisir d’épouser des hommes ayant de bonnes perspectives financières, tandis que les perspectives financières d’une femme sont moins importantes pour les hommes lors du choix d’une partenaire. »
Et : « Non seulement les hommes à revenu élevé sont plus susceptibles de se marier, mais ils sont également plus susceptibles de rester mariés. La figure 2 montre la probabilité de divorce pour ceux qui ont été mariés au moins une fois et révèle que pour les hommes, la probabilité de divorce diminue à mesure que le revenu augmente, de sorte que les hommes de la catégorie de revenu la plus élevée sont environ 37 points de pourcentage moins susceptibles de divorcer que les hommes. dans la catégorie de revenu la plus faible. (…) Pour les hommes, les résultats suggèrent que les femmes sont plus susceptibles de divorcer des hommes à faible revenu que des hommes à revenu élevé. »
De même « les hommes à revenu élevé sont également plus susceptibles d’être « recyclés » sur le marché matrimonial. La figure 3 montre que si les hommes à revenu élevé divorcent, ils sont plus susceptibles de se remarier que les hommes à faible revenu. Les hommes du groupe de revenu le plus élevé sont environ 38 points de pourcentage plus susceptibles de se remarier que les hommes du groupe de revenu le plus faible. Encore une fois, cela suggère que les hommes à revenu élevé sont considérés comme des partenaires à long terme par les femmes. »
Ensuite, « non seulement les hommes à revenu élevé sont plus susceptibles de se marier que les autres hommes, mais mon étude a également révélé qu’ils sont plus susceptibles de devenir pères biologiques : les résultats montrent que les hommes à revenu élevé sont plus susceptibles d’avoir des enfants que les hommes à faible revenu. (…) L’inverse est vrai pour les femmes : les femmes à revenu élevé sont plus susceptibles de ne pas avoir d’enfants. »
Autrement dit, les femmes resteront hypergames aussi longtemps qu’elles le pourront, l’hypogamie ne semblant pas près d’être inscrite dans leurs gènes. Raison donc pour laquelle, devant la pénurie actuelle de princes charmants argentés – ou plus argentés qu’elles – prêts qui plus est à les supporter, les féministes militent en chœur pour le célibat. « L’égalité » n’a strictement aucun sens pour elles : aujourd’hui qu’elles ont accédé à l’égalité de statut, de salaires et de diplômes, il reste inenvisageable pour une féministe militante d’inverser les rôles et d’imiter les hommes jusqu’au bout, c’est-à-dire en entretenant sans ronchonner un conjoint qui s’occuperait de ses enfants ou resterait un peu trop longtemps au chômage ou pire, sans revenus ou avec de trop faibles revenus.
Je parle ici surtout des féministes qui militent pour le célibat, car dans la vraie vie, beaucoup de vraies femmes acceptent cette situation et sont les principales pourvoyeuses de revenus dans leurs foyers (j’en connais bien des exemples autour de moi, y compris dans des foyers solides qui durent depuis très longtemps). Les féministes ont simplement (et comme toujours) plus de mal que les autres avec la réalité et avec les conséquences de leur militantisme. Le célibat n’a donc pas fini de leur tendre les bras.
De l’hypergamie à l’homogamie puis à l’hypogamie et au célibat, ou comment les féministes descendent l’escalier de la conjugalité
En règle générale, comme expliqué dans cet article du Figaro qui s’appuie sur les derniers chiffres de l’Insee en France (« Le mariage favorise-t-il encore la promotion sociale ? », 21/09/21), c’est la règle de l’homogamie qui préside à la plupart des unions :
« Si les féministes ont tout lieu de se féliciter de la fin de l’« hypergamie féminine » dont pouvait se prévaloir le « deuxième sexe », comme l’appelait Simone de Beauvoir, les sites de rencontre numériques – il en existe des milliers en France – contribuent paradoxalement à renforcer l’homogamie des mariages. Ces sites ouvrent à l’infini les possibilités de faire connaissance entre partenaires de toutes origines, géographiques, sociales et culturelles. Or les critères de sélectivité renforçant l’homogamie la plus décomplexée reviennent au grand galop. La vieille loi, « qui se ressemble (socialement) s’assemble », perdure plus que jamais avec le numérique. » (…) « Les affinités culturelles, les pratiques langagières, photographiques, mais aussi les codes de séduction, différenciés selon les milieux sociaux, favorisent les contacts et les appariements entre personnes socialement proches ».
Les sociologues de l’article n’ont pas évoqué l’hypothèse de l’hypogamie féminine, car celle-ci n’existe pas encore et a bien peu de chances de voir le jour. Les féministes se réjouiraient à les entendre de « la fin de l’hypergamie féminine », alors que dans les faits, ce n’est pas tellement ce que l’on constate. On voit plutôt en ce moment les féministes pleurer à chaudes larmes sur l’hétérosexualité et sur leur célibat en essayant de se convaincre qu’il est leur choix – ce qui ne trompe évidemment pas grand monde. La fin de l’hypergamie et la difficulté croissante pour elles d’accéder ne serait-ce qu’à l’homogamie est en réalité un piège qui se referme chaque jour définitivement un peu plus sur elles.
Du refus de l’hypergamie à la vénalité assumée
La vénalité féministe s’affiche au grand jour à travers les récentes jérémiades de Lucile Quillet dans son livre au titre on ne peut plus évocateur : Le prix à payer. Ce que le couple hétéro coûte aux femmes (octobre 2021). Voici donc encore une féministe qui s’en prend à l’hétérosexualité, mais sous un angle (un prétexte) financier cette fois. Elle incarne parfaitement les femmes dont je parle dans cet article ; des féministes qui ne savent que calculer, recalculer, re-recalculer, toujours, tout le temps, qui n’envisagent désormais un homme que comme une source de dépenses ou qui confondent histoire de couple et bilan comptable. Ceci est également à mettre en lien avec le refus de l’hypogamie : alors que les femmes d’aujourd’hui gagnent plus facilement leur vie que les hommes, pour ces calculatrices, avec leur mentalité mesquine et narcissique, il est hors de question qu’il y ait la moindre redistribution au sein du couple. Le titre de l’article s’applique donc parfaitement à elles : épousez votre chat, les filles, vous aurez le plaisir d’être riche uniquement pour payer ses croquettes et changer sa litière et ça, c’est un vrai projet de couple, délivré qui plus est de l’hétérosexualité. Qu’est-ce que vous faites encore sur le marché amoureux ?
« Ma cassette, ma cassette ! »
Il ne reste donc aux femmes de carrière « célibataires et sans enfant par choix » (uh uh ! ) qu’à s’enorgueillir d’être plus riches que les hommes déclassés dont elles ne veulent pas, voire même des hommes bien classés qui eux, ne veulent pas d’elles (la vraie réalité de leur problème et leur tabou ultime et inavouable) : « Les femmes célibataires sans enfant s’enrichissent davantage que les hommes » (Slate, 3/09/2022). Un démenti cinglant, au passage, à leur habituelle pleurnicherie sur les écarts salariaux (« Ouiiinn, les femmes gagnent moins que les hommes ! »). Mais comme la cohérence n’est jamais ce qui étouffe la féministe…
En 2022, les médias regorgent encore de témoignages en mode méthode Coué (« Je suis seule et malheureuse comme une pierre mais je vais dire que je suis heureuse parce qu’il le faut bien – et puis, si ça me permet de vendre des livres au passage, c’est toujours ça de pris ») mais où, derrière la vitrine alléchante (« Suis libre, je fais ce que je veux ! », cf. Marie Kock, Vieille Fille, Paris, 2022), pointe une réalité beaucoup plus amère. Il n’existe en effet aucune possibilité pour une femme seule d’acheter sur Paris et proche banlieue, sinon à manger des pâtes seule entre ses quatre murs pendant 25 ans – ce qui veut dire qu’une part importante de son salaire partira toute sa vie dans des loyers exorbitants. Et surtout que l’attendra une fin de vie garantie seule, l’aspect certainement le plus triste à mes yeux et la raison pour laquelle je dénonce vigoureusement ces campagnes pro-célibat à vie menées auprès des jeunes femmes :
Le militantisme pour le célibat et celui pour l’euthanasie répondent à une même logique : celle de la déréliction
Car que reste-t-il à une personne isolée et sans descendance, une fois l’âge venu, sinon à contrôler et gérer elle-même sa disparition ? Si l’euthanasie est un désir aujourd’hui si prégnant dans nos sociétés, c’est à mon sens parce qu’il est la seule garantie pour une personne seule de ne pas croupir oubliée dans un coin ou de ne pas rendre son dernier souffle dans des conditions incontrôlables, seule chez elle.
Le combat pour l’euthanasie est incarné en France par Line Renaud notamment, une femme charmante et admirable qui a toute mon admiration, mais qui n’en est pas moins très représentative du candidat type à l’euthanasie : célibataire et sans descendance. C’est en constatant cela que je me suis fait ces réflexions et que je me suis demandé si une personne âgée, entourée de ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants, militerait aussi activement pour sa propre euthanasie, ce dont je doute fortement – je n’en connais pas d’exemple autour de moi, en tout cas.
La fin sordide de Shulamith Firestone (1945-2012), féministe radicale fanatique, célibataire sans enfant ayant fustigé toute sa vie les liens familiaux pour mourir de faim à 67 ans, recluse dans son appartement new-yorkais, illustre jusqu’à la caricature le plaidoyer féministe pour l’euthanasie. Eh bien, ce n’est ni de cette vie, ni de cette mort que nous voulons pour nos filles !
[à suivre…)
Voir aussi :
. Sur le même sujet :
« Les femmes sont victimes du manque d’hommes riches », par Philippe Gouillou (septembre 2019) :
Un sentiment étrange m’a envahie à la découverte, non pas du dernier opus de Mona Chollet – une énième tartine féministo-paranoïaque entièrement téléphonée, j’y reviens un peu plus bas –, mais de ses déclarations et attitudes corporelles lors de la promotion de cet ouvrage sur les plateaux TV et radio. Je l’ai observée dans La Grande Librairie (22/09/21), si hésitante et balbutiante, si mal à l’aise et peu sûre d’elle qu’elle semblait presque chancelante dans ses convictions. Serait-elle sur le point de réaliser qu’elle raconte un peu n’importe quoi dans son dernier livre, voire même que le féminisme l’égare depuis des décennies ? Serait-on à la veille d’assister à un aggiornamento ou à la chute des écailles qu’elle a sur les yeux ? Même si c’est sans doute trop espérer, c’est tout le bien que je lui souhaite.
Je me dis que ce n’est pas impossible, puisque après tout, elle est bien revenue à la raison sur la question de la pénalisation des clients de la prostitution. Après avoir été abolitionniste en 2014, elle écrit dans Réinventer l’amour « regrette[r] amèrement d’avoir pris position, il y a quelques années, pour la pénalisation des clients de la prostitution, en croyant aux promesses qui étaient alors faites de garantir la sécurité physique et matérielle des personnes prostituées » (Wikipedia). Elle reconnait donc avoir été naïve et déconnectée du réel (le propre des féministes puritaines abolitionnistes) ; il ne lui resterait alors qu’à appliquer le même regard critique au reste de ses affirmations et croyances. Je pense qu’elle en est capable car j’ai ressenti, derrière son inconfort évident en interview, une authentique quête de sincérité et d’honnêteté – on n’est peut-être pas loin d’une véritable dissonance cognitive, en somme.
J’ai vu ensuite que Stéphane Édouard, qui l’a observée pour sa part sur les images d’une interview dans les locaux de France Inter (« L’escroquerie intellectuelle Mona Chollet »), a eu un ressenti tout à fait comparable au mien. Lui aussi a été frappé par la platitude et le vide de ses réponses, de même que par son regard toujours fuyant (un peu comme si elle était en panique intérieure) et son attitude auto-dépréciative (par le fait notamment qu’elle pose son sac à main à même le sol – je ne connaissais pas cette interprétation, je ferai désormais attention où je pose le mien, du coup 😉).
Réinventer le célibat, euh, l’amour
J’avoue ne pas avoir encore trouvé le courage (ou le masochisme) de m’infliger son dernier ouvrage, Réinventer l’amour, ne sachant que trop ce qu’elle y raconte (« Ouin ouin, les pôôvres Fâââmes sont victiiiimes des méchants zhoms, mécétroporrible, quand cela cessera-t-il, bouhouhou, la domination masculine, mécétropinjuste, han han, ouin ouin, le patriarcââât… »). Mathieu Bock-Côté a heureusement chroniqué l’ouvrage à plusieurs reprises dans le Figaro (« L’amour au “Wokistan” ») et sur CNews avec des mots parfaitement justes comme toujours, dénonçant le projet de déconstruction de l’homme, de l’hétérosexualité et des relations amoureuses qu’il défend – le leit-motiv des néoféministes depuis plusieurs années.
La difficulté des relations H/F est sans conteste le sujet le plus rebattu depuis les origines de l’humanité ; elle est au cœur de toute sa production artistique et littéraire – et même de mon propre site, puisque mon concept d’éromachie concerne précisément la lutte amoureuse entre les sexes, un combat immémorial envisagé non pas sous le regard borgne de la complainte victimaire féministe, mais sous l’angle d’une « bonne guerre » des sexes parfaitement assumée, car mettant en œuvre les principes de « l’équilibre asymétrique des désirs » d’une part et des lois biologiques du dimorphisme sexuel de l’autre (et de bien d’autres choses encore que je développerai au fil du temps).
Le problème avec les féministes est que, confrontées au moindre pépin, leur solution, en tant que gauchistes radicales post-marxistes, est toujours, après avoir répandu des bassines de larmes, de tout « déconstruire » (en clair : tout détruire). Écoutons Mélanie Gourarier sur l’hétérosexualité, justement : « L’hétérosexualité comme système, ça n’est pas que le couple. L’hétérosexualité, c’est aussi un processus historique qui s’inscrit dans les structures à grande échelle que sont les institutions familiales, économiques et plus largement politiques. C’est à celles-ci qu’il faut s’en prendre en premier lieu ». S’en prendre aux institutions familiales, économiques, politiques, rien que ça, donc. Sans oublier de détruire (enfin, « déconstruire ») les hommes, bien sûr, ajouteraient Alice Coffin et Sandrine Rousseau, exactement sur la même ligne.
Je n’ai pas eu envie de lire le livre, le placard sur la couverture suffisant pour que j’aie ma dose dès la première phrase : « Nombre de femmes et d’hommes qui cherchent l’épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s’invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. » Soupir… J’ai souvent expliqué ce que je pensais de ce fameux « patriarcat » imaginaire qui vient traquer les pauvresses féministes jusqu’au fond de leur lit. Au moins, grâce au livre de Mona Chollet, les néo-féministes perpétuellement écrabouillées par la domination masculine auront désormais un petit viatique pour y faire face : place donc aux comprimés contre les renards, pardon, contre le « patriarcat », développés spécialement pour elles par le docteur Mona.
Dans La Grande Librairie (à 23’), Mona Chollet présente justement ses propositions pour « actualiser l’hétérosexualité ». J’ai du mal à croire que de telles idées creuses puissent être réellement prises au sérieux, mais admettons. Elle propose ainsi le « refus de cohabiter » (comme si c’était nouveau) qu’elle rebaptise pour l’occasion la « décohabitation » ; le « refus de se faire petite pour se protéger » consistant à « ne pas prendre une voix de bébé pour parler à un homme » (là je me frotte quand même un peu les oreilles) ; ainsi que « davantage d’audace et moins de complaisance dans les postures neurasthéniques ». Et là je rigole franchement, car dans le genre neurasthénique, la boss ultime, c’est quand même la féministe, je ne sais pas à qui ça aurait encore pu échapper.
Une (bonne) surprise pour moi est tout de même de la voir produire un livre entier sur l’hétérosexualité sans nous bassiner avec les délices et merveilles de l’amour lesbien (la dernière chose, moi qui suis une hétéro enchantée de l’être, que j’aurais envie de tester – que l’on me permette de ne pas être cliente, merci). Malgré tous ses efforts et son conditionnement mental misandre pluri-décennal, Mona Chollet semble donc ne pouvoir s’y résoudre elle non plus, à son grand désespoir et avec toutes les excuses requises (la vie serait tellement plus simple dans une cauchemardesque Cité des femmes, entre féministes hystérico-dépressives se crêpant le chignon H24, n’est-ce pas). Preuve s’il en était en tout cas que l’ORIENTATION SEXUELLE NE SE COMMANDE PAS (Biologie 1- Idéologie du genre 0).
Cela ne l’empêche pas pour autant de dire un peu n’importe quoi sur les relations lesbiennes dans une interview au Temps (« Les femmes sont conditionnées à placer l’amour au centre de leur vie »). À la question de la journaliste : « Est-ce à dire que les relations entre femmes sont dépourvues de toute oppression patriarcale ? », elle répond : « Il peut bien sûr y avoir des rapports de domination au sein des couples lesbiens, mais il ne s’agit pas d’une domination structurelle comme la domination masculine », ben voyons ! La domination d’une personne sur une autre n’est pas liée à un fumeux « patriarcat » mais appartient à la psyché humaine la plus profonde. Les violences conjugales lesbiennes, psychologiques notamment, sont aussi fréquentes que dans les couples hétérosexuels, à tel point que cela ne peut même plus être dissimulé (cf.Campagne contre les violences conjugales dans les couples lesbiens).
Je continue la lecture du placard de couverture : « Au cœur de nos comédies romantiques, de nos représentations du couple idéal, est souvent encodée une forme d’infériorité féminine, suggérant que les femmes devraient choisir entre la pleine expression d’elles-mêmes et le bonheur amoureux. »
Mais n’importe quoi… comme si l’expression de soi et le bonheur amoureux s’excluaient mutuellement. Je ne me suis jamais autant exprimée qu’en étant amoureuse – y compris sous emprise amoureuse, un des états les plus addictifs que je connaisse. Je ne me suis jamais sentie inférieure aux hommes dans mes histoires d’amour, j’ai au contraire toujours joué de la différence sexuelle ; j’ai souffert, j’ai laissé des plumes, certes, et alors ? Les hommes aussi en laissent, des plumes. Je me suis remise debout et j’ai continué à aimer les hommes, d’autres hommes, d’autres catégories d’hommes – parce qu’il n’y a pas que le bad boy ou le piège à femmes dans la vie.
Mona Chollet ne comprend pas le désir hétérosexuel, comme on pouvait s’y attendre ; elle ne comprend pas ses zones grises, ses ambivalences, ses désirs réciproques de soumission et de domination, pas plus que l’addiction et le plaisir recherchés comme une drogue lors de l’emprise amoureuse ; elle ne sait y coller que sa grille déprimante et réductrice de « domination patriarcale » et de vie de couple contractualisée, aussi sexy qu’un registre de bilans comptables . À propos de l’emprise, comme l’écrit Mathieu Bock-Côté : « Il n’y a pas, et ne peut pas avoir de pureté du désir, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de sincérité de l’amour. Celui qui saurait exactement pourquoi il désire une femme ne la désirerait probablement plus. L’inverse est aussi vrai. La transparence absolue des sentiments annonce leur inévitable assèchement. »
Le problème des féministes est aussi que comme elles ont souvent une très haute d’image d’elles-mêmes (liée à leur élévation sociale objective dans nos sociétés hyper-féminisées), elles sont plus encore que d’habitude attirées uniquement par ce qui brille : situation sociale, prestige, hauts revenus, physique avantageux (si possible tout à la fois). Or le marché amoureux n’est pas toujours à leur avantage et la vieille hypergamie (le fait pour une femme de se marier avec un homme plus élevé socialement qu’elle) de moins en moins possible à mettre en œuvre (voir plus bas). Réduites à pratiquer malgré elles l’hypogamie (épouser un homme moins diplômé et qu’elles devront parfois entretenir), leur colère et leur dépit n’en sont que décuplés ; leur célibat aussi.
Suite du placard : « Le conditionnement social subi par chacun, qui persuade les hommes que tout leur est dû, tout en valorisant chez les femmes l’abnégation et le dévouement, et en minant leur confiance en elles, produit des déséquilibres de pouvoir qui peuvent culminer en violences physiques et psychologiques ».
Cette manière d’établir un continuum entre le couple hétérosexuel et les violences conjugales dénote l’habituelle incompréhension féministe des mécanismes de la violence en général et des violences conjugales en particulier. Rapporter les violences conjugales au « patriarcat » ou à une « construction de genre » relève de l’idéologie pure. Comme évoqué dans cet article, « Sébastien Dupont : Distinguer les violences faites aux femmes pour mieux les combattre », les violences conjugales ont des racines (alcoolisme, troubles de la personnalité, port d’armes, etc…) que les féministes sont incapables d’envisager.
Cette paranoïa anti-homme ne laisse tout de même pas de me frapper. Dans quel cauchemar peuplé de mâles et de phallus effrayants ces féministes évoluent-elles en permanence ? Les mêmes interrogations me sont venues à la lecture de l’échange entre Alain Finkielkraut et Alice Coffin dans L’Obs, « Féminisme, patriarcat… On a fait débattre Alice Coffin et Alain Finkielkraut » (29/09/21). Les propos de Coffin ne sont qu’une interminable jérémiade de petite chose fragile et peureuse terrorisée par « la force et la violence masculines » qui s’exerceraient en tous lieux, écrasant systématiquement les pauvres femmes et leur parole : « On ne parle pas de cas individuels quand on parle de patriarcat, parce que toute la force et la violence du patriarcat, c’est d’être un système, une matrice qui infuse, qui infiltre chaque pan de nos existences », débite-t-elle. Personnellement, je n’ai pas peur de frayer avec les hommes et je n’ai jamais eu besoin d’une Miss Coffin pour me défendre ou me protéger de leurs assauts.
Poursuivons. « Même l’attitude que chacun est poussé à adopter à l’égard de l’amour, les femmes apprenant à le (sur ?) valoriser et les hommes à lui refuser une place centrale dans leur vie, prépare des relations qui ne peuvent qu’être malheureuses ».
Que de clichés, que de méconnaissance des relations humaines. On se croirait dans les colonnes d’un magazine féminin pour adolescentes, une impression récurrente également dans les déclarations de Mona Chollet, comme dans son entretien avec le Temps : « Les hommes, affirme-t-elle, ne pensent pas à leur rendre la pareille, car ils n’ont jamais appris que leur rôle était de se soucier du bien-être émotionnel de l’autre. S’interroger sur eux-mêmes, discuter de leurs relations, rechercher une meilleure communication et un mieux-être psychologique, cela ne fait pas partie de leur éducation, même s’il y a plein d’hommes très bien intentionnés, qui ne se ressentent pas du tout comme machistes ». Vraiment, on se croirait dans les colonnes d’OK Magazine dans les années 80 (« Ouin ouin, mon petit copain n’est pas à mon écoute, comment puis-je faire pour le rééduquer, han ? ».
« Sur le plan sexuel, enfin, les fantasmes masculins continuent de saturer l’espace du désir : comment les femmes peuvent-elles retrouver un regard et une voix ? »
Quel misérabilisme et quel déni de la réalité. Comme si les femmes étaient incapables d’exprimer leurs désirs et leurs fantasmes ; je ne comprends décidément pas sur quelle planète elle vit.
Un simple coup d’œil, même partiel, à la bibliographie permet encore de se rendre compte que les seules sources sont une fois de plus la presse de gauche (Télérama,…), les magazines féminins un peu bêbêtes et comme toujours, la floppée de radicales féministes américaines toutes plus caricaturales les unes que les autres (« bell hooks », Adrienne Rich, …).
La table des matières est un défilé de complaintes sur le thème d’une infériorité féminine et d’une supériorité masculine absolues, permanentes, mais totalement fantasmées. C’est également ce qui ressort de toutes ses interviews. Mona Chollet semble être restée une petite fille aussi naïve que niaise, enfermée dans des représentations de type Bisounours des rapports amoureux, ce qui est tout de même assez surprenant en 2021. On a l’impression qu’elle n’a jamais rien vécu ou qu’elle sort directement du Couvent des Oiseaux. Cette insondable candeur de béotienne et cette vision de la réalité directement sortie des contes de fées pourraient être mises en parallèle avec les lamentations victimaires de Manon Garcia (voir Manon Garcia ou la philosophie soumise à l’idéologie victimaire). À 15’ de La Grande Librairie, on découvre, tout aussi stupéfait, qu’elle vivait jusque-là « dans l’illusion que la domination et la violence étaient absente des relations sentimentales » et vraiment, on se pince.
« Sorcières » et le refus de la maternité
Comme je l’avais compris en chroniquant son ouvrage Sorcières, celui-ci n’était dans les faits qu’une tortueuse justification, basée sur la mythologie féministe sur les sorcières, de son refus personnel d’être mère – cette vieille obsession féministe faussement libératrice. Comme elle l’explique à Libération, l’objet de Sorcières était bien « l’envie d’écrire sur le choix de ne pas avoir d’enfants ».
Dans un article au titre aussi ridicule que putassier (« Le modèle actuel de l’amour hétéro ne fonctionne que lorsque les femmes ferment leur gueule »), Libération revient justement sur Sorcières et sur ses libertés prises avec la vérité historique : « Sorcières véhicule une idée de la sorcellerie qui n’est pas celle des historiens et historiennes d’aujourd’hui », témoigne ainsi Thibaut Maus de Rolley, professeur à l’University College London. Pour lui, l’essayiste « reprend pour l’essentiel les thèses des féministes radicales américaines des années 1970 (Barbara Ehrenreich, Deirdre English, Mary Daly), très largement diffusées dans le grand public anglo-saxon, qui ont contribué à faire de la sorcière une icône des combats féministes et une figure clé des mouvements new age et néopaïens ». Or, ces thèses ont été fortement contestées depuis, comme l’explique aussi le doctorant Maxime Gelly-Perbellini : « Mona Chollet se concentre sur la dynamique de domination hommes-femmes. Le système de répression est complexe et correspond à d’autres phénomènes qui se cumulent. » Pour le dire autrement, le profil type des victimes des persécutions donné par Mona Chollet – des sages-femmes, des guérisseuses, des femmes sexuellement affranchies, rebelles à l’ordre patriarcal – ne correspondrait pas toujours à ce que l’on trouve dans les archives des procès. » C’est exactement ce que j’écrivais dans mon article.
Réinventer le célibat
Donc, de la même manière que Sorcières parlait de manière détournée de ses propres choix de vie, Réinventer l’amour serait tout aussi autobiographique. Dans L’Obs, « Comment Mona Chollet est devenue une icône du féminisme », Mona Chollet explique que chacun de ses livres a pour point de départ sa situation personnelle et que pour Réinventer l’amour, c’était le fait de « se retrouver de nouveau dans la situation de femme célibataire et d’être confrontée au regard social sur cela pour la première fois depuis très longtemps ». Dans le livre, elle explique ainsi « avoir laissé mourir une relation en plaçant la considération pour elle-même au premier plan ».
Voilà qui pourrait donc éclairer d’un jour intéressant l’inconfort visible de Mona sur les plateaux TV. Ne serait-elle pas tout simplement en train d’expérimenter le MUR, le fameux mur, ce moment où les reines féministes, habituées à faire valser les hommes autour d’elles comme des marionnettes, se prennent soudain la réalité en pleine poire ? Aujourd’hui seule et sans enfants par choix, il va lui falloir assumer le célibat subi, la cinquantaine approchant à grands pas et les cheveux gris par choix également (pour mieux incarner la fausse sorcière). Et avec les critères qui sont les siens pour retrouver l’âme sœur, on lui souhaite sincèrement bonne chance.
Car quel est le profil du prince charmant version Mona Chollet ? Un « homme déconstruit », pardi ! Improbable hybride mi-homme mi-serpillière et re mi-homme derrière, cet énergumène post-moderne (dont Ivan Jablonka pourrait faire figure d’étalon universitaire) grenouillerait aux dernières nouvelles dans les bas-fonds de l’écologie et du gauchisme – chez les éco-féministes très précisément, comme chacun l’a découvert récemment. Sinon, si les rares exemplaires existants sont déjà par trop déconstruits, il lui restera à se le fabriquer elle-même, soit en démontant psychologiquement un homme (la grande spécialité des féministes « rééducatrices »), soit en remettant des piles à son vibromasseur – car autant aller directement à l’essentiel, ce qui, avec le mâle sur pattes déconstruit, n’est pas gagné d’avance.
Dans son interview au Temps, l’engagement amoureux d’une femme envers un homme est selon elle « une des formes d’exploitation de la force et de l’énergie des femmes » et le pendant du travail domestique invisibilisé. Quelle complainte pitoyable… Comme si tous les comportements amoureux d’une femme revenaient à faire le ménage… Les féministes ne savent décidément se voir qu’en éternelles Cendrillon condamnées à récurer la cuisine ad vitam, jusqu’à ce que leur prince déconstruit vienne les enlever sur son cheval blanc.
Bref. Mona entreprend de nous expliquer l’amour hétérosexuel au moment même où elle se ramasse un râteau mémorable sur le sujet. On a beau savoir que ce sont les cordonniers les plus mal chaussés, mais tout de même… Bien sûr, la pirouette consiste ici à tout mettre sur le dos du « patriarcat », mais la ficelle est assez grosse. Evidemment, tout le monde peut se faire larguer ou voir échouer sa relation, même les non-féministes, même moi ; tout le monde ou presque passe par des déboires amoureux au cours de sa vie. Mais la différence entre moi et Chollet, par exemple, c’est que je n’ai jamais envisagé de détruire les relations hétérosexuelles dans le monde entier pour me venger. Au contraire, j’ai positivé, je me suis remise en selle et j’ai reconsidéré mes critères de sélection. Exit le coq au milieu de la basse-cour, le piège à filles ou le bad boy (parfois les trois en même temps, ce fameux « pervers narcissique » qui fait tant saliver les féministes) et bienvenue aux hommes intelligents avec du cœur et avec qui on peut discuter (et ce n’est pas ce qui manque).
Sur le sujet des PN, justement, Mona Chollet nous la fait à l’envers. Elle écrit que ceux qu’on appelle les « pervers narcissiques » seraient les « enfants sains du patriarcat », alors qu’ils sont aujourd’hui précisément les enfants éclopés du féminisme élevés tant bien que mal par une mère toute-puissante mais dépassée (et au final impuissante), car ayant détruit la figure paternelle. J’en ai parlé dans cet article et c’est mon hypothèse : l’immaturité psychique incurable de beaucoup d’hommes et de femmes d’aujourd’hui aurait beaucoup à voir avec le fait qu’ils n’ont jamais eu de modèle parental sain pour se construire. L’absence de père ou de figure incarnant la fonction masculine paternelle serait ainsi à mettre en lien avec l’individualisme croissant chez les deux sexes, de même qu’avec les troubles mentaux des féministes. Enfants sans pères et sans repères, n’ayant jamais eu de modèle de couple structuré et aimant sous les yeux, ils errent ensuite dans la vie comme des âmes en peine. Je suis convaincue que c’est la destruction par les féministes d’un « patriarcat sain », celui que Paula Wright appelle par exemple le « patriarcat réformé », qui fait entre autres le lit des « pervers narcissiques ».
L’amour hétérosexuel dans les faits
La vision féministe radicale des rapports amoureux est toujours en porte-à-faux avec la réalité. Quand Mona Chollet déroule par exemple ce lieu commun : « A l’opposé, il existe aussi une forte censure sociale pour celles qui voudraient avoir des relations sexuelles sans s’investir émotionnellement. C’est le fameux stigmate de la salope », elle semble ignorer que les statistiques ne vont pas toutes dans son sens, loin s’en faut. Des études ont ainsi montré que plus une femme a de partenaires sexuels, plus son indice de dépression est grand et plus elle prend d’antidépresseurs (cette étude et celle-ci). Selon les statistiques, on apprend aussi que les femmes, contrairement aux hommes, ne rêvent pas d’avoir des dizaines de partenaires sexuels dans leur vie : la plupart en souhaitent seulement deux ! (voir l’article d’Aristide Renou).
« Il est paradoxal et contradictoire qu’il y ait de l’amour entre les hommes et les femmes », s’étonne-t-elle dans La Grande Librairie (14’), ce qui en dit long sur son profond mal-être et probablement son insondable désespoir. Elle égrène ensuite les lamentations féministes habituelles, à grand coups de clichés tout droit sortis des magazines féminins ; des affirmations qu’elle semble tenir pour acceptées par tous et qu’elle combat à ce titre dans son livre :
« L’intelligence fait fuir les hommes ». C’est faux, évidemment, puisque ça dépend de quels hommes on parle. Il est vrai que certains hommes se sentent rassurés par des femmes plus bêtes qu’eux (il faut reconnaître à leur décharge que certaines femmes intelligentes peuvent aussi être particulièrement casse-couilles – là je parle de moi, mais c’est pire encore quand la femme est féministe) ; mais il en reste suffisamment à qui l’intelligence convient parfaitement et pour lesquels elle est même un critère de choix. Raison pour laquelle les couples formés par des partenaires aux QI élevés sont statistiquement plus stables et divorcent moins que les autres (voir plus bas).
« Une femme doit être plus petite qu’un homme pour pouvoir être aimée ». Voici une manière particulièrement sournoise de retourner les choses dans le sens de la complainte féministe. La réalité est évidemment que celui qui a la plus grosse pression et l’interdiction quasi absolue de ne pas avoir la taille idoine, c’est l’homme. On sait tous ce que vivent les hommes de moins d’1,80m sur les sites de rencontre ; pourquoi Mona Chollet ne prend-elle pas clairement leur défense au lieu de victimiser encore les femmes et ne pas reconnaître que ce sont ses copines féministes qui sont les premières à cracher sur les hommes qui n’ont pas les critères physiques du Pince charmant ?
« Une femme doit être mince pour ne pas prendre trop de place dans le couple ». Ben voyons… L’accusation de grossophobie est surtout le moyen d’encourager les jeunes femmes à ruiner leur santé pour toute leur vie en entretenant un surpoids installé beaucoup trop tôt.
« Une femme ne doit pas réussir aussi bien qu’un homme ». C’est un cliché éculé qui ne correspond plus du tout à la réalité (voir plus bas). Mona semble ignorer que beaucoup d’hommes aujourd’hui recherchent au contraire une femme qui non seulement gagne de l’argent, mais en gagne plus qu’eux, puisqu’ils ont été dépossédés de tout rôle symbolique de subsistance. Beaucoup se sont de ce fait adaptés et n’ont plus de scrupules à se faire entretenir par leur femme – d’une certaine manière, les féministes ont ce qu’elles méritent.
En conclusion de son interview à La Grande Libraire, elle pense que « l’amour n’existe pas », « parce que le réel ne lui convient pas », elle qui « ne voudrait que des happy end »… Elle préfère finalement « se passer d’amour que de vivre un amour trop inégal » ; une défense du célibat et de la solitude – délirante mais très à la mode chez les féministes ; une manière surtout de reconnaître que l’affaire est pliée et qu’elles peuvent épouser leur chat. Je trouve cela infiniment triste et cela ne fait que renforcer mon dégoût pour l’idéologie féministe qui les a menées là.
L’hypergamie en 2021 et les conséquences du féminisme sur la nuptialité et la pauvreté
Des études et des articles se font l’écho régulièrement des paradoxes du mariage et de l’influence négative du féminisme sur la nuptialité (par exemple Le mariage, nouveau marqueur des inégalités sociales (Les Échos, 6/08/19) ou cette traduction réente d’un article anglais par Aristide Renou, « Féminisme et classes sociales », 29/09/21) qui donne ces chiffres pour les États-Unis : « Les personnes les moins diplômées sont moins nombreuses à être mariées et ces mariages ont deux fois moins de chances de durer. Environ 65 % des femmes les moins diplômées étaient mariées en 1990, mais seulement 50 % en 2017. (…) Près de 80 % des mariages homme-femme dans lesquels les femmes ont fait des études supérieures devraient durer jusqu’à la mort, alors que cela ne devrait être le cas que de 40 % de ceux impliquant des femmes sans diplômes universitaires. »
Une enquête récente publiée dans le Figaro, « Le mariage favorise-t-il encore la promotion sociale ? » (21/09/21) confirme ces chiffres, en France, cette fois : « Alors que 80 % des ouvrières de 35 à 44 ans et 71 % des femmes cadres vivaient en couple en 1990, la proportion s’est inversée à partir des années 2010 (respectivement 68 % d’ouvrières mariées ou pacsées et 73 % pour les cadres), souligne l’Insee dans son étude « Couples et familles ». (…) Le débat fait rage aux États-Unis sur le thème : « Le déclin du mariage chez les classes moyennes accroît les inégalités », tout comme le phénomène des familles monoparentales concerne exclusivement les catégories les moins favorisées. »
Dans l’hypergamie – le fait de se marier avec quelqu’un d’un milieu social « supérieur », « les démographes ont longtemps vu un schéma éprouvé de promotion sociale » : « Les femmes cherchaient, dans le choix de leur conjoint, à assurer une plus forte sécurité pour leurs enfants ; les hommes préféraient épouser des femmes dont la position sociale ne leur faisait pas concurrence au sein du foyer » (on parle alors d’hypogamie), résume l’économiste-géographe Laurent Davezies. Et tout en reconnaissant qu’il s’agit d’une vision quelque peu patriarcale, il juge que « l’hypergamie n’a pas que des défauts : elle a constitué, au fil du temps, un mécanisme majeur de redistribution et de cohésion sociale, de « fusion », pourrait-on dire, entre familles de milieux différents ». Or, les choses ne fonctionnent plus ainsi. « La tendance à l’« hypergamie féminine », selon laquelle les femmes se mettent en couple « vers le haut », avec un conjoint d’une classe supérieure à la leur, ne tient plus. Depuis 2000, les femmes sont plus diplômées en moyenne que les hommes. Et même si ces derniers occupent encore des professions plus « élevées » et ont des salaires supérieurs, l’écart en faveur des hommes diminue », explique Milan Bouchet-Valat. »
Il en résulte que sous la pression et les exigences des féministes, l’ascension sociale par le mariage n’est quasiment plus possible pour une jeune femme. Aujourd’hui « l’homogamie » des mariages domine clairement. Chaque classe sociale se marie entre soi, formant des milieux étanches. Sur les sites de rencontres, c’est très clair, où « les critères de sélectivité renforçant l’homogamie la plus décomplexée reviennent au grand galop ». De ce fait, les revenus des couples sont de plus en plus inégaux : « Loin d’être un facteur de réduction des inégalités salariales, comme il a pu l’être durant les Trente Glorieuses, le mariage tend au contraire à les exacerber ».
« Il y a deux raisons à cette « homogamie économique » : malgré les disparités salariales tant décriées entre hommes et femmes, les couples rassemblent de plus en plus des salaires de niveau comparable (l’avocat n’épouse plus sa secrétaire mais une avocate) et la multiplication des familles monoparentales est bien souvent gage de pauvreté. L’étude de l’Insee publiée la semaine dernière rappelle qu’en 2020 le quart des familles (avec enfant(s)) n’avait qu’un parent, que 4 millions d’enfants mineurs vivaient dans des foyers monoparentaux, dont 41 % en dessous du seuil de pauvreté (21 % pour l’ensemble des enfants). En France, comme aux États-Unis, les tendances décennales concordent : plus on dispose de revenus élevés et plus on continue de se marier, avec en outre une quasi-inexistence de familles monoparentales parmi les plus aisés ».
Autrement, dit, le mariage est devenu un marqueur social flagrant : seules les classes sociales supérieures et éduquées sont à même de le faire perdurer et d’offrir à leur progéniture des environnements stables. Inversement les classes sociales défavorisées voient le plus grand nombre de familles instables, de divorces et de mères isolées, accentuant leur pauvreté et leur déclassement social.
Et le féminisme là-dedans ? La lutte acharnée du féminisme contre la famille, la maternité, la paternité et désormais l’hétérosexualité et la masculinité a porté ses fruits mais fait les dégâts les plus considérables dans les milieux défavorisés, déjà pauvres et qui se voient encore plus appauvris. Ce féminisme déconstructiviste d’extrême gauche est définitivement une occupation de petites bourgeoises repues et désoeuvrées qui ont du temps à perdre à lutter contre un patriarcat fantasmatique pendant que dans des foyers explosés toujours plus démunis, des femmes et des enfants isolés vont payer le prix fort de leurs lubies. Pendant que les féministes des classes supérieures sauvent les meubles, du fait de leur éducation, les catégories sociales défavorisées vont appliquer malgré elles leurs préceptes fous, faute d’être suffisamment équipées pour surmonter le désastre que cette idéologie installe dans leur quotidien. On ne dit donc pas merci pour leur oeuvre aux Chollet et autres féministes déconstructivistes – car le réel contredit toujours leurs théories.