[Patriarcat imaginaire] – Pascal Picq ou la paléoanthropologie façon MadMoiZelle

Depuis que les préhistoriens ont le cerveau mangé par le féminisme, je ne donne plus très cher de leur évolution.

Le Collège de France est-il devenu l’arrière-boutique du forum féministe MadMoiZelle ? C’est à ce constat tragique que conduit la découverte de la bouillie victimaire répandue ces jours-ci par Pascal Picq sur les canaux habituels de la propagande néoféministe : « Domination masculine, violences faites aux femmes… Pascal Picq fait parler les singes et la Préhistoire », France Inter (FI), « Pascal Picq, une préhistoire du patriarcat », France Culture (FC), « Comment les hommes ont-ils inventé le patriarcat ? », L’Obs », etc. Ou comment un chercheur réputé en arrive à se saborder intellectuellement pour complaire au conformisme ambiant et se faire adouber par les forums de la « cancel culture ». Que la honte s’abatte sur lui.

Même s’il ne s’agit que de pures élucubrations, d’authentiques divagations sans aucune base scientifique et sans la moindre possibilité de vérification, celles-ci nous sont présentées comme le changement paradigmatique du Grand Soir. « Plus que d’apporter des réponses, il s’agit de poser des questions et proposer des hypothèses autour d’un sujet encore en chantier » (FC), prend-on pourtant la peine de nous préciser.

De simples hypothèses, donc. Mais en l’occurrence ici, de l’idéologie et de la sociologie bourdieusiennes à l’état chimiquement pur : « Nous, les Homo sapiens, (…) nous rajoutons en plus, avec notre évolution culturelle, les formes symboliques dont avait déjà parlé Pierre Bourdieu sur « la domination masculine », gneu gneu gneu (FI). Revoilà donc encore saint Bourdieu et sa « domination masculine », comme c’est original ! Mais avez-vous envisagé un seul instant que vos hypothèses soient fausses et que vos bourdieuseries soient un jour balayées comme les prurits déconstructivistes et néo-marxistes qu’ils sont ?

Et que faites-vous du doute, dont vous parlez du bout des lèvres au détour d’une phrase ? « Nous sommes sans doute l’espèce la plus violente et coercitive entre hommes et femmes aujourd’hui » (FI). « Sans doute », oui, vous faites bien d’être prudent ! La vérité, c’est que vous n’en savez rien ! D’autant que c’est FAUX et que votre maître à « penser », Françoise Héritier, plus idéologue et militante que scientifique, racontait déjà n’importe quoi sur le sujet ! Car non, bien sûr que non, les hommes ne sont pas les mâles les plus violents de la création : tous les mâles sont violents et tuent leurs femelles, absolument tous, y compris les singes, et vous êtes bien placé pour le savoir ! Alors pourquoi colporter encore et toujours ces sornettes ?

Sous la désolante influence du féminisme radical et de son mentor Françoise Héritier, Pascal Picq en est donc réduit à ravaler toute la paléoanthropologie à cette phraséologie victimaire éculée, cette pleurnicherie professionnelle qui veut « questionner le machisme » : « Toute l’archéologie a été marquée par cette culture extraordinairement machiste du XIXe siècle, qui s’est inscrite dans l’université et qui n’a jamais été questionnée », haan… (FC). Eh oui, l’université française aux mains des féministes n’est plus que ce pitoyable défilé d’intellectuels en carton qui « questionnent le machisme » à plein temps depuis que c’est devenu obligatoire. Une collègue féministe de P. Picq, la grande intellectuelle Camelia Jordana, « questionne » au même moment « les peurs » qui font que « les hommes blancs sont, dans l’inconscient collectif, responsables de tous les maux de la Terre » (il y a du niveau, comme on le voit). Le plus drôle est que Pascal Picq se croit novateur et original quand il n’est qu’un parangon du conformisme féministe le plus convenu : « J’ai voulu m’extraire des stéréotypes ou des idéologies propres à une partie des sciences sociales par un regard neuf, une approche scientifique évolutionniste » (Le Monde). Ha ha.

Pascal Picq va même jusqu’à nous inventer le « féminicide » préhistorique : « Le féminicide est le propre de l’homme. Le pire ennemi de la femme, c’est l’homme et aujourd’hui les chiffres sont là », ouin…. (FC). Alors que ce concept, qui n’a aucun sens, n’est validé ni par la langue, ni par le droit : « Le terme de ‘’féminicide’’ contrevient à l’universalisme du droit français ». Quant aux chiffres, ils nous disent en réalité que les hommes sont toujours et partout davantage victimes de la violence que les femmes (lire : L’exploitation féministe des violences conjugales). Mais le verbiage victimaire ne s’arrête pas là : « Car l’histoire des femmes est longtemps restée invisible » ; « l’idéologie patriarcale domine », han, snif… Le chapelet nous sera égrené dans son intégralité : Pascal Picq est un élève très scolaire qui a bien appris sa leçon.

Cette manière consternante de réviser toute l’histoire de l’humanité à l’aune du prisme victimaire d’obsessions anachroniques – très marquées à l’extrême gauche qui plus est – est une faute épistémologie très grave, indigne d’un véritable intellectuel. Ceci nous dresse en tout état de cause un tableau affligeant de ce à quoi le coeur de la vie intellectuelle française est désormais réduit : un galimatias néoféministe pour obtenir des subventions, des viatiques, des postes à vie ou des micros qui se tendent dans les médias de gauche. Quelle que soit la discipline, on retrouvera toujours exactement la même grille d’analyse et exactement les mêmes conclusions écrites à l’avance : tout est toujours de la faute du « patriarcat » ; lequel « patriarcat » ne s’incarne naturellement que dans le mâle blanc occidental, personnification du mal absolu. Autrement dit, n’importe quelle contributrice de MadMoiZelle pourrait rédiger en quelques secondes les conclusions de tous les ouvrages de Pascal Picq : « Ouin ouin, nos zhoms, y sont vrément tro méchaaants !! Patriarcâââât !!!! ».

Pascal Picq avec des cheveux rouges

L’art pariétal et le jargon victimaire

Pascal Picq nous ressert également tous les lieux communs de l’inculture féministe, ce qui est aussi surprenant qu’impardonnable venant d’un préhistorien : « Car il existe très peu de représentations de l’évolution humaine où figurent des femmes » (FC). On se pince ! Tous les historiens et historiens de l’art savent parfaitement que les femmes sont omniprésentes dans les artefacts préhistoriques ou l’art pariétal et que les plus anciennes figurations anthropomorphes, dont les célèbres Vénus préhistoriques (environ 30 000 ans avant J.-C.), sont toutes des femmes ! De même qu’il est parfaitement de mauvaise foi de les accuser de dire que « c’est toujours l’homme qui peint la fresque et la femme qui empile les pigments » (FC) quand cela fait des lustres que l’on sait que les femmes sculptaient l’ivoire des défenses de mammouth et que leurs mains en négatif ou en positif étaient soufflées au pochoir au même titre que celles des hommes ! Ce charabia féministe victimaire sur « l’invisibilisation » des femmes n’en est que plus ridicule : « Ce thème [de la femme] a toujours été invisibilisé » (FI), mais n’importe quoi ! P. Picq doit pourtant concéder que « certes, on connait Lucy, la femelle singe australopithèque », oui mais gna gna gna, ouin ouin, y a pas de fââââmes à la préhistoire, bouhouhou… Quand ce cinéma s’arrêtera-t-il ? Les femmes de la préhistoire, on ne représentait qu’elles et on ne parle que d’elles depuis que l’archéologie existe !

« L’Origine du monde » de la Préhistoire (Paléolithique supérieur, environ 20 000 ans avant J.-C.). Bloc de grès gravé situé dans la forêt de Fontainebleau (France).

Le modèle des singes et des bonobos

Pour vendre son livre avec l’appui du marketing féministe, Pascal Picq établit une hiérarchie implicite au sommet de laquelle il place la « Fââââme », cette précieuse victime hautement sacralisée, immédiatement suivie par le modèle idéal du bonobo ; et il place tout en bas, comme il se doit, l’homme de sexe masculin, véritable et unique rebut de l’évolution.

Force lui est d’abord de concéder que « les chimpanzés sont très coercitifs, et traduisent un antagonisme sexuel très fort où tous les mâles dominent toutes les femelles. C’est un rapport qui reste assez violent » (FI). Bigre… Alors qu’il venait tout juste d’expliquer que la domination masculine n’était qu’un produit de la culture humaine, c’est ballot ! (« Les causes principales de notre malheur sont d’ordre culturel »). Alors les causes du malheur de la femelle chimpanzé, notre cousine, elles sont de quel ordre ? Leurs maris regardent trop de porno, eux aussi ? La « culture du viol » est trop prégnante sur leurs campus universitaires ? Qu’à cela ne tienne, la logique et la cohérence ne sont de toutes façons que des oripeaux rationalistes dont le féminisme a appris à se passer depuis fort longtemps.

Le bonobo bien couillu, nouveau gendre idéal.

« Mais l’existence des bonobos, dont les sociétés sont égalitaires, bla bla bla »… On nous présente derechef l’archétype parfait de cette gynocratie tant fantasmée, le fameux bonobo : « Puis vous avez les bonobos qu’il faudrait presque inventer s’ils n’existaient pas car, chez eux, le rapport mâles/femelles, au contraire, est plutôt sympa. Ils vivent en une espèce de gynocratie (le pouvoir est exercé par des femelles). Les mâles restent ensemble toute leur vie, les femelles migrent à la naissance et trouvent le moyen d’installer un équilibre des pouvoirs, ce qui est une exception » (FI). Lol ! Comment peut-on être plus caricatural…

Surtout quand on sait que la vie chez les bonobos est en réalité loin d’être aussi idyllique : « La violence existe aussi dans cette société «égalitaire et tolérante», en témoignent les fréquentes mutilations physiques dont ils sont victimes. » De même, « ces cousins de l’homme au caractère pourtant pacifique et coopératif semblent privilégier les personnalités dominatrices et brutales, selon une nouvelle série d’expériences. » Ou encore : « En 2014, l’équipe de Michael Wilson (université du Minnesota, États-Unis) a montré, pour 22 communautés de chimpanzés et bonobos, que 92 % des attaques sont provoquées par des mâles, qui constituent également les trois quarts des victimes » (cf. « Les grands singes sont-ils violents ?« ). Encore pire que chez les humains, donc. Soupir…

Il est inutile de multiplier les exemples, on a tous compris que cette idéalisation puérile des bonobos n’était là que pour satisfaire le féminisme séparatiste et revanchard et salir la masculinité ; procédés idéologiques fort bien connus, très peu reluisants et bien peu scientifiques.

Cet angélisme rousseauiste frise encore le ridicule : « Il n’y a pas de fatalité naturelle et universelle prédisposant à la violence » (FI). Mais c’est bien sûr, voyons, la violence n’est que culturelle ; d’ailleurs il suffira de venir prêcher le féminisme sur France Inter pour faire disparaître les crimes, tout le monde le sait. Comme le dit Camile Paglia, « l’université moderne ne comprend rien au mal », mais vraiment rien… Le plus grave étant que ce féminisme béat de gauchistes niais continuera encore longtemps à mettre les femmes en danger.

« L’évolution créa la femme », c’est cela, oui…

Le titre même de l’ouvrage dont Pascal Picq vient faire la promotion (« L’Évolution créa la femme ») est lui-même tout-à-fait ridicule, puisque si la biologie a créé les différences sexuelles, les deux sexes ont ensuite évolué tous les deux ! Comme si la femme seule était tributaire de l’évolution, comme si l’homme de sexe masculin était resté ad vitam un chimpanzé arriéré ou un sous-produit de l’évolution… Comment peut-on afficher une telle misandrie sans que personne ne réagisse ?

Et surtout quand toute l’histoire de l’évolution nous apprend au contraire que ce n’est pas la femme mais l’homme qui s’est le plus détaché de la nature ! En effet, comme nous le rappelle Eugénie Bastié (par exemple dans cette conférence), le masculin est beaucoup plus construit que le féminin. Camille Paglia insistait sur la même chose : avec les cycles menstruels, la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, le soin des enfants, etc., la femme est, par ses fonctions biologiques, bien davantage soumise que l’homme aux cycles naturels et aux pouvoirs « chtoniens », comme elle dit. Même ses humeurs dépendent de ses cycles menstruels, sur lesquels elle a toujours bien peu de prise, malgré la contraception – la contraception elle-même modifiant sa nature ou l’altérant.

La masculinité est essentiellement une construction sociale, quoi qu’en pense Pascal Picq. On naît femme, mais on devient homme ; Beauvoir avait tort et elle aurait mieux fait de laisser en paix la formule bien plus égalitaire et humaniste d’Erasme, « On ne naît pas homme, on le devient » (‘‘Homines non nascuntur sed finguntur’’) – il parlait du genre humain. Ainsi, contrairement aux femmes, les hommes ont toujours eu besoin de rites de passage pour devenir des hommes. Inversement, la féminité va tellement de soi qu’il n’y jamais eu de « crise de la féminité » – alors que de la masculinité, oui, et nous sommes en plein dedans. L’évolution a beaucoup plus modelé et transformé les hommes que les femmes – et particulièrement la civilisation. Mais ce n’est pas parce qu’une chose est « construite » qu’elle doit nécessairement être « déconstruite » ! C’est ici à nouveau l’occasion de répéter que le concept de « patriarcat » au sens de « domination masculine », dont Pascal Picq se gargarise, n’est qu’une chimère 100% idéologique qui ne sert qu’à faire tourner le business néoféministe :

Comme le rappelle également Eugénie Bastié, le « patriarcat » n’a d’autre raison d’être que biologique et évolutionnaire. Les hommes étaient bien obligés de déléguer la grossesse aux femmes et de fait, pour garantir leur paternité, de surveiller et privatiser le corps des femmes (vers 1h13). Il est quand même facile de comprendre qu’aucun homme n’a envie de risquer sa vie pour ramener au foyer des ressources pour élever les enfants du voisin ! Et c’est encore et toujours la principale raison qui déclenche la jalousie ou la violence masculines. La pleurnicherie féministe n’a donc ici aucune raison d’être : « l’auteur montre à quel point le contrôle de la production et de la reproduction de la femme a été un enjeu dans l’histoire de l’humanité » (L’Obs). Évidemment, ça tombe sous le sens ! Mais il n’y a pas de quoi aller s’inventer une oppression imaginaire ou partir dans des délires paranoïaques pour cela…

De même, pendant des siècles, la force physique des hommes était à la fois une menace, une nécessité pour les travaux quotidiens et une sécurité pour défendre sa famille ou sa communauté. Aujourd’hui, elle n’est plus d’aucune utilité sociale; raison supplémentaire qui fait que le patriarcat n’existe plus. Par ailleurs, les hommes n’ont certainement pas « inventé le patriarcat », comme le titre l’Obs, sans le concours actif des femmes, qui l’ont toujours plébiscité à égale hauteur (pour la protection qu’il leur apportait, notamment). Et parce que c’est ce « patriarcat » qui a bâti toute la civilisation humaine, tout simplement !

Assez de male bashing et d’attaques contre la civilisation !

Il y en a plus qu’assez de lire ce genre de choses : « D’après Pascal Picq, c’est l’évolution culturelle de l’homme qui doit être mise en cause » (FI), alors que c’est l’inverse qu’il faut comprendre : c’est l’évolution culturelle qui pendant des millénaires a civilisé et réduit la violence naturelle ! Assez de ce rousseauisme benêt ! Le « patriarcat » n’est dans les faits rien d’autre que la civilisation. Cette vieille lune gauchiste et déconstructiviste de la « tabula rasa » qui n’a d’autre but que de démolir la culture et la civilisation pour les livrer stupidement à la barbarie islamique (par exemple) est de plus en plus insupportable en ces temps de guerre.

Pascal Picq va même jusqu’à souscrire au féminisme intersectionnel : « la première classe des opprimés, ce sont les femmes » (FI). Ben voyons. Tous les mâles massacrés par la compétition intrasexuelle ou les guerres n’étaient pas opprimés, eux… Mais c’est normal de mourir assassiné quand on naît du mauvais sexe, pas vrai ? (lire :  « La vie d’un homme vaut-elle moins que celle d’une femme ? » (Le Point, juillet 2019). Jusqu’où cette débandade intellectuelle va-t-elle aller ? Qu’est-ce que cette politisation délirante d’extrême gauche peut bien apporter à la paléoanthropologie ? Il en va de même quant à sa compromission dans la rhétorique de la « guerre des sexes » : « A quand remonte cette guerre constante faite aux femmes par les hommes ? » (L’Obs), gnéé…. On se croirait décidément sur le forum de MadMoiZelle… Toutes ces études pour en arriver là, à sangloter comme une nunuche qui ne se remettrait pas de son premier échec amoureux, c’est bien triste.

Je note encore les discours incohérents des préhistoriens, entre ceux qui prétendent abusivement que le « patriarcat » serait né en même temps que l’agriculture et ceux qui réfutent ces billevesées : « Les sociétés où il y avait des équilibres de pouvoir entre les hommes et les femmes ont existé même avec l’émergence des agricultures » (L’Obs). Tout et son contraire, donc. Alors maintenant, le mieux serait peut-être que vous cessiez tous de vous (et de nous) saouler avec votre « patriarcat », ce concept insane qui ne sert plus qu’à vous estampiller pour la postérité comme des benêts. J’avais déjà abordé ces questions ici :

Je constate donc avec consternation que Pascal Picq vient encore de remettre une pièce dans la machine (à sornettes). « Entre biologie et culture, les sciences humaines ont du mal à s’y retrouver », conclut France Inter et en effet, comme on vient de le voir, les noyades corps et âmes sont nombreuses !

[à suivre…]

  • Voir aussi :

… Et parce qu’on peut encore rêver d’une préhistoire qui ne soit pas polluée par le féminisme, quelques images mises en musique de la Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud :

18 réponses sur “[Patriarcat imaginaire] – Pascal Picq ou la paléoanthropologie façon MadMoiZelle”

  1. A la relecture de votre publication, je déduis que Pascal Picq est moins un idéologue qu’un tacticien, il sait ce qui détermine les financements de la recherche moderne. Je suis incapable de commenter le reste.
    La suite de notre monde à venir m’inquiète en grande partie car je vois, à la manière du féminisme moderne, d’autres idéologies de synthèse, victimaires et simplistes, notamment la « théorie du racisé » (critical race theory) poindre le bout de leur nez. Ce ne serait pas si grave si elles ne remplaçaient pas l’éducation populaire et la formation au jugement critique. Vous le dites si bien, plus une idée est terre à terre, plus elle se répand.

    Je confesse m’approcher davantage de la gauche (du moins en termes de préférence électorale depuis mon premier scrutin) mais me désolidarise totalement du « gauchisme », de sa morale simpliste et de ses combats contreproductifs.
    J’accueillais à moitié l’argument que vous avancez de l’alliance entre néoféminisme et islamisme, et j’ai lu récemment un article posthume de feu Denis Tillinac sur les nouvelles inquisitions communautaristes, il y faisait remarquer que les Femens ne s’attaquent pas aux mosquées. Il est assez aisé de comprendre pourquoi, encore plus à la lumière des derniers mois.

    La force des algorithmes (« Big Media, Big Tech » comme dirait l’autre sur la sellette, que la majorité du monde a appris à détester) rendra les paroles de raison beaucoup plus dures à relayer. Courage.

    1. A leurs débuts, les Femen s’attaquaient un peu à l’islam et c’est bien le seul mérite que je leur reconnaissais (peut-être sous l’influence de Caroline Fourest quand elle fréquentait Inna S.). Mais depuis, elles ont tourné casaque et préfèrent s’en prendre uniquement à l’homme occidental, vu que ça ne demande aucun courage et ne fait prendre aucun risque – pour une exposition médiatique maximale, ce qui est tout bénéf. Aujourd’hui, le féminisme islamique est LE SEUL porté par la gauche. Il suffit de voir la dernière tribune, lamentable, parue dans Médiapart où Elisabeth Badinter est vilipendée parce que juive et « capitaliste ». Tout l’argumentaire islamo-gauchiste, donc. Le féminisme islamiste est sur la même ligne…

  2. Autre rebondissement « frais » à propos de votre article, alors qu’hier La Grande Librairie de François Busnel invitait justement Pascal Picq et Elisabeth Badinter, en plus de la philosophe/psychanalyste Cynthia Fleury. La dernière, pourtant non revendiquée féministe, énonce le relativisme de la culture, les rôles que celle-ci assigne seraient des prisons, et d’ajouter « qu’elle est plus enviable dans le cas des hommes »… Euh, oui, bon, ben quoi… Pour une spécialiste du « ressentimisme », je ne comprends pas trop l’intérêt de ce comparaison sexuée en termes de souffrance existentielle. De toute façon, une approche scientifique de cette comparaison est devenue ardue vu le rabâchage. L’époque serait-elle devenue intellectuellement fainéante et chacun a-t-il peur de se faire mettre à l’index à la moindre de ses expressions ?

      1. J’ai écouté. 49 mn: Il reconnait qu’il parle de choses (« l’origine de la violence masculine ») qui sont inconnues et qu’on ne pourra jamais déterminer. Tout son discours ne peut donc être par définition qu’un château de cartes, une construction idéologique, bref, des élucubrations : « Tout le jeu des possibles est ouvert, mais on ne peut pas le tester ». 50 mn : il semble découvrir le contrôle des hommes sur les femmes dans le cadre de la reproduction. Il enfonce donc des portes ouvertes, comme je dis dans l’article… Ensuite il délire sur l’oppression universelle des femmes, depuis la préhistoire jusqu’au monde contemporain. Comme si moi, j’étais opprimée… (je lève les yeux au ciel). 53 mn : il rejette immédiatement l’idée pourtant évidente que la maternité puisse donner du pouvoir aux femmes, s’inscrivant là dans le vieux discours féministe victimaire anti-maternité des années 60 et de Françoise Héritier. 1h01: son tropisme gauchiste lui fait mettre sur le même plan la violence islamique et les évangéliques américains anti-avortement. Heureusement, EB le remet en place. Ensuite c’est l’itw de Cynthia Fleury (elle est brillante). Ce qu’elle dit sur la victimisation, le culte de la souffrance (qui serait « pure »), la macération du ressentiment, etc. colle exactement à ce que je reproche aux féministes. « Se définir comme victime, c’est être soumis à un certain type d’aliénation » ; je le note. Et savoir admirer, être capable de discerner la complexité. Renoncer à l’envie de réparation pour sublimer, recréer à la place… elle est géniale. C’est exactement le sens de mon site ^_^

  3. Bonjour, il y aurait énormément de choses à dire, mais je remarque que vous ne comprenez pas toujours ce que vous lisez.
    La phrase  » il existe très peu de représentations de l’évolution humaine où figurent des femmes » ne signifie pas qu’il existe très peu de représentations préhistoriques des femmes, mais qu’il existe peu de modèles produits par les paléontologues et préhistoriens dans lesquels on évoque tout simplement l’existence de deux sexes dans l’espèce humaine, ou l’évolution différenciée de ces deux sexes et la répartition différenciée des tâches (et l’impact que cela a eu sur l’évolution de l’espèce).
    Par ailleurs vous dites que le titre L’Evolution créa la femme est ridicule, parce que « les deux sexes ont évolué tous les deux » (en relation l’un avec l’autre, on peut l’ajouter). Mais rien dans ce titre n’exclut l’idée que les deux sexes ont évolué et il n’a absolument rien de misandre… Ce serait de la misandrie de ne pas mentionner les hommes dans ce titre, de faire un ouvrage sur la manière dont les femmes ont évolué ???
    Ne seriez-vous pas un peu de mauvaise foi ? C’est ce que je crois et espère. Autrement tout cela signifie que vous lisez très mal.

    1. Bonjour, merci pour vos remarques sur le fond.
      1. J’avais très bien compris qu’il ne s’agissait pas que d’art, mais quand on travaille sur les ossements préhistoriques, et que la figure de Lucy est la plus connue de tous les hominidés, il est un peu fort en chocolat d’essayer de faire croire que les femmes préhistoriques sont invisibilisées. Les préhistoriens auraient oublié de parler des femmes ? C’est de la pure parano pour faire de la victimisation facile.
      2. C’est vous qui êtes de mauvaise foi à essayer de nier que Pascal Picq fait du féminisme éhonté, alors qu’il court les médias pour servir partout la même propagande néoféministe victimaire – jusqu’à la caricature. Je ne supporte plus cette pleurnicherie qui ne repose sur rien de scientifique. Mon article est un coup de colère, j’en ai conscience, mais trop c’est trop. Les laïus sur les bonobos et la célébration aveugle des femmes sont juste ridicules.

      1. Il me semble que vous n’êtes pas habilité pour traiter ces questions, notamment pour faire l’épistémocritique de la paléoanthropologie, et que Picq est mieux placé que vous pour savoir si, dans le paysage de la paléoanthropologie, la question des femmes préhistoriques a été négligée ou pas. Cela s’appelle faire un état de l’art. Je doute que vous en ayez dressé un. Cela demanderait bien un mois de recherches à la BNF, pour un non spécialiste. Ensuite, je n’ai pas dit que Picq n’était pas féministe (il l’est visiblement), j’ai dit que faire un ouvrage consacré aux femmes préhistoriques ne pouvait pas être considéré a priori comme un acte misandre. Enfin, vous écrivez dans votre réponse que le modèle de réflexion de Picq « ne repose sur rien de scientifique », mais il suffit de lire ce que vous écrivez sur les hormones pour comprendre que vous, en tout cas, n’avez pas l’esprit scientifique. Je vous signale que ce que vous écrivez sur l’influence différenciée de la « nature » (en gros) suivant le sexe la va complètement à l’encontre de ce qui se dit (et qui est certainement à nuancer d’ailleurs) sur la différence biologique des sexes, à laquelle vous semblez pourtant tenir. A savoir que les hommes seraient caractérisés par la « virilité » biologique : supériorité physique incontestable, besoins sexuels (sublimés ou pas en œuvre civilisatrice), combattivité, etc. Si vous postulez une telle différence entre les sexes, une répartition des rôles sociaux liée à un destin biologique, vous ne pouvez pas soutenir que les hommes ne sont pas le jouet des forces mystérieuses de leur corps.
        On peut faire une overdose de déconstruction (cela m’arrive et c’est vrai qu’en ce moment la production de ce type de savoir académique est très élevée par rapport à ce qu’il en était il y a vingt ans et plus), mais il conviendrait aussi de ne pas se braquer. Que visez-vous ? Avancer ou polémiquer ? Je crois qu’il faut rester critique à l’égard de ces propos censés jeter un pavé dans la mare. Se méfier de tout ce qui est spectaculaire. Ne pas confondre, par ailleurs, la « promo » d’un ouvrage (toujours à l’emporte-pièce) et le contenu de l’ouvrage lui-même. Mais il faut aussi réévaluer en permanence la légitimité de ses propres croyances. Bref, dans les discours qui nous perturbent, il y a généralement des choses à prendre et à laisser. Ne vous laissez pas aveugler par les choses à laisser (dont je ne nie pas l’existence), vous risquez de passer à côté de ce qui est intéressant.

        1. Je ne me pose pas ici en paléo-anthropologue : je ne le suis pas.
          Par contre, je connais très bien le verbiage néo-féministe, de même que sa grille de lecture binaire et victimaire, reprise désormais par des cohortes d’universitaires que plus rien ne distingue de la militante féministe 2.0. Et comme vous le voyez au ton de cet article, je suis excédée de voir un représentant du Collège de France reprendre à son compte cette pensée simpliste pour venir nous la servir dans tous les médias comme s’il venait d’inventer la roue.
          Ce sur quoi se base cet article, c’est la campagne de presse de Pascal Picq : j’ai parcouru plusieurs articles où le même argumentaire militant est repris et asséné jusqu’à la caricature.
          Déjà, parler de « patriarcat » à la préhistoire, ce n’est pas de la science, c’est de l’idéologie. Le « patriarcat » est un concept fumeux inventé par les féministes radicales dans les années 1970 pour faire payer à la gent masculine dans son ensemble leurs petites turpitudes personnelles et leurs troubles paranoïaques. Il n’est pas besoin d’être paléoanthropologue pour savoir que c’est indémontrable à la préhistoire et qu’exploiter ce vocabulaire pour attiser la guerre des sexes et la complainte victimaire néo-féministe, ce n’est pas faire de la science mais de la politique.
          Ne vous inquiétez pas pour Pascal Picq, je suis la seule à avoir pris la plume pour dénoncer son discours et il est actuellement un prince en son royaume puisqu’il incarne la doxa contemporaine dans ce qu’elle a de plus conformiste et rebattu : il suffit de dire que les femmes sont « invisibilisées » ou venir faire la promotion du bonobo pour se faire bien voir. Il n’y a peut-être que sur moi que ça me marche pas.

          1. La « paléoanthropologie féministe » est en soi une imposture scientifique. Le féminisme n’est qu’une posture idéologique, un militantisme politique qui ne devrait rien avoir à faire dans la recherche scientifique. Il est là, le problème. Françoise Héritier a raconté des énormités, son élève Priscille Troufaille s’est ridiculisée avec son « patriarcat du steak » ; il va vraiment falloir que les préhistoriens abandonnent cette grille de lecture réductrice et intenable sur le plan intellectuel, au risque de passer pour des clowns dans quelques décennies.

            Par ailleurs, je ne comprends pas ce que vous voulez dire sur les hormones masculines.
            Ce que je dis, moi, c’est que la testostérone sera toujours plus forte que le féminisme et qu’elle le renverra toujours dans les filets. La différence biologique entre hommes et femmes est un fait : le cerveau masculin est irrigué par la testostérone foetale dès la gestation, ce qui n’est pas le cas du cerveau féminin. Il s’ensuit entre autres le dimorphisme ainsi que la force musculaire et les pulsions violentes masculines, que tout le travail civilisationnel s’est efforcé de domestiquer pendant des millénaires.
            Le féminisme lesbien dans sa variante trans en est aujourd’hui à se goinfrer de testostérone, preuve qu’elles savent très bien qu’il est là, leur problème et que toute leur propagande idéologique s’effondre devant l’évidence et la puissance de cette hormone.
            C’est aussi pourquoi le fantasme des féministes est de déviriliser totalement les hommes, d’exterminer en eux toute forme de masculinité (dite « masculinité toxique »), ce qui est en soi une entreprise scandaleuse et un véritable crime contre l’humanité. Mais le féminisme est un totalitarisme et un anti-humanisme, ce que bien peu perçoivent encore.

    1. Un grand merci pour ce lien avec ces analyses de connaisseur.
      Cela souligne une fois de plus les sorties de route épistémologiques que provoquent immanquablement les références complètement déplacées au marxisme, à Bourdieu ou au féminisme chez les préhistoriens. J’avais déjà lu des choses (peut-être sur ce site, d’ailleurs) sur les surinterprétations des sépultures où, à partir de quelques ossements dont on peut parfois à peine déterminer le sexe, on échafaude des constructions sociales complètement fantasmatiques.
      L’idéologie féministe, qui est purement du gauchisme, est toujours très mauvaise conseillère pour un scientifique. Rechercher la « domination masculine » à partir des postulats de Bourdieu ou de la French Theory de la seconde moitié du XXe siècle est une entreprise ridicule. J’espère vraiment qu’un jour, cela sera enfin remis à plat. Dès que Picq se met à égrener les lieux communs du féminisme victimaire, il raconte n’importe quoi et se contredit lui-même, c’est terrible.

  4. Pascal Picq vient de récidiver avec un nouvel opus « comment la modernité ostracisa les femmes ». Comment peut on écrire une chose pareille !!
    Par honnêteté et curiosité je vais le lire avant de commenter davantage….

    1. Oui, j’ai vu passer ça… Je n’ai pas tellement le courage de m’infliger un tel brouet – mais si vous voulez revenir en parler ici, n’hésitez pas.

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