La femme antiféministe, épine dans le pied des féministes

Je suis assez ravie de voir la panique s’emparer de la forteresse féministe. Habituées à éreinter sans états d’âme les porteurs de pénis ou à dérouler sans complexes leur misandrie et leurs délires de persécution tous azimuts, les féministes se retrouvent beaucoup plus mal à l’aise devant les femmes qui osent rejeter fermement leur embrigadement forcé, entendent penser par elles-mêmes ou, comme moi, se torchent allègrement avec leur « sororité », cette foutaise directement empruntée au langage des sectes, en particulier la secte islamiste.

Je vois passer ce matin un article qui cite en titre le nouvel ennemi :  « Christine Bard : Les femmes antiféministes, ce n’est pas nouveau ». Il s’agit d’une interview donnée à l’occasion de la sortie d’un ouvrage universitaire (ou plus exactement idéologique du genre) : Antiféminismes et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, Paris, PUF, 2019.

Alors en effet, ce n’est pas si nouveau. On connaissait l’ouvrage écrit en 1983 contre ces femmes par la féministe radicale Andrea Dworkin, Les Femmes de droite – un pensum haineux traduit en français en 2012 et préfacé par Christine Delphy, une de nos radfem nationales. Le féminisme gauchiste qui s’y étale complaisamment va immédiatement nourrir l’armée des néo-féministes francophones qui, sous l’égide de l’officine d’état Osez le féminisme (et de quelques autres) va vite monter en puissance avec l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012.

Mais les femmes antiféministes ne sont pour autant pas encore un phénomène correctement appréhendé par les féministes. Il faut dire d’emblée qu’étant formatées par leur idéologie très marquée à gauche – à base de lutte des classes appliquée à la lutte des sexes, de marxisme culturel, d’idéologie du genre, de pleurnicheries antipatriarcales, d’écriture inclusive et autres billevesées victimaires, les féministes mainstream ont très peu de chances d’aborder convenablement le phénomène et encore moins de le comprendre. Qu’une femme puisse penser en dehors des clous – out of the box – n’est absolument pas prévu dans leur grille de lecture antipatriarcale, autocentrée et misérabiliste de l’univers.

Il faut ajouter ici que le féminisme est en soi une des pires illustrations du conformisme intellectuel que d’aucuns sont parfois tentés d’attribuer à la gent féminine en général. Et force est de constater que ce n’est, hélas, sans doute pas complètement faux. Les femmes se lèvent toujours toutes en choeur en levant leur petit poing rageur aussitôt qu’un combat est remporté depuis longtemps – par les hommes, justement. Plus le féminisme est la pensée dominante et obligatoire et plus les femmes hurlent qu’elles sont opprimées et redoublent de criailleries : c’est le genre de « combat » confortable qui ne coûte absolument rien. Le business du marketing publicitaire, qui l’a bien compris, exploite à fond le filon féministe victimaire revanchard pour vendre des gammes complètes de produits inutiles, coûteux, toxiques et polluants à des dindes trop contentes de se faire plumer tout en levant leur petit poing (clip « Viva la Vulva » de la marque Nana). Les publicistes auraient bien tort de s’en priver.

Mais venons en aux arguments de Christine Bard.

L’épouvantail masculiniste

  • « Les ennemis du féminisme sont pluriels et puissants. (…) La chercheuse appelle à la vigilance », nous annonce en préambule Grazia, gazette féministe militante, donc absolument pas objective. On retiendra tout de même la frayeur qui semble s’être emparée de la forteresse. Le camp autoproclamé du Bien a peur.  Il était temps et je m’en réjouis.
  • C. Bard affiche juste après son incompréhension du sujet lorsqu’elle affirme que les antiféministes ne s’assument pas comme tels. C’est faux. Pour ma part, je clame haut et fort mon antiféminisme et me revendique de ce qui est prioritairement pour moi un combat contre la bêtise et la manipulation. Je n’ai donc aucune intention de « ruser » comme elle le prétend. Une des raisons qui peuvent toutefois expliquer que certains hésitent à s’afficher antiféministes est l’attitude totalitaire, haineuse et méprisante des féministes – notamment universitaires – envers tous ceux qui osent critiquer la sainte doctrine.
  • Elle dit ensuite que les antiféministes se disent masculinistes, ce qui démontre encore son ignorance du terrain. Par exemple, moi je ne ne suis pas masculiniste. Je partage totalement leur critique du féminisme, mais je ne les suis plus quand ils sont misogynes.
  • Elle ment effrontément quand elle affirme qu’aucune étude ne montre que les hommes puissent être socialement inférieurs aux femmes. Alors, c’est sûr que ce ne sont pas les travaux issus des laboratoires des Gender Studies qui vont s’emparer de ce sujet – puisqu’il y règne une véritable terreur féministe. L’emprise du féminisme est d’ailleurs devenue un véritable fléau dans la quasi totalité des laboratoires de recherche des pays occidentaux comme le montre cette interview réalisée par Peggy Sastre, « Quand des féministes harcèlent des scientifiques ».  La réalité concernant les hommes est pourtant décrite dans cet article, « Fin du patriarcat : Les hommes font l’expérience d’une forme de déclin » ou dans les travaux de la philosophe américaine Christina Hoff Sommers, qui n’est pas la seule à s’être emparée du sujet.
  • Sur son mépris envers « les droits soi-disant bafoués des pères divorcés » et sur  « l’intersectionnalité des haines » (masculine, blanche, hétérosexuelle) – ce vocabulaire montrant au passage qu’elle est acquise au féminisme intersectionnel indigéniste, véritable déroute intellectuelle raciste et sexiste –, je laisse les concernés répondre et préfère pour l’instant me concentrer sur le paragraphe qui suit, consacré aux femmes de mon espèce.

Les femmes antiféministes, révélateurs de la confusion intellectuelle féministe

  • La démonstration commence par une énorme mystification. C. Bard « s’étonne que des femmes puissent être hostiles aux droits des femmes » – comme s’il était question de cela ! Aucune antiféministe ne s’oppose évidemment aux droits des femmes, c’est même tout le contraire : nous sommes toutes pour l’équité et l’égalité en droits, c’est la base ! C’est même le nom donné à l’Equity feminism défendu par Christina Hoff Sommers, en opposition aux délires du Gender Feminism ! Elisabeth Badinter (que les nouvelles féministes traitent de masculiniste) s’inscrit elle aussi dans cette optique. Je considère pour ma part que l’égalité en droits étant obtenue, le néo-féminisme n’est plus qu’un fatras idéologique prospérant sur un cadavre en décomposition (le féminisme).
  • Ce préambule fallacieux donne alors l’occasion à C. Bard de divaguer sur la nature de la femme. C’est tellement amusant que je vais citer le passage en entier avant d’en pointer les incohérences : « Mon interprétation, c’est qu’une femme n’est jamais uniquement une femme ; elle est fabriquée, comme un homme, par des déterminations sociales de classe, d’origine, ainsi que par des choix philosophiques, politiques… L’antiféminisme des femmes est souvent dicté par des engagements idéologiques et religieux déconnectés de leur identité de femme ».
  • « Déconnectés de leur identité de femme », donc. Laquelle identité serait, si l’on en croit la doctrine idéologique du genre énoncée juste avant, une simple construction sociale, philosophique, etc.  Mais alors, en quoi une femme antiféministe serait-elle déconnectée de sa détermination sociale et philosophique ? Il y aurait une « bonne et juste » détermination sociale, celle qui vous ferait avaler tout cru les couleuvres féministes, et une « mauvaise et coupable » détermination sociale, celle qui vous ferait passer ces mêmes salamalecs au filtre de la raison critique ? Cela n’a aucun sens !
  • A moins que… cette « identité de femme » ne soit en réalité son sexe biologique ? Ceci contredirait directement l’idéologie du genre affirmée juste avant et cela supposerait aussi dans l’esprit de l’auteur une confusion absurde entre « femme » et « féministe ». Une femme en accord avec son identité biologique de femme ne pourrait être que féministe –  comme si le premier impliquait le second ! J’ai maintes fois moqué cette confusion intellectuelle visant à confondre « femme » (un sexe biologique et  social) et « féministe » (une idéologie devenue crasse). Est-il possible que cette confusion se rencontre sérieusement sous la plume d’une universitaire ?

La question de l’anonymat

J’en arrive au dernier point abordé dans l’interview, celui de l’antiféminisme digital et de l’anonymat. Si l’auteur déplore, comme on pouvait s’y attendre, l’anonymat, je tiens pour ma part à le défendre vigoureusement – en particulier sur cette question de l’antiféminisme.

C. Bard déplore le cyber-harcèlement imputé aux masculinistes…  en oubliant sciemment le cyber-harcèlement violent, permanent et toujours impuni des féministes et autres SJW continuellement déchaînés sur les réseaux sociaux (voir par exemple « La « culture du viol », une culture féministe du harcèlement et du lynchage »).

Comme on l’aura noté, je ne cherche moi-même qu’à apporter modestement ma pierre à la circulation des idées et je ne vois pas du tout ce que j’aurais à gagner à me faire attaquer gratuitement sur ma personne, mon physique, mon histoire, ma vie privée, etc.

Je sais très bien que mes opposants ne jugent pas les idées mais les personnes – en fonction de leur sexe, leur race, leur couleur de peau, leurs convictions politiques, leurs occupations, leur orientation sexuelle, leur situation maritale, leur adresse, leur nom, etc.  Les néo-féministes en particulier ont ce besoin viscéral d’assigner leurs interlocuteurs et de les essentialiser – en totale contradiction avec les principes humanistes et universalistes auxquels j’ai été formée. Dans la mesure où mes propos ne contreviennent aucunement à la loi ou à l’ordre public, j’estime que je n’ai pas à en dire plus sur mon identité.

Je ferai enfin remarquer aux féministes que, malgré le fait qu’elles incarnent la pensée la plus mainstream et la plus conformiste qui soit, elles aussi recourent parfois à l’anonymat. C’est le cas par exemple de ce collectif d’anonymes (Lilith’s Revolution) qui édite des visuels radfems ou de ces manifestantes à Zurich le 14 juin 2019 :

Journée suisse de la Pleurnicherie Universelle (Zurich, 14 juin 2019)

Je suis évidemment pour que ces féministes aient le droit de dire tout ce qu’elles veulent dans l’anonymat – et naturellement, pour avoir moi aussi le droit de leur répondre de la même manière. Tout cela fait partie de la liberté de pensée et d’expression !

Vive le pseudonymat !

D’une certaine manière, je rejoins la position d’Élisabeth Badinter quand elle dit : « Je trouve la proposition de Xavier Bertrand raisonnable, à savoir que tous ceux qui s’inscrivent sur les réseaux sociaux devraient fournir leur véritable identité, quitte à prendre ensuite un pseudonyme ». Ne faisant rien d’illégal et n’ayant rien à me reprocher, je n’aurais aucun problème à fournir mon identité, du moment qu’elle n’est pas publique. Je ne vois pas en effet ce que j’aurais à gagner à subir le lynchage féministe…

[à suivre…]

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L’antiféminisme aujourd’hui

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https://www.contrepoints.org/2021/03/08/392729-liberation-des-femmes-la-doit-on-vraiment-aux-feministes

22 réponses sur “La femme antiféministe, épine dans le pied des féministes”

  1. Bonjour, je partage à 100 % votre avis sur la question de l’antiféminisme ! Je suis un homme de 76 ans… et je rejette toute idée de haine envers qui ou quoi que ce soit. Je suis pour le maximum d’égalités possibles qui soient entre les femmes et les hommes ! mais une femme n’est pas  »égale » à un homme… dans l’absolu ! Les femmes ? quelles merveilles ! Les  »Féministes radicales » ? Quelles hontes de l’humanité !

  2. Bravo Madame pour ce texte! Je suis heureuse de savoir que je ne suis pas seule à penser que le féminisme intersectionnel n’a rien d’utile aux femmes « normales ». Personnellement, je crois que cette forme de néo-féminisme relève presque de la maladie mentale. Les hommes et les femmes seront toujours différents et c’est parfait comme ça. Il serait tellement plus constructif de trouver et mettre en place des relations ou partenariats basés sur le respect mutuel des forces et différences de chacun. Nos hommes ont du mal à être des hommes et/ou des pères à part entière. Ils n’osent plus être galants, ni même jeter un regard appréciateur sur une femme. Comprenons bien que des écoeurants, il y en a et en aura malheureusement toujours. Mais maintenant, bien des femmes n’ont franchement rien à envier aux écoeurants mâles. À la limite, certaines sont encore pire. Il est impératif de réinstaurer un sain équilibre des relations interpersonnelles et les féministes ne font rien pour aller dans ce sens.

  3. Bonjour à vous toutes et tous.. J’ai un message des plus importants à communiquer principalement à la Femme. Ce message (produit de plus de 50 ans de recherche fondamentale en Psychanalyse) a fait l’objet d’un manuscrit tout juste terminé et donc en quête, maintenant, d’une issue (éditeur ou autres ?), son titre « La Femme expliquée aux hommes » sous titré « Défi à la Pensée humaine ». Je pense que les éditeurs censureront cet écrit car il remet en question la position prise par les hommes depuis… »Adam et Ève » où, les hommes écrivant l’Histoire, ont fait porter à la Femme… la FAUTE ! Alors que cette Faute originelle a pour Cause-première Adam, c’est-à-dire l’homme. Ce ne sont pas des hommes (qui détiennent encore et toujours les rênes des divers pouvoirs) qui favoriseront la publication de telles idées développées dans mon écrit… qui devrait intéresser des Mouvements féministes. Qui peut me conseiller les portes où frapper ? Merci par avance. Bien cordialement à Vous / Jean

  4. A partir du moment où l’on prend parti « pour » ou « contre » quoi que ce soit…(l’homme ou la femme) on se retrouve dans la subjectivité de l’Erreur. Il faut absolument sortir de cette bipolarité, de cette mortelle Dialectique qui fait le jeu de nos Sociétés occidentales fondées sur l’Erreur justement. Il existe un autre « pôle » que la droite ou la gauche qui n’est pas « entre les deux » mais qui est FUSION des contraires. Je sais.. notre Pensée Occidentale n’est pas habituée à cette Idée fusionnelle qui constitue l’OBJECTIVITÉ; mais, il faut la redécouvrir. Là est LA solution du monde occidental. J’en témoigne depuis les années 70 et ne rencontre que la censure… Je persiste et signe. Ayez confiance… il n’y a pas de piège en cette Voie là, fusionnelle.

  5. Je comprends pas pourquoi il y a tjs des oppositions. Il faut des féministes et il faut des masculinistes aussi. Et comme le dit bien l’auteur, on est « pratiquement » tous pour une équité et l’égalité des droits (c’est la base). MAIS je pense que le plus gros des problèmes ca reste tjs une bonne EDUCATION de feu + un meilleur système démocratique (#agora) qui permettrait de revendiquer bien plus efficacement ! ( comme qui dirait un gars d’internet : notre impuissance politique est écrit dans la constitution…)

  6. Il est rassurant de voir que cetaines femmes peuvent se libérer de l’asservissement du féminisme ! Car il est décevant de voir que dans notre société de 2020, il est impossible pour une femme de réussir socialement si elle ne se réclame pas du féminisme (Cf. nos femmes politiques, nos artistes (et particulièrement les humoristes) femmes, nos romancières, nos scientifiques …

    1. Oui, effectivement, c’est comme un nouveau parti communiste. Hors de l’adhésion au dogme féministe, point de salut (« Ouin ouin, je suis opprimééée »). En tant que femme, je trouve cela insupportable et avilissant. Interdiction de penser et de juger de sa propre vie par soi-même ; il faut toutes bêler comme des brebis dans le sens du vent. La conformisme des femmes envers le féminisme illustre malheureusement l’assertion misogyne des masculinistes quand ils pensent que le femmes sont par nature grégaires, conformistes et conservatrices :/

  7. Mouais en gros vous êtes des féministes aussi, moi je connais des vrais anti féministe, celle là ne sont pas pour le mensonge de l’égalité, bien qu’il y en est qui savent faire semblant. En tout cas vous vous dites anti féministes mais vous l’êtes

    1. Le « mensonge de l’égalité » ? Expliquez-moi ça…
      Non mais allez-y, donnez-moi vos arguments.
      Je pense qu’il y a un sérieux problème chez une partie des mascus avec cette question, j’ai bien envie de faire un petit article sur la « Charia blanche ».

      1. Ce que j’adore surtout, c’est quand les autres « décident » à votre place ce que vous êtes (féministe, donc, partisan(e) d’une idéologie stupide et misandre), « parce qu’il » existe une définition (parmi d’autres) dans le dictionnaire.
        (A quoi je réponds souvent Vous êtes pour la justice sociale et la paix dans le monde? Donc vous êtes communiste. (Car c’est moi qui le dis.))

        1. Comme je le dis dans mon article, je considère que cette catégorisation est nulle et non avenue. « Masculiniste » ne veut absolument rien dire, c’est juste un terme inventé par les féministes pour stigmatiser, discréditer et salir leurs opposants car elles ne supportent aucune forme de contradiction. Des femmes comme Elisabeth Badinter, Natacha Polony ou moi-même sommes traitées de masculinistes; ça ne veut juste rien dire.

  8. Vous dites « moi je ne ne suis pas masculiniste »
    Moi non plus, car je suis masculiste : feministe ->masculiste
    masculinisme->fémininisme (deux mots ridicules)
    Le mot masculiniste (ridicule) a été inventé par des féministes , parait il pour se moquer de ces hommes nostalgiques des temps d’avant le féminisme et curieusement ceux-ci l’ont repris à leur compte.
    Je ne suis pas nostalgique du tout de ces temps là, où les jeunes hommes allaient unilatéralement se faire massacrer à la guerre en 1914-18 par exemple. Où ils acceptaient sans broncher de sacrifier leur vie pour des femmes sur le Titanic par exemple. Moi, jamais je ne sacrifierais ma vie pour une femme (qui ne serait de ma famille).
    Les féministes réclament l’égalité homme/femme, hourra ! Il faut maintenant exiger que les femmes aillent aussi se faire trouer la peau dans les guerres. Les féministes inventent le mot « féminicide », hourra ! Il faut maintenant exiger que les médias emploient le mot « masculicide » chaque fois qu’un homme est assassiné. Les féministes étendent la notion de viol à des femmes qui ne se défendent pas mais qui sont « sidérées » hourra ! il faut enfin condamner des femmes pour viol sur des hommes plus musclés, certes, mais « sidérés » eux aussi. etc, etc …
    Vraiment, je ne comprends pas très bien les réactions de ces « masculinistes » mais que vive les masculistes.

  9. En janvier dernier, la Youtubeuse Virginie Vota a publié une vidéo dans laquelle elle expliquait pourquoi elle n’était plus antiféministe. Je ne peux pas mettre le lien vers celle-ci, car elle a visiblement supprimé sa chaîne entre-temps ; en revanche, le Consul Pazen l’a commentée et la sienne est toujours en ligne : https://youtu.be/LiHkDuqzATM?si=k_pWYzFdBGzn14a7. Je précise ici que je n’ai pas pu voir la vidéo originale en entier avant que la chaîne ne passe à la trappe.

    On peut tout d’abord noter qu’elle dit être toujours convaincue qu’il « n’existe pas d’égalité en tous points de vue entre les hommes et les femmes, mais plutôt une complémentarité » (à 6:19), ce qui l’éloigne déjà de bon nombre de féministes de gauche (soit, ce me semble, la grande majorité), qui pour beaucoup adhèrent à cette stupide théorie du genre.

    Elle indique ensuite qu’elle « irait même jusqu’à dire que les hommes disposent effectivement de certains privilèges ». Les exemples qu’elle donne sont hétéroclites : « c’est la femme qui assume intégralement le grossesse, l’accouchement, le post-partum et toutes les conséquences qui en découlent pour sa santé, son corps, sa psyché, mais aussi dans le monde professionnel », ce dont nul n’est responsable si ce n’est la biologie (et à la limite, pour ce dernier point, le capitalisme comme l’indique Pazen un peu plus loin).

    Elle parle ensuite de la « pression » que les femmes subissent concernant l’éducation des enfants ou le « syndrome de la mère parfaite ». Elle cite à l’appui de ce propos une étude réalisée par le site Parents (https://www.parents.fr/actualites/etre-parent/17-des-meres-disent-parfois-regretter-davoir-eu-un-enfant-selon-notre-etude-1046987) indiquant que l’accompagnement psychologique post-partum est apparemment insatisfaisant (mais qu’il est à présent obligatoire, ce qui est déjà une bonne chose, et la consultation d’un psychologue ou d’un psychiatre a toujours été possible), et une autre de l’Université du Québec (https://www.orfq.inrs.ca/mere-dun-enfant-avec-tsa-le-fardeau-de-ne-jamais-etre-assez-bonne) concernant les parents d’enfants atteints d’autisme, précisant que les mères se sentiraient coupables de ne pas en faire suffisamment en pareil cas. Ladite étude dit également, chose amusante, que « Les mères effectuent la plus grande part du travail invisible de soins et quittent souvent leur emploi, tandis que les pères s’investissent davantage dans leur travail pour contrebalancer la diminution du revenu familial ». Elle admet donc bien que les deux parents se retrouvent à travailler davantage, chacun dans un domaine différent…

    Elle évoque ensuite le harcèlement sexuel au travail, en montrant une étude de l’INRS (https://www.inrs.fr/risques/harcelements-sexuel-agissements-sexistes/chiffres.html) qui, ironiquement, précise que « Si les études montrent que le harcèlement sexuel et les agissements sexistes concernent en majorité les femmes, tous les salariés peuvent être concernés » et indique entre autres que « 17 % des femmes se disant victimes de comportements hostiles l’attribuent au fait qu’elles soient des femmes, contre 3 % pour les hommes (en 2016) ». L’attribuent… à tort ou à raison pour le coup, car le déclaratif doit être pris avec une certaine distance, comme l’a déjà dit Stéphane Édouard.

    À ce stade, Pazen fait à juste titre remarquer que la grande majorité des travaux dangereux et/ou physiquement éprouvants sont accomplis par des hommes. Ce à quoi on peut, il est vrai, lui répondre qu’il s’agit d’un choix de leur part, tout comme les femmes s’orientent volontairement vers des filières moins rémunératrices car elles les attirent davantage – ces deux situations étant d’ailleurs probablement liées. Ceci étant, cette notion de choix est relative car un employeur recherchant à pourvoir un poste nécessitant une certaine force physique privilégiera très probablement un homme, quand bien même il pourrait également choisir une femme – ce qui reste improbable car elles sont peu attirées par ces professions, qui doivent néanmoins bien être exercées. J’ajouterai également qu’en cas de conflit, la mobilisation militaire ne concerne encore que les hommes dans la grande majorité (voire la totalité?) des pays, et on ne peut par définition parler ici de volontariat.

    Elle revient ensuite sur les difficultés, pour les femmes, à être aussi professionnellement performantes que les hommes malgré « les difficultés liées aux cycles hormonaux, le fait que le corps doit se remettre d’un accouchement, que la charge mentale et le soin des enfants ainsi que les tâches ménagères reviennent en majorité aux femmes ». Pazen dit alors, avec raison, qu’elle critique en fait le libéralisme. J’ajouterai qu’elle n’évoque pas (en tout cas dans le long extrait montré par Pazen) les congés maternités, dont l’efficacité peut certes être discutée mais qui sont censés permettre de « se remettre d’un accouchement », précisément… Et qu’il reste la possibilité de se mettre à temps partiel comme l’indique un autre article du présent site ; possibilité soumise, il est vrai, à l’accord de l’employeur.

    Par ailleurs, la dépendance financière à l’égard du conjoint induite par ledit temps partiel (voire par l’arrêt total de l’activité professionnelle) est elle aussi au moins partiellement contrebalancée par la prestation compensatoire et, le cas échéant, la pension alimentaire – solutions certes imparfaites, mais, tout comme l’ex-mari (ou parfois, car cela arrive, l’ex-épouse) peut se révéler mauvais payeur, les aléas de la vie professionnelle peuvent aussi conduire à la perte d’un emploi, sauf à la limite dans la fonction publique, qui ne constitue donc pas non plus une sécurité totale. Cela suppose cependant un lien officiel (mariage ou PACS).

    À ce stade, Virginie Vota se distancie à nouveau des féministes de gauche en indiquant que « ces inégalités […] justifient des combats pour penser autrement l’organisation de la société, qui est qualifiée de patriarcale par les féministes ». Visiblement, elle ne souscrit pas totalement à cette dernière idée – ou peut-être ne l’assume-t-elle pas ?
    Elle affirme ensuite que les violences faites aux femmes sont « assez invisibilisées et […] banalisées » (voir à 11:00), ce qui m’a fait penser à la vidéo qu’a consacré Mos Majorum au gynovictimisme : https://odysee.com/@mosmajorum:5/gynovictimisme-les-femmes-sont-les:5?r=6sRtJ67fnxCLxMhNKUuPa3zZyizsVE8C.

    En somme et mis à part ce dernier point, elle tombe dans un des travers classiques du féminisme en ignorant, volontairement ou non, les situations dans lesquelles les femmes sont avantagées. Moi qui évoquais tout à l’heure Stéphane Édouard, j’ajoute ce passage d’une de ses vidéoscopies dans laquelle il commente les premiers pas dans l’escorting d’une étudiante, qui raconte son expérience dans l’émission Ça commence aujourd’hui : https://youtu.be/cyOlZjIS8I8?si=sSxjJ2Xo2Ys2kqFN&t=642. Il y souligne qu’il lui a suffi de poster une annonce sur un site « adapté » pour obtenir, en deux ou trois jours et de son propre aveu, de nombreuses propositions, malgré un physique somme toute assez banal. Il met cela en balance avec les innombrables hommes créant des profils sur des sites de rencontre, sans jamais avoir le moindre retour en raison de leur situation économique, de leur emploi ou de leur apparence.

    Le même Stéphane Édouard a aussi répertorié les vingt raisons pour lesquelles il est selon lui plus difficile, au XXIème siècle en occident, d’être un homme qu’une femme (https://www.hommesdinfluence.com/articles/22734_avantages-etre-une-femme.html) et évoque des exemples d’avantages plus ou moins importants dont certaines de ses abonnéEs ont pu bénéficier de la part d’hommes et dont elles lui ont fait part dans cette vidéo : https://youtu.be/tT1o01TRJZM?si=7UJXenT2meNBZYS5. On peut contester son propos, mais on ne peut nier qu’il soit étayé. En tout état de cause, il démontre que chacun des deux sexes a ses avantages ou, pour reprendre le vocabulaire des féministes et de Vota, des « privilèges » – et ceux des femmes surpassent à l’heure actuelle, de son point de vue, ceux des hommes.

    Vota revient ensuite sur le statut de femme au foyer, affirmant qu’il est « très périlleux » en l’absence d’un contrat, ce qui rejoint plus ou moins ce que je disais plus haut.

    Ce commentaire étant déjà très long, je passerai rapidement sur l’article que le site Agoravox a consacré au sujet (https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/soutien-a-la-videaste-virginie-259178) et qui indique que Vota s’est vue accusée d’être devenue « woke », ce qui est idiot comme il ne manque pas de le signaler, car elle fait tout de même preuve de nuance comme je l’ai précédemment souligné. Le rédacteur se dit favorable à une revalorisation du statut de femme au foyer, tout en ajoutant que « la mise en place d’un tel modèle ne peut qu’être consécutive à une restructuration à la fois politique, sociale et morale de notre pays » car « l’instaurer dans la France actuelle aurait pour conséquence d’amplifier davantage l’appel d’air auprès des pays du Sud global et de donner lieu à une immigration massive et assumée de peuplement. » et qu’« En France même, c’est dans les territoires les plus pauvres et culturellement hétérogènes que s’observerait un pic de fécondité dans l’objectif de prétendre à ce statut de mère au foyer et aux rémunérations afférentes ». Ce n’est pas moi qui lui donnerai tort sur ce point.

    J’aimerais avoir l’opinion de la propriétaire des lieux sur tout ceci – propriétaire chez laquelle un tel revirement me paraît hautement improbable.

    PS : je mets régulièrement à jour ma copie de votre site^^

    1. Très intéressant. Merci pour cette analyse détaillée.
      Je ne connais pas tout de Virginie Vota, en particulier les éléments de sa vie privée qui auraient pu expliquer ce revirement. Sachant donc très peu de choses d’elle, de sa véritable personnalité ou de sa situation personnelle, les hypothèses qui me viennent spontanément à l’esprit sont les suivantes:
      – elle fait une dépression post-partum, et donc un plongeon dans une forme de dépression typiquement féminine – sachant que je considère l’idéologie féministe comme l’autre nom de la dépression féminine.
      – elle n’assume plus le qualificatif d’antiféministe car, fragilisée par son baby blues, elle n’a plus les épaules psychologiques : elle rentre alors dans le rang et se complait dans un conformisme mental de petite bourgeoise bien sous tous rapports.
      – elle envisage de faire carrière dans le privé (ou dans le public), or se déclarer antiféministe sous son nom propre est la certitude de voir TOUTES LES PORTES SE FERMER professionnellement. C’est une réalité incontestable. Etant peut-être fragilisée psychologiquement par sa maternité, elle ne se sent pas la force de subir en plus cette mise à mort sociale (ce qui peut se comprendre).
      – elle est jalouse de Thaïs d’Escufon (ou en concurrence avec elle) et sentant qu’elle ne fera pas le poids sur le long terme, elle préfère jeter l’éponge.
      – il y a déjà de l’eau dans le gaz dans sa vie de famille et elle s’est fait retourner la tête par les féministes qui font systématiquement porter le chapeau aux hommes. Peut-être prépare-t-elle déjà le terrain pour jouer la victime au tribunal d’ici quelques mois ?

      Est-ce que ceux qui la connaissent mieux que moi ont d’autres explications ?

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