Pascal Bruckner : « Le nouveau puritanisme ne diabolise plus la femme, mais l’homme »

 

Pascal Bruckner : «Le nouveau puritanisme ne diabolise plus la femme, mais l’homme»

LE FIGARO. – Le mouvement mondial de lutte contre le harcèlement met en avant la liberté des femmes et n’entend nullement réfréner la sexualité. Peut-il être qualifié de « puritain » ?

Pascal BRUCKNER. – Ce mouvement n’est pas mondial. Il ne prend qu’en Occident, là où est né le mouvement d’émancipation des femmes. Il prouve que le patriarcat est très sérieusement écorné dans nos sociétés. C’est la fameuse loi de Tocqueville : ce ne sont pas les peuples miséreux qui se révoltent mais ceux qui vont mieux. Les femmes s’insurgent à juste titre contre les agressions dont elles sont victimes parce qu’elles jouissent déjà d’un pouvoir et de droits considérables. Le progrès de la liberté des femmes va de pair avec la haine envers les femmes libres de la part de ceux qui veulent les punir de relever la tête. Le ressentiment de certains hommes à leur endroit s’apparente à la fureur d’un propriétaire réagissant à l’abolition de l’esclavage. Si puritanisme il y a, il est post-pornographique et inclut la révolution sexuelle. Les procès médiatiques, surtout aux États-Unis, sont une course aux détails scabreux : la tache de sperme sur la robe de Monica, la fellation dans le Bureau ovale, les propositions impudiques. On se régale du péché qu’on feint de condamner. Sous la réprobation affichée, il faut entendre la délectation ressentie, le triomphe d’une pudibonderie lubrique. Le sexe est vu comme un besoin irrépressible qui tue toute forme d’implicite. On ne prend plus de gants, on n’y met plus les formes. Il y a une différence entre l’expression française « faire l’amour », acte plus ou moins civilisé, et le « have sex » , très cru des Américains, simple assouvissement d’une pulsion. À de rares exceptions près (Woody Allen, Clint Eastwood), les films hollywoodiens oscillent entre la romance sirupeuse et la brutalité érotique : des gens au bord de l’ébullition sont obligés de se jeter les uns sur les autres pour satisfaire leurs envies. On regrette les longs-métrages classiques où les amants s’abandonnaient avec élégance. L’ancien puritanisme voyait dans la femme la tentation diabolique ; le nouveau a transféré cette méfiance sur l’homme. On a changé de malédiction mais non de mentalité.

Pensez-vous que le mouvement aille trop loin ?

Balance ton porc a permis à d’authentiques victimes de sortir de la terreur et de dénoncer leurs agresseurs ; mais le mouvement est en train de se saborder en raison de ses excès, il évoque les pratiques de la Révolution culturelle chinoise, qui clouait les déviants au pilori. Chaque semaine exige son lot de coupables à exhiber sur le mur de la honte. Toute accusation vaut condamnation. Sandra Muller, qui a inventé Balance ton porc, qualifie de « bourreau » celui qui lui a dit un soir, dans une soirée arrosée : « Tu as de gros seins, je vais te faire jouir toute la nuit ». Elle s’en dit traumatisée pendant dix ans. N’est-ce pas exagéré?
Selon certaines féministes, il existe un continuum entre violences symboliques, verbales et physiques…
On ne sait plus distinguer entre le viol, qui est un crime, le harcèlement, qui est un délit condamné par la loi, et la zone grise des regards insistants, de la drague lourde, voire des insultes. Cette confusion est extrêmement grave parce qu’elle pénalise les vraies victimes expropriées de leur malheur par d’autres candidates au même statut. Même le compliment est vu comme une agression ! En semant la confusion entre crimes, délits, abus de pouvoir et simples comportements inappropriés qui relèvent de rapports privés, on sape toute hiérarchie des souffrances. On doit pour les lieux publics, bars, discothèques, restaurants envisager des codes de bonne conduite qui punissent tout comportement grossier, avec amendes si nécessaire. On doit surtout éduquer les enfants au respect et à la courtoisie. Mais il est inquiétant de voir revenir le vieux thème victorien de la femme victime. Ce serait une oie blanche en butte aux assauts des mâles déchaînés. Comme si, elle aussi, ne pouvait pas draguer avec maladresse, comme si elle aussi ne pouvait pas repousser les avances importunes. On infantilise et on désarme les femmes au moment où on prétend les protéger et leur rendre du pouvoir.

Faut-il voir derrière ces excès une haine de l’homme ?

Pour beaucoup, l’homme est coupable du simple fait qu’il porte un pénis. Il est par nature le despote couillu. L’écrivaine Nancy Huston n’a-t-elle pas écrit que « l’érection est le problème le plus grave de l’humanité » ? Le crime est dans l’anatomie, tout petit garçon est un tueur en puissance. Quand Caroline De Haas énonce qu’un homme sur deux ou trois est un agresseur, elle procède à un amalgame fulgurant. S’il y avait un délit d’incitation à la haine du genre masculin, je pense qu’elle en relèverait ! On en arrive à la situation américaine, où les hommes et les femmes cohabitent comme deux tribus de part et d’autre d’un fleuve et ne peuvent communiquer que par le droit, dans un état d’hostilité contractuelle permanente. « Les deux sexes mourront séparés », disait Proust. Aux États-Unis, ils pourront toujours se parler par l’intermédiaire de leur avocat.

L’espace qui relevait du privé est-il en train de disparaître au profit d’une judiciarisation de tous les rapports sociaux, y compris amoureux ?

C’est très visible sur les campus américains. Dès les années 1990, le collège d’Antioch (Ohio) avait institué une charte entre garçons et filles. Elle stipulait que « le consentement devait être obtenu et renouvelé à chaque activité sexuelle » et détaillait chaque zone anatomique autorisée à l’exploration, les seins, les cuisses, le type de baiser, etc. Ce type de recommandations s’est étendu. Il existe des applications pour téléphone portable comme « Yes to Sex » qui permet de remplacer le consentement tacite par un consentement affirmatif, formalisé par la technologie. Outre qu’on réintroduit le regard social dans un acte intime, il est inquiétant de constater que si un « non » est toujours un « non », un « oui » n’est jamais totalement un « oui » . Certaines étudiantes déçues reviennent sur leur accord et relisent rétrospectivement l’acte amoureux comme une agression, se gardant la possibilité de poursuivre en justice.

C’est paradoxal venant d’une société pourtant très libérale…

Le vrai pouvoir aux États-Unis est judiciaire, et non pas politique. Le rêve américain est celui d’une société entièrement recréée et refaçonnée par le droit jusque dans ses plus petits aspects et qui bannit l’usage, c’est-à-dire l’héritage involontaire, porteur de siècles d’assujettissement. Ce caractère procédurier est problématique quand il doit régler le domaine flou des affects et des passions. Tous les rapports amoureux sont codifiés, même la drague qui s’apparente parfois à un entretien d’embauche. On se donne des rendez-vous, des « dates » selon une gradation et un parcours plus rigide que la carte du Tendre. L’Amérique est une société de la règle là où nous sommes une société des moeurs qui laisse plus de place à l’improvisation, au jeu et à la coquetterie. Dans ce néopuritanisme, le prêtre est remplacé par l’avocat et le juge. Oubliant que l’amour est aussi un beau risque, quiconque s’estime lésé dans une relation doit pouvoir demander réparation. Chacun est sommé de mettre son désir au clair, de savoir à l’avance ce qu’il veut, d’évacuer la catégorie du « peut-être ». On oublie que la convoitise procède par voie détournée, affectionne l’ambiguïté et qu’on n’est pas toujours sûr de son désir avant de le réaliser. Ces procédures font bon marché de la complexité des sentiments humains. La France doit résister au climat de maccarthysme moral qui nous vient des États-Unis ; pour nous, ce qui réunit les hommes et les femmes importe plus que ce qui les divise. Nous avons à préserver cette atmosphère d’amitié érotique et amoureuse qui fait de l’Europe latine un lieu de haute civilisation. En ce domaine, il est possible que le Vieux Monde soit l’avenir du Nouveau.

Dans un discours remarqué à la marche des femmes, l’actrice Natalie Portman appelait à faire « une révolution du désir ». Cette volonté de politiser le désir est-elle dangereuse ?

La révolution à Hollywood ne sera jamais qu’une autre version de Hollywood. L’idée d’une solution politique aux malheurs de l’amour n’est pas nouvelle. Elle naît chez Sade et Fourier et sera théorisée par Wilhelm Reich au XXe siècle : une bonne gestion des pulsions libidinales devrait ramener la paix dans la société. Mais l’amour n’est pas une maladie qui se prête à la réforme. Nous désirons des êtres qui nous désirent en retour dans le meilleur des cas et cette simple réciprocité est une telle merveille que nous n’avons nul besoin d’y introduire la ritournelle de la Révolution. À la loi de protéger les personnes, aux citoyens de s’aimer comme ils l’entendent sans que l’État ou la justice interfèrent. Céder au sentiment amoureux, c’est renouer avec le vieux théâtre des passions. On est souvent révolutionnaire dans ses déclarations mais toujours désuet dans ses inclinations. N’oublions pas enfin l’immense armée des invisibles, hommes et femmes qui n’ont pas accès au grand festin de la volupté et que l’injonction de la belle et talentueuse Natalie Portman risque de laisser froids.

Certains dénoncent « une culture du viol » qui serait partout présente dans les représentations artistiques et populaires. Y voyez-vous une volonté d’épuration ?

Déjà dans les années 1990, Picasso, Balthus, Renoir, Degas, Gauguin étaient la cible de militantes soucieuses d’épuration esthétique. Une universitaire française explique, par exemple, dans Libération que le film Blow-Up doit désormais être regardé comme une incitation au viol. On va revoir Polanski, Fellini, Truffaut sous cet angle éradicateur. Dans le Magazine littéraire, une « spécialiste » de littérature, Sophie Rabau, recommande de balancer son porc dans la fiction : Carmen, Célimène et la Traviata cèdent, non pas grâce à la ténacité de leurs amants mais parce qu’elles ont été violées. Idem pour la Belle au bois dormant qui n’a pas consenti dans son sommeil à son baiser libérateur… On va livrer l’ensemble du corpus artistique aux ciseaux de nos nouveaux censeurs.

Avec son messianisme prônant un avenir radieux et réconcilié, le féminisme n’est-il pas la dernière grande utopie du XXIe siècle ?

Le féminisme est trop divisé pour devenir un substitut aux grandes idéologies. La réconciliation entre les sexes est une chimère. Les fatalités anatomiques, les potentialités permises aux uns et refusées aux autres (par exemple la faculté d’enfantement, la différence des jouissances) entravent à jamais le rêve d’une entente idyllique. Il y aura toujours entre les hommes et les femmes un partage indiscernable d’attirance et d’effroi. Mais pour les théoriciennes du genre, deux sexes, c’est encore trop. Les années 1960 étaient fondées sur l’utopie joyeuse d’une promiscuité universelle, d’autant qu’alors le sida n’existait pas. Si on avait relu les classiques de la littérature française, et notamment le marquis de Sade, on aurait compris que toute libération des désirs est aussi libération du droit de chacun à posséder n’importe qui. Chez Sade, cette libération va jusqu’au crime.

N’assiste-t-on pas à un retour de bâton, cinquante ans après le « jouir sans entraves » proclamé par Mai 68 ?

Nous sommes vraiment sortis de Mai 68. On croyait alors périmer 2 000 ans de judéo-christianisme, transformer les parties honteuses en parties glorieuses. Le tournant est venu dans les années 1980 avec les affaires de pédophilie : le désir a perdu son innocence. Étrange aventure pour une génération qui a voulu briser tous les tabous et découvre dans la sexualité une part d’ombre, de violence. Éros est pulsion de mort autant que de vie. Aujourd’hui on voudrait contradictoirement garder le porno, la permissivité, tout en pénalisant les pervers. Comme s’il fallait se venger des libertés accordées en matière de moeurs. Le mot d’ordre de notre époque est « jouir et punir ». Elle désire en même temps la volupté et le châtiment. Elle risque de ne récolter que la jouissance de la punition.

Des clitos, des clitos et encore des clitos

L’art féministe ou le déficit d’inspiration

L’art féministe est une galerie monomaniaque et fastidieuse qui a pour unique thématique l’étalage pseudo-provocateur des organes sexuels féminins.

Que le sujet représenté soit le clitoris, le vagin, la vulve, les poils pubiens, les seins, les règles ou la cellulite, son message est toujours le même : refuser au corps féminin toute fonction érotique et faire croire que la femme – réduite ici à son système reproducteur – est la grande perdante de l’histoire de l’art. Et bien sûr que toujours et partout, elle reste l’éternelle victime du « patriarcââât ».

L’art féministe se réduit donc souvent à une banale défense de la masturbation féminine (qui ne l’a de toutes façons pas attendu pour exister dans l’art) et surtout à une entreprise agressive visant au final à dégoûter les hommes et les autres femmes du sexe féminin. Car celui-ci est toujours représenté de manière froide, anatomique, laide ou carrément vulgaire.

Le clitoris comme unique totem

Les artistes féministes militantes adorent représenter des clitoris, ce qui n’est pas sans rappeler le goût un peu régressif des petits (et grands) garçons qui dessinent des bites partout.  En soi, ce n’est pas critiquable – après tout, Picasso aussi dessinait des bites et les romains au IIIsiècle également. C’est un sujet comme un autre.

Pablo Picasso, Le Phallus, 1903

 

Graffiti romain trouvé sur le Mur d’Hadrien près de Brampton (G.-B.) et datant de 207 ap. J.-C.

Mais l’intérêt du clitoris, pour les féministes, c’est que sa représentation anatomique est aussi bandante que celle d’un rein ou d’un intestin – nulle, donc. Enfin un organe sexuel féminin qui n’excite pas les hommes – surtout de la manière dont elles le représentent ! Les féministes ont trouvé leur Graal et elles peuvent enfin jouir de leur unique obsession : interdire toute forme de désir masculin (« male gaze ») envers leur anatomie.

Une fois, ça va, on peut entendre le message – car il est exact que le clitoris était jusqu’à très récemment, du point de vue médical tout au moins, un organe quasi inconnu. Mais plus on l’explore d’ailleurs, et plus on découvre que les féministes se trompent encore… Car non,  il n’est pas un organe exclusivement dévolu au plaisir féminin (et donc « opprimé-par-le-patriarcat-gneu-gneu-ouin ouin ») : il est là car il joue un rôle majeur dans la reproduction ! Eh oui ! Encore raté !

Dans l’art et dans la propagande féministe, la répétition ad nauseam de cette thématique unique finit surtout par faire apparaître une chose : le manque flagrant d’inspiration d’une armée de copieurs et de copieuses en total manque de créativité !

Exemple de sujet « original » : le clitoris géant
Sophia Wallace, Cliteracy (installation « Unconquerable »), 2013

Depuis cette création plutôt esthétique, il faut le reconnaître, de Sophia Wallace en 2013 (qui n’est cependant pas sans évoquer une bite et des couilles stylisées avec des ailes et un petit air de L’Oiseau dans l’espace de Constantin Brancusi, 1928), une armée de féministes s’est emparée du sujet.

Mathias Pfund, Instant Pleasure (clitoris géant, mixed media), Neuchâtel, 2017

Le clitoris géant (polystyrène, bois, résine polyester, aimants, gaffer, latex, peinture acrylique et vernis pour bateau) de Mathias Pfund n’est qu’un des exemplaires de cette pluie de clitoris géants en 2017.

Alli Sebastian Wolf, Glitoris, Sydney, 2017
Matthew Ellis, Clitoris géant en inox, Université de Poitiers, 2017
Laurence Dufaÿ, « Clitoriz soufflé » (Clitoris géant en mousse polyuréthane), Bruxelles, 2017
Genève, Théâtre Saint-Gervais, novembre 2018 : Clitoris géant gonflable de 7 mètres de haut.
Journée suisse de la Pleurnicherie (Zurich, 14 juin 2019)

Sans oublier la dessinatrice Emma, qui court toujours derrière les poncifs du néo-féminisme :

L’illustration féministe militante (noyée dans le rose bonbon) de la boutique en ligne canadienne Les Folies (malheureusement pas) Passagères réduit non seulement la femme à ses organes génitaux, mais fait (volontairement ?) de ces  derniers une femme en tchador avec un gros trou au milieu. Le clitoris en femme voilée… La boucle est bouclée…

Le clitoris ou la femme-sexe en tchador rose bonbon (Boutique en ligne les Folies Passagères), 2019

Il n’est donc pas surprenant que les villes de France et notamment Paris se soient retrouvées barbouillées de clitoris géants pour célébrer la Journée de la Pleurnicherie Universelle le 8 mars 2019 – le 8 mars étant progressivement devenu, au fil des années, la fête des droits (tous obtenus depuis longtemps) du clitoris  :

Images de la campagne d’affichage organisée par @gangduclito.

Une semaine plus tard, toute l’indigence intellectuelle du féminisme est à nouveau résumée sur cette pancarte brandie par une post-adolescente à l’occasion de la pantomime sur le climat du 15 mars 2019.  S’il n’y a aucun lien objectif entre le climat et son clito, les liens entre féminisme, confusion mentale et frustration sexuelle semblent nettement plus évidents. Qu’à cela ne tienne : à travers cette pancarte, les féministes accusent en réalité les mâles d’être les seuls responsables du dérèglement climatique, la nouvelle marotte éco-féministe victimaire :

Marche (hypocrite) pour le climat (Paris, 15 mars 2019)

Et de pleurnicher de plus belle le lendemain en ramenant encore tout au clito.  Dommage qu’aucun homme ne leur réponde : « Suce-moi la bite au lieu de prendre continuellement l’avion pour polluer la planète, petite privilégiée, et ton clito ne s’en portera pas plus mal ».

16 mars 2019.
« Ouin ! Ouiin !!! Mon clito, mon clito, mon clito ! » (Résumé de la pensée féministe).

Le plus amusant sur ce panneau est que la féministe trouve encore le moyen d’accabler les hommes qui soi-disant ne s’occuperaient pas bien de leur clitoris… alors qu’elles n’ont qu’à se servir de leurs mains ! 

La pleurnicherie reprend encore le 8 mars 2021, avec le sempiternel clitoris gonflable, démontrant, s’il en était besoin, l’incapacité totale des néo-féministes à se renouveler, accrochées qu’elles sont comme des moules mono-neuronées à leurs clitoris géants :

Paris, esplanade du Trocadéro, Journée du Clitoris Jaloux du 8 mars 2021

L’oppression clitoridienne n’existe pas

On a bien compris que ces postures victimaires et revanchardes autour du clitoris n’avaient pour unique fonction que d’accuser et culpabiliser sans fin les hommes. Elles reposent sur un véritable déni de réalité voulant faire croire que les hommes ne se soucieraient pas du clitoris ou du plaisir de la femme lors des rapports sexuels – mensonge éhonté, puisque la plupart des hommes sont au contraire très soucieux (quand ce n’est pas totalement angoissés) du plaisir de leur partenaire.

Pour ces militantes féministes, le clitoris n’est en réalité rien d’autre qu’un fétiche, un étendard de la guerre des sexes qu’elles portent partout où elles le peuvent.

Au lieu de fatiguer la terre entière avec leurs reproches continuels, pourquoi ne se servent-elles donc pas comme des grandes de leur clitoris magique, puisqu’il n’y a même pas besoin d’un homme pour l’activer ? C’est que s’agiter en se victimisant est tellement plus orgasmique, n’est-ce pas… 

Moi, je vais me resservir du pop-corn.

[à suivre…]

. Pour une autre approche du plaisir féminin dans l’art :

. La fixation féministe sur le phallus et la miction masculine masquerait-elle maladroitement un fantasme ondiniste ?  

. La fascination phallique :

. Retour vers l’univers néo-féministe :

La femme nue et les hommes vêtus

Édouard Manet, Le Déjeuner sur l’herbe, 1863 (Paris, Musée d’Orsay)

Lorsque Manet fait d’elle le point focal de son célèbre tableau, Victorine Meurent n’a que 19 ans – mais elle a déjà une personnalité affirmée et une présence physique qui l’est tout autant.

Victorine est une femme libre qui se jouera toute sa vie des cadres corsetés de la société française du XIXe siècle. Son parcours nous laisse entrevoir un monde finalement pas si différent du nôtre.

Elle a été tout à la fois modèle et professeur de musique, puis artiste peintre reconnue. Elle a enchaîné les liaisons amoureuses avec les hommes (avec le peintre Alfred Stevens, peut-être avec Manet lui-même…) puis avec les femmes, et entre les deux, elle est partie vivre quelques années aux Etats-Unis.

Le corps que Manet lui peint est le sien, presque grandeur nature. Il n’est pas idéalisé : c’est celui d’une femme réelle qui assume avec le plus grand naturel sa nudité. Elle plante même son regard amusé dans celui du spectateur, semblant lui dire : « Et alors… il est où, le problème ? ». Aujourd’hui, elle dirait à la féministe du XXIe siècle : « Alors comme ça, vous pensez vraiment que je suis la proie sans défense du désir concupiscent des mâles ? »

Victorine ou la nudité assumée

Les réactions outragées de la bourgeoisie parisienne des années 1860 face au tableau préfigurent celles de nos féministes offensées – d’ailleurs souvent des bourgeoises de centre-ville elles aussi. Mêmes cris d’orfraie face au corps dénudé d’une femme au milieu d’hommes vêtus (forcément des voyeurs et des machos), mêmes fureurs face à tout ce qui peut évoquer le désir masculin ou la prostitution (symbole de l’esclavage féminin selon les féministes abolitionnistes).

Car Victorine et son complice Manet se sont bien amusés et n’ont rien oublié de ce qui allait à coup sûr déclencher l’émoi, voire la colère du spectateur. Les allusions à la « partie carrée », au sexe, à l’échangisme et à la prostitution sont partout ; tout est provocation assumée – et pince-sans-rire.

Le regard assuré de Victorine balaie toutes les lectures misérabilistes des néo-féministes. Elle incarne une liberté empreinte à la fois de fermeté et de légèreté. Victorine est pleinement consciente de sa nudité et de l’effet qu’elle provoque, et elle s’en amuse (tout comme Manet, qui baptisait lui-même son tableau La partie carrée).

En réalité, la véritable féministe, c’était elle. Victorine, autant par sa vie que par sa présence sur cette toile, illustrait cette force, cette liberté, cet humour et cette audace qu’ont autrefois pu incarner les mouvements de libération de la femme – mais que les néo-féministes d’aujourd’hui ont préféré abandonner.

Aujourd’hui, justement…

C’est Jennifer Lawrence, en promo à Londres pour son  film Red Sparrow, qui fait capoter les féministes (comme disent les Canadiens), parce qu’elle pose dans une robe Versace décolletée et fendue alors que ses collègues masculins sont chaudement vêtus. Il fait tout de même 9° dehors et la prise photo a duré 5 minutes.

Mais les féministes hurlent comme à leur habitude à l’hétéropatriarcat et au sexisme !

Jennifer Lawrence en robe Versace (Londres, 21 février 2018)

Heureusement, Jennifer Lawrence les a toutes envoyé fermement se faire voir en leur rappelant qu’elle est LIBRE : libre de choisir cette robe et de la porter, libre de se découvrir, libre de se faire plaisir et même d’avoir froid si ça lui chante !

Victorine n’aurait certainement pas mieux dit 🙂

Aujourd’hui… et demain 

Les jeunes femmes ont toujours aimé exposer leur beauté charnelle au regard des hommes. Les néo-féministes font figure de vieilles aigries dans le déni lorsqu’elles s’acharnent sur les représentations érotisées du corps féminin (comme pour la pub Aubade en décembre 2018).

On découvre d’ailleurs en 2019 que les jeunes femmes envoient aux hommes de leur plein gré des sexfies ou selfies sexuels avec les conseils des magazines féminins  et des sites internet (« Comment réussir son sexfie« , par Cosmopolitan).  Signe des temps, elles l’assument et le revendiquent même, ce qui montre encore une fois que les neofems n’ont toujours rien compris au monde de la séduction et au désir hétérosexuel (quelle surprise).

(à suivre…)

. Sur le même thème :

Des seins nus et des extases contre les néo-féministes

Le plaisir féminin en peinture

Jean-Patrick Capdevielle – L’Équation du Poisson Blessé (2016)

Une interview de l’artiste devant son tableau :

L’éromachie est bien présente ici, puisque les paroles de la chanson (« Solitude », 1979) apportent un éclairage intéressant : et si les blessures du poisson christique (« ichtys ») n’étaient au final dues qu’à quelque mésaventure avec la gent féminine ?

L’équation de Schrödinger (détail de L’Équation du poisson blessé). Photo Magali Martin, 2016.

L’immiscion du Quantum Jesus ouvre une perspective sur la lumière, sur sa présence et son absence simultanées. Le christianisme étant une théologie de la lumière, il n’est donc pas si surprenant que la physique quantique lui ait été appliquée au XXIe siècle (ici par des sectes américaines).

Les thèmes de la crucifixion et/ou de la résurrection se retrouvent également dans Blood Circus (le Cirque de Sang – voir vidéo) et dans Un jour, je serai vivant (voir vidéo).

Blood Circus

Un jour, je serai vivant

. Quelques vues supplémentaires du tableau :

Les crânes de kalaos

Vol de chauve-souris

. Pour découvrir tout l’oeuvre peint de J.-P. C. :

[Peinture] – Jean-Patrick Capdevielle. L’œuvre peint

 

Jean-Patrick Capdevielle – Blood Circus (Le Cirque de Sang)

Le Cirque de Sang raconte la forme sanglante que prennent les religions (sacrifice du Christ), les fanatismes (ceintures d’explosifs) ou encore les perversions sexuelles et criminelles (serial killers). La mort est partout.

Jean-Patrick Capdevielle présentant Blood Circus au lycée Malgrange (Nancy), 7 décembre 2017.

L’éromachie a laissé place ici à des allusions à la violence pure, sexuelle, fanatique, criminelle.

La figure du vampire, pour son appétence pour le sang et parce qu’elle est un double récurrent de l’auteur, fait son retour dans cette oeuvre, sous forme de cadavres de chauve-souris.

La Crucifixion a pris une forme androgyne – en lieu et place du corps du Christ, un sexe féminin stylisé enveloppe une sorte de caducée composé de quatre serpents entrelacés évoquant un sexe masculin à quatre têtes.  Des flammèches de sang s’écoulent, reliant les sexes.

À la jonction des quatre verges (à l’origine, cinq têtes de serpents, voir photo) est fixée une petite bouche de fontaine en forme de tête de lion. Elle peut évoquer ce qui sort d’un sexe masculin – mais pourquoi pas aussi, l’eau que le coup de lance du centurion romain a fait couler du corps du Christ sur la croix. On aurait alors le sang et l’eau qui jaillissent de la plaie du Christ.

Le sexe féminin peut également être assimilé à la blessure, au sang et aux armes de la Passion, comme le montre l’illustration dans la vidéo (miniature de la dévotion à la blessure et au sang du Christ, Psautier de Bonne du Luxembourg, 1348-1349, folio 331).

Il s’agirait peut-être au final d’une valse sexuelle sanglante impliquant les deux principes sexuels, masculin et féminin.

Mais n’y a-t-il pas d’autre issue que le sacrifice, le sang, la violence et la mort, rien d’autre que l’éternel bal des vampires où chacun n’aurait d’autre possibilité pour exorciser sa peur de la mort que de se nourrir de la vie et du sang de l’autre ?

Peut-être que si…  et ce pourrait être le message du croissant lumineux, qui depuis a reçu un tube de lumière clignotante…

 

Lux ex tenebris
(traité d’alchimie de la Renaissance)

. Le sexe et le serpent

J’ai repris la thématique du sexe et du serpent pour l’illustration de « Dum Dum » (Vue sur Cour, 1990) : « Pas de serpent sans Ève…« ; à partir notamment de la pub Pure XS de Paco Rabanne :

Paco Rabanne, Pure XS, 2017

A noter que cette idée du publiciste de parfumer le sexe du garçon n’est pas un unicum.  La maison Hermès y avait déjà pensé à travers une contrepèterie fort subtile et déjà ancienne, puisque le parfum Eau d’Orange Verte date de 1978. Je vous laisse chercher…

Eau d’Orange Verte, Eau d’Orange Verte…
Hum…

Hermès, Eau d’Orange Verte, 1978

Pas trouvé ?

Odorante…

😀

  • Voir aussi :   

. Sur les vampires et les vampires psychiques :

. Retour vers l’oeuvre peint de J.-P. C. :

[Peinture] – Jean-Patrick Capdevielle. L’œuvre peint

 

Medusa ou la mauvaise Rencontre (2016)

De nouveau sur le thème de la Méduse, en femme fatale, cette fois (mais vraiment… fatale). C’est aussi l’histoire d’un homme, un gros cochon en version élégante, qui aime se faire promener.

Ferra Ventura – Atylantos, 2001 (Opéra Rock)
Chanté par Elena Cojocaru et Nikola Todorovich
Paroles et musique : Jean-Patrick Capdevielle

« Mort, je serai ta mort ; Enfer, je serai ta morsure »

Jean-Patrick Capdevielle – Un jour, je serai vivant – 2016

Hadès et Perséphone ou la Rédemption par l’amour (septembre 2016)

Ici, l’éromachie ( = combat amoureux) se joue entre Hadès, dieu des enfers, et Perséphone, déesse du printemps et des enfers.

La relation entre Hadès et Perséphone (Pluton et Proserpine pour les Romains) est placée, comme souvent, sous le signe de l’ambivalence. Elle débute de manière brutale (rapt ou viol), mais se conclut par un compromis : après avoir été enlevée brutalement, Perspéphone accepte de partager la vie d’Hadès pendant les six mois de l’année durant lesquels la nature est au repos. Une fois l’hiver passé, à chaque solstice du printemps, elle le quitte – pour le retrouver à chaque solstice d’automne et régner de nouveau avec lui sur les enfers.

La  vidéo articule plusieurs séries d’antagonismes :

  • La mort et la vie éternelle : « Un jour, je serai vivant » / « Mort, je serai ta mort ; Enfer, je serai ta morsure » (Osée 13, 14)
  • L’enfer (celui d’Hadès ; celui de Jérôme Bosch) et le paradis (de Bosch également : le tunnel de lumière)
  • La symbolique ambivalente du fruit (ici la grenade, attribut de  Prosperpine) : fruit défendu (le plaisir de la chair) ou fruit de la vie éternelle (la rédemption) pour les chrétiens.
  • L’amour sous toutes ses formes : amour rédempteur, amour charnel, violence sexuelle.

Et bien d’autres choses encore…

Jean-Patrick Capdevielle, La Naissance des Saisons / Birth of Seasons (Technique mixte, 200 x 200 cm. Collection personnelle de l’artiste), 2017

Voir aussi :

. Five Years – La Naissance des saisons (juin 2017)


David Bowie, Five Years (Remastered Version, 2002)
Jean-Patrick Capdevielle, La Naissance des saisons, 2017

Voir aussi :

. Pour découvrir tout l’oeuvre peint de J.-P. C. :

[Peinture] – Jean-Patrick Capdevielle. L’œuvre peint

Tentacles of Love ad Death (2016)

C’est ma première vidéo dédiée au thème de l’éromachie. J’ai exploré la symbolique érotique (masculine, ici) de la pieuvre ; du poulpe bleu à six tentacules, notamment, que l’on rencontrait déjà sur une fresque crétoise – mais dans un autre contexte, certainement.

Lucrèce Borgia – 2007

Romance de la Luna (Picasso érotique)

Picasso érotique + Camarón de la Isla + Paco de Lucía + Tomatito + Federico García Lorca : les plus grands du flamenco et de l’Espagne réunis sur Romance de la Luna !


[Camarón de la Isla, Romance de la Luna, album Calle Real, 1983]