[Déshumanisation] – Avortement et féminisme anti-maternité

J’avais évité jusque-là de parler d’avortement, puisque c’est un sujet aussi complexe qu’hautement clivant. Mais comme l’actualité vient de faire déferler la question sur toutes le chaines d’info et tous les réseaux sociaux, je n’ai pu y échapper, ni manquer de réagir. C’est la photo ci-dessus, prise tout récemment lors d’une manif pro-IVG, qui a constitué le point de départ de ma réaction. Une photo que j’ai d’abord soupçonnée d’être un montage anti-IVG cherchant à caricaturer salement les féministes, tellement son ignominie m’a interloquée. Mais que nenni, une petite recherche m’a vite démontré qu’elle était bien réelle et qu’elle ne posait même aucun problème (c’est CNN qui la publie dans un article du 26 juin dernier). S’il y en a qui ne comprendraient pas l’anglais, cette mère d’un fœtus à terme, donc viable depuis plus de 4 mois, nous apprend que « ce n’est pas encore un être humain ». Ben voyons !

Féminisme abortif et sortie de l’humanité (26 juin 2022)

Je ne sais pas s’il est possible de tomber plus bas dans le féminisme anti-maternité et dans l’abjection. Je crains que oui, malheureusement, puisque cette idéologie n’en finit jamais d’entraîner le monde hors de l’humanité, dans les tréfonds d’une bêtise et d’une névrose partout portées en bandoulière. Que le féminisme ne soit plus qu’un trouble du comportement ou une psychopathologie devrait alerter quiconque voit cette photo. Tout ceci m’inspire donc quelques réflexions que je vais essayer de synthétiser.

  • Concernant la dépénalisation de l’avortement, je suis intégralement alignée sur le très beau discours de Simone Veil qui prenait acte du réel (les femmes supprimeront toujours leurs embryons, quitte à y laisser leur vie ou leur santé), mais qui le présentait pour ce qu’il est : un acte pas très reluisant qui ne devrait intervenir qu’en dernière extrémité. J’en rappelle cet extrait :

« Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme — je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. »— Simone Veil, Discours de présentation du projet de loi devant l’Assemblée nationale, le 26 novembre 1974.

  • Comment Simone Veil ne se retournerait-elle pas dans sa tombe en voyant cette photo, elle qui a traversé les camps de la mort et vécu en personne la barbarie de la déshumanisation ? En réalisant à quel point l’esprit de sa loi a été subverti, piétiné, dévoyé par ces féministes perverses qui ne l’utilisent que pour afficher leur haine de la maternité, leur rage assassine et leur jouissance à dénier toute humanité à leurs futurs enfants ?
  • Il me semble que toute personne un peu évoluée devrait être en mesure de comprendre qu’un enfant en formation ou en devenir est déjà un enfant et que le traiter de « tas de cellules » révèle surtout que l’on n’est soi-même qu’un tas de merde (ou pas grand chose de plus). Tout le monde peut comprendre qu’il s’agit de supprimer ou de tuer un être vivant – mais il faut bien protéger les fragiles femmes qui n’assumeraient pas de se voir coller l’étiquette de meurtrières. Il faut savoir que le nombre des avortements est toujours exactement le même que celui des infanticides sous l’ancien régimecar les femmes ont toujours, TOUJOURS, supprimé une partie de leur progéniture. Grâce aux progrès de la médecine, elles interviennent simplement aujourd’hui quelques mois en amont de ce qu’elles auraient fait par le passé.
  • La violence féminine et maternelle est une réalité anthropologique majeure – mais toujours balayée sous le tapis. Le « syndrome du bébé secoué » est encore aujourd’hui un euphémisme pour parler d’un infanticide, paternel aussi bien que maternel, puisque les mères sont aussi maltraitantes envers leurs enfants que les pères (c’est du 50/50 selon les chiffres et elles tuent même davantage leurs bébés). Car l’infanticide est LE crime féminin par excellence depuis l’aube de l’humanité.
  • C’est parce que Simone Veil avait compris tout cela qu’elle a défendu cette loi afin que des femmes puissent se débarrasser de leurs embryons dans des conditions plus safe. Mais jamais elle n’aurait encouragé les femmes à avorter pour un oui ou pour un non.
  • Je ne remets donc pas en question cette loi car je suis aussi réaliste qu’elle : je sais que rien n’empêchera jamais une femme d’avorter, quelles qu’en soient les conditions et les conséquences. Et je ne pars jamais en guerre contre le réel.
  • Mais je suis pour qu’on ne minimise pas et qu’on ne banalise pas cet acte, car sa légalisation ne lui retire rien de son caractère traumatique (pour la mère comme pour l’enfant, contrairement à ce que prétendent les féministes), ou de son caractère choquant quand il est pratiqué, comme aux USA ou au Canada, jusqu’au 9e mois de grossesse – ou même en France, où l’on pratique désormais des IMG à terme pour « détresse psychologique » (un fourre-tout bien pratique dans lequel on peut mettre tout ce qui arrange).

Mon problème se situe, comme toujours, avec le discours féministe qui en a fait un totem et un signe de ralliement et qui déroule inlassablement ses mises en scène sordides et ses postures cruelles et détachées, comme dans l’exemple de cette photo. Et que personne n’ose critiquer – je n’ai vu passer aucun article de presse exprimant la moindre gène vis-à-vis de cette photo qui a pourtant circulé tout le week-end sur les réseaux sociaux. Alors qu’une pauvre petite pancarte anti-IVG parfaitement anodine met en émoi les chiens de garde de la gauche abortive – preuve s’il en était que non seulement, l’idéologie féministe terrorise tout le monde, mais que son fanatisme délirant ne supporte pas le moindre cheveu qui dépasse. Par contre, pour cette immonde photo féminazie, personne ne moufte. D’où cet article.

L’enfant de son père n’est ni « ton corps » ni « ton choix« 

Des polémiques auxquelles j’ai participé ces derniers jours sur Facebook, je retiendrai pour l’instant ces quelques éléments :

  • L’avortement devrait toujours prendre en compte les deux parents, et même les ascendants vivants, car il s’agit de leur descendance directe : certaines familles, dont c’était la seule possibilité d’avoir une descendance peuvent s’en voir définitivement privées de cette manière. Les occidentaux font de moins en moins d’enfants et beaucoup d’enfants uniques ne se reproduisent pas. Je vois autour de moi de plus en plus de maisons vides et abandonnées, ou dont on ne sait que faire, faute d’héritiers. Et partout, des villages et des hameaux qui se désertifient, avec leurs maisons en cours de délabrement et des branches familiales entières qui disparaissent en silence, les unes après les autres. Je ne compte plus mes amis d’enfance qui n’ont pas eu d’enfants, ni leurs frères et sœurs, et dont les parents n’auront donc aucun petit-enfant. Je semble être la seule que cela attriste profondément. Comme la nature a horreur du vide, non seulement des squatteurs, des zadistes, mais d’autres populations investiront tôt au tard ces anciens lieux de vie. Pourquoi pas, après tout… c’est un choix, mais il faut savoir l’assumer et ne pas venir pleurer. Évidemment, l’avortement n’est pas la seule cause à cela. La dénatalité et ses conséquences sont un problème bien plus vaste (mais réel), dont l’avortement n’est qu’un des aspects.
  • L’avortement féministe égocentrique (« Mon corps, mon choix ») est une ineptie. Un enfant n’est pas un organe appartenant à sa mère. Le corps de celle-ci n’est que le véhicule provisoire de cet être indépendant d’elle – puisque la biologie humaine est ainsi faite et qu’il faut bien s’en accommoder. Respecter l’absolue altérité de son enfant me semble être un minimum philosophique et humain (mais je sais que c’est trop demander à des féministes affligées d’incurables troubles narcissiques).
  • De la même manière qu’un homme ne devrait jamais obliger une femme à avorter (curieusement, on n’entend pas tellement les féministes là-dessus, alors que les pressions pour avorter viennent souvent des pères), une femme ne devrait jamais priver arbitrairement un père de sa descendance quand celui-ci y est fermement opposé. Or ces cas existent aussi, si j’en crois mes contacts Facebook. J’invite donc ces pères floués et trahis à se constituer en groupes de défense, à prendre des avocats et faire valoir leurs droits à la paternité – histoire de contrer un peu la toute-puissance féministe (*).

Quand l’enfant – non désiré – paraît

L’argument sans cesse rebattu pour avorter est généralement assez léger – en tout cas très éloigné des « situations sans issue » de la loi Veil : « Ce n’est pas le bon moment », « je ne suis pas prête », « je veux programmer mon projet parental » (han). Je voudrais donc dire un mot sur ces discours récurrents. Comme mon opinion semble toujours aller à contre-courant du discours dominant – ce qui ne laisse jamais de me surprendre, puisque mes idées me semblent toujours frappées au coin du bon sens –, je vais donc les exprimer à nouveau ; pour que ce point de vue circule et qui sait, en inspire d’autres qui le prolongeront et l’enrichiront. Et pour qu’on ne subisse pas que l’insupportable doxa féministe qui nous bassine jour et nuit.

La libération des mœurs, le féminisme tout-puissant et la domination des femmes sur leur procréation (contraception et avortement banalisés) ont modifié en profondeur leur rapport à l’enfant. Les femmes – comme les hommes, d’ailleurs, qui ont tout autant profité de cette situation – peuvent aujourd’hui dire à tout moment : « Je ne veux qu’un enfant désiré et planifié » et partant de là, avorter et attendre une meilleure fenêtre à leurs yeux pour procréer. Sauf que, en contradiction avec ces pieux calculs, le réel leur joue souvent de bien vilains tours (par exemple quand l’endométriose s’invite et que passé la trentaine, la machine se grippe définitivement, laissant la femme stérile avec ses yeux pour pleurer). Pour rester sur un autre plan, je cite ici le commentaire, comme toujours lumineux, d’une de mes amies Facebook :

  • « En réalité c’est la notion même « d’enfant désiré » qui est ridicule, incorrecte et perverse. On ne peut pas aimer celui qu’on ne connaît pas encore, on peut simplement accepter sa présence. Je ne compte plus le nombre de fratries où celui ou celle qui a failli être avorté, ou simplement qui est arrivé par surprise, devient le préféré des parents, parfois au détriment des autres membres de la fratrie qui ont eu le malheur d’être planifiés. C’est absurde d’aimer des enfants avant qu’ils n’existent, car ce « désir » n’est qu’une projection nombriliste qui met une charge inutile et toxique sur le dos de l’enfant, forcé de porter malgré lui les rêves et les déceptions des parents. Pour aimer, pas besoin de cet onanisme intellectuel, qui fait partie des déchets que le féminisme a semé partout : il suffit de se respecter soi-même et d’aimer la vie. Le reste vient tout seul. » (IA)

Comment mieux dire les choses ? J’avais exprimé des idées similaires en repensant à mes grands-parents et aux gens de leur époque qui procréaient sans planifier, comme la totalité de l’humanité depuis toujours, qui accueillait comme elle le pouvait les enfants qui voulaient bien venir quand ça leur chantait. Comme quand ce n’était pas le nombrilisme victimaire des féministes capricieuses – et au final jamais contentes – qui était au pouvoir, les mères APPRENAIENT à aimer leurs enfants quand ils arrivaient par la force des choses ; de même que leur conjoint, d’ailleurs, dont elles apprenaient à faire leur meilleur ami pour élever leurs enfants, au lieu d’attendre passivement le prince charmant idéal, qui finit immanquablement par être leur chat.

Je re-cite enfin cette jolie formule d’Ingrid Riocreux, qui va dans le même sens : « Qu’il est bon, à l’inverse – et quel sentiment de liberté, quelle force vitale on puise en cette contingence – d’avoir surgi dans un monde qui ne vous attendait pas et de ne devoir sa vie à la volonté planificatrice de personne ! » (« Le “désir d’enfant” et ses dérives » (Causeur, 19/04/21).

Ceci pour dire qu’on a pas gagné grand chose avec le narcissisme féministe, sinon des femmes toujours plus capricieuses, rageuses, amères et dépressives.

  • Aux barbares arriérés qui prétendraient, comme la féminazie de la photo, que les fœtus ne sont pas des êtres humains et n’ont donc aucun droit (j’ai hélas croisé de ces spécimens déshumanisés sur Facebook), je rappelle que les bébés nés avant terme lors d’IMG ont droit en France, depuis 2008, à une inscription à l’état civil, à des obsèques et à l’ouverture d’un congé maternité. Il s’agit donc pleinement d’humains et leur décès est toujours une tragédie dont leur mère ne se remet jamais totalement.
  • Je terminerai ce rapide billet, forcément incomplet, par cet étonnement : les mêmes féministes qui hurlent au viol pour un toucher vaginal lors d’un examen gynécologique ou qui nous sortent leurs tirades véganes devant leurs plants de carottes (« Haaan, je ne veux pas d’œufs dans mon alimentation, c’est trop de la souffrance animale, gnéé »), n’ont soudain plus aucun problème pour enchaîner des curetages autrement plus sanguinaires, dès lors qu’il s’agit d’êtres humains. Comme quoi elles sont moins douillettes qu’elles le prétendent et font moins la fine bouche devant les speculums et les scalpels quand ça les arrange…

[à suivre…]

(*) Je reçois ce témoignage, suite à mon encouragement auprès des pères à porter le préjudice subi en justice :

  • « Au sujet de ce passage : L’enfant de son père n’est ni « ton corps » ni « ton choix ». C’est hélas ce qui m’est arrivé l’année dernière. Je vous avais écrit un mail à ce sujet il y a quelques semaines. Mon ex-compagne m’avait demandé un enfant, puis elle l’a laissé grandir en elle pendant 3 mois. Soudainement prise en charge par le corps médical, j’ai été tenu à l’écart, elle s’est finalement fait avorter dans mon dos et ne m’a jamais donné d’explications. Je n’ai même pas été invité à l’échographie. J’ai contacté l’Hôpital qui m’a répondu par des menaces judiciaires. Sous le choc pendant 6 mois, je me démène depuis pour intenter – et autant que faire se peut – une action judiciaire. C’est fait, j’ai mis le temps, mais je viens de faire assigner l’Hôpital et l’État. J’ai fait des recherches avec mon avocat et des précédents existent. Je suis en train de m’adjoindre l’aide de plusieurs associations compétentes. Cela ne donnera rien, mais aura le mérite d’exister. À terme (CA, puis CE, enfin CEDH), je serai condamné pour procédure abusive. Il sera alors temps de faire ce que vous dites ici : « J’invite donc ces pères floués et trahis à se constituer en groupes de défense, à prendre des avocats et faire valoir leurs droits à la paternité. » Le contexte actuel inattendu est extraordinaire et nous y incite encore plus. » (AD)
  • Comme me l’écrit un autre correspondant : « Une autre chose dont on ne parle pas avec les avortements tardifs, c’est : « que fait-on du corps ? » Si on autorise un avortement à 6 mois comme en GB ou encore après, jusqu’à 9 mois, dans le cadre d’une IMG, en France ou pire encore dans le cadre de rien du tout comme au Canada, que fait-on de ce bébé quasi terminé ? Comme ce n’est pas un être humain, on le jette à la poubelle? Je me demande s’il y a tant de différence avec le traitement des juifs par les nazis… Pardon du point Godwin, mais considérer qu’un humain n’est pas un humain, n’est-ce pas l’une des caractéristiques profondes du nazisme ? »
  • Sur l’avortement, voir aussi :

21 réponses sur “[Déshumanisation] – Avortement et féminisme anti-maternité”

  1. Je suis complètement d’accord avec ton article. Je lisais que les avortements suite aux viols, ou pour protéger la mère d’une mort certaine ne représentent qu’une singularité statistique. Outre cela, quid des femmes qui imposent leur grossesse à leur mari pour leurs soutirer une pension alimentaire après le divorce ? Le père à obligation de pourvoir à un enfant qu’il n’a jamais désiré, mais la mère à le droit de ne pas assumer l’enfant qu’elle a conçu. Comme vous le disiez, les deux devraient pouvoir avoir leur mot à dire.

    1. Effectivement, j’ai oublié de le rappeler, l’argument du viol est une tarte à la crème qui ne concerne quasiment personne. Ce n’est qu’un prétexte pour justifier des avortements de convenance. La loi Veil est bafouée tous les jours par les féministes.
      Par ailleurs, pour ce qui est des enfants dans le dos, il est question d’une loi pour que les pères malgré eux n’aient pas à payer pour cet enfant :
      https://www.lefigaro.fr/actualite-france/geniteurs-malgre-eux-ils-reclament-le-droit-de-ne-pas-etre-peres-20210507
      Mais si les hommes qui ne veulent pas être pères seront sans doute entendus, ceux qui veulent l’être devront l’être un jour aussi.

      1. Pour ma part, je vois dans cette revendication absolu du contrôle de son corps une forme d’esprit destructeur. Je lisais aussi sur un site pro-vie, que beaucoup de mères qui ont décidé de ne pas avorter, finalement, ne regrettaient plus pour 95-97% d’entre elles ce choix 5 ans après la naissance. Il faut que je vérifie ces chiffres, mais cela montre qu’une grossesse non désirée n’est pas nécessairement non plus une fatalité.

        1. Je pense que ce chiffre est bon car les femmes qui acceptent l’aventure d’une maternité malgré des circonstances inattendues font preuve d’une capacité d’adaptation et de confiance en elles qui les rend d’une manière générale aptes à prendre la vie du bon côté et à savoir se satisfaire de leur situation. Je suis à l’opposé du caractère anxieux et calculateur de la plupart de mes contemporaines, ce qui explique sans doute qu’il était hors de question pour moi d’avorter.

  2. Bonsoir, c’est rudement lucide et argumenté ! Avant même de terminer votre article, je me faisais la réflexion de ce paradoxe ‘vegan’ animaliste qui concerne une partie du wokisme (dont le féminisme) alors que l’avortement les emeut moins. Et le découvre en fin d’article…
    Je voudrais apporter un autre angle à cette question à l’aune du ‘transhumanisme’, qui deviendra certainement une nouvelle religion par syncrétisme avec le wokisme et la cancel culture. Attention, je risque d’être un peu polémique. Je me dis comme vous que les décisionnaires de l’avortement sont une des causes du problème de natalité que l’Ouest rencontre. Mais aussi qu’il est si peu dérangeant pour le projet transhumaniste/eugéniste d’une ultraclasse minoritaire, puisque ces quelques-uns s’augmentent et augmentent leur descendance par leur fortune, et laissent les autres se ‘desselectionner’. Par-là, je vous rejoins sur la participation du féminisme à un peu plus d’effondrement, de decivilisation et de depression sociale pour beaucoup.
    Vos mots sont de plus en plus aceres pour caractériser ce trouble et sincèrement je vous agrée.
    Bien à vous.

    1. Merci ! D’aucuns pourraient penser que cette photo est un épiphénomène, peu significatif, le simple témoignage d’une pauvre fille particulièrement conne – ce que j’aurais voulu croire aussi –, mais je crains qu’elle ne soit au contraire profondément significative. Le fait même qu’elle passe crème, que personne dans la presse autorisée n’y trouve rien à redire, en dit long sur le travail de sape de ce féminisme, de son narcissisme pathologique et de sa tentation totalitaire, qui ne craignent pas de repousser toujours plus loin les limites de la décence. Non seulement les féministes n’ont plus conscience de leur propre barbarie, mais les sociétés qui les hébergent non plus. Le cancer a attaqué le cerveau 🙁

      1. Mais que les féministes continuent à produire ce genre de slogan lamentable (et à ne pas s’en désolidariser publiquement) : elles dégoûtent de plus en plus de monde et elles se demanderont encore pourquoi elles se prennent des backlashs (retours de bâton).

  3. Je compléterai vos propos en répondant un peu à côté. Le seul ‘feminisme’ n’est pas la seule cause de toute cette ‘decivilisation’, j’hésiterais à remonter à 68, parler de l’âge du Verseau et tout ça au risque de passer pour un conspi que je ne pense pas être, je connais néanmoins ces grilles de lecture.
    Ce que je veux ajouter, sur le peu de réaction que suscitent leurs délires que vous décrivez, c’est qu’à mon sens, la société ne se rend pas compte de sa dégringolade civilisationnelle. Même si beaucoup sont capables de percevoir les faits séparément : chute de l’éducation, crise financière, idéologies irrationnelles le vent en poupe ; je ne crois pas que beaucoup voient le dénominateur commun et osent s’y opposer de peur de passer pour réac. Il est certain toutefois qu’on voit de plus en plus rarement ce qui élève et anoblit de nos jours.

    1. Entièrement d’accord, c’est un tout ! Cette génération ne sort pas de nulle part, elle a des parents et des grands-parents. De grands naïfs qui n’admettront jamais qu’ils sont responsables de tout ça. Moi la première, j’étais de gauche quand j’avais 20 ans et je croyais dur comme fer à toutes les bouses soixante-huitardes. J’ai fini par me réveiller grâce au dégoût que m’a inspiré le néoféminisme.

  4. Bonjour, entièrement d’accord avec votre article, comme toujours très lucide. Vous avez raison de souligner qu’il n’est pas normal que les pères n’aient rien à dire en cas d’avortement. Je voudrais simplement ajouter que ce « droit à n’avoir rien à dire et à ne pas avoir de choix » va aussi dans l’autre sens. Si Madame a le droit de choisir si elle veut ou non assumer sa grossesse, Monsieur lui, n’a que l’obligation « d’assumer ses responsabilités », même si comme ça m’est arrivé il y a quelques années, Madame lui fait croire qu’elle prend la pilule (heureusement pour moi, je m’en suis rendu compte assez tôt et j’ai rompu de la plus simple des façons : je me suis levé et suis sorti de son appartement sans rien dire et sans donner d’explications).

    Dernière précaution, il est pour moi évident que les pères ne devraient en aucun cas pouvoir imposer un avortement. Simplement, j’ai du mal à voir ou est l’égalité entre celles qui ont tout à dire et ceux qui n’ont rien à dire.

    1. Bonjour YGS,

      Je me suis également fait une réflexion similaire. De ce que j’ai compris, faire un enfant à un homme l’obligerait à subvenir aux besoins de la femme et de celui-ci. Je trouve la manoeuvre vicieuse, et révélatrice de la personne qui l’emploie.

      Pardon de mon indiscrétion, mais est-ce que la femme en question était plutôt jeune, ou plutôt en approche de la trentaine ? Je me demande, en fait, si ces grossesses imposées aux hommes ne sont pas également une manière pour ces femmes de se reproduire avant qu’il ne soit « trop tard ».

      Cordialement,
      IdB

  5. Vous répondez vous-mêmes à votre question. L’égalitarisme que prône officiellement les mouvements féministes masque très mal leur volonté de conchier tout ce qui relèverait du fantasmatique « privilège mâle ». On l’a d’ailleurs vu à partir de Me Too, l’intention légitime de dénoncer les abus de pouvoir sexuel de certains a très vite fait place à la pseudo indignation à l’énoncé d’une blague grivoise.
    Je n’ai, par chance, aucun de vos problèmes car seul depuis un moment, et je suis partagé entre honte et fierté de le dire, souvent : je m’en fous un peu, car je croise beaucoup trop de femmes, et même de personnes, gagnées aux psittacismes de l’époque. Leurs plaintes me soûlent en à peine quelques secondes.
    D’ailleurs, c’est un témoignage que je vous soumets : une de mes collègues est brillante, ancienne chartiste, très professionnelle et très cultivée classiquement, et pourtant elle est LGBT/BLM/wokisée. Je connais sa susceptibilité alors je ne participe même plus à ces discussions. L’autre jour, je l’entendais se réjouir du silence de Zemmour (que je ne soutiens pas non plus) et elle s’affirmait : « les conservatismes sont toujours les alliés du capitalisme ». Euh, je ne conteste pas son observation, mais c’est assez malhonnête de ne pas en dire autant de toutes ces idéologies post-soixante-huitardes que je n’énumérerai pas ici. Je m’étonne de voir des gens éclairés tomber dans les prêts à penser du temps si aisément.
    Vous avez du mal à comprendre ? En réalité, je pense que ce n’est pas si difficile à comprendre. Les enfants de Bourdieu et Derrida ont accouché de théories de la domination archi simples à expliquer, et Eromakia s’applique à le dire à sa façon aussi : plus un message est simple, plus il se transmet simplement. Les paradoxes qu’elles rencontrent, le fait de causer les problèmes qu’elles ne cessent de dénoncer ou conduire une civilisation à sa chute leur importe moins que de faire gagner leur cause. C’est une lecture du temps que je vous laisse, elle n’engage que moi.

    1. On en revient toujours au même : ces femmes ou ces féministes sont encapsulées dans une posture victimaire dont elles ne sortiront plus jamais. Ce sont les nouvelles bigotes d’un post-christianisme complètement perverti : elles ne respirent plus que pour ceux qu’elles prennent pour des victimes, à commencer par elles-mêmes. Elles sont tellement fanatisées et tellement crédules que dès qu’on leur présente une nouvelle hostie – hostia en latin signifie victime –, elles l’avalent tout cru sans se poser de questions. Elles iront donc jusqu’à leur mort de complainte en complainte et seront assurées de passer complètement à côté de leur vie (et de la vie tout court).

  6. Mea culpa pour mes fautes d’accord. Vous insinuez que le féminisme est comparable à une religion, je ne suis pas contre cette lecture.
    Je n’aime pas les ‘identitaires’, gauchistes comme ‘zemmouriens droitards’, car on a l’impression à les suivre que tous les problèmes du monde reposent sur des valeurs, traditionnelles contre ‘progressistes’. On y parle peu d’économie, du rôle de l’Etat, de science ou de ce qui transforme la vie concrètement. Cette grande bataille de ‘valeurs’ est un leurre selon moi.
    Ce que je constate en tout cas, conformément à vos vues, c’est que les postures militantes interdisent les débats citoyens. J’en fais constamment l’expérience auprès de ‘gauchistes’. L’esprit de la loi sur l’avortement était celui d’une tolérance, pas d’un droit de facto. On n’empêchera jamais les infanticides, le but à son édiction était d’éviter les aiguilles à tricoter, pas de systématiser l’acte. Dire ceci deja pose polémique aux bien-pensants. Cette adaptation libérale de l’habeas corpus est aussi abusée par les prodrogues pour arranger leurs affaires.

  7. @ IdB, Désolé pour la réponse tardive, je ne passe sur ce site que de temps à autre.

    Pour répondre à votre question, nous avions elle et moi, la trentaine. Par contre, je ne suis pas certain du tout qu’elle cherchait à « se reproduire avant qu’il ne soit trop tard ». Elle était plutôt borderline (à moitié folle, donc) et à moitié alcoolique. Elle était par contre très jolie, très intelligente et surtout très drôle, une qualité rare, je trouve, chez les femmes.

    Donc, j’ai ma part de responsabilité, quand on se risque à fréquenter ce genre de femme, on s’expose à des aléas…

  8. J’aime beaucoup la photographie en en-tête de cet article et sur laquelle la femme de gauche, malgré qu’elle a certainement déjà beaucoup trop mangé comme l’atteste son ventre fort arrondi, ne l’a sans doute pas encore assez fait pour se déclarer elle-même « Pas encore un être humain ».

  9. Je ne suis pas d’accord sur beaucoup de points, tout en étant choquée, comme vous par cette photo qui sonne comme une menace assassine et revendication toute puissante, non comme une expression de liberté.
    Les questions abordées sont par ailleurs ultra complexes comme le désir d’enfant, et pas réductibles à quelques sentences. De même le refus d’une grossesse peut être ambivalent et la décision d’avorter pas évidente. Pourtant dans bon nombre de cas, sauf culpabilisation, discours sur la vie qu’on détruit, tout cela trés marqué de religion, un avortement précoce est simple et absolument pas vécu comme un drame, au contraire, c’est un soulagement. Là où ça coince c’est quand le désir d’enfant est là, car dans ce cas, on investit trés différemment ce qui arrive, qu’on n’a pas voulu explicitement mais qui répond à quelque chose de profond, je dirais ancestral, sans compter le contexte affectif. Les grossesses suite à des viols sont peut-être rares, mais celles dues à une absence de contraception ou à un échec de ladite, sont fréquentes; et il n’y a pas toujours un père potentiel avec qui partager le résultat d’une étreinte plus ou moins importante d’ailleurs dans son ressenti. Oui faire l’amour n’a pas les mêmes conséquences chez un homme et chez une femme, la grossesse, c’est la femme qui la porte et c’est comme ça. on n’oublie pas le « père », c’est lui qui oublie souvent d’être là. Ensuite, même si on ne peut faire des équations aussi rudimentaires, je dirais qu’un avortement est mille fois préférable à un enfant qui n’est pas aimé ou à un infanticide; je sais c’est un peu trop binaire. Mais au total le choix d’avorter n’est pas comparable au choix de copuler ensemble. Autant l’acte sexuel est à priori un choix commun, avec de nombreuses formes, et une énorme part d’ irrationalité dans l’élan, le désir, l’attirance, la complexité du relationnel, la variété des circonstances, l’implication variable elle aussi (pourquoi une relation sexuelle serait-elle forcément importante, grave, déterminante, sauf si, de fait, elle est suivi d’une grossesse qui va changer votre vie?) Alors il est important de ne pas faire peser un peu plus sur les femmes cette culpabilité presque ontologique.
    Cependant j’ai conscience que « faire un enfant quand je veux », mais aussi le « droit à l’enfant » entraînent d’autres dérives; cet enfant voulu doit être parfait et on doit être parfait à son égard puisqu’on l’a voulu. Long débat qui va entraîner vers l’enfant roi, prisonnier de sa couronne, assujetti à ne manquer de rien, manquant de tout puisqu’on ne le laisse même pas désirer quelque chose.
    Je m’arrête là car on ne peut cerner tout cela de quelques lignes définitives. L’époque a changé au moment où la contraception est apparue (et qui le regrette? ), le droit à l’avortement est lui aussi une nécessité absolue et j’espère que les extrémités auxquelles nous assistons ne feront pas école.

    1. Bonsoir, je suis d’accord avec vos arguments, sinon qu’il n’y a pas forcément de dimension religieuse face à l’envie de respecter une vie et un enfant en formation. De la même manière que je ne tuerais pas un animal gratuitement – sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec un quelconque sentiment religieux –, je ne me serais jamais permis de supprimer mon propre enfant, ne serait-ce que par respect envers moi-même, ou mes gènes. Par exemple, j’ai transmis à mes enfants des QI de 150, ça aurait été dommage de se priver de ça. Mais ce sont là des réactions très personnelles, très intimes, difficilement partageables. J’ai été confrontée à des requêtes extérieures pour avorter et si j’avais cédé à ces personnes, je ne me le serais jamais pardonnée; je sais que j’aurais porté cet acte comme un fardeau et une tache sur moi toute ma vie.

      Ensuite, cela renvoie à des attitudes de fond face à la vie. J’ai un tempérament optimiste et combatif et j’avoue ne pas comprendre les dépressifs et les anxieux qui se noient toujours dans un verre d’eau pour tout et pour rien. Il y a des femmes pour qui ce n’est jamais le moment de rien, qui passent leur vie à s’angoisser pour tout, pour finir immanquablement aigries et frustrées. Chacune son truc. Je suis en ce qui me concerne saturée de ces discours plaintifs de femmes qui se prétendent fortes mais sont toujours incapables d’assumer le moindre imprévu dans leur vie.

  10. Bonjour, quelques précisions que j’ai apprises récemment : aux États-Unis, sept états « progressistes » (Californie, New York, etc.) + Washington D. C. autorisent l’IVG jusqu’au terme de la grossesse. Il en est de même au Canada (https://www.axios.com/2022/05/14/abortion-state-laws-bans-roe-supreme-court).

    Montréal, le 1er février 2023, des informations au sujet d’une femme enceinte de 38 semaines (la dernière semaine de grossesse) qui allait subir un avortement le lendemain ont fuité sur les réseaux sociaux. L’hôpital a été assailli d’appels téléphoniques demandant de sauver l’enfant, de le proposer à l’adoption, plutôt que de le tuer. Certains disaient même vouloir l’adopter. Il y eut aussi des appels agressifs (https://www.journaldemontreal.com/2023/03/15/avortement-tardif-un-hopital-oblige-dappeler-la-police-en-raison-de-militants-anti-choix-agressifs).

    Il s’agissait bien d’une IVG, pas d’une IMG (Interruption Médicale de Grossesse). Il ne s’agissait donc pas de sauver une vie, mais d’en détruire une. L’IVG a donc été pratiquée sur un enfant viable, durant les derniers jours de la grossesse.

    Même si je ne connais rien de l’histoire de cette mère, cela ressemble à un assassinat et il est difficile de ne pas être horrifié. Pour bien mesurer l’atrocité, il faut comprendre la barbarie de la méthode utilisée pour les avortements tardifs. Au-delà de la 12éme semaine de grossesse (14éme semaine d’aménorrhée) l’aspiration n’est plus utilisable. Il faut « fractionner » le corps de l’enfant. En clair, on le découpe vivant dans l’utérus. Ensuite, on sort un bras, on sort une jambe, etc. La tête doit non seulement être coupée, mais, elle doit aussi être « fractionnée ».

    Chez les féministes, cette absence totale de considération pour l’enfant est sordide. Leurs exigences vont toujours dans le même sens : allongement des délais légaux pour l’IVG, suppression de la période de réflexion, etc. Bref, toujours plus de facilités pour tuer au nom de l’argument le plus inepte qui soit : « mon corps mon choix ».

    C’est merveilleux ! C’est le progrès ! C’est l’égalité ! C’est le féminisme !

    Rien n’est jamais trop monstrueux pour ces créatures.

    1. Nous sommes d’accord.
      Leur passion pour la destruction des enfants est répugnante. Je n’ai jamais entendu de discours masculin aussi cruel et inhumain que celui des féministes quand elles jouissent de massacrer des enfants. Ces femmes m’ont toujours soulevé le coeur. Heureusement, toutes les femmes ne sont pas comme elles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *