ÉDITO. Récemment, le secrétaire général de l’ONU expliquait que la pandémie de Covid-19 était le révélateur de « millénaires de patriarcat ». Vraiment ?
« La pandémie ne fait que démontrer ce que nous savons tous : que des millénaires de patriarcat ont produit un monde dominé par les hommes avec une culture dominée par les hommes qui nuit à tous – les femmes, les hommes, les filles et les garçons. » Cette phrase prononcée par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres le 31 août 2020, lors d’un discours à de jeunes femmes de la société civile, n’a pas été tirée de son contexte pour ridiculiser son auteur, mais tweetée par les Nations unies elles-mêmes. Elle défie pourtant les lois de la logique : à première vue, faute d’arguments à l’appui, on ne comprend guère en quoi la pandémie a un quelconque rapport avec le patriarcat, on ne saisit pas non plus comment on peut affirmer la prééminence en tous lieux de la « domination masculine », et on ne voit pas pourquoi cette « culture masculine » nuirait forcément « à tous ». Bref, Guterres a peut-être raison, mais rien ne permet, dans cette affirmation, de le savoir.
Quand on lit le discours dans son entièreté, on comprend mieux ce que Guterres veut dire : que les femmes ont été particulièrement impliquées dans la lutte contre la pandémie, puisqu’elles sont majoritaires dans le secteur du soin; qu’elles ont souffert économiquement, car elles sont aussi majoritaires, dans le monde entier, dans le secteur informel, et qu’elles ont endossé une part plus grande encore du travail non rémunéré; que la fermeture des écoles et le repli sur le foyer les ont exposées à davantage de violence. Mais on ne voit toujours pas en quoi c’est une preuve convaincante que le monde entier est patriarcal. En effet, d’un côté, comme l’ont montré de nombreuses études de psychologie comportementale, les femmes sont majoritaires dans le secteur du soin car elles sont plus intéressées par les professions liées aux « personnes » qu’aux « choses ». Le mot « intéressées » est important : il ne s’agit pas de compétences, mais de préférence. D’un autre côté, la discrimination et la violence à l’égard des femmes – bien plus forte dans certains pays en développement que chez nous – sont une manifestation évidente de systèmes patriarcaux. Le cas de l’activité économique est, lui, plus ambigu : que les femmes s’occupent davantage du foyer et des enfants que les hommes peut être autant le résultat d’un choix authentique que d’une contrainte.
Le danger des formules toutes faites
La pandémie de Covid-19 n’a donc pas révélé l’existence d’un omniprésent patriarcat, mais celle d’une division des tâches millénaires entre les deux sexes, qu’on peut ensuite discuter, voire contester. Pour certains, elle est une organisation archaïque à démanteler. Pour d’autres, comme le chercheur en psychologie devenu superstar Jordan Peterson, il s’agit d’une stratégie conjointe de survie face à l’adversité du monde. Pour d’autres encore, elle est à conserver quand elle relève du libre choix des individus, et à combattre quand elle revient à discriminer et violenter les femmes.
Ce tweet et plus généralement les affirmations de ce genre, qui sont récurrentes, ne posent pas problème en raison des idées qu’ils suggèrent, mais parce que leurs auteurs s’estiment dédouanés de justifier leurs dires par des arguments. Ils se contentent de répéter des formules toutes faites sans jamais les interroger, préférant l’automatisme de la parole à la compréhension du monde réel. Selon la dernière étude du Monde avec Ipsos-Sopra Steria sur les « Fractures françaises », 69 % des Français sont ainsi convaincus de « vivre dans une société patriarcale » où « patriarcal » signifie « une société où le pouvoir est détenu par les hommes. » Il est pourtant évident que le terme « patriarcat » n’a pas le même sens en Iran qu’en France, et même qu’il décrit bien mieux le premier pays que le second.
La prévalence de la parole automatique n’est pas seulement un problème intellectuel, c’est un obstacle à l’action, car quand on pense de travers, on agit rarement droit. Il suffit de constater que l’autoflagellation de Guterres est en totale contradiction avec ses actes : si la domination masculine dans les lieux de pouvoir le gêne tant, pourquoi ne laisse-t-il pas sa place à une femme ?
Voir aussi, sur la baudruche idéologique du « patriarcat » :
Aussi, quand j’entends les féministes pleurnicher à longueur de journée que « Ouiiin, le « male gaze » (le regard des hommes) nous sexualise, c’est affreux !! Les zhoms, y regardent nos seins et ça les fait bander, ces cochons, on comprend paaas !! Il faut tous les rééduquer, c’est de la culture du vioool !! On veut pouvoir se promener torse nu dans la rue comme les zhoms, nos seins sont des torses, c’est exactement pareil !! », je me dis que ce féminisme est vraiment un trouble mental.
Pour rappel, les seins ont deux fonctions principales :
la fonction érotique invitant, par l’excitation qu’ils procurent, à la reproduction sexuelle, laquelle a pour finalité la perpétuation de l’espèce. Il est même connu que la vision des seins érotise également les femmes, hétérosexuelles aussi bien qu’homosexuelles (elles n’en ont pas forcément conscience, mais leur clitoris réagit fortement à leur vue). C’est la raison pour laquelle Titien, au XVIe siècle, peignait des Vénus dénudées que l’on plaçait dans la chambre des époux afin de les érotiser tous les deux (voir : Le plaisir féminin en peinture). D’aucuns (du type « gauchistes culturels ») contestent le rôle érotique universel des seins, ramenant cela à une construction culturelle purement occidentale (en clair : « patriarcale à abattre »). L’évolution nous confirme cependant que « dans l’ordre des primates, la femelle d’Homo sapiens est la seule à conserver une poitrine rebondie en dehors des grossesses et des périodes d’allaitement » et qu’il y aurait là un avantage évolutif : les seins seraient un signal de maturité sexuelle et de fécondité. A moins que ce ne soit la bipédie et la copulation frontale qui aient poussé les hommes à sélectionner les femmes avec des seins. Quoi qu’il en soit : les seins attirent les mâles pour faire du sexe depuis toujours, n’en déplaise aux fâcheux !
la fonction nourricière qui permettait l’allaitement et la survie des enfants dans les sociétés traditionnelles. Tout le monde sait aujourd’hui que les anticorps spécifiques du colostrum, de même que les acides aminés à longue chaîne contenus dans le lait humain, n’ont aucun équivalent dans les laits animaux. Mais pendant des décennies, les féministes ont violemment combattu l’allaitement maternel sur le thème « Ouais, on n’est pas des vaches ! » ; première des raisons pour lesquelles je les déteste depuis toujours. Je n’ai jamais oublié les propos de Marcela Iacub assimilant le lait maternel à du sperme et, dans la droite ligne des délires de la psychanalyse freudienne, comparant l’allaitement maternel à une fellation incestueuse. Certains des nouveaux courants féministes semblent toutefois revenir sur ces postures et défendre l’allaitement maternel (un des rares points sur lesquels je suis d’accord avec elles).
Précisons que dans la vie d’une femme, ces deux fonctions peuvent se succéder en des temps différents, s’excluant alors l’une l’autre : un sein nourricier n’est (en principe) pas un sein érotique, pas plus pour la femme qui allaite que pour l’homme qui regarde.
Chez certains groupes traditionnels en Afrique ou ailleurs, certains observateurs occidentaux ont pu avoir l’impression que la fonction érotique des seins n’existait pas. Ceci s’explique vraisemblablement parce que la fonction nourricière, très prégnante, supplante la seconde et l’exclut momentanément. D’autre part, la fonction érotique des seins est globalement le propre de la femme jeune, puisque le vieillissement n’est jamais tellement l’ami des seins. Mais les seins frais aux tétons dressés des jeunes femmes nubiles est un signal universel (même si inconscient) de fertilité. Et c’est ici que l’on retrouve nos féministes et leur déni : les néo-féministes étant essentiellement des femmes jeunes en délicatesse avec le commerce amoureux et en lutte contre l’hétérosexualité et la maternité, le pouvoir érotique de leurs seins les met inévitablement en porte-à-faux. Il leur faut alors se persuader (et tenter de persuader les autres) que leurs seins sont des torses et le désir masculin un péché à déconstruire… encore plus s’il est le fait de l’homme blanc !
Manipulation et bigoterie, les deux mamelles du néo-féminisme
Dans les deux cas, suite au tollé, les vigiles ont été réprimandés et ces femmes unanimement défendues. Moi-même, mon premier réflexe, dans le contexte actuel de burkinisation rapide de nos villes, a été de me dire que nous ne vivions pas sous la charia, que l’injonction sévère à la pudeur ne faisait pas encore partie de nos moeurs vestimentaires publiques et que c’était heureux. Toutefois, au vu des éléments dont on dispose, l’islam ne serait pour rien dans ces affaires – mais le féminisme bigot, oui, tout particulièrement à Orsay.
Car personne ne semble comprendre que nier l’érotisme des seins et faire mine de confondre une poitrine féminine avec un torse masculin est le summum du puritanisme. Et de l’hypocrisie, comme le confirment les milliers de sites internet à la gloire des seins féminins, largement fréquentés, on n’en doute pas une seconde, par les mêmes menteurs qui se rincent l’oeil devant les stupides Femen venues défendre la miss d’Orsay tout en déblatérant que « Ah mais non, les seins ne sont pas érotiques, pas du tout, on s’en fout, on ne les regarde même pas »… C’est cela, oui… Alors que personne ne s’intéresserait aux Femen et à leurs discours de communistes moisies s’ils étaient servis par de vieilles mochetés habillées de pied en cap – et elles le savent parfaitement, évidemment, que leurs seins sont leur seule force de frappe.
Ceci dit, les décolletés en question ne sont pas franchement indécents, tout au plus légèrement vulgaires ou déplacés. Objectivement, ces deux poitrines sont tout à fait agréables à regarder et on devine que leurs porteuses seraient plutôt à ranger dans la catégorie des narcisses vaguement hypocrites du type « m’as-tu-vu » avec leurs airs de pas y toucher : « J’ai de beaux seins, prends ça dans ta gueule. Hein, quoi ? Mes seins provoquent l’émoi ?! Mais gnééé, comment c’est possiiible ?!? Vraiment, je vois pas ! ». Non, bien sûr… continuez à prendre tout le monde pour des cons, faites comme si on ne vous voyait pas.
Néo-féministe et islamophile
Détail intéressant, la miss du musée d’Orsay, qui s’appelle Jeanne, est – quelle surprise – une de ces néo-féministes 2.0 anti-patriarcales et pro-voile (tout ce que j’aime…) ; le genre qui utilise sa poitrine pour provoquer sciemment tout en jouant les effarouchées, ce genre de coincée du cul qui va prétendre que ses seins n’ont rien de sexuel (« et pis, c’est ma liberté de les imposer à la vue de tout de monde si je veux »), mais qui va trouver normal que les cheveux d’une femme (et qui sait, d’une petite fille, puisque l’un ne va plus sans l’autre) soient pudiquement dissimulés – concédant donc implicitement un impact érotique aux attributs féminins, même les plus innocents.
Car Jeanne est une néofem bigote pro-voile et pro-islam ; ce qui, contrairement aux apparences, est parfaitement en phase avec son militantisme « d‘hyperfemelle » : dans tous les cas, l’idée est d’interdire aux hommes de regarder les attributs d’une femme, d’en penser quoi que ce soit ou d’être érotisés à leur vue. Naturellement, tous les bobos nudistes et faussement décoincés vont la défendre, lorgnant dans son décolleté comme des affamés tout en prétendant que ça n’a rien d’érotique – sans même comprendre qu’elle les prend tous pour des cons et qu’elle n’attend que de les traiter de sexistes et de machistes primaires si jamais ils faisaient le moindre commentaire sur ce qu’elle leur met sous le nez.
Un tweet de Jeanne :
Un retweet de Jeanne :
« On me sexualise »… Sans blague ?
En bonne militante, Jeanne nous place en interview sa rhétorique néoféministe bien rodée : « Je n’ai pas envie de mettre ma veste parce que je me sens vaincue, obligée, j’ai honte, j’ai l’impression que tout le monde regarde mes seins, je ne suis plus que mes seins, je ne suis qu’une femme qu’ils sexualisent ». Lol ! Il ne manque rien : la pleurnicherie, la fausse victimisation, la mauvaise foi, le déni, l’hypocrisie absolue et naturellement, le tour de passe-passe de l’abominable « sexualisation » des seins.
« Je ne suis qu’une femme qu’ils sexualisent » : la formule est d’autant plus malhonnête que c’est une femme qui lui a demandé de se couvrir : « La vue de mes seins et de mon apparat tout dépoitraillé choque une agentechargée du contrôle des réservations. (…) Je fais remarquer qu’il est profondément antidémocratique de me discriminer sur la base d’un décolleté, la même responsable pouffe de rire », avouait-elle dans son témoignage en ligne. Où est le patriarcat là-dedans ? Et pourquoi masculinise-t-elle ses interlocuteurs dans l’interview ? On connaît la réponse : une néofem qu se respecte doit toujours accabler le sexe masculin, toujours, partout, tout le temps. Même quand les responsables sont des femmes (en l’occurrence ici, elle et l’agente).
C’est ensuite l’occasion dans l’article de La Dépêche de réactiver le combat actuel des néofem contre les nus féminins dans l’art (l’objet même de ce site, voir « De l’art ou du cochon: les féministes au musée ») : « Et de faire remarquer que le musée comprend des tableaux de femmes nues et des sculptures de femmes nues… ». Ben voyons !
Les choses deviennent encore plus claires quand on lit les soutiens néo-féministes de la pseudo-victime d’Orsay :
« Rhabillez vos oeuvres ! » On les voit venir, avec leurs gros sabots, les néo-bigots qui s’en prennent aux représentations du corps féminin, à Manet et à Courbet, qu’ils ne supportent pas… Je ne connais que trop la chanson :
Les féministes et leurs seins (bis) : le mouvement Nobra (ou no bra)
Le mouvement #Nobra (une resucée du militantisme féministe des années 1960 qui encourageait les femmes à se débarrasser de leur soutien-gorge) ressortit de la même naïveté et du même déni du réel. Dans une vidéo Kombini qui circule actuellement, on voit une néofem dans la vingtaine s’extasier que ses seins « ne tombent pas du tout », après quatre ans d’arrêt du soutif… Mais encore heureux qu’elle ne les ait pas dans les chaussettes à son âge, il ne manquerait que ça !
Gala ne comprend pas du tout pourquoi « il ne fallait pas qu’on voie mon téton, alors que c’est le même que chez les hommes, je ne vois pas où est le problème », gnéé… On reste toujours sans voix devant de telles oies blanches. Même dans les couvents anciens, les filles étaient capables de comprendre le pouvoir érotique de leurs seins. Gala ne supportait pas non plus la forme bombée de sa poitrine avec un soutien gorge et il fallait qu’elle se « réapproprie son corps ». Bah oui, le male gaze, c’est du viooool ! Si quelqu’un remarque vos seins, votre corps ne vous appartient plus ! Puritanisme, quand tu nous tiens… Elle déroule ensuite tout le déni que je dénonce plus haut, et gna gna gna, faut pas sexualiser la poitrine, et gna gna, elle n’a rien à voir avec l’érotisme ou l’allaitement… Mais bien sûr…
À titre personnel, je ne crois pas un instant à la propagande comme quoi les seins ne tomberaient pas sans soutien-gorge. Il suffit de regarder les femmes amazoniennes ou africaines qui n’en portent pas :
Les images parlent d’elles-mêmes, et il n’y a même pas besoin d’invoquer le traditionnel « repassage » des seins. Si je pouvais apporter mon seul témoignage (mais qui pèse après tout aussi lourd que celui de la seule néofem de Kombini), je dirais que pour ma part, avec une poitrine de 90 passée à plus de 100, je ne supporte pas un instant de ne pas de porter de soutien-gorge (mais pas n’importe lesquels, j’ai banni les armatures et les choses inconfortables depuis fort longtemps) et qu’en ayant toujours pris soin, malgré plusieurs enfants et allaitements longue durée, ma poitrine ne tombe pas et n’a aucune vergeture. Je ne suis pas sûre du tout qu’il en serait de même sans avoir jamais porté de soutien-gorge… et j’aimerais bien voir les seins de la donzelle de Kombini dans 20 ans, qu’on compare ^^
De toutes façons, le soutien-gorge n’est pas un accessoire érotique
Gala a tout faux en s’imaginant que porter des soutiens-gorges revient à jouer le jeu des hommes et de leur regard sexualisant sur les femmes (l’abominable « male gaze » qui les pétrifie tant). La « libération » du soutien-gorge n’est en réalité qu’une obsession purement féministe et un combat dont les hommes se soucient comme d’une guigne. Ce qui les fait bander, les hommes, ce sont le galbe d’un sein ou d’un téton, de préférence sans soutien-gorge, devinés sous une étoffe : le ressort même de l’érotisme depuis toujours… Ils seraient donc plutôt favorables au délaissement du soutien-gorge, puisque c’est beaucoup plus érotique sans. Dans les années 60, sous l’impulsion du mouvement hippie, les hommes étaient même carrément contents de voir leurs copines jeter leur soutien-gorge aux orties. D’ailleurs, les féministes ont réalisé un peu plus tard qu’elles s’étaient peut-être un petit peu fait rouler dans la farine sur les bords avec cette histoire de libération sexuelle… d’où le tournant revêche et puritain qu’a pris le féminisme universitaire à partir des années 1980. Les féministes sont toujours de grandes naïves, ou plus exactement des petites filles qui refusent de devenir adultes.
Une preuve que le soutien-gorge n’est pas un accessoire érotique ? Il n’existe aucune paraphilie, à ma connaissance, liée exclusivement au soutien-gorge, même chez les japonais, pourtant champions hors catégorie en matière de fétichismes invraisemblables. Les hommes qui fantasment sur les petites culottes féminines sont légion sur toute la planète, mais bien rares sont ceux qui adorent se branler dans un soutien-gorge. En tout cas, je n’en ai jamais entendu parler.
Ceci pour dire et redire que le pouvoir érotique est bien dans les seins, qu’on ne les désexualisera pas de sitôt et que renoncer au soutien-gorge mènera surtout à se désérotiser à coup sûr en transformant expresso ses seins en gants de toilette… ce qui est probablement le but recherché, consciemment ou inconsciemment, de ces féministes. On va donc les laisser à leurs chimères de monde sans sexe et à leur combat désespéré pour ruiner toute forme de dialogue érotique avec les hommes. Combattre les moulins à vent sera toujours leur grande spécialité.
Mais dans le fond… Pourquoi les féministes et leurs soutiens s’obstinent-ils à ce point à nier le pouvoir érotique des seins ?
C’est parce qu’ils savent bien que le sein érotique et la civilisation occidentale ont partie liée depuis des siècles. Que nos musées sont remplis de nus féminins et de seins érotiques. Qu’en Occident, les hommes ont toujours sculpté, peint, célébré… bandé sur les seins féminins. Le sein, c’est la pomme du péché de l’homme blanc. Alors tout cela, il faut le balayer, le nier, l’annihiler…
Image de couverture : Antonio Corradini, La Pudeur, 1752, marbre blanc de Carrare (Naples, chapelle Sanseverino)
La Pudeur (ou La Modestie) nous permet de mesurer à quel point l’Italie post-baroque était capable d’aborder avec humour et légèreté le corps érotique. Il ne fait aucun doute que le corps et les seins sculpturaux de cette allégorie, avec ses tétons fièrement dressés sous un léger voile moulant et transparent, seraient aujourd’hui qualifiés d’impudiques par les nouvelles mères-la-pudeur qui veulent « rhabiller les oeuvres » du musée d’Orsay.
Leur terreur du « male gaze » fait de ces dindes hurlantes perpétuellement effarouchées les pires puritaines que cette terre ait jamais porté. Le grotesque numéro des Femen à Orsay ne trompe que les naïfs et les masochistes car, tout comme celui de la manipulatrice d’Orsay, leur seul discours est : « Nous vous interdisons de jeter le moindre regard désirant sur les seins d’une femme ! Puisque les seins ne sont pas érotiques ! ». Quand les gens comprendront-ils ce que sont réellement ces féministes qu’ils défendent aveuglément ? Que ces khmers roses n’ont rien à envier aux khmers verts qu’ils découvrent en ce moment même à Bordeaux ou Lyon ?
Voir aussi :
Clitoris, vulve, règles, cellulite, pisse et merde : pour découvrir l’univers complet néo-féministe :
VOILA TROIS ANS que la déferlante MeToo a ouvert la voie à la parole des femmes. Elles ont pu dénoncer publiquement toutes les agressions sexuelles dont elles se disent victimes. Grâce à elles, la honte a changé de camp. Depuis lors, le néoféminisme a durci le ton et les méthodes. On ne se contente pas des agressions, on « balance » les agresseurs présumés. Ce faisant, les plus radicales qui se proclament activistes ont tourné le dos au féminisme d’avant MeToo. Elles ont déclaré la guerre des sexes, et, pour gagner, tous les moyens sont bons, jusqu’à la destruction morale de l’adversaire,
Armées d’une pensée binaire qui ignore le doute, elles se soucient peu de la recherche de la vérité, complexe et souvent difficile à cerner. A leurs yeux, les êtres humains sont tout bons ou tout mauvais. Les nuances n’existent plus. C’est le mythe de la pureté absolue qui domine.
À ce premier dualisme s’en ajoute un second, tout aussi discutable : les femmes, quoi qu’il arrive, sont d’innocentes victimes – et bien souvent elles le sont, mais pas toujours – les hommes, des prédateurs et agresseurs potentiels, y compris parfois à l’égard d’autres hommes. Ce qui autorise l’activiste Alice Coffin à déclarer : « Ne pas avoir de mari, ça m’expose plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée… Ça évite que mes enfants le soient aussi ». Et d’inviter les femmes « à devenir lesbiennes et à se passer du regard des hommes »…*
* Ces deux citations sont extraites d’interviews accordées à RT France en 2018 pour la première, et à National Geographic en 2019 pour la seconde.
En se fondant sur les statistiques des violences conjugales, on essentialise femmes et hommes dans des postures morales opposées : le bien et le mal, la victime et l’agresseur. Les perverses, les menteuses et les vengeresses n’existent pas. Il n’y a plus qu’à conclure au séparatisme, puisque l’homme est la plus dangereuse menace pour la femme.
Evoquer la violence féminine est interdit. Quand on insiste, on a toujours droit à la même réponse : si violence des femmes il y a, c’est pour se défendre de celle des hommes. La violence physique n’est pas inscrite dans le génome des femmes. La violence psychologique non plus. C’est peut-être oublier un peu vite les violences conjugales faites aux hommes, qui font l’objet d’un déni de réalité collectif**. Parler de ces dernières paraitrait relativiser celles dont les femmes sont victimes, et par conséquent trahir leur juste cause. Pour les mêmes raisons, on feint d’ignorer la part des mères dans les violences infligées aux enfants. Si la pédophilie est essentiellement masculine, les coups et autres maltraitances, y compris sexuelles, s’opèrent souvent avec la complicité de la mère**. Tout au plus parle-t-on de non-assistance à personne en danger.
** Selon l’enquête « Cadre de vie et sécurité » de l’Insee de 2019, plus du quart -28%- des victimes de violences conjugales physiques ou sexuelles auto-déclarées sont des hommes.
*** Voir le rapport de l’Igas (2018) et celui de l’Observatoire national de la protection de l’enfance (2020).
Si la violence féminine ne peut être qu’une réaction à la violence masculine et si la parole des femmes est sacrée, à quoi bon le doute et une enquête sérieuse avant de condamner ? On peut passer outre au filtre de la justice. Le lynchage médiatique et la mise au pilori s’appliquent sur-le-champ. Les accusatrices, solidement appuyées sur les réseaux sociaux, jugeant à la vitesse d’un clic, déclenchent un maelström surtout quand une personne publique est visée et que la presse s’en empare. Les conséquences sont accablantes pour l’accusé mis sur la sellette. C’est une mise à mort sociale, professionnelle et parfois familiale. On ne vous regarde plus de la même façon, vous êtes devenu suspect et toute tentative d’explication et de défense s’avère vaine. La seule solution est la plainte pour diffamation, qui peut attendre parfois des années avant d’être jugée ; et même blanchi, l’on continue longtemps de porter la marque de l’infamie. On dira que les femmes violées attendent elles aussi des années pour voir leur agresseur condamné et pouvoir se reconstruire. Mais l’un ne justifie pas l’autre.
En l’espace d’une année au moins, trois hommes en France ont été jetés aux chiens avant que la justice les lave des accusations portées contre eux : un journaliste, un ancien ministre et un trompettiste. Ce dernier a même été d’abord condamné à quatre mois de prison avec sursis, avant d’être blanchi quand on s’aperçut que la plaignante avait menti. Aujourd’hui c’est un ministre en exercice et l’adjoint à la culture du Conseil de Paris qui sont dans la tourmente. Les manifestantes qui réclament la « tolérance zéro » pour ceux accusés d’agression sexuelle n’ont rien à dire de celles qui ont menti, ou affabulé. Ces deux poids, deux mesures sont les conséquences d’une logique oppositionnelle et d’une méconnaissance stupéfiante des êtres humains. En soupçonnant les uns de tous les vices et en couvrant les autres du manteau de l’innocence, les activistes néoféministes nous mènent tout droit à un monde totalitaire qui n’admet aucune opposition.
Quant à la solution proposée de devenir lesbiennes et de se détourner du regard des hommes, elle ne peut que déclencher un immense éclat de rire. Cela ne vaudrait pas la peine d’être mentionné si ce n’était l’expression abrupte d’une haine des hommes que certaines ne sont pas loin de partager. Ce néoféminisme guerrier risque bien de déshonorer la cause du féminisme, voire de la rendre inaudible pour un bon moment. Tout le monde y aura perdu, et d’abord les femmes.