Je suis assez ravie de voir la panique s’emparer de la forteresse féministe. Habituées à éreinter sans états d’âme les porteurs de pénis ou à dérouler sans complexes leur misandrie et leurs délires de persécution tous azimuts, les féministes se retrouvent beaucoup plus mal à l’aise devant les femmes qui osent rejeter fermement leur embrigadement forcé, entendent penser par elles-mêmes ou, comme moi, se torchent allègrement avec leur « sororité », cette foutaise directement empruntée au langage des sectes, en particulier la secte islamiste.
Je vois passer ce matin un article qui cite en titre le nouvel ennemi : « Christine Bard : Les femmes antiféministes, ce n’est pas nouveau ». Il s’agit d’une interview donnée à l’occasion de la sortie d’un ouvrage universitaire (ou plus exactement idéologique du genre) : Antiféminismes et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, Paris, PUF, 2019.
Alors en effet, ce n’est pas si nouveau. On connaissait l’ouvrage écrit en 1983 contre ces femmes par la féministe radicale Andrea Dworkin, Les Femmes de droite – un pensum haineux traduit en français en 2012 et préfacé par Christine Delphy, une de nos radfem nationales. Le féminisme gauchiste qui s’y étale complaisamment va immédiatement nourrir l’armée des néo-féministes francophones qui, sous l’égide de l’officine d’état Osez le féminisme (et de quelques autres) va vite monter en puissance avec l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012.
Mais les femmes antiféministes ne sont pour autant pas encore un phénomène correctement appréhendé par les féministes. Il faut dire d’emblée qu’étant formatées par leur idéologie très marquée à gauche – à base de lutte des classes appliquée à la lutte des sexes, de marxisme culturel, d’idéologie du genre, de pleurnicheries antipatriarcales, d’écriture inclusive et autres billevesées victimaires, les féministes mainstream ont très peu de chances d’aborder convenablement le phénomène et encore moins de le comprendre. Qu’une femme puisse penser en dehors des clous – out of the box – n’est absolument pas prévu dans leur grille de lecture antipatriarcale, autocentrée et misérabiliste de l’univers.
Il faut ajouter ici que le féminisme est en soi une des pires illustrations du conformisme intellectuel que d’aucuns sont parfois tentés d’attribuer à la gent féminine en général. Et force est de constater que ce n’est, hélas, sans doute pas complètement faux. Les femmes se lèvent toujours toutes en choeur en levant leur petit poing rageur aussitôt qu’un combat est remporté depuis longtemps – par les hommes, justement. Plus le féminisme est la pensée dominante et obligatoire et plus les femmes hurlent qu’elles sont opprimées et redoublent de criailleries : c’est le genre de « combat » confortable qui ne coûte absolument rien. Le business du marketing publicitaire, qui l’a bien compris, exploite à fond le filon féministe victimaire revanchard pour vendre des gammes complètes de produits inutiles, coûteux, toxiques et polluants à des dindes trop contentes de se faire plumer tout en levant leur petit poing (clip « Viva la Vulva » de la marque Nana). Les publicistes auraient bien tort de s’en priver.
Mais venons en aux arguments de Christine Bard.
L’épouvantail masculiniste
- « Les ennemis du féminisme sont pluriels et puissants. (…) La chercheuse appelle à la vigilance », nous annonce en préambule Grazia, gazette féministe militante, donc absolument pas objective. On retiendra tout de même la frayeur qui semble s’être emparée de la forteresse. Le camp autoproclamé du Bien a peur. Il était temps et je m’en réjouis.
- C. Bard affiche juste après son incompréhension du sujet lorsqu’elle affirme que les antiféministes ne s’assument pas comme tels. C’est faux. Pour ma part, je clame haut et fort mon antiféminisme et me revendique de ce qui est prioritairement pour moi un combat contre la bêtise et la manipulation. Je n’ai donc aucune intention de « ruser » comme elle le prétend. Une des raisons qui peuvent toutefois expliquer que certains hésitent à s’afficher antiféministes est l’attitude totalitaire, haineuse et méprisante des féministes – notamment universitaires – envers tous ceux qui osent critiquer la sainte doctrine.
- Elle dit ensuite que les antiféministes se disent masculinistes, ce qui démontre encore son ignorance du terrain. Par exemple, moi je ne ne suis pas masculiniste. Je partage totalement leur critique du féminisme, mais je ne les suis plus quand ils sont misogynes.
- Elle ment effrontément quand elle affirme qu’aucune étude ne montre que les hommes puissent être socialement inférieurs aux femmes. Alors, c’est sûr que ce ne sont pas les travaux issus des laboratoires des Gender Studies qui vont s’emparer de ce sujet – puisqu’il y règne une véritable terreur féministe. L’emprise du féminisme est d’ailleurs devenue un véritable fléau dans la quasi totalité des laboratoires de recherche des pays occidentaux comme le montre cette interview réalisée par Peggy Sastre, « Quand des féministes harcèlent des scientifiques ». La réalité concernant les hommes est pourtant décrite dans cet article, « Fin du patriarcat : Les hommes font l’expérience d’une forme de déclin » ou dans les travaux de la philosophe américaine Christina Hoff Sommers, qui n’est pas la seule à s’être emparée du sujet.
- Sur son mépris envers « les droits soi-disant bafoués des pères divorcés » et sur « l’intersectionnalité des haines » (masculine, blanche, hétérosexuelle) – ce vocabulaire montrant au passage qu’elle est acquise au féminisme intersectionnel indigéniste, véritable déroute intellectuelle raciste et sexiste –, je laisse les concernés répondre et préfère pour l’instant me concentrer sur le paragraphe qui suit, consacré aux femmes de mon espèce.
Les femmes antiféministes, révélateurs de la confusion intellectuelle féministe
- La démonstration commence par une énorme mystification. C. Bard « s’étonne que des femmes puissent être hostiles aux droits des femmes » – comme s’il était question de cela ! Aucune antiféministe ne s’oppose évidemment aux droits des femmes, c’est même tout le contraire : nous sommes toutes pour l’équité et l’égalité en droits, c’est la base ! C’est même le nom donné à l’Equity feminism défendu par Christina Hoff Sommers, en opposition aux délires du Gender Feminism ! Elisabeth Badinter (que les nouvelles féministes traitent de masculiniste) s’inscrit elle aussi dans cette optique. Je considère pour ma part que l’égalité en droits étant obtenue, le néo-féminisme n’est plus qu’un fatras idéologique prospérant sur un cadavre en décomposition (le féminisme).
- Ce préambule fallacieux donne alors l’occasion à C. Bard de divaguer sur la nature de la femme. C’est tellement amusant que je vais citer le passage en entier avant d’en pointer les incohérences : « Mon interprétation, c’est qu’une femme n’est jamais uniquement une femme ; elle est fabriquée, comme un homme, par des déterminations sociales de classe, d’origine, ainsi que par des choix philosophiques, politiques… L’antiféminisme des femmes est souvent dicté par des engagements idéologiques et religieux déconnectés de leur identité de femme ».
- « Déconnectés de leur identité de femme », donc. Laquelle identité serait, si l’on en croit la doctrine idéologique du genre énoncée juste avant, une simple construction sociale, philosophique, etc. Mais alors, en quoi une femme antiféministe serait-elle déconnectée de sa détermination sociale et philosophique ? Il y aurait une « bonne et juste » détermination sociale, celle qui vous ferait avaler tout cru les couleuvres féministes, et une « mauvaise et coupable » détermination sociale, celle qui vous ferait passer ces mêmes salamalecs au filtre de la raison critique ? Cela n’a aucun sens !
- A moins que… cette « identité de femme » ne soit en réalité son sexe biologique ? Ceci contredirait directement l’idéologie du genre affirmée juste avant et cela supposerait aussi dans l’esprit de l’auteur une confusion absurde entre « femme » et « féministe ». Une femme en accord avec son identité biologique de femme ne pourrait être que féministe – comme si le premier impliquait le second ! J’ai maintes fois moqué cette confusion intellectuelle visant à confondre « femme » (un sexe biologique et social) et « féministe » (une idéologie devenue crasse). Est-il possible que cette confusion se rencontre sérieusement sous la plume d’une universitaire ?
La question de l’anonymat
J’en arrive au dernier point abordé dans l’interview, celui de l’antiféminisme digital et de l’anonymat. Si l’auteur déplore, comme on pouvait s’y attendre, l’anonymat, je tiens pour ma part à le défendre vigoureusement – en particulier sur cette question de l’antiféminisme.
C. Bard déplore le cyber-harcèlement imputé aux masculinistes… en oubliant sciemment le cyber-harcèlement violent, permanent et toujours impuni des féministes et autres SJW continuellement déchaînés sur les réseaux sociaux (voir par exemple « La « culture du viol », une culture féministe du harcèlement et du lynchage »).
Comme on l’aura noté, je ne cherche moi-même qu’à apporter modestement ma pierre à la circulation des idées et je ne vois pas du tout ce que j’aurais à gagner à me faire attaquer gratuitement sur ma personne, mon physique, mon histoire, ma vie privée, etc.
Je sais très bien que mes opposants ne jugent pas les idées mais les personnes – en fonction de leur sexe, leur race, leur couleur de peau, leurs convictions politiques, leurs occupations, leur orientation sexuelle, leur situation maritale, leur adresse, leur nom, etc. Les néo-féministes en particulier ont ce besoin viscéral d’assigner leurs interlocuteurs et de les essentialiser – en totale contradiction avec les principes humanistes et universalistes auxquels j’ai été formée. Dans la mesure où mes propos ne contreviennent aucunement à la loi ou à l’ordre public, j’estime que je n’ai pas à en dire plus sur mon identité.
Je ferai enfin remarquer aux féministes que, malgré le fait qu’elles incarnent la pensée la plus mainstream et la plus conformiste qui soit, elles aussi recourent parfois à l’anonymat. C’est le cas par exemple de ce collectif d’anonymes (Lilith’s Revolution) qui édite des visuels radfems ou de ces manifestantes à Zurich le 14 juin 2019 :
Je suis évidemment pour que ces féministes aient le droit de dire tout ce qu’elles veulent dans l’anonymat – et naturellement, pour avoir moi aussi le droit de leur répondre de la même manière. Tout cela fait partie de la liberté de pensée et d’expression !
Vive le pseudonymat !
D’une certaine manière, je rejoins la position d’Élisabeth Badinter quand elle dit : « Je trouve la proposition de Xavier Bertrand raisonnable, à savoir que tous ceux qui s’inscrivent sur les réseaux sociaux devraient fournir leur véritable identité, quitte à prendre ensuite un pseudonyme ». Ne faisant rien d’illégal et n’ayant rien à me reprocher, je n’aurais aucun problème à fournir mon identité, du moment qu’elle n’est pas publique. Je ne vois pas en effet ce que j’aurais à gagner à subir le lynchage féministe…
[à suivre…]
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