[Mansetmania] – Pourquoi les femmes sont-elles devenues méchantes ?

« Pourquoi les femmes sont-elles devenues méchantes ?
C’est qu’à la fois les hommes se sont tus.
C’est bien la poésie qu’on tue
Sur une route en pente. »

« Pourquoi les femmes sont-elles devenues cruelles ?
Comment cette brassée d’orties finira-t-elle ?
Qui pique, envahit tout,
Qu’aucun produit ne tue. »

« Pourquoi les femmes sont devenues tout autre chose ?
Et qu’avec elles le reste s’est asséché… »

« Pourquoi les femmes » est un titre de Gérard Manset tiré du concept-album À Bord du Blossom paru à l’automne 2018. Léo LeBoc en propose ici un montage sur des images (les plus soft) du film Glissements progressifs du plaisir d’Alain Robbe-Grillet (1974) avec Anicée Alvina et Michael Lonsdale :

*Glissements progressifs du plaisir est une interprétation surréalistico-érotique de La Sorcière de Jules Michelet (1862), cette fable historique qui nourrit aujourd’hui encore la propagande féministe sur les sorcières (cf. « Les sorcières en renfort »).

Le maître de la mélopée hypnotique ose donc un texte discordant, totalement à contre-courant de la grand-messe consensuelle #MeToo – et d’aucuns en sont encore tout retournés. La journaliste de l’Express avait tiré la première : « Des chansons envoûtantes, mais gâchées par une mentalité néoréac », écrivait-elle, ponctuant sa recension d’À Bord du Blossom par cette sentence : « Un point de vue à contre-courant de #MeToo, dont il aurait pu se passer. De quoi gâcher cet appel du large au charme insolite » (« Gérard Manset a-t-il largué les amarres ? »L’Express, 26/10/2018).

Les fans historiques se sont parfois trouvés tout aussi déconfits : « Chui allé à la Fnac, le vendeur m’a demandé si je voulais l’écouter en version « shuffle » sur les enceintes du magasin (…). On a passé les titres assez rapidement (en se regardant de temps à autres), ha « pourquoi les femmes sont-elles devenues si méchantes ? », j’ai compris que nos chemins s’étaient définitivement séparés ». D’autres, plus indulgents, émettent des hypothèses fort plausibles, tel le « désespoir du bourdon » :  « Eh oui, cher Gérard, va falloir que tu te fasses une raison ! Ça ne sera jamais plus comme avant. Le grand coït poétique et romantique en plein vol est passé de mode… Au grand dam des bourdons, les Reines sont devenues terre-à-terre et se contentent souvent de n’être que des butineuses… » ; ou une possible provocation : « Un étonnant point de vue en ces temps où paroles se libérant, l’émancipation égalitaire se pose comme socle nouveau des relations humaines. À moins que ce ne soit une provocation ? ».

Dans Rolling Stone (23/10/18), Yves Bigot s’attachait à recontextualiser la chanson : « Dans “Pourquoi les femmes”, aux quelques accords bluesy, Manset dit finalement son tourment, celui d’un capitaine abandonné, par son époque, par ses semblables, par toutes celles qui donnent la vie – et son sens à celle-ci –, sous l’enseigne #MeToo » ; de même que Philippe Cormet pour Le Vif (16/11/18) : « Texte moins macho que venant d’un autre temps où il n’était pas encore question de #BalanceTonPorc ».

Moi qui ai développé ce site précisément en réaction à #MeToo et #BalanceTonPorc (dont le déferlement médiatique date d’octobre 2017) – et indépendamment du fait que je suis une fondue de Manset depuis des décennies –, je ne pouvais évidemment pas passer à côté de cette chanson.

Le Langage oublié

Dès sa première écoute, « Pourquoi les femmes » a fait résonner en moi « Le langage oublié » (2003), titre dont je mets ici deux courts extraits, que j’ai illustrés par les amours de Flora et Zéphyr, les personnifications antiques du printemps et du vent de l’ouest (plus une touche de Picasso) :

« Le malade se tait, ne répond pas
Et sa bouche aujourd’hui tout édentée
A-t-elle connu quelque joli baiser
Comme une eau pure, comme une coupe fraîche, comme un murmure…
Qui parle encore ce langage inconnu
Par lequel nous nous étions trouvés et découverts ensemble… »

« Aujourd’hui, c’est hier, hier c’était demain
L’homme et la femme allaient main dans la main
Le malade se tait, ne répond pas
L’homme et la femme allaient, même pas, même pas
Qui parle encore cette langue finie
Ni ailleurs ni là-bas, pas plus qu’ici… »

[Les légendes des tableaux utilisés dans les montages vidéo sont à retrouver ici et ici].

La nostalgie de ce langage oublié – le langage des jardins, de la poésie, du désir hétérosexuel, de la liberté sexuelle ou des amours légères des 70’s, qui sait – se fond dans un rêve édénique de Floralies antiques où des hommes aux tempes grises se mêlent aux filles des jardins qui s’égaient comme des nymphes autour des fontaines… Mon illustration fait bien sûr écho aux « Filles des jardins » de l’album Matrice (1989), titre réédité dans la compilation Toutes Choses (1990) –  et dont le nom surgit encore à la fin de « Pourquoi les femmes » :  « Pourquoi les femmes sont devenues d’autres choses ? Tout autre chose… D’autres choses… ».

« Pourquoi ont-elles changé ?
Le fruit est-il mangé ?
Sommes-nous des étrangers
Qui savent même plus nager,
Rejoindre la rive ombragée… »

Il y a donc une grande cohérence et une unité dans l’oeuvre pluri-décennale de Manset (ce que tout mansétophile sait déjà), y compris sur cette question des femmes et du commerce amoureux.

« Entrez dans le rêve » 

Sens littéral ou sens figuré ?

L’univers onirique de Manset n’est pas, ou n’est plus, celui de notre monde. A-t-il jamais existé ? Il est fort possible que Manset fasse concrètement référence aux années 70-80 qu’il a traversées, de la banlieue nord jusqu’aux chambres d’Asie en passant par le Royaume de Siam ; à cet espace-temps où hommes et femmes s’aimaient semble-t-il beaucoup plus simplement qu’aujourd’hui.

Ce qui est certain, en revanche, c’est que ce monde n’existe plus, tout au moins en dehors de la licence poétique – celle-la même qui, faut-il le rappeler, autorise toutes les audaces de plume – ; la poésie est ce dernier lieu où des âmes nostalgiques peuvent encore rêver, comme des petits garçons emplis d’espoir, au ballet des nymphes autour des sources, aux amours de la déesse Flore avec le dieu Zéphyr, à toutes ces allégories du désir naturel aujourd’hui totalement passées de mode ; à ce langage floral désormais oublié, rejeté, disparu – ne restent que les brassées d’orties.

L’éden de Manset, réel, passé ou rêvé, apparaît même comme celui d’avant l’éromachie, c’est-à-dire d’avant l’entrée dans le monde de la guerre des sexes. Il n’existe décidément plus que dans les rêves ou les allégories, comme le langage des fleurs ou celui des amours des dieux et des nymphes, eux-mêmes métaphores du printemps, de la licence poétique ou du commerce amoureux. Il y a certainement – et comme toujours avec Gérard Manset – plusieurs niveaux de lecture possibles.

De Flore aux brassées d’orties

Qu’il soit monde d’avant ou monde rêvé, ou les deux à la fois, ce paradis perdu (« Le paradis terrestre, voyez ce qu’il en reste… ») se retrouve en tout état de cause, et comme on peut facilement l’imaginer, en décalage complet avec l’actuel univers néo-féministe, univers 2.0 au ras des pâquerettes où la vulgarité le dispute sans relâche à la misandrie la plus décomplexée et où toute culture, non seulement libertine mais surtout classique, se trouve vouée aux gémonies, fustigée comme un témoignage accablant de cette culture patriarcale, « blantriarcale » – en un mot,  occidentale – qu’il faut abattre à tout prix.

Cet homme aux tempes grises, autrefois appuyé pensivement au rebord des fontaines, aujourd’hui « assis sur un banc », qui n’a « pour tout refuge que son caban » et « se souvient des paradis antiques » ; cet homme qui se remémore des amours révolues qu’il idéalise forcément un peu, c’est surtout cet homme, ou cette femme qui, comme moi, se désole de voir la culture classique continuellement dégradée, condamnée, asséchée sous le regard mesquin et punitif des féministes contemporaines.

Je pense très précisément, en écrivant cela, aux assauts répétés des néo-féministes contre l’art antique (« Homme blanc à abattre – la statuaire grecque »), contre les tableaux préraphaélites de John William Waterhouse, par exemple ou contre l’art occidental en général («Trop d’Occidentaux au programme d’histoire de l’art à Yale : vers la dictature des identités ? »Le Figaro, 28/01/2020); toutes ces notions comprises désormais sous le nom de « cancel culture ».

Derrière l’assimilation de Manset, « hommes = image de la poésie » versus « femmes contemporaines = dessèchement intellectuel et amoureux » qui a pu faire bondir les féministes, je reconnais tout aussi bien les parallèles que font ces dernières elles-mêmes quand elles nous expliquent que la raison, la philosophie antique ou l’humour sont patriarcaux et oppressifs car ils sont les produits de l’homme blanc occidental. Frappée d’excommunication, la poésie de l’homme blanc est également en passe de devenir un langage oublié – on l’a vu récemment encore avec les féministes de l’ENS Lyon fustigeant la poésie classique de Ronsard ou d’André Chénier (Marc Hersant, « Chénier, Eschyle, Ronsard, etc. : les classiques en procès »Transitions, Littérarités n°10, 06/07/2019). C’est ainsi que pour ma part, je comprends cette image : « C’est bien la poésie qu’on tue / Sur une route en pente » et c’est aussi en ce sens que j’ai illustré « Le langage oublié ».

Il ne faut pas oublier par ailleurs que l’idéalisation du corps féminin, dans l’art grec ou hellénistique, tout comme les nus féminins dans l’art classique, préraphaélite, symboliste, victorien, etc., ne sont pas qu’à regarder avec les lunettes filtrantes néo-féministes qui rabaissent et dessèchent tout : le nu féminin était surtout pour les peuples anciens une matérialisation de l’esprit, un hommage des hommes à la perfection de la création divine, un idéal de beauté absolue qui tirait le monde vers le haut, qui portait à la contemplation, à l’apaisement, aux valeurs de l’esprit et à la réconciliation de la chair et de l’âme. Le nu dans l’art était, tout autant qu’une célébration de la beauté de la chair, une métaphore de la vie intellectuelle, de la poésie et de la philosophie. Toutes choses que l’approche bas du front des féministes (qui n’y voient que du « male gaze » et de la « culture du viol » et qui voudraient les exclure des musées) ne leur permet plus d’appréhender.  » Les femmes » de la chanson sont donc surtout pour moi une métaphore de la licence poétique et de la vie de l’esprit.

Le combat des pères

« Jusqu’au petit garçon qui vient dire à sa mère :
Ce que tu fais est mal !
Mon père n’est pas un animal. »

On relève aussi dans « Pourquoi les femmes » ce petit mot de soutien au combat des pères ainsi qu’à tous ceux qui défendent encore la fonction paternelle continuellement mise à mal par les discours néo-féministes.

Cette position n’est pas non plus nouvelle chez Manset ; elle résonne par exemple avec ce passage de « Jadis et naguère » (dans l’album du même nom sorti en 1998) : « En ce temps-là, l’homme était guerrier/La femme était mère / Rien ne subsiste / Que poussière ». Toujours ces images des temps anciens et des rôles sexués assumés… Dans les faits, il n’est plus seulement ici question du paradis perdu idéalisé d’avant l’expulsion d’Adam et Ève, mais plus largement de la vie de l’humanité toute entière telle qu’elle a été la seule attestée jusqu’à son entrée dans l’époque contemporaine.

Car « L’homme était guerrier/La femme était mère » n’est pas tant un regret de vieux réac (comme diraient les progressistes) que ce que la science évolutionniste nous apprend chaque jour sur la réalité anthropologique du genre humain. Tant que l’humanité ne pourra profiter dans son ensemble des « progrès » de l’utérus artificiel, de la GPA, de la société des loisirs – et surtout, tant qu’elle ne saura vivre dans des sociétés pacifiées, post-guerrières, où chacun sera un Bisounours pour son prochain, ces antiques schémas resteront pour longtemps les seuls viables… sans qu’il soit forcément nécessaire de s’en plaindre.

Manset est donc toujours pour moi ce poète et ce philosophe intuitif, capable de mettre le doigt (parfois sans prendre de gants) sur les essentiels du genre humain.

« Les hommes se sont tus  » / « Le malade se tait, ne répond rien »

Le blues du musicien privé de sa vue sur la beauté du monde : de Picasso à Manset.

Le Tunnel Végétal (Thousand / Stéphane Milochevitch)

Tout n’est pas perdu ! La langage érotico-floral existe encore, comme cette heureuse découverte m’a permis, à peine cet article terminé, de m’en rendre compte !

Je ne sais pas si Stéphane Milochevitch, l’auteur-compositeur-interprète leader du groupe Thousand est davantage le fils spirituel de Manset, Bashung, Murat, Capdevielle ou de tous à la fois, mais son inspiration est au croisement exact de tout ce que j’aime !

Des nappes de cordes et de synthés enveloppantes, des métaphores de paradis végétal, des voix qui se marient à merveille, un soupçon de nostalgie (malgré son jeune âge), bref, un charme fou !

« Montre-moi ce qui se cache derrière les pétales
Conduis-moi dans le tunnel végétal »

[à suivre…]

Vignette haut de page : Gérard Manset, photo Marc Charvez, Télérama, 1991

Voir aussi :

  • Terre brisée. – La Vierge pleure (Camille Claudel et Gérard Manset)

L’histoire de Camille sur un des derniers titres de Manset. Une manière d’illustrer tout à la fois ses peines dans le siècle et sa retraite spirituelle forcée dans le couvent-asile du Vaucluse.

L’iconographie du clip établit un parallèle entre la figure de la Vierge recréatrice du monde et celle de Camille modelant la terre. Dans l’antiquité, le sculpteur était à l’image de Dieu formant l’homme ; ici, la Vierge-Camille est son pendant féminin.

  • Sur Flora et les Floralies :
  •  

Lucrèce Borgia – Entre le vice et la vertu

  • Belle de Jour

Le célèbre film de Luis Buñuel (1967), qui dans cet extrait met en scène la sublime Catherine Deneuve – avec le tout aussi sublime Pierre Clémenti –, est aujourd’hui encore une occasion unique d’explorer le paradoxe insondable des fantasmes érotiques – notamment ceux qui recourent à la prostitution et à la violence physique. Autant d’occasions de faire capoter les féministes, dont le cerveau disjoncte automatiquement sur ces sujets depuis plus de 50 ans. Quelques articles encore en gestation reviendront prochainement sur les rapports du néoféminisme avec le BDSM.

22 réponses sur “[Mansetmania] – Pourquoi les femmes sont-elles devenues méchantes ?”

  1. Cher vous, un ami m’a gentiment fait parvenir le lien de cet article, je voulais passé outre mais comme vous me citez, je me suis dit qu’un peu de lecture pourrait être sympa. Bon, déjà il est rigolo que vous trouviez un avis plus « plausible » qu’un autre (machin dit ne pas aimer le bleu de Klein mais je pense plus plausible l’avis de truc qui pense l’inverse… voilà… voilà). Ensuite, comme vous semblez déjà bien pétri de vos certitudes (et que connaissances gégé, j’ai pas envie de me taper un procès), je vous conseillerais juste de mettre la main sur royaume de siam le roman, de vous renseignez un peu sur ce que désigne l’endroit où bosse la jeune fille qui a un mur sur son vélo..; et puis, on recausera de la nostalgie des femmes aimées, de l’exotisme à la Gauguin et du mal que fait le néo-féminisme si consensuel. bisous

    1. Bonjour Monfreid, oui, j’ai pris votre avis parce qu’il était public sur internet, comme j’aurais pu en prendre d’autres allant dans le même sens sur les divers groupes ou forums Manset (j’avais vu passer pas mal de choses assez dures au moment de la sortie de l’album en 2018). Je ne prétends pas être objective dans ce billet, puisque je ne cache pas que je suis fondue de Manset et que j’ai eu envie de le défendre – d’autant que ma lecture du néo-féminisme n’est peut-être pas si éloignée de la sienne et que c’était pour moi l’occasion de réfléchir à nouveau à une question que je traite régulièrement sur mon site : celle des artistes occidentaux en butte aux crises de rage continuelles des féministes (dans la peinture, la musique, le cinéma…). Je pense que la fraction la plus idéologiquement à gauche des fans de Manset s’est progressivement détachée de lui – en même temps que moi je me suis détournée de cette même gauche qui à mes yeux trahit continuellement toutes ses valeurs. J’ai l’impression que vous êtes passé de fan à anti-Manset ? Vous semblez assez remonté contre lui, non ?

      1. Que vous preniez mon avis, je m’en moque un peu. Cela me sert juste de point d’entrée rhétorique. Ensuite, le côté « fondue » de manset, on n’en rencontre beaucoup des comme cela pour ce type d’artiste. Pour vous répondre, non je ne suis pas passé d’un « camp » à l’autre (encore moins sur le plan politique). Il était un jeune con avant d’en devenir un vieux. Un entretien le montrant (jeune) dans son studio dédaignant la production actuelle ou ses propos sur « je ne lis jamais », montre bien qu’il est passé d’un extrême à l’autre, tout en restant le même. Le seul point qui me hérisse c’est que son accessit comme « écrivain mondain de chez gallimard », lui offre plus de tribune et plus de place pour son propre culte. Avant il parlait peu et c’était là son vrai mérite, l’auditeur avait sa place, désormais, il faut faire avec ses avis souvent niais ou infondé (le jeune inculte et énervant, le vieux qui pérore et croit tout savoir prouve qu’il n’a rien appris). De cela je me passerais bien volontiers. Sinon, je réitère mon propos et vous enjoins à lire son premier roman et à vous renseigner sur des références qui, semble-t-il, vous ont échappé, afin de cerner un peu mieux le bonhomme.

        1. Votre avis était drôle et bien écrit, en cela il avait toute sa place dans mon billet. Je n’ai pas écouté les itws de Manset et la littérature sur lui est tellement imposante… Je ne voulais pas être trop influencée sur ce coup, je voulais juste me baser sur l’écoute de ses morceaux, paroles, musiques, ambiances. Pour ce qui est de sa vie sexuelle dans les 70-80, je me doute qu’elle a été bien remplie – comme pour tout beau brun ténébreux, chanteur qui plus est, de sa génération (il n’est pas le seul). Et justement, je ne veux pas y aller à la bassine de vinaigre, comme les féministes actuelles, qui regardent tout à travers leurs lunettes filtrantes de néo-bigotes et de coincées du cul. On touche ici précisément au propos central de mon site, à savoir que le « bad sex » (c’est-à-dire les plans cul qui ne rentrent pas dans le sexe policé et aseptisé des nouvelles victoriennes) ne sont pas un crime : on a le droit de s’en foutre et de ne pas coller une cible dans le dos à tous ceux qui ont vécu la libération sexuelle des 70-80.

          1. Que vous vous créiez un ennemi, enfin « une » pour le coup, pour comprendre le monde via une grille de lecture, pas de souci. Je ne partage en rien vos positions mais s’il c’était agit de causer d’amourettes ou de plan c… pardon de « draps froissés dans les chambres d’asie », je ne prendrais pas autant de précaution. De fait, je ne cherche pas à vous dire que vous avez tort, je ne prends pas la peine d’échafauder des arguments (cela serait peine perdue) mais si les entretiens vous ennuis car ils ne sont pas l’oeuvre, vous pouvez faire coucou à l’oeuvre en lisant le roman en question (et en essayant de comprendre quelques titres aussi). D’ailleurs, il est intéressant de voir que de nombreux amateurs de gégé parlent finalement peu de ses romans, peu de sa photo ou encore peu de certaines thématiques pourtant abordées dans son oeuvre (comme le suicide – le jour où tu voudras partir -).

            1. J’ai déjà des oeuvres de récits et photos de lui et je compte lire prochainement Cupidon de la nuit – rien que le titre, je me doute que ce n’est pas une vie d’anachorète qu’il va nous raconter. Qu’il ait froissé des draps dans les chambres d’Asie, je le sais, qu’il ait fantasmé ou couché avec des filles jeunes, je le sais, et alors ? Les néofem sont incapables de séparer l’homme et l’oeuvre et se cherchent des Polanski à la pelle. Elles ont un besoin vital de purger leur rage et leur frustration sexuelle sur le dos de tous les séducteurs qui passent. Pour elles, coucher avec une adolescente, même (surtout) consentante et qui a tourné la page depuis des décennies, c’est pire que de commettre un meurtre de masse ou un génocide : c’est im-par-don-nable. Même si elles faisaient condamner l’homme à mort, elles ne ne passeraient toujours pas sur le truc. Moi je n’en peux plus, de ces approches de chaisières d’église sur toute la création artistique.

      1. Le monde n’est pas petit, c’est Google qui est grand: une simple recherche sur mon pseudo et j’ai la curiosité parfois de voir où cela me mène. Mon pseudo Léo (pour Léo Ferré) LeBoc ( pour Blue Oyster Cult). Hé non ! Pas de Gégé là dedans même si la pochette de son album 2870 m’a longtemps servi de fond d’écran et d’avatar avant que ces abrutis de modos de YT me virent pour nudité et pornographie avec souvent des images de films de plus de 50 ans : le carré blanc et le grand Charles ne sont pas morts, je rassure ! J’admets avoir souvent utilisé les films de Robbe-Grillet dans mes montages mais bon avec tout ce que l’on voit de nos jours, cinéma, télés, web, qu’une paire de seins ou un pubis dérangent, ben tant pis pour les cons !
        De Manset je vais dire quoi, que je l’ai découvert comme tout le monde, regard à mon âge avec  » il voyage en solitaire  » à l’époque où j’écoutais les hits parades de RTL la semaine et d’Europe 1 le dimanche (j’en ai entendu et bouffé des conneries avant de trouver ma voie dans ce labyrinthe) Il y avait ces miracles sur Europe 1 je crois, tard en soirée ou l’on entendait autre chose; Ferré, Nino Ferrer, Higelin, Manset. Il y a ce miracle de l’album animalier de Manset avec son bouc et ses longs cheveux qui faisait très soixante-huit, la magie de certains titres non repris dans son coffret de 2016 (intégrale mon cul !) Et surtout il y a eu ‘ 2870″, le Gégé a encore son bouc mais il le cache mais tout cet album m’a mis la gueule par terre. Après, on recherche toujours la même perfection, pas facile même si le Gégé cherche à nous aider en refaisant constamment les mixages, parfois en mieux, parfois en pire à mon sonotone… Je trouve certains de ses disques très ennuyeux et parfois le miracle comme une chanson comme  » matrice  » « un oiseau s’est posé  » et la totalité de son album de 2008  » comme un légo  » comment faire entre Manset et Bashung ?
        Concernant le personnage, je suis plus réservé et j’ai souvent l’impression d’avoir affaire à un vieux réac (sans doute depuis qu’il a coupé son bouc, mauvaise idée !) Mais on peut aimer toute l’oeuvre d’une personne sans en approuver la personne (DostoÎevski, Richard Wagner et leurs relents d’antisémitisme et de nationalisme, Céline que tout le monde adore, surtout la gauche bien pensante et que je déteste, illisible pour moi.
        Concernant les écrits de Manset, je n’ai pas tout lu mais j’ai ressenti un profond malaise à la lecture de son  » Royaume de Siam « . Il faudrait que je relise: il y en a comme ça que j’adore qui me mettent mal à l’aise dans certains de leurs écrits, Montherlant pour ne citer que lui. Je m’arrête, j’ai de l’huile sur le feu et la maison brûle !

        1. Moi j’ai découvert Manset seulement dans les années 90, avec le clip de la chanson Matrice sur M6, je l’avoue, mais je suis tout de suite remontée aux albums précédents, notamment Prisonnier de l’inutile et Lumières qui restent parmi mes albums préférés en français. Ensuite, j’ai toujours trouvé de quoi me mettre sous la dent dans tous ses albums postérieurs – pas nécessairement à la première écoute (rarement, même), mais le charme agit subitement à un moment x et je me mets à écouter la même chanson en boucle 500, 1000 fois de suite, parfois pendant des semaines et des mois. Sinon, oui, il faut séparer l’homme de l’artiste – même si on sait très bien que c’est la même personne – et s’autoriser à détester l’homme (ou des parties de l’homme) même si on aime toujours son art. Bon, pour l’instant, moi j’aime toujours l’essentiel chez Manset, donc ça va 🙂

      1. J’avais laissé un commentaire que je ne vois pas en attente à propos de  » Matrice  » Je disais que je n’aime pas le clip officiel découvert bien plus tard sur YT je suppose. Et quand je n’aime pas, je fais à ma façon. J’en ai fait plusieurs montages sur  » La prisonnière  » de Clouzot, film diffusé à la téloche au moment de sa disparition et devant lequel je m’étais endormi, redécouvert plus de vingt ans après. Je n’ai retrouvé que le montage le plus mauvais sur la version de 2014 https://vimeo.com/438262170 Matrice, motrice, va savoir Charles !

  2. Hello Eromakia, il m’est venu un flash ! Mais pourquoi Manset n’est-il jamais drôle dans ses chansons ? Pourquoi est-t-il toujours tragique, le pire sans doute dans  » Genre humain « . Tous les grands que je côtoie depuis quelques décennies ont écrits des chansons marrantes (Brel, Brassens, Ferré pour ne citer que la trilogie messianique) J’ai beau réfléchir, je ne vois pas de textes marrants chez Manset, la seule chose marrante c’est qu’il se soit fendu d’un reggae !

    1. Ah oui, je pense que c’est lié à son tempérament profond, sa personnalité. Il ne cherche pas à forcer sa nature. Ceci dit, en y pensant, je suis sûre qu’il doit aimer rire dans la vraie vie. C’est un peu comme moi, je n’aime QUE les chansons tristes (et les chanteurs dépressifs) alors que je suis plutôt guillerette (et très optimiste) dans la vie 🙂 L’art et la créativité ont leurs logiques propres.

  3. Tu dois te sentir à l’aise dans l’univers de Catherine Ribeiro qui a repris  » Vies monotones  » d’ailleurs. Grande voix, grand talent dépressif ! Malheureusement, j’ai eu des contacts personnels avec elle qui m’ont laissé un goût amer. Dommage !

    1. Je n’ai quasiment jamais écouté de chanteuses, je n’aime que les voix masculines ^^ J’avais aussi eu qqs échanges privés avec Catherine Ribeiro mais j’avoue ne pas vraiment connaître son oeuvre (je l’associais à des gens plus âgés que moi, ou peut-être à une mouvance communiste dans laquelle je ne me suis jamais trouvée). Par contre, j’ai écouté Barbara à une époque, c’est vrai.

  4. Ah ok, la mouvance communiste, le tonton Mitterrand, en effet, c’est assez pénible. D’ailleurs pour cela qu’elle m’a prit en grippe, que j’avais critiqué son tonton François que je ne peux pas blairer. Je m’en explique en partie sur mes rapports avec elle ici http://kebekmac.forumprod.com/catherine-ribeiro-p-tit-florilege-dans-le-desordre-t15161.html?&hilit=catherine+ribeiro

    Faut écouter l’album  » Paix  » c’est désespérant !

    1. Oups, carrément des insultes, en effet ! Je la sentais aussi à fleur de peau dans mes échanges (sur des choses qui n’avaient rien à voir). En effet, elle est au plus mal, j’avais vu passer ça ce printemps 🙁

      1. Catherine ne supporte pas de vieillir tout simplement. Sur ses comptes FB, elle passait son temps à toujours radoter les mêmes photos d’elle d’il y a 40 ou 50 ans. Et toute sa bande de bisounours de gauche de liker et des  » magnifique Catherine « . J’en ai eu tellement marre de toutes ces conneries et radotages que je me suis barré. De plus, tous les articles et interviews publiés ces dernières années sont illustrés de photos d’aussi d’il y a bien longtemps. A sa demande bien entendu, je suppose. On ne prend pas en photo madame Ribeiro à 75 balais !

        1. Oui mais bon… Sans être féministe (je suis même tout le contraire), je sais à quel point l’image de la femme vieillissante est difficile à assumer (et ce, quelle que soit la société), aussi je ne vais pas lui jeter la pierre. Elle a le droit de choisir d’entretenir plutôt une image mythique d’elle, même ancienne. A quoi bon apparaître décrépite, l’histoire de la chanson française n’a pas besoin de ça; elle retiendra seulement la Catherine des grandes heures et c’est très bien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *