[Violence masculine ] – Repenser le genre, la sexualité et la violence

Voici la traduction de l’article de Gideon Scopes pour Quillette, Rethinking Gender, Sexuality, and Violence.

Repenser le genre, la sexualité et la violence

Par Gideon Scopes

25 octobre 2017

Au cours des deux dernières semaines, l’Amérique a été bouleversée par la découverte que le producteur de films hollywoodien Harvey Weinstein s’était livré à de nombreux actes de harcèlement sexuel et peut-être même d’agression sexuelle. En réponse, l’actrice Alyssa Milano a lancé une campagne sur les médias sociaux afin de sensibiliser à ces formes d’abus dans le monde entier, en tweetant:

Même si Milano a pu avoir comme objectif louable d’attirer l’attention sur un problème sérieux, ce qui a suivi n’a pas été tout à fait exact, et une quantité non négligeable de laideur s’est déchaînée.

Dans le grand public et sur les médias sociaux, on nous a dit que toutes les femmes vivaient sous une menace constante et que tous les hommes faisaient partie du problème.1

Si un homme avait l’audace de dire #MeToo et de souligner qu’il avait aussi été victime, il pouvait se voir moqué d’être insensible aux femmes :

Un chroniqueur a reproché aux « nice guys », (« bons gars ») d’être plus ou moins responsables de l’essentiel du problème et qu’ils avaient la responsabilité de le régler.3

Le journaliste Benjamin Law a lancé le hashtag #HowIWillChange pour que les hommes se confessent publiquement et « assument la responsabilité de leur rôle, complaisant ou autre, dans la culture du viol », dépeignant en « bad guy » (« sale type ») tout homme ayant déjà mis en doute la véracité d’une plainte pour harcèlement 4.

Les hommes et la violence

Il est important d’évaluer l’exactitude et l’impact du stéréotype selon lequel les hommes en général seraient violents. S’il est vrai que l’écrasante majorité des crimes violents est commise par des hommes, c’est une infime minorité d’hommes qui est responsable de la majorité des actes de violence. Dans un échantillon suédois, les 1% les plus violents de la population ont commis 63% de tous les crimes violents (N = 2 393 765), soit presque deux fois plus que les 99% restant tous ensemble 5.

Il a également été démontré que le sous-ensemble de la population avec la plus grande propension à la criminalité, les « contrevenants qui persistent tout au long de leur vie », sont beaucoup plus susceptibles que la population générale de commettre un viol ou de recourir à l’agression sexuelle 6.

Les chercheurs qui ont étudié cette question avancent que la propension de cette petite minorité d’hommes à commettre de tels actes peut être causée par la génétique de ces hommes particuliers, et non par une « culture du viol » qui enseignerait aux hommes en général que la violence contre les femmes est acceptable.

Dans le domaine du harcèlement sexuel également, les récidivistes risquent de donner une mauvaise réputation à la population masculine entière. Il est fort probable qu’un très faible pourcentage d’hommes harcèle un grand nombre de femmes, causant une détresse disproportionnée. Et ce type de délinquant (contrevenant récidivant toute sa vie) est souvent résistant à la réadaptation et au traitement. En effet, certaines recherches ont montré que les tentatives de réhabilitation des psychopathes (diagnostiqués par l’échelle de psychopathie de Hare) ont augmenté leur probabilité de commettre des crimes violents tels que les agressions sexuelles.7

Considérant cette réalité, il est douteux qu’une campagne de hashtag telle que #MeToo puisse être efficace pour réduire la violence commise par ce groupe spécifique d’hommes.

Prétendre que tous les hommes sont violents n’est pas seulement inexact mais nuisible, car cela inflige des dommages considérables aux innocents en les culpabilisant. Les délinquants récidivistes ne représentent qu’un faible pourcentage des délinquants criminels, qui représentent à leur tour un faible pourcentage de la population masculine en général.

Les expériences violentes sont-elles universelles ?

L’ampleur de la réponse au tweet de Milano ne signifie pas nécessairement que son expérience est partagée par toutes les femmes. Supposons, pour les besoins de la démonstration, que seulement 5% de la population ait subi ce type d’abus. Étant donné que Milano compte 3,25 millions de followers sur Twitter, si 5% répondaient à son tweet, cela conduirait à 162 500 posts. Si chacune de ces adeptes avait à son tour 100 amies, dont 5% répondent qu’elles ont elles aussi été victimes, cela entraînerait 812 500 posts. Continuez encore sur plusieurs niveaux, et vous pourrez voir comment l’échelle d’Internet peut rendre virale une campagne de sensibilisation, avec des millions de messages, même si elle touche quelque chose qui n’affecte qu’un faible pourcentage de la population.

Bien sûr, cette analyse ne démontre pas que les abus sont rares ; elle montre seulement que le succès de #MeToo ne prouve pas le contraire. Pour répondre à la question de savoir à quel point les abus sont réellement répandus, il est crucial de définir clairement ce qui constitue exactement un abus. Avoir été « harcelée ou agressée sexuellement » peut englober n’importe quoi, d’avoir entendu une blague sexuellement explicite jusqu’à une violente récidive pendant une longue période de temps. Le premier est un affront relativement léger que la plupart des adultes de l’un ou l’autre sexe ont probablement vécu à un moment de leur vie, alors que le second est l’une des épreuves les plus terribles qu’une personne puisse subir, et il y a certainement de nombreuses nuances de gris à l’intérieur. Si nous traitons chaque blague inappropriée comme un crime violent, alors nous rendons un mauvais service à toutes les parties concernées : les vraies victimes voient leurs expériences diluées au milieu de griefs relativement insignifiants ; des hommes innocents peuvent être entraînés avec les coupables dans la panique morale qui en résulte et l’intégrité factuelle de notre compréhension de ces questions importantes est gravement compromise.

Il nous incombe également d’être conscients que les crimes violents, y compris les agressions sexuelles, sont en déclin depuis des décennies. Comme l’a illustré Steven Pinker dans son livre The Better Angels of Our Nature: Why Violence Has Declined, cette tendance est représentée dans de nombreux pays et recoupe de nombreuses catégories démographiques.8

Selon RAINN, le plus grand organisme sans but lucratif de prévention du viol aux Etats-Unis, depuis 1993, les agressions sexuelles y ont diminué de moitié 9. Même si un seul viol est un viol de trop, nous devrions également nous inquiéter de créer une panique morale lorsque les données indiquent que la situation s’améliore réellement. Cela peut interférer avec notre capacité à tirer des leçons de l’expérience et à comprendre comment nous avons acté ce déclin, et rendant plus difficile de nous assurer que nous continuons à tirer parti des progrès que nous avons réalisés pour prévenir ce crime terrible.

Les statistiques sur la violence sexuelle

Pour comprendre l’ampleur réelle du problème, nous pouvons nous reporter à l’Enquête nationale sur les partenaires intimes et la violence sexuelle (NISVS), une étude menée en 2010 par les Centers for Disease Control pour mesurer la prévalence des différentes formes d’abus.10 En examinant ces données, nous pouvons réévaluer l’affirmation comme quoi la violence sexuelle est une expérience universelle parmi les femmes et que les hommes ne seraient pas affectés.

Pour commencer, considérons la forme la plus grave de la violence sexuelle, le viol. Selon l’enquête, 18,3% des femmes et 1,4% des hommes ont été violés à un moment donné de leur vie. Cependant, le NISVS utilise une définition du viol qui exclut la plupart des victimes masculines, en y incluant uniquement celles qui ont été violées par un autre homme ou violées de manière anale en utilisant les doigts du violeur ou un objet. La plupart des hommes qui ont été violés par une femme – que ce soit par la force physique, les menaces de force physique ou qui ont été mis en incapacité par la consommation d’alcool ou de de drogues du viol – sont pour autant considérés comme étant « faits pour pénétrer », ce qui est classé comme une forme d’« autres violences sexuelles », malgré le fait qu’ils répondent à la définition commune du viol en tant que rapport sexuel forcé. La prévalence au cours d’une vie de cette forme de viol est de 4,8% pour les hommes, ce qui est un trop petit nombre pour être correctement estimé à partir des résultats de l’enquête pour les femmes. En combinant ces deux paires de chiffres, nous constatons que le viol est environ 3 à 4 fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, en prenant en compte le nombre d’hommes « faits pour pénétrer » qui ont également été victimes de viol selon la définition du NISVS.

Cependant, l’écart entre les sexes disparaît complètement si l’on considère la prévalence sur une période de 12 mois au lieu de la prévalence sur la vie entière : 1,1% des femmes ont été victimes de viol, tandis que 1,1% des hommes sont « faits pour pénétrer ». Nous ne connaissons pas les raisons de cette disparité. Il est possible qu’il y ait eu un plus grand écart entre les sexes par le passé qu’aujourd’hui ou que les victimes masculines qui ont été violées plus récemment soient plus susceptibles de déclarer leur agression dans l’enquête. Quel que soit le véritable rapport entre les sexes, nous savons que le viol est loin d’être une expérience universelle pour l’un ou l’autre sexe, même si c’est un problème pour les deux. C’est simplement la chose décente à faire pour traiter toutes les victimes avec empathie et respect et ne pas écarter quelqu’un simplement à cause de son sexe.

Le NISVS a également mesuré d’autres formes de contacts sexuels non désirés qui n’atteignent pas le niveau du viol. Ces types d’abus sont un peu plus fréquents mais encore loin d’être universels, affectant 27,2% des femmes et 11,7% des hommes. Encore une fois, lorsque l’on regarde les statistiques de prévalence sur 12 mois, l’écart entre les sexes se réduit au point de disparaître, 2,2% des femmes et 2,3% des hommes déclarant avoir été victimes au cours d’une même année.

Les statistiques sur la violence conjugale

Après avoir longuement discuté des abus sexuels, tournons-nous maintenant vers la violence conjugale. Il est vrai que les femmes sont plus susceptibles de subir les formes les plus graves de violence domestique, qui peuvent aboutir au harcèlement et au meurtre. Cependant, 30% des victimes d’homicides entre partenaires intimes sont des hommes 11. Même pour cette forme de violence la plus rare et la plus grave, les victimes masculines sont loin d’être négligeables. Les formes moins graves de violence conjugale sont à la fois plus courantes et plus équitablement réparties.

La violence domestique est en effet un fléau qui affecte les personnes des deux sexes. Selon le NISVS, 32,9% des femmes et 28,2% des hommes déclarent avoir été victimes de violence conjugale à un moment de leur vie. Le rapport entre les sexes change lorsque l’on considère la prévalence à 12 mois, soit 4,0% pour les femmes et 4,7% pour les hommes. Si nous nous limitons à regarder uniquement la violence conjugale grave, nous constatons qu’elle est moins commune avec un biais de genre un peu plus grand, avec 24,3% de femmes et 13,8% d’hommes déclarant avoir été victimes à un moment de leur vie ; mais encore une fois l’écart est légèrement plus faible (2,7% contre 2,0%) sur une période de 12 mois. Qu’on la définisse de manière plus large ou plus étroite, la violence conjugale est un fléau affectant un nombre significatif de personnes des deux sexes – bien qu’il soit loin d’être universel pour l’un ou l’autre.

Les couples LGBT sont particulièrement à risque d’être victimes de violence conjugale. Selon les données du SNISV, les lesbiennes étaient significativement plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuels d’être victimes de violence conjugale, tout comme les bisexuels des deux sexes, 61,1% des femmes bisexuelles ayant déclaré avoir été victimes 12.

Les moyens de lutte contre la violence conjugale, y compris les refuges et d’autres services, ont été fondés sur l’hypothèse que les abus vont des hommes vers les femmes ; de ce fait, les victimes LGBT déclarent souvent faire l’objet de discrimination lorsqu’elles cherchent de l’aide 13.

Les victimes masculines sont également confrontées à des obstacles liés au genre pour être prises au sérieux. ABC News a mené une expérience sociale dans laquelle une femme a battu un homme en public devant une caméra cachée 14. L’expérience a duré des heures et pas moins de 163 spectateurs des deux sexes sont passés avant que quelqu’un appelle finalement le 911. Une femme s’est même plantée devant l’agresseuse, lui disant : « Vas-y, ma fille ! ». Lorsque des témoins ont été interrogés par ABC, ils ont dit qu’ils supposaient que l’homme devait avoir fait quelque chose pour mériter cela, plutôt que de penser qu’il méritait de l’aide.

Nous voyons aussi ces attitudes jouer dans la culture populaire. Prenons par exemple le clip sorti en 2014 de la chanteuse de country Taylor Swift pour sa chanson « Blank Space » 15. On y voit Swift pousser son petit ami et lui lancer un objet lourd au visage. Vers la fin de la vidéo, il est allongé sur le sol inconscient avec elle sur lui, secouant violemment sa tête d’avant en arrière et l’embrassant érotiquement. Alors que ce qui se passe ensuite est laissé à l’imagination du spectateur, le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas consensuel.

Les hommes victimes de violence conjugale sont souvent confrontés à l’obstacle surprenant d’être faussement accusés du crime dont ils ont été victimes. L’une des scènes les plus poignantes du documentaire de 2016 « The Red Pill » montre une victime de sexe masculin racontant comment il a été réprimandé par un policier qui lui disait qu’il ferait mieux de sortir immédiatement si sa femme devenait à nouveau violente, car il serait emmené en prison si elle se cassait ne serait-ce qu’un ongle en le frappant.16

Une étude de 2011 confirme qu’il ne s’agit pas seulement d’incidents isolés, mais d’un problème généralisé – en fait, les hommes qui appellent le 911 pour obtenir de l’aide en matière de violence conjugale sont plus susceptibles d’être arrêtés eux-mêmes que les autres.17  La même étude a révélé que les hommes qui appellent les services d’assistance téléphonique ou d’autres fournisseurs de services ont souvent été rejetés au motif qu’ils aident uniquement les femmes, et 95% ont estimé que les prestataires de services avaient des préjugés contre eux en raison de leur sexe.

Les formes de violence examinées par le NISVS sont celles qui sont les plus susceptibles d’affecter les femmes, mais elles sont loin d’être les seules formes de violence. Pour les taux des autres crimes, nous pouvons regarder l’Enquête nationale sur les victimes de crimes (NCVS), une enquête annuelle réalisée par le Bureau of Justice Statistics qui mesure les taux de victimes pour chaque crime. Les données montrent que la majorité des victimes de crimes violents sont des hommes 18. Le seul crime non mesuré par le NCVS est le meurtre, car une victime qui a été tuée ne peut pas répondre à une enquête de victimisation. Pour les données sur le meurtre, nous nous tournons vers les Uniform Crime Reports du FBI pour constater que pas moins de 78% des victimes sont des hommes 19.

Le système de justice pénale

En plus de discuter des perspectives des victimes, il est également important de considérer l’injustice découlant des stéréotypes comme quoi les hommes en général sont violents. Pour voir cela, nous devons seulement regarder la manière différente dont les hommes et les femmes sont traités par le système de justice pénale. Selon le Registre national des disculpations, plus de 90% des personnes jugées coupables à tort de crimes qu’elles n’ont pas commis sont des hommes 20. Lorsqu’un homme est reconnu coupable d’un crime, à tort ou à raison, il peut s’attendre à recevoir une peine en moyenne de 63% plus longue que celle d’une femme reconnue coupable de la même infraction 21. La peine de mort s’applique presque exclusivement aux hommes. Alors que les femmes représentent 10% des personnes reconnues coupables de meurtre au premier degré, elles ne représentent que 2% des personnes condamnées à mort et moins de 1% de celles qui ont effectivement été exécutées 22.

Conclusion

Bien que l’on ne puisse nier que la violence a tendance à affecter différemment les hommes et les femmes, l’idée que les femmes sont toujours les victimes et que les hommes toujours les agresseurs est manifestement fausse. Toutes les victimes méritent notre empathie, qu’elles soient de sexe masculin ou féminin et que le crime qu’elles ont subi soit typique de leur sexe ou typique de l’autre. Personne ne mérite d’être considéré comme violent ou menaçant simplement à cause de l’anatomie avec laquelle il est né.

Les taux de violence envers les hommes et les femmes sont beaucoup plus bas aujourd’hui qu’ils ne l’ont été historiquement. Nous devrions travailler à trouver des solutions efficaces pour poursuivre ce progrès, plutôt que faire de de tous les hommes les boucs émissaires de la violence qui subsiste. Rivaliser quant à savoir quel sexe est le pire est contre-productif et ne sert qu’à nous diviser inutilement. Nous devons être prêts à entendre la douleur des hommes comme celle des femmes, y compris les points de vue des personnes de toutes les orientations sexuelles et identités de genre, et chercher des solutions qui construisent un monde meilleur pour nous tous. Jusqu’à ce que le jour arrive où les hommes partout puisse lever la main et dire respectueusement #MeToo.

. Pour retrouver Gideon Scopes au sujet du sexisme et du syndrome d’Asperger :

« L’Écart d’empathie » dans la high tech : entretien avec un ingénieur informatique

Références

[1] Wilhelm, Heather. Where #MeToo Goes Off the Rails [Internet]. New York: National Review; 2017 Oct 20 [cited 2017 Oct 20]. Available from: http://www.nationalreview.com/article/452922/metoo-train-wreck-calls-all-women-victims-all-men-toxic-abusers

[2] Baker-Jordan, Skylar. I’m a man who has been sexually harassed – but I don’t think it’s right for me to join in with #MeToo [Internet]. London: The Independent; 2017 Oct 18 [cited 2017 Oct 22]. Available from: http://www.independent.co.uk/voices/harvey-weinstein-metoo-sexual-assault-male-victims-oppression-patriarchy-a8006976.html

[3] Blake, Casey. Columnist: Nice guys, #MeToo is your problem to solve now [Internet]. Asheville (NC): Citizen-Times; 2017 Oct 17 [cited 2017 Oct 22]. Available from: http://www.citizen-times.com/story/opinion/2017/10/17/blake-nice-guys-metoo-your-problem-solve-women-me-too-socialmedia-asheville/771215001/

[4] Esposito, Brad. Men Are Sharing How They Will Change In Response To #MeToo [Internet]. New York: BuzzFeed; 2017 Oct 18 [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://www.buzzfeed.com/bradesposito/how-i-will-change

[5] Falk, Örjan; Wallinius, Märta; Lundström, Sebastian; Frisell, Thomas; Anckarsäter, Henrik; Kerekes, Nóra. The 1% of the population accountable for 63% of all violent crime convictions. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology [Internet]. 2013 Oct 31 [cited 2017 Oct 22]; 49(4): 559-571. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3969807/

[6] Boutwell, Brian B.; Barnes, J.C.; Beaver, Kevin M. Life-Course Persistent Offenders and the Propensity to Commit Sexual Assault. Sexual Abuse: A Journal of Research and Treatment [Internet]. 2012 Jul [cited 2017 Oct 24]; 25(1): 69-81. Available from: https://www.researchgate.net/profile/Brian_Boutwell/publication/229075046_Life-Course_Persistent_Offenders_and_the_Propensity_to_Commit_Sexual_Assault/links/562bfbd808aef25a2441ce13.pdf

[7] Seto, Michael C.; Barbaree, Howard E. Psychopathy, Treatment Behavior, and Sex Offender Recidivism. Journal of Interpersonal Violence [Internet]. 1999 Dec 1 [cited 2017 Oct 24]; 14(12): 1235-1248. Available from: https://www.researchgate.net/profile/Michael_Seto/publication/238432306_Psychopathy_Treatment_Behavior_and_Sex_Offender_Recidivism/links/564b8c5508ae020ae9f82e3d/Psychopathy-Treatment-Behavior-and-Sex-Offender-Recidivism.pdf

[8] Pinker, Steven. The Better Angels of Our Nature: Why Violence Has Declined. New York: Viking; 2011. 802 p.

[9] Scope of the Problem: Statistics [Internet]. Washington (DC): RAINN; [cited 2017 Oct 24]. Available from: https://www.rainn.org/statistics/scope-problem

[10] Black, Michele C.; Basile, Kathleen C.; Breiding, Matthew J.; Smith, Sharon G.; Walters, Mikel L.; Merrick, Melissa T.; Chen, Jieru; Stevens, Mark R. The National Intimate Partner and Sexual Violence Survey: 2010 Summary Report [Internet]. Atlanta (GA): National Center for Injury Prevention and Control, Centers for Disease Control and Prevention; 2010 Nov [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://www.cdc.gov/violenceprevention/pdf/NISVS_Report2010-a.pdf

[11] Catalano, Shannon; Smith, Erica; Snyder, Howard; Rand, Michael. Female Victims of Violence [Internet]. Washington (DC): Bureau of Justice Statistics; 2009 Oct 23 [cited 2017 Oct 24]. Available from: https://www.bjs.gov/content/pub/pdf/fvv.pdf

[12] National Intimate Partner and Sexual Violence Survey: 2010 Findings on Victimization by Sexual Orientation [Internet]. Atlanta (GA): National Center for Injury Prevention and Control, Centers for Disease Control and Prevention; [cited 2017 Oct 24]. Available from: https://www.cdc.gov/violenceprevention/pdf/nisvs_factsheet_lbg-a.pdf

[13] Stafford, Zach. LGBT people face discrimination over domestic violence claims, report finds [Internet]. New York: The Guardian; 2016 Oct 18 [cited 2017 Oct 24]. Available from: https://www.theguardian.com/world/2016/oct/18/lgbt-hiv-affected-people-domestic-violence-study

[14] Reaction To Women Abusing Men In Public [Internet]. ABC News. New York (NY): ABC; [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://www.youtube.com/watch?v=CRCS6GGhIRc

[15] Swift, Taylor. Blank Space [Internet]. [place unknown]: 2014 Nov 10 [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://www.youtube.com/watch?v=e-ORhEE9VVg

[16] The Red Pill. United States: Jaye Bird Productions; 2016.

[17] Douglas, Emily M.; Hines, Denise A. The Helpseeking Experiences of Men Who Sustain Intimate Partner Violence: An Overlooked Population and Implications for Practice. Journal of Family Violence [Internet]. 2011 Jun 04 [cited 2017 Oct 22]; 26(6): 473-85. Available from: http://wordpress.clarku.edu/dhines/files/2012/01/Douglas-Hines-2011-helpseeking-experiences-of-male-victims.pdf

[18] Truman, Jennifer L.; Langton, Lynn. Criminal Victimization, 2014 [Internet]. Washington (DC): Bureau of Justice Statistics.; 2015 Sep 29 [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://www.bjs.gov/content/pub/pdf/cv14.pdf

[19] Murder Victims by Race, Ethnicity, and Sex, 2015 [Internet]. Washington (DC): Federal Bureau of Investigation; [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://ucr.fbi.gov/crime-in-the-u.s/2015/crime-in-the-u.s.-2015/tables/expanded_homicide_data_table_1_murder_victims_by_race_ethnicity_and_sex_2015.xls

[20] The National Registry of Exonerations [Internet]. Ann Arbor (MI): University of Michigan; [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://www.law.umich.edu/special/exoneration/Pages/detaillist.aspx

[21] Prof. Starr’s Research Shows Large Unexplained Gender Disparities In Federal Criminal Cases [Internet]. Ann Arbor (MI): University of Michigan; 2012 Nov 16 [cited 2017 Oct 22]. Available from: http://www.law.umich.edu/newsandinfo/features/Pages/starr_gender_disparities.aspx

[22] Women and the Death Penalty [Internet]. Washington (DC): Death Penalty Information Center; [cited 2017 Oct 22]. Available from: https://deathpenaltyinfo.org/women-and-death-penalty

 

. Sur le même sujet :

[Féminisme lacrymal] – Quand Françoise Héritier débloque (encore)

Strauch-Bonart – Fin du patriarcat : Les hommes font l’expérience d’une forme de déclin

. Laetitia Strauch-Bonart : Fin du patriarcat 5 | 5 « Les hommes font l’expérience d’une forme de déclin » 

De nombreuses recherches scientifiques démontrent qu’un nouveau fossé se creuse entre les sexes au détriment des hommes, remarque l’essayiste Laetitia StrauchBonart

Article paru dans Le Monde du 19 juillet 2018

Entretien. Laetitia Strauch-Bonart est essayiste, chroniqueuse au Point et rédactrice en chef de la revue Phébé . Elle est notamment l’auteur de Les hommes sont-ils obsolètes ?, (Fayard, 220 p., 18 euros), et de Vous avez dit ­conservateur ?, (Cerf, 2016)

Propos recueillis par Marc-Olivier Bherer

Vous affirmez dans votre livre « Les hommes sont-ils obsolètes ?» ­que la condition masculine vit en ce moment une « transformation radicale » dans le monde occidental. Qu’entendez-vous par là?

Les anglophones ont une expression qui dit bien les choses, ils parlent d’un new gender gap, un nouveau fossé entre les sexes qui se creuse à l’école, au travail, dans la vie de famille, etc. Cet écart est défavorable aux hommes. Son existence est ­démontrée par de multiples rapports et études issus de l’économie et de la sociologie quantitative. Il y a quelques décennies, nous n’aurions jamais imaginé un tel ­retournement. Les femmes ne faisaient pas d’études, elles travaillaient peu ou pas, et leur autorité était limitée à la maison. Aujourd’hui, tout cela nous semble appartenir à un passé lointain. La position des hommes a également changé. On garde cette image de la prééminence masculine mais, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que les hommes font l’expérience d’une forme de déclin. Et, parallèlement, on voit une ascension féminine.

Les adeptes du masculinisme diront sans doute que le relatif déclin masculin est de la faute des femmes. C’est absurde. Il est important de comprendre que l’ascension féminine n’est pas la cause du déclin masculin. C’est plutôt que les mêmes changements structurels, économiques, technologiques, sociétaux, etc., ont un impact différent sur les deux sexes. Pourquoi? En partie parce qu’il existe des différences, comportementales et cognitives, entre les hommes et les femmes par exemple dans la maîtrise du langage, l’empathie ou le ­niveau d’agressivité. Si, hier, ces différences, dans un monde plus physique et moins verbal, favorisaient les hommes, aujourd’hui, elles favorisent les femmes. Ces différences sont établies par la psychologie comportementale et les sciences ­cognitives, donc des travaux sérieux.

Beaucoup de sociologues français ­estiment que les différences entre les sexes sont construites par l’environnement. Je me démarque de cette approche, car elle n’est pas expérimentale. Les ­travaux auxquels je me réfère que de grands scientifiques tels Steven Pinker, ­professeur de psychologie à Harvard, et Franck Ramus, chercheur au sein du Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique, CNRS-ENS, ont aidé à diffuser, et qui sont publiés dans les meilleures revues internationales mettent au jour une origine partiellement naturelle de ces différences et s’appuient, eux, sur des expériences.

Par exemple, certaines d’entre elles ­consistent à tester auprès de nourrissons et d’enfants leur préférence pour les « choses », s’avérant en moyenne plus fréquente chez les garçons, et pour les « personnes », plus fréquente chez les filles. D’autres établissent un lien entre le niveau de testostérone, bien plus élevé chez les hommes, et l’agressivité. Tous ces travaux permettent d’établir des comportements moyens pour chaque sexe, mais il faut garder à l’esprit que, justement, ce ne sont que des moyennes et qu’il y a, forcément, toujours des exceptions.

Notez, enfin, que mes observations sur les hommes ne visent pas à relativiser l’exclusion et la violence que subissent un grand nombre de femmes en Occident sans ­parler d’autres régions du monde. Je les condamne fermement. Je crains toutefois que l’on ne soit pas suffisamment attentif à la situation des hommes.

L’école est, pour vous, l’un des ­lieux de ce malaise masculin. Pouvez-vous nous dire pourquoi?

Quand les filles n’allaient pas à l’école, on ignorait qu’elles étaient aussi douées. En quelques décennies, elles sont parvenues à dépasser les garçons. Les études du ­Programme international pour le suivi des acquis des élèves [PISA], conduites par l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] auprès des élèves de 15 ans, le démontrent. Par exemple, selon PISA 2012, les adolescents de l’OCDE ont en moyenne 50 % de chance de plus que les adolescentes d’avoir des difficultés à l’école dans tous les domaines testés (sciences, mathématiques, compréhension de l’écrit). Ou encore, en 2015, 24,4 % des garçons se situent parmi les moins bons en compréhension de l’écrit ceux qui ont des difficultés à bien comprendre un texte contre 15,5 % des filles. Le retard en compréhension de l’écrit se constate dans tous les pays industrialisés, membres de l’OCDE. En moyenne, à l’écrit, il est presque égal à une année scolaire.

Les études conduites par la direction de l’évaluation de la performance et de la prospective du ministère de l’éducation nationale, réitérées chaque année [Filles et garçons sur le chemin de l’égalité, de l’école à l’enseignement supérieur] montrent la même tendance. Pour ce qui est de la maîtrise du langage, on constate ce ­décalage entre les deux sexes dès le ­primaire, ce qui est très important, car c’est ce qui détermine la réussite scolaire à long terme.

L’école est-elle inadaptée aux garçons?

Dans une certaine mesure, oui. On dit trop souvent, en France, que si les garçons ne se débrouillent pas bien à l’école, c’est parce qu’ils sont trop agités, ou parce qu’ils ont intériorisé des stéréotypes de masculinité et qu’ils préfèrent ne pas travailler en classe par crainte de ressembler aux filles. Comme l’école est bien adaptée aux filles, il faudrait faire en sorte que les garçons ressemblent aux filles.

Il faut aborder la question autrement. A l’étranger, des travaux de recherche arrivent à d’autres conclusions : c’est l’école qui se serait éloignée des garçons et non l’inverse. Ne faudrait-il pas prendre en compte le retard relatif des garçons dans la maîtrise du langage, et donc redoubler d’efforts en la matière? Ne faudrait-il pas faire bouger davantage les garçons pour qu’ils acceptent plus facilement de rester assis pendant des heures à tracer des lettres? En outre, donne-t-on à lire des livres mettant en scène des personnages auxquels les garçons peuvent s’identifier?

On doit aussi insister sur l’importance de la discipline. Les garçons, particulièrement dans les milieux défavorisés, sont les premiers à en souffrir lorsqu’elle se dégrade. Il faut donc la renforcer, dans une atmosphère d’autorité bienveillante.

Certes, les garçons ont de moins ­bonnes notes, mais cela n’est pas ­nouveau et n’empêche pas les hommes d’occuper les meilleures places ­dans la société…

Les hommes continuent en effet de se maintenir à une place enviable, mais il faudra voir comment les choses évolueront. Je dirais aussi que la réussite, à l’âge adulte, de nos garçons ne nous autorise pas à ne rien faire pour nos enfants.

Il faut être attentif au fait que ce sont les garçons issus des classes populaires qui ont le plus de mal à l’école, et qu’eux n’occuperont pas demain les meilleures places. Ils s’en sortiront même moins bien que les filles des mêmes milieux. On a tendance à juger de la santé des sexes en ne regardant que les gens qui sont tout en haut. Je ne crois pas que ce soit un bon indicateur, puisqu’il s’agit d’une minorité.

Vous dites que l’évolution de ­l’économie fait mal aux hommes. ­Pouvez-vous préciser?

L’économie se tertiarise et repose de plus en plus sur des capacités relationnelles. L’étude des différences de comportement entre les sexes que j’évoquais tout à l’heure montre qu’en moyenne les femmes maîtrisent mieux le langage et font preuve d’une plus grande empathie : elles sont plus à l’aise que les hommes dans les métiers relationnels. Mieux : elles les préfèrent aux autres métiers. Pour lutter contre les conséquences de cette transformation sur les hommes, il faudrait déjà en prendre conscience. Notez cependant que la tertiarisation n’empêche pas que plusieurs secteurs restent très masculins, comme les métiers techniques et scientifiques.

La place du père est-elle aussi fragilisée?

Les pères passent en moyenne plus de temps avec leurs enfants qu’auparavant. Ils jouent avec eux, participent à leur éducation. Mais on constate une divergence en fonction du milieu socio-professionnel. La présence accrue des pères ne vaut que pour les classes moyennes et supérieures.

En outre, dans ces milieux, on se marie toujours, ce qui est moins vrai dans les milieux défavorisés, alors que cela permet de stabiliser la famille. Le mariage diminue le risque de séparation et, si le couple se défait, le fait qu’il y ait eu mariage aide à ce que les liens entre le père et les enfants restent plus étroits. Il y a plus de familles monoparentales dans les milieux défavorisés, et les enfants qui ne voient jamais leur père ont plus de chances de se trouver dans ces milieux. Les hommes peuvent donc y être pris d’un sentiment d’inutilité qui peut être aggravé s’ils n’ont pas de travail.

Certains estiment que père et mère ont le même rôle, que les divorces ne sont pas si graves. Je ne suis pas d’accord : la stabilité et la présence du père prédisent un certain nombre de choses concernant l’avenir des enfants la réussite scolaire, la santé mentale, la capacité à fonder une famille. Les dommages de l’absence du père sont importants. On s’inquiète des fractures au sein de la société, des tensions révélées par des événements comme l’élection de Donald Trump ou le Brexit. Mais n’oublions pas que la vie de famille est aussi un des éléments qui distinguent aujourd’hui de plus en plus les classes sociales et qui collaborent à creuser un fossé entre elles. En promouvant le mariage, j’ai l’air ringarde, mais je pense que le mariage est l’équivalent d’un actif! Les familles de couples mariés sont plus fortes pour affronter l’adversité. Des études de l’Insee (par exemple, « Les couples sur le marché du travail », France, Portrait Social, Insee, 2012), mais aussi les travaux de l’économiste américain Nicholas Eberstadt (par exemple le livre Men Without Work) montrent que, pour les hommes, il y a une corrélation entre le statut marital et l’emploi.

Est-on en train de vivre, selon vous, la fin du patriarcat?

Si vous entendez par patriarcat le fait qu’il existe en Occident une oppression systématique des femmes par les hommes, et que les hommes sont responsables de tous les malheurs des femmes, j’estime que ce n’est le cas ni aujourd’hui ni hier. Hier, la situation des femmes était très dure parce que nos ancêtres hommes et femmes vivaient dans des situations de grande insécurité, aggravées pour les femmes par le fait qu’elles n’avaient pas la force physique des hommes et couraient les risques liés à la maternité qu’on pense seulement à celui de mourir en couches. Mais les hommes n’étaient pas les premiers responsables de ce malheur. Les femmes ont été délivrées par le progrès technique. Si vous entendez par patriarcat le fait que le pouvoir était, encore récemment, exclusivement aux mains des hommes, car les femmes en étaient systématiquement exclues dans la loi et la pratique, alors oui, nous en vivons la fin. Et je m’en réjouis!

***

. Sur la situation des garçons à l’école, on pourra aussi se reporter à cette conférence sous-titrée de la philosophe américaine Christina Hoff Sommers qui alertait sur cette question il y a plus de 5 ans déjà :

. Sur la baudruche idéologique du « patriarcat », voir aussi : 

Le mythe du « patriarcat »

[Mensonge féministe] – Écart salarial / Gender Pay Gap : C’est un fake féministe !

Écart salarial / Gender Pay Gap : C’est un fake féministe !

Et ce n’est pas bien de mentir !

Voici quelques sources pour démonter cet énorme fake féministe : Non, l’écart salarial H/F n’a jamais été de 27% (chiffre farfelu fabriqué par les officines féministes – des femistats comme disent les américains), ni même de 9 %. Il est en réalité dérisoire, voire inexistant à l’échelle de la société car il ne concerne qu’une poignée de très hauts salaires.

  • Décembre 2019 : Le Raptor se penche sur le sujet et démonte implacablement les chiffres farfelus des officines féministo-gouvernementales. Oubliez les soi-disant 25,7% de différences salariales H/F : la réalité se situe à moins de 3% ! 2,7 % exactement en 2017 en France, selon les études très sérieuses du cabinet Korn Ferry, reprises par The Economist (« Are women paid less than men for the same work? », 01/08/17). Et encore, même ces 2,7% peuvent être réduits à 0% quand on considère certains paramètres non quantifiables comme la personnalité, la capacité à négocier, les efforts personnels, les choix de vie… Le service CkeckNews de Libération en est carrément réduit à manger son chapeau (30/12/19), obligé de reconnaître qu’il n’y a en réalité aucune différence de salaire repérable quand on compare des choses comparables ! Alors, quand cessera enfin cette mascarade ?

Égalité hommes-femmes : pour tordre le cou à quelques idées reçues – Par Laetitia Strauch-Bonart

Des féministes s’insurgent contre les inégalités de salaires entre hommes et femmes. Problème, cette inégalité est désormais un mythe. Démonstration.

On a beaucoup parlé des « fake news », s’effrayant de la dérive mensongère des hommes politiques, voire des médias. On n’hésite pas, en revanche, à faire circuler des contre-vérités notoires sans sourciller. La dernière en date est celle diffusée par un groupe féministe, Les Glorieuses, qui prétend qu’« à travail égal, pas de salaire égal » entre les hommes et les femmes. Les Glorieuses cite Eurostat, selon lequel, en France en 2015, les femmes auraient gagné 15,8 % de moins que les hommes. Tous temps de travail confondus – temps partiels et temps complets rassemblés -, ajoutent-elles, les femmes gagneraient 25,7 % de moins que les hommes.

Ces deux chiffres ont abondamment circulé dans les médias, en particulier le second. Nombre de commentateurs laissent donc entendre que lorsqu’on sélectionne au hasard un homme et une femme exerçant exactement le même métier dans une entreprise, l’un gagne 25,7 % de plus que l’autre. Ce qui est faux.

Un écart qui se réduit

La première raison est que si l’on prend en compte les différences de temps de travail, le secteur d’activité, le niveau hiérarchique, d’ancienneté et de diplôme, la part « non expliquée » des écarts de salaires entre les femmes et les hommes est de 10,5 %. Mieux, personne ne peut dire avec exactitude à quoi se rapporte cet écart : certains l’analysent comme le résultat de la discrimination des femmes; d’autres comme la propension de celles-ci à moins négocier leurs salaires et augmentations – ce que même Les Glorieuses reconnaît. Aucune étude n’a prouvé jusqu’à ce jour l’existence de discriminations. Pour ce faire, il faudrait emmagasiner les données de centaines d’entreprises et comparer, poste par poste, les salaires des uns et des autres.

Il faut ajouter à cela que l’écart de rémunération entre hommes et femmes se réduit comme une peau de chagrin pour les jeunes générations et les jeunes cadres. Enfin, comme l’a suggéré The Economist, rapportant une étude récente, il existe bien un écart important dans le haut du panier, chez les dirigeants – les salaires à plus de 6 chiffres. Ici, en effet, la négociation et les relations de pouvoir ont une importance considérable, ce dont, visiblement, les hommes savent mieux tirer parti. Mais les femmes dirigeantes, en devenant de plus en plus nombreuses, apprendront sans doute, avec le temps, à prendre leur place dans ces sphères masculines. Conclusion : oui, les femmes, dans le passé, ont été honteusement discriminées au travail; non, aujourd’hui, pour la plupart des métiers et en moyenne – car il y a toujours des exceptions malheureuses -, ce n’est plus le cas. À travail égal, aujourd’hui, hommes et femmes reçoivent un salaire égal.

Des choix différents

La seconde raison qui permet de contester l’interprétation de l’étude des Glorieuses est que, justement, hommes et femmes, le plus souvent, n’occupent pas les mêmes fonctions. Les femmes travaillent plus volontiers à temps partiel, et préfèrent des métiers qui sont compatibles avec la vie de famille. Certes, c’est parfois sous la contrainte, ce qui dans ce cas est évidemment regrettable, mais ce mode de vie est plus souvent choisi que subi : plus des deux tiers des femmes qui travaillent à temps partiel en sont satisfaites.

Ensuite, les femmes sont attirées par des secteurs et des fonctions différents des hommes : elles préfèrent les matières littéraires aux matières scientifiques et elles préfèrent les métiers relationnels, par exemple dans les services et le médico-social. Par ailleurs, elles n’ont peut-être pas envie de monter les échelons d’une entreprise comme les hommes et selon les règles qu’ils imposent, qui impliquent souvent de longues heures de travail et une compétition exacerbée. Certaines femmes choisissent malgré tout de prendre leur place dans ces milieux; d’autres choisissent de mener une carrière différente en fondant leur entreprise ou en travaillant à leur compte, car elles y trouvent plus de sens.

Stéréotypes et libre arbitre

Les analyses les plus souvent citées attribuent ces choix à des « stéréotypes » sociaux de genre. Cette interprétation est douteuse.

Premièrement, elle l’est d’un point de vue scientifique : les études citées à l’appui de cette thèse ne sont pas suffisamment rigoureuses. Or, il existe tout un arsenal d’études quantitatives en psychologie qui, très souvent répliquées, montrent la persistance de ces choix « féminins ». Il semble assez difficile d’y voir la preuve de stéréotypes, tant ces résultats sont récurrents, et tant ces choix sont indissociables de l’existence d’intérêts différents chez les hommes et les femmes que l’on peut mettre au jour dès l’enfance, à un âge où la socialisation des enfants n’a pas commencé. Par exemple, on a montré que les garçons étaient plus attirés par les « objets », et les filles par les « personnes ». Les mêmes études précisent bien qu’hommes et femmes ne diffèrent en rien en termes de capacités intellectuelles, mais d’intérêts – et c’est cela qui est important. Les choix humains, par conséquent, ne résultent pas de l’incorporation brutale de stéréotypes, mais d’une intrication complexe d’éléments naturels et culturels.

Deuxièmement, cette interprétation est douteuse, car elle nie que les femmes puissent faire preuve de libre arbitre et choisir des métiers qui leur conviennent, comme si, étant perpétuellement vulnérables et mineures, leur choix était toujours biaisé. Elle prend pour pierre de touche de la réussite la carrière typiquement masculine. Mais comment peut-on prétendre prendre la cause des femmes et douter de leur libre arbitre ?

Des féministes amnésiques

Nous ne vivons plus dans cette époque malheureuse où les femmes ne recevaient pas d’instruction et n’avaient aucune liberté professionnelle. Depuis quelques décennies, tout a changé. Mais s’attendre à ce que les hommes et les femmes fassent des choix absolument identiques est pour le moins étrange – à moins de penser que nous ne sommes que des pages blanches.

Le plus regrettable, dans tout cela, est que le mouvement féministe piétine les avancées de ses prédécesseurs : en prétendant que rien n’a changé, ces militantes font comme si les combats passés pour l’égalité n’avaient servi à rien – or, c’est tout le contraire. Ce faisant, elles justifient habilement leur utilité présente, mais elles ne servent pas la cause des femmes.

Le Point.fr, no. 201711
Lundi 6 novembre 2017

***

. On pourra également se reporter à ces articles :

https://www.contrepoints.org/2018/03/12/3299-les-femmes-ne-gagnent-pas-moins

https://www.contrepoints.org/2018/03/07/311237-ecarts-de-salaire-h-f-etudes-se-multiplient-sottises

https://www.contrepoints.org/2011/04/13/21197-il-ny-a-pas-decart-salarial-hommes-femmes

. Ainsi que :

[à suivre…]

L’Éternel masculin

La vidéo confronte l’éternel masculin de la beauté grecque antique (la danse des hommes nus de la pièce de théâtre Mount Olympus de Jan Fabre (2015) est une véritable ode au corps masculin érotique) avec le Japon moderne privé de sexe.

Ce qui me frappe le plus dans ces témoignages d’hommes japonais vivant avec une poupée sexuelle qui ont inspiré la vidéo, c’est le glissement de l’objet à la personne.  Ces hommes – qui ne semblent plus faire clairement la différence entre un objet inanimé et un être humain – investissent affectivement leur poupée, lui parlent, la mettent en scène, l’emmènent en vacances voire même l’épousent ou s’auto-persuadent qu’elle est vivante. Pour autant, ils sont sains d’esprit et restent lucides quant à leur comportement.

La situation du Japon – même si la vie de couple avec une poupée y reste un phénomène marginal – est en tout cas révélatrice de la crise mondiale de la masculinité et du désir masculin. Le manque  de partenaires, de moyens financiers pour entretenir une femme ou la culpabilité d’aller voir des prostituées, entre autres, annoncent certainement ce qui nous attend en Occident. Cette crise de la masculinité est aussi une conséquence du féminisme (des femmes hyper-exigeantes qui paralysent et accablent les hommes) et un avatar post-moderne de la guerre des sexes.  Sinon qu’ici, le combat n’a même plus lieu, la femme étant totalement remplacée.

. Sex Games 

La thématique de la poupée sexuelle utilisée pour illustrer Cellophane City est inspirée d’une chanson plus tardive, Sex Games (2009), restée à l’état de maquette.

Musique : Jean-Patrick Capdevielle /Jonathan Capdevielle / Patrice Küng
Paroles : Jean-Patrick Capdevielle

Voici ma propre transcription des paroles (à corriger éventuellement et compléter) :

Come follow me… Baby…
Come follow me…
Aahh… Boy…
Sex games
Well I went to the marketplace to buy a new toy
A man said he could sell me a bundle of joy
(the) question is: he mumbled looking me in the eyes
“You think you can afford to go straight to the sky”
Sex games
Sex games
“I’ve been high as a kite” I said, “since Jesus knows when
some people call it coma, well I could call it heaven”
… ? … home and out of the box
I was ready for so much and hungry as a fox
Sex games
My highway to love
Sex games
Beside from the above
Sex games
My highway to love
Sex games
Sex games
Sex games

Come follow me… Baby…
Aahh… Boy…
I found enough on my plastidic friend
It’s heaven touched with delight
Soon she showed me all the bends
One-way trip to the sky

Sex games…
Sex games…
Boy…

She had all the required gismos
She was extra-gynecally supercharged
She had the double-action tits above
With the heat-warning net program

Boy
Sex games
My highway to love
Sex games

Beside from the above
Sex games
My highway to love
Sex games
Sex games

Come follow me baby
Come follow me…

. L’iconographie de cette seconde vidéo s’est imposée d’elle-même à la vue du Casanova de Fellini (1976) – le sujet étant pour ainsi dire le même.

La figure du Casanova vieillissant imaginée par Fellini n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Dracula (incarné par Bela Lugosi en 1939), dans ma vidéo de la Naissance des Saisons) ou celle de Nosferatu se regardant lui aussi dans le miroir au moment de ses ébats dans un palais vénitien du XVIIIe siècle (Nosferatu à Venise) :

. Les femmes ne sont pas des poupées sexuelles. Mais les poupées sexuelles sont-elles des femmes ?

Les poupées sexuelles ne sont évidemment pas des femmes ; ce sont des objets inanimés. Mais dans la cervelle embrumée de certaines féministes, s’opère une confusion pire encore que chez les japonais qui épousent leur poupée : aveuglées par leur chasse à l’homme et à l’hétérosexualité, elles en viennent à attaquer des maisons de poupées. Sans doute pour délivrer ces dernières de l’enfer de la prostitution.  Allo, l’Hôpital Sainte-Anne ? Je crois que j’ai des bonnes clientes pour vous…

« Les Marquises Dolls » : la première maison close de poupées au Mans taguée par un commando féministe (mars 2019)

« Les Marquises Dolls » : la première maison close de poupées au Mans taguée par un commando féministe (mars 2019)

. Sur ce thème :

Le féminisme castrateur et les poupées sexuelles

Le Vaisseau fantôme ou le Hollandais volant

Le bateau passeur d’âmes (et de corps) est un thème universel : barques funéraires égyptiennes, Charon faisant traverser le Styx chez les grecs, l’Île des Morts du symboliste Arnold Böcklin…

Arnold Böcklin, L’Île des Morts (version de Berlin), 1880 [cliquer pour agrandir]
Le mythe réactualisé du vaisseau fantôme ou du « Hollandais volant » : c’est ce que m’a inspiré Fear God (2018), tableau où l’on voit appareiller (ou accoster ?) un cargo porte-containers au-dessus duquel plane un spectre.

Jean-Patrick Capdevielle, Fear God (188 x 230 cm, acrylique, bitume et fluo paint sur papier wenzhou sur toile), 2018 [cliquer pour agrandir]
La chanson « Fantôme de fortune » (album Vertigo, 1992) s’est alors imposée comme une évidence ; son « manteau d’étoiles » devenant le ciel du tableau dont les ondulations se confondent avec des vagues marines.

Ces vagues célestes de Fear God ne sont d’ailleurs pas sans évoquer celles de la Nuit étoilée que Vincent Van Gogh (un autre coloriste expressionniste et mystique) avait peinte depuis sa fenêtre de l’asile à Saint-Rémy-de-Provence. Ici aussi, le manteau d’étoiles a des airs marins.

Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée (1889), New York (MoMA) [cliquer pour agrandir]
La légende du « hollandais volant », capitaine errant dans un brick fantôme autour du cap de Bonne-Espérance, remonte au XVIIe siècle. Elle a par la suite inspiré l’opéra de Richard Wagner, Le Vaisseau fantôme (1843), qui raconte l’histoire d’un capitaine fantomatique voué à naviguer sans fin sur les mers du monde afin de racheter l’amour d’une femme. On y retrouve les thèmes éternels de l’errance et de la rédemption par l’amour.

C’est aussi la rédemption par l’amour que trouvera le capitaine hollandais dans le film Pandora and the Flying Dutchman (1951). Condamné à errer sur les mers du globe jusqu’au Jugement dernier dans un yacht à l’équipage fantôme, sa malédiction ne sera levée que le jour où une femme donnera sa vie pour lui.  Ava Gardner joue Pandora, femme fatale qui succombe aux charmes du hollandais et qui n’est autre que son épouse qu’il avait assassinée au XVIIe siècle, la croyant infidèle. En attendant son retour, le capitaine,  devenu peintre, la peignait en Pandore.

Pandore et sa boîte, peinte par le hollandais volant dans Pandora and the Flying Dutchman (1951)

Il est enfin un personnage qui porte lui aussi un manteau d’étoiles…  et que le navigateur rencontrera peut-être à la fin de son périple…

[N. B. : Il va de soi que cette interprétation de Fear God est purement personnelle et subjective. Chacun est invité à y voir et ressentir ce qu’il désire 😉 ]

 

. Pour découvrir tout l’oeuvre peint de J.-P. C. :

[Peinture] – Jean-Patrick Capdevielle. L’œuvre peint

 

Germaine Greer demande à ce que la peine pour viol soit réduite

La féministe universitaire a dit au festival de Hay que « la plupart des viols sont simplement paresseux, négligents et insensibles »

Germaine Greed

Germaine Greer a appelé à un abaissement de la punition pour le viol et déclaré que la société ne devrait pas y voir un « crime spectaculairement violent », mais plutôt le considérer comme « paresseux, négligent et insensible ».

Elle a suggéré qu’une peine appropriée pour l’infraction pourrait être 200 heures de service d’intérêt général et peut-être un tatouage « r » (pour « rapist (violeur) ») sur la main, le bras ou la joue du violeur.

Prenant la parole au festival littéraire de Hay, l’universitaire féministe a soutenu que le viol était endémique dans la société et que le système juridique ne pouvait y faire face parce qu’il revenait toujours à la question du consentement, les victimes ne devenant rien de plus que des « bouts de preuves ».

Elle a dit que le système ne fonctionnait pas et qu’un changement radical était nécessaire. « Je veux renverser le discours sur le viol. Nous n’aboutissons à rien dans le tunnel de l’histoire », a-t-elle dit.

« La plupart des viols ne comportent aucune blessure », a déclaré Greer. « On nous dit que c’est un crime sexuellement violent, un expert comme Quentin Tarantino nous dira que lorsque vous utilisez le mot « viol », vous êtes en train de parler de violence, de forçage… c’est un des crimes les plus violents dans le monde. Bullshit, Tarantino ! ».

« La plupart des viols sont juste paresseux, négligents, insensibles. Chaque fois qu’un homme roule sur sa femme épuisée et insiste pour jouir de ses droits conjugaux, il la viole. Cela ne finira jamais devant un tribunal ».

Au lieu de penser que le viol est un crime spectaculairement violent, et certains viols le sont, voyez-le comme non consensuel… C’est du mauvais sexe (« bad sex« ). Du sexe où il n’y a pas de communication, pas de tendresse, pas de marques d’amour. »

Les procès pour viol s’écroulent et ne se terminent pas par des condamnations, comme le plaident les avocats, sur la question du consentement, a-t-elle dit. Pourquoi ne pas croire la femme et abaisser la peine ? « Si nous disons faites-nous confiance, croyez-nous, si nous disons que notre accusation devrait être considérée comme une preuve, alors nous devons réduire le tarif pour le viol. »

Greer a reconnu que sa thèse serait controversée. « Ce sont des moments comme ça, je peux entendre les féministes me hurler dessus, ‘vous êtes en train de banaliser le viol !’ »

« Eh bien, je vais vous dire quoi … Vous pouvez vouloir croire que le pénis est une arme mortelle et que toutes les femmes vivent dans la peur de cette arme mortelle, eh bien ce sont des conneries. Ce n’est pas vrai. Nous ne vivons pas dans la terreur du pénis… Un homme ne peut pas vous tuer avec son pénis. »

Elle a dit que, dans les cas de viols manifestement violents, les tribunaux devraient se concentrer sur la violence, qui devrait attirer des peines plus lourdes, plutôt que d’avoir de longs procès dans lesquels les femmes sont humiliées pendant de longues périodes.

Greer va publier son argumentation complète sur le viol dans un nouveau livre qui sortira en Australie en septembre.

Elle a dit que certains pourraient voir son attitude envers le viol comme désinvolte, mais elle a rappelé au public silencieux de Hay sa propre expérience quand elle avait 18 ans et a été violée. Elle a été battue à plusieurs reprises par un homme qui lui a demandé une douzaine de fois : « Dis : ‘baise-moi’ ». L’a-t-elle dit ? « Je ne pense pas que je l’ai fait, mais peut-être que je l’ai fait. Cela ressemblerait à quoi, sur mon téléphone portable, de dire au tribunal « baise-moi » ? Greer n’a pas porté plainte à la police.

Elle a remis en question une statistique selon laquelle 70% des victimes de viol auraient souffert de stress post-traumatique contre 20% des vétérans de guerre.

« Que diable racontez-vous ? Quelque chose qui ne laisse aucun signe, aucune blessure, rien du tout, serait plus dommageable pour une femme que de voir son meilleur ami explosé par un engin explosif, comme peut l’être un vétéran ? »

La société voudrait que les femmes croient que le viol les a détruites, a-t-elle dit. « Nous n’avons pas été détruites, nous avons été sacrément ennuyées, voilà ce que nous avons été. »

Greer a longtemps divisé l’opinion, depuis qu’elle a publié son ouvrage phare, The Female Eunuch, en 1970, et son discours à Hay ne montre aucun signe de changement.

Elle a dit que le monde était rempli de bad sex, que les gens ne se parlaient pas et ne s’aimaient comme ils le devraient. « Faire l’amour n’est pas une affaire d’organe, c’est une affaire de communication et, d’une manière ou d’une autre, nous devons le sauver. L’hétérosexualité est dans une crise profonde. »

C’est davantage une crise pour les femmes, a-t-elle ajouté. « Les femmes aiment les hommes, plus qu’ils [les hommes] ne les aiment. Nous sommes plus conscientes de nos hommes, plus qu’ils ne sont conscients de nous. Nous sommes plus facilement contraintes de les satisfaire ou d’essayer de leur plaire. Nous avons tendance à aimer nos fils plus que nos filles, nous espérons que cela ne se voit pas, mais c’est presque toujours le cas. »

Greer est pessimiste quant à l’affaire Harvey Weinstein, prédisant que les seuls gagnants seront les avocats. « Ils vont démolir les témoignages ».

[Traduction de l’article du Guardian :  Germaine Greer calls for punishment for rape to be reduced, 30 mai 2018]

Mon avis :

La pensée de G. Greer est rapportée de manière parfois confuse ou incomplète, dans l’intention probable de la caricaturer ou la charger.
Je suis d’accord avec elle quand elle propose de ne pas confondre le bad sex avec les violences graves ou quand elle dit qu’un pénis ne tue pas et ne peut être comparé à une mine anti-personnel. 
Qu’il faut donc repenser les peines afin que la plupart des procès pour viol ne s’écroulent pas comme ils le font actuellement.
Elle parle aussi de sauver l’amour et l’hétérosexualité, en crise.
Beaucoup de thèmes qui gagneront donc à être présentés de manière plus approfondie dans son prochain livre.

Et pour aller plus loin…  

Mon propre témoignage sur le sujet :

Je peux témoigner que du viol, on s’en sort

Les inégalités en défaveur des hommes passent à la trappe !

Texte intégral de l’interview de Laetita Strauch-Bonart par Eugénie Bastié parie (parue dans Figaro Vox du 26 mai 2018)

GRAND ENTRETIEN – On évoque sans arrêt les inégalités entre hommes et femmes en défaveur de ces dernières. Et si l’inverse était aussi vrai ? C’est ce que démontre magistralement l’essayiste dans son nouveau livre Les hommes sont-ils obsolètes ? .

Dans son nouveau livre Les hommes sont-ils obsolètes? (Fayard), Laetitia StrauchBonart s’appuie sur de nombreuses études scientifiques, où elle prouve le déclin irréfutable de la condition masculine à l’école, dans la famille et sur le marché du travail. Les hommes ont perdu le contrôle de la procréation, sont en retard dans les salles de classe, et la force physique qui était leur apanage n’a plus d’utilité sociale. À mille lieues des discours idéologiques convenus sur une discrimination systémique à l’égard des femmes, elle montre que l’asymétrie entre les sexes n’est pas le fruit d’un constructivisme social mais s’enracine dans des différences biologiques. Elle fournit un plaidoyer précis et stimulant contre la guerre des sexes et le féminisme victimaire.

Eugénie Bastié – LE FIGARO.- Alors que l’on évoque quotidiennement la lutte pour les droits des femmes, vous avez choisi de parler dans votre livre de l’obsolescence des hommes. Qu’est-ce qui vous fait croire que la condition masculine serait menacée?

Laetitia STRAUCHBONART. – À cela, il y a d’abord une raison structurelle: l’évolution des conditions du pouvoir des hommes. À ce sujet, les réflexions contemporaines sont souvent trop court-termistes. Elles oublient que dans un monde où la force physique et le contrôle de la procréation, qui étaient la source du pouvoir des hommes, ont bien moins d’importance que par le passé, la place des hommes est en train de changer radicalement.

La force physique d’abord: elle est moins importante sur le marché du travail. La violence ensuite: je m’appuie sur les travaux du chercheur Steven Pinker, qui a montré, dans La Part d’ange en nous, quel’usage de la violence a considérablement régressé depuis des siècles, ce qui est contre-intuitif.

Ensuite, les femmes ont pris le contrôle de la famille. Elles détiennent aujourd’hui entièrement celui de la procréation. En cas de séparation, ce sont elles qui obtiennent la garde quasi systématiquement.

L’école ensuite: c’est flagrant. Je me suis plongée dans les études Pisa. En France, le retard des garçons de 15 ans sur les filles est de trois quarts d’année scolaire en moyenne en «compréhension de l’écrit». En bout de classe, dans les très mauvais, il y a une majorité de garçons. Dans l’OCDE, cet écart atteint trois ans entre un garçon issu des classes populaires et une fille issue des catégories supérieures! C’est très préoccupant, et je suis sûre que si c’était l’inverse, si les filles étaient à la traîne, ce serait un sujet de société – ce qui serait bien évidemment légitime. Mais les inégalités en défaveur des hommes, quand elles existent, passent à la trappe! On préfère parler des «stéréotypes de genre» et de la place occupée par les garçons dans les jeux à la cour de récré plutôt que de l’inégalité criante des résultats!

Enfin, vous ne pouvez pas nier que sur le marché du travail, les femmes sont encore perdantes…

La photographie actuelle est certes en défaveur des femmes: il y a des écarts de salaires, moins de femmes PDG et plus de femmes à temps partiel. Mais la tendance de long terme va dans le sens d’une ascension spectaculaire des femmes, qu’on ne célèbre pas suffisamment. Il y a des secteurs où les femmes deviennent majoritaires: presse, communication, magistrature, médecine, enseignement. On ne parle que des dirigeants d’entreprise, mais il s’agit d’une petite minorité! Or quand on regarde l’ensemble du tableau, en excluant les dirigeants, on voit autre chose: beaucoup des métiers qui tendent à disparaître aujourd’hui, notamment en raison de la mécanisation, sont des métiers plus «masculins», tandis que les nouveaux métiers et les métiers en croissance (services à la personne, commerce) sont traditionnellement occupés par des femmes. Dans un monde moins violent, physique, et plus collaboratif et relationnel, l’économie devient féminine.

On évoque souvent les différences de salaires pour prouver l’existence d’une discrimination systémique entre hommes et femmes. Quelle est la réalité de cet écart?

La première chose qu’il faut dire, c’est qu’un écart ne signifie pas forcément une discrimination.

Aucune étude ne dit que la différence salariale est entièrement due à la discrimination. Il existe des discriminations, mais elles sont loin d’être la seule explication. Le monocausalisme, voilà l’essence de l’idéologie! Les différences de salaire ont des facteurs multiples: le secteur d’activité, la fonction, l’expérience, l’âge, le temps de travail, le pouvoir de négociation, les interruptions de travail liées à la grossesse… Ensuite, il faut analyser chacun de ces facteurs.

Oui, les femmes travaillent en moyenne moins que les hommes, mais il est faux de dire que ce temps partiel est toujours subi: il est choisi à 68 %. Oui, elles s’occupent davantage de leurs enfants, mais c’est souvent un choix! Oui, les femmes préfèrent en moyenne les métiers relationnels, où on gagne moins d’argent que les métiers techniques, comme celui d’ingénieur. Mais si ces métiers sont moins lucratifs, c’est parce que dans une société capitaliste et technologique, la richesse va à ceux qui produisent la technologie. C’est donc bien moins le résultat d’un «système patriarcal» que celui de la rationalité économique. Ne faudrait-il pas d’ailleurs reconsidérer les filières du soin?

En réalité, ce sont les choix des femmes que l’on critique. Avec à la clé, une question de valeurs: on dresse une équivalence entre le fait de réussir sa vie et de gagner de l’argent. Pourquoi travailler à son compte aurait-il moins de valeur que d’être PDG? Pourquoi être juge ou responsable des ressources humaines serait-il moins valorisant que d’être ingénieur chez Google? Nous prétendons «déconstruire la société patriarcale», mais nous avons en réalité intériorisé les valeurs masculines. Je m’interroge sur la volonté de certaines féministes de nier les aspirations des femmes – des aspirations qui ressortent des études sur le sujet et qui ne sont que des moyennes, mais qui n’en sont pas moins éclairantes. Beauvoir disait dans une interview américaine: «Aucune femme ne devrait être autorisée à rester chez elle pour élever ses enfants. La société devrait être totalement différente. Les femmes ne devraient pas avoir ce choix, précisément parce que si ce choix existe, trop de femmes vont le faire» N’est-ce pas terriblement liberticide? Ou encore, j’entends souvent les responsables politiques afficher leur volonté que dans l’enseignement supérieur, la proportion de femmes dans les matières mathématiques et technologiques augmente. Mais ils ne s’interrogent jamais sur leurs désirs profonds! Et si les femmes, même quand elles sont, très bonnes en sciences, n’avaient pas envie d’en faire leur métier? Les études sur lesquelles je m’appuie dans mon livre le prouvent: les femmes qui sont aussi bonnes ou meilleures en lettres qu’en sciences, choisissent d’abord les lettres, même quand elles sont meilleures que les garçons en sciences!

On se souvient de l’affaire du mémo de Google, où un ingénieur avait été renvoyé pour avoir expliqué les différences de carrières entre hommes et femmes. Pourquoi hommes et femmes font-ils des choix de carrière différents?

Hommes et femmes embrassent des carrières différentes, en moyenne, parce qu’ils ont en moyenne des intérêts différents – leurs choix sont donc libres et authentiques. Les «stéréotypes de genre» jouent certainement un rôle, mais certainement bien plus faible qu’on ne le dit: ils ne peuvent expliquer l’entièreté de ces différences.

On constate que les femmes se dirigent davantage, en moyenne, vers des métiers relationnels et liés au langage, et les hommes davantage vers des métiers techniques. Cela correspond à une distinction très importante observée et validée par les psychologues cognitivistes et comportementaux, celle entre l’intérêt des femmes pour les «personnes» et celui des hommes pour les «choses». Alors qu’ils ont l’opportunité de faire les mêmes études, et que les filles sont souvent meilleures que les garçons! Dans une étude récente (G. Stoet, D. C. Geary, «The Gender-Equality Paradox in Science, Technology, Engineering, and Mathematics Education», Psychological Science, 2018), des chercheurs parlent même d’un «paradoxe de l’égalité»: les différences entre les choix des deux sexes sont d’autant plus marquées que les pays sont développés et égalitaires! Plus il y a d’égalité, plus les choix sont genrés! C’est une réfutation magistrale du constructivisme social: quand on donne aux femmes le choix, elles affichent leurs différences.

Mais d’où proviennent ces différences?

C’est là qu’il faut prononcer le mot qui fâche: la nature! Je ne défends en aucun cas un déterminisme biologique, mais l’idée que les comportements des deux sexes sont en partie le résultat de différences naturelles. Ces différences sont corroborées par d’innombrables études scientifiques – psychologie cognitive et comportementale, étude des hormones et du cerveau, anthropologie et psychologie évolutionniste -, la distinction «choses/personnes» étant présente dès le plus jeune âge.

La théorie de l’évolution explique ainsi qu’hommes et femmes, confrontées à des pressions sélectives différentes, ont adopté des comportements distincts. Elle permet de comprendre notamment les racines de l’investissement supérieur des mères pour leurs enfants ou encore celles de la propension masculine à la compétition.

Malheureusement, toutes ces études sont quasiment inaudibles en France. Alors que la science s’écrit aujourd’hui en anglais, nous préférons rester repliés sur nous-mêmes, et accorder du crédit à des théories aberrantes, proférées par des universitaires qui ne connaissent rient à la biologie! On a pu le voir notamment avec les propos consternants de l’anthropologue Françoise Héritier qui affirmait que si les hommes étaient plus grands que les femmes, c’est parce qu’ils leur confisquaient la viande depuis l’âge des cavernes!

Alors que vous montrez que les femmes n’ont jamais été aussi puissantes, comment expliquez-vous que le féminisme victimaire tienne constamment le haut de l’affiche?

Je pense que ce que vous décrivez provient de ce que les chercheurs en sciences cognitives appellent des «biais». Le «biais de disponibilité» d’abord, qui consiste à privilégier et surestimer les informations qui sont immédiatement disponibles dans notre mémoire. La surexposition médiatique de certains événements peut alors donner l’impression que ceux-ci sont plus fréquents, même si c’est faux! Il y a aussi le «biais de négativité»: on a tendance à être davantage marqué par les événements négatifs que positifs. Ces deux biais empêchent de voir les progrès accomplis par les femmes depuis des décennies.

Le déclassement masculin est-il facteur de déstabilisation? Peut-il aboutir à des phénomènes de ressentiment?

Le malaise masculin m’inquiète. Alors que la place des hommes dans le monde n’est plus très claire, on leur demande de s’adapter immédiatement et radicalement. Certains hommes sont tout à fait à l’aise aujourd’hui, ceux des classes supérieures. C’est dans les classes populaires que les hommes connaissent le désarroi le plus fort. Plus généralement, je suis frappée que la masculinité ne soit invoquée, aujourd’hui, que quand elle est «toxique». Le constructivisme social qui n’invoque la différence des sexes que pour criminaliser le masculin crée à mon sens un profond malaise chez certains hommes.

Or nous n’avons aucun intérêt à ce que les hommes soient «obsolètes» car leur absence a des conséquences néfastes sur leur entourage direct, à commencer par les femmes et les enfants. Je ne crois pas à la guerre des sexes, qui considère la relation hommes-femmes comme un jeu à somme nulle: ce qu’un sexe gagne, l’autre doit le perdre. Au contraire, je pense que si les hommes vont mal, les femmes en souffrent!

Peut-il exister un féminisme conservateur?

Je crois au féminisme de l’égalité d’opportunité, pas à celui de l’égalité de résultat. Dans l’histoire, aucun gouvernement, aucun groupe social n’a obtenu d’égalité de résultat sans recourir à la coercition ou à la violence. Non seulement on ne peut pas changer fondamentalement la nature humaine, mais quand on s’y essaie, c’est toujours au prix fort.

Laetitia StrauchBonart est également rédactrice en chef de la revue hebdomadaire d’idées «Phébé par Le Point».

 

 

 

Combattre le féminisme, oui. Sombrer dans la misogynie crasse, non.

Je viens de découvrir la « philosophie MGTOW » (Men Going Their Own Way), mouvement masculiniste très actif sur internet qui, en réponse au féminisme tout puissant, invite les hommes à se retirer du jeu de la séduction et des interactions avec la gent féminine.

Alors après tout, pourquoi pas, chacun est libre de construire sa vie comme il l’entend, avec ou sans l’autre sexe. Ce sont bien les moines chrétiens qui, pendant des siècles et à la faveur de leur travail intellectuel, nous ont transmis l’héritage antique tout en bâtissant la civilisation intellectuelle moderne (même la théorie du Big Bang au XXe siècle est encore l’oeuvre d’un théologien). Se détourner des femmes n’est pas en soi un choix de vie critiquable.

MGTOW n’est toutefois pas une forme de monachisme, loin s’en faut – même s’il semble partager quelques traits communs avec certaines sectes radicales misogynes du christianisme primitif ; j’y reviendrai à l’occasion.

Car les choses se gâtent quand on découvre le montage théorique et idéologique qui justifie pour certains leur attitude envers les femmes (officiellement, ceux-là disent « femmes », mais en privé ou dans leur tête, ils pensent plutôt « femelles »).

Tout comme moi, MGTOW dénonce le néo-féminisme et s’intéresse à la psychologie évolutionniste, ou au néo-darwinisme – courant de pensée scientifique incarné en France par Peggy Sastre notamment.  C’est donc avec un a priori plutôt positif que je lance l’autre jour la première vidéo d’un dénommé Ralf, juriste de son état, qui nous expose de manière parfaitement claire et didactique les tenants et aboutissants de MGTOW :

Et là, très vite, des voyants rouges s’allument dans mon cerveau. Mes craintes sont largement confirmées à la seconde vidéo (« Une philosophie exclusivement masculine »), où l’on m’explique doctement que MGTOW méprise les femmes et n’entend aucunement collaborer sur quoi que ce soit avec elles (y compris, donc, sur l’antiféminisme).

La suite est à l’avenant ; mais c’est sur la quatrième vidéo, intitulée « La nature de la femme », que je vais m’arrêter plus longuement.

La vidéo débute par une longue justification (plus de 10 minutes) sur le fait que tout ce qui sera avancé par la suite est d’ordre scientifique et parfaitement démontré, dans des études si nombreuses qu’il n’est même pas besoin de les mentionner – puisque l’intégralité de la littérature scientifique irait dans ce sens.

Ralf opère ici un habile tour de passe-passe. Toutes les études scientifiques confirment la différence biologique des sexes, oui, jusque là nous sommes d’accord. Mais aucune ne valide les élucubrations misogynes que Ralf va nous servir de la 14e minute jusqu’à la fin de sa vidéo .

Ce n’est pas parce que nos cerveaux baignent dans des influx hormonaux différents, pilotés par nos différences génétiques, que cela induit que toutes les femmes (Ralf, qui essentialise toujours, ne connaît que LA femme) seraient des êtres amoraux, sentimentalistes, instables et calculateurs, assimilables, comme il le dit dans une autre vidéo, à des animaux domestiques ou des enfants sans cervelle. Quelle étude scientifique démontre cela ? Je serais curieuse de la lire 😉

La misogynie de Ralf et de ses adeptes, tout comme la misandrie des néo-féministes, repose sur le même principe que le racisme : l’essentialisation (la réduction d’une personne à son sexe ou son origine) et l’incapacité à envisager que si deux choses sont différentes (d’un point de vue biologique ou ontologique), cela n’implique nullement que l’une soit supérieure à l’autre.

Cette forme radicale du masculinisme est strictement superposable au néo-féminisme (en inversant simplement les sexes) :

  • Chaque sexe est intimement convaincu d’être supérieur à l’autre
  • Chaque sexe se considère victime de l’autre
  • Chaque sexe s’invente un paradigme (une grille de lecture fantasmatique du monde) expliquant pourquoi il est obligatoirement la victime de l’autre : à la baudruche idéologique du « patriarcat » répond désormais la « matrice » MGTOW (en gros, le « matriarcat » actuel. Même si je reconnais que la féminisation de la société occidentale est une réalité, il y a une paranoïa excessive derrière la « matrice » et la « pilule rouge » – Ralf explique ce que c’est dans sa première vidéo).
  • Chaque mouvement se construit sur une idéologie « scientifique » radicale : Les études de genre féministes nient radicalement la biologie (une aberration), quand, à l’inverse, MGTOW fait du darwinisme une religion naturelle. Les unes sont « tout culture » quand les autres sont « tout nature ».
  • Chaque individu s’exonère de toute responsabilité dans ses malheurs et fait systématiquement porter l’intégralité des fautes à l’autre sexe. Lui est toujours un ange de perfection et l’autre un démon malfaisant.
  • Le narcissisme et le manichéisme sont leurs deux mamelles communes.
  • Les deux mouvements recrutent des personnes en détresse affective avec les mêmes méthodes de sectes : le  love bombing (« Nous vous comprenons, nous sommes une famille, des frères – ou des soeurs -, vous n’avez que des qualités, l’autre sexe n’en a aucune », etc.) et un évangile avec un credo extrêmement simple à assimiler et vendu avec beaucoup de talent (« Le bien, c’est vous et notre communauté ; le mal, c’est l’autre sexe »).
  • Les deux mouvements forment donc des adeptes auxquels ils retournent la tête et qui s’en vont ensuite répéter les éléments de langage  afin d’agrandir la secte (avec toutefois un bémol pour MGTOW : contrairement aux féministes, ce n’est pas un mouvement prosélyte et il ne bénéficie d’aucun appui institutionnel).
  • Les deux mouvements essentialisent leur haine : à la misandrie répond désormais la misogynie.
  • MGTOW rejette la parole des femmes parce qu’elles sont femmes de la même manière que les féministes méprisent la parole des hommes, même féministes.
  • Le parallélisme entre les deux mouvements va même jusqu’à une assonance involontaire : MGTOW prononcé comme un acronyme se dit  « Migtou », ce qui sonne étrangement comme « Mitou » (#MeToo)…
  • Etc. (Je développerai peut-être à d’autres occasions pour ne pas alourdir cet article)

Je reviens maintenant aux arguments misogynes de Ralf (14e minute à la fin, donc), en les reprenant un par un :

  • « La femme est prédictible ». Peut-être, mais l’homme l’est tout autant, n’en doutez pas. Et prédictible ne veut dire ni inférieur ni supérieur, contrairement à ce que vous croyez.
  • Le sentimentalisme : « La » femme est d’abord accusée de n’être « que sentimentale » avant d’être accusée d’être incapable de sentiments – il faudrait savoir. Cela revient dans d’autre vidéos : seul l’homme serait capable d’aimer. Ben voyons ! C’est absurde et incohérent.
  • « Sentimentaliste par essence, la femme n’a ni logique, ni raison, ni structure ». Gros lol.  Voir point suivant.
  • « Il ne faut pas essayer de débattre avec une femme ». Je comprends bien qu’il vaut mieux prendre la fuite que de se faire mettre le nez dans son caca 😉
  • « La femme, un être autocentré sur ses sensations, ne peut s’élever à l’échelle du concept, de la systématisation, de la généralité ». Vous n’avez jamais entendu parler des féministes ?  Elles ne conceptualisent et ne généralisent pas autant que vous, peut-être ?
  • « La femme est un être amoral (c.-à.-d. dépourvu de moralité) dont le comportement ne permet pas la vie en société ». N’importe quoi. Le sexe féminin a au contraire joué un grand rôle dans la socialisation des primates puis des premiers hommes, sans parler de toute l’histoire de l’humanité.
  • « La femme n’a pas accès au concept de vérité absolue ou de véracité ». Phraséologie sectaire radicale typique. Même les imams les plus salafistes n’oseraient pas aller jusque là.
  • « La femme a des sentiments changeants ». Tout le monde sait qu’un homme ne change jamais d’avis. Mais lol !
  • « La femme est incapable de développer des théories à  contre-courant ». Eh bien si, on peut être à la fois contre vous et contre les féministes, par exemple. La preuve.
  • Le hamster : « La femme récrit le passé et interprète ses actes pour les rendre socialement acceptables ». Lol. On voit que vous n’avez jamais vu un homme vous baratiner ad libitum pour justifier ses actes. On ne doit décidément pas vivre sur la même planète :p
  • « La femme rend ce qu’elle a fait logique, moral, bien et se  dégage de toute responsabilité ». Exactement comme vous dans cette vidéo.
  • « Elle n’est pas mythomane : elle se convainc de la vérité de ce qu’elle dit ». Exactement comme vous ^^
  • L’hypergamie : Vous savez parfaitement que l’hypergamie féminine a été mise en oeuvre par les hommes et dans l’intérêt des deux sexes ; chaque famille désirant confier la perpétuation de ses gènes au meilleur offrant.  N’en faites pas porter le chapeau aux femmes. Si vous avez une fille, vous serez certainement intéressé de savoir avec qui elle se reproduit.
  • « La femme est une calculatrice froide et cruelle ». Tellement outrancier que je ne commente même pas.
  • « Une femme ne vous aime jamais pour ce que vous êtes, pour vos valeurs humaines ». Toujours les généralisations. Comme si tous les hommes ne regardaient que ça, eux…

En conclusion, pourquoi suis-je aussi agacée par ces outrances ? Eh bien parce qu’elles mettent de l’eau au moulin des féministes misandres qui n’attendent que cela pour dire que les hommes sont des crétins et justifier leur combat contre eux.

Et parce que si j’ai rejeté le féminisme à cause de sa misandrie et de ses généralisations sur les hommes – indignes d’un esprit formé à la philosophie et à l’humanisme –, je ne veux surtout pas que mon antiféminisme soit rapporté à ce genre de dérive misogyne. En diffusant ces idées indéfendables, vous jouez contre votre camp et vous jouez contre le mien. Ce faisant, vous nourrissez le féminisme, ce qui ne devrait pas être l’objectif du masculinisme. Ne mettez donc pas votre intelligence au service de la guerre de sexes, ou bien tout le monde sera perdant…

[à suivre…]

  • Voir aussi :

[Amalgames faciles] – L’antiféminisme n’est PAS la misogynie

Féministes et pervers narcissiques, les liaisons dangereuses

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Patrick Capdevielle, Ton monde est vieux (1980)

Londres, été 1980

. Eros et Thanatos

Illustration de la chanson avec les toiles peintes par Jean-Patrick Capdevielle en 2017 et 2018 :

  • Art Gallery, 2018
  • Heroes Factory (Mickey’s Band), 2017
  • Le Déjeuner sur l’herbe, 2017

et des extraits de films :

  • Fritz Lang, Metropolis, 1927
  • Carlos Saura, Sevillanas, 1992

Jean-Patrick Capdevielle, Ton monde est vieux, 1980 (Album 2 ; CBS)

. Au nom du père et du fils

Paris, Olympia, 12 mai 1980. Version totalement inédite de la chanson, enregistrée lors de la première tournée au printemps 1980. Les paroles sont différentes de la version studio enregistrée à Londres quelques mois plus tard.

Paroles inédites :

Ton monde est vieux

Tu passes ta vie dans le fond d’une limousine
T’as ton oeil braqué sur toutes les combines
Mais quelque chose va troubler ta routine
Et toi tu comprends pas très bien ce que c’est
Dans ton cerveau, tu sens comme une épine
Et sous ta peau la frayeur t’assassine
T’es comme tous ceux qui descendent la colline
Avant d’avoir compris ce qui s’est passé
Tu dis des mots que tu n’oses même plus croire
C’est pas nouveau, mais ce qui change toute l’histoire
C ’est qu’hier encore, tu faisais semblant d’y croire
Maintenant tu pleures avant d’avoir parlé
Ta vie prend la forme d’un couloir
Et sur les murs, y a marqué « Pas d’espoir »
Tu dis que t’es pas seul dans ton trou noir
Mais ça t’aide pas beaucoup à t’en tirer

Ton monde est vieux
La terre est usée
Quand on la voit par tes yeux
Ton temps s’achève et tu devrais savoir dire adieu
Le jour se lève et ton train s’en va
Ton monde est vieux

Tu savais toujours ce qu’il fallait répondre
Et t’avais l’art pour te sortir du nombre
Maintenant, tu dis que l’avenir est sombre
Et que t’aimerais beaucoup le faire partager
A tous ceux qui t’écoutent sans répondre
En essayant de vivre sur les décombres
Que les gens comme toi traînent avec leur ombre
Et que c’est un peu tard pour tout changer

Si tu permets, t’as oublié qu’une chose
Un jour ou l’autre, tout le monde atteint sa dose
Même dans ton cas y en a une
Et si j’ose un conseil : va pas te cacher
T’as peur que quelque part quelque chose explose
On peut pas penser à tout, je suppose
C’est dans ta tête que sautent les portes closes
Ça te surprend, ça ; tu crois que ça devrait ?

Ton monde est vieux
La terre est usée
Quand on la voit par tes yeux
Ton temps d’achève et tu devrais savoir dire adieu
Le jour se lève et ton train s’en va
Ton monde est vieux

Moi j’ai rien à proposer en échange
De tes mirages et je me prends pas pour un ange
Si t’as envie de me répondre « Etrange »
Moi je te force pas à m’écouter
Quand je te dis que tout passe et tout change
Tu fais semblant de croire que tout s’arrange
Au fond, t’as toujours su ce qui nous dérange
Mais la fin d’un règne, faut en profiter

Je veux plus tes sermons dans mes oreilles
Laisse-moi donc oublier mes chansons de la veille
Je veux plus que tu viennes pendant mon sommeil
Parler de raison, dire que j’ai trop demandé
D’ailleurs, je demande rien, je suis tes conseils
J‘ai ma conscience à la main dès mon réveil
T’entends plus, fais régler ton appareil
Tu deviens sourd cette fois, c’est terminé

Ton monde est vieux
La terre est usée
Quand on la voit par tes yeux
Ton temps d’achève et tu devrais savoir dire adieu
Le jour se lève et ton train s’en va
Ton monde est vieux

 

Pour découvrir tout l’oeuvre peint de J.-P. C. :

Jean-Patrick Capdevielle. L’œuvre peint

 

Pascal Bruckner : « El nuevo puritanismo no demoniza a la mujer, sino al hombre »

[Traducción del francés: Júlio Béjar]

‘EL NUEVO PURITANISMO NO DEMONIZA A LA MUJER, SINO AL HOMBRE’

LE FIGARO – El movimiento global contra el acoso promueve la libertad de las mujeres y en modo alguno restringir la sexualidad. ¿Puede denominarse a eso ‘puritanismo’?

PASCAL BRUCKNER. – Este fenómeno no es global. Sólo se da en Occidente, donde nació el movimiento de emancipación de las mujeres. Lo que demuestra que el patriarcado está muy debilitado en nuestras sociedades. Es la famosa ley de Tocqueville: no son los pueblos míseros los que se rebelan, sino los que viven mejor. Las mujeres se están rebelando con razón contra los ataques que sufren porque ostentan ya un poder y unos derechos considerables. El progreso en la libertad de la mujer va de la mano del odio hacia las mujeres libres por parte de quienes las quieren castigar por alzar la cabeza. El resentimiento de algunos hombres hacia ellas se asemeja a la furia del negrero ante la abolición de la esclavitud. Si hay puritanismo, es post-pornográfico e incluye la revolución sexual. Los procesos mediáticos, especialmente en los Estados Unidos, son una competición por el detalle escabroso: la mancha de semen en el vestido de Mónica [Lewinsky], la felación en el Despacho Oval, las proposiciones desvergonzadas. Disfrutamos con el pecado que decimos condenar. Bajo las muestras de desaprobación, hay una delectación resentida, el triunfo de una obscenidad lasciva. El sexo es visto como una necesidad irrefrenable que aniquila todo gesto implícito. Ya no nos enfundamos guantes, no guardamos las formas. Hay una diferencia entre la expresión francesa ‘hacer el amor’, un acto más o menos civilizado, y el « tener sexo », más directo de los estadounidenses, la simple satisfacción de una pulsión. Con raras excepciones (Woody Allen, Clint Eastwood), las películas de Hollywood basculan entre el romance melifluo y la brutalidad erótica: personas a punto de ebullición obligadas a saltar una sobre otra para dar rienda suelta a sus deseos. Añoramos las películas clásicas donde los amantes se entregaban con elegancia. El viejo puritanismo veía en la mujer la tentación diabólica; el nuevo ha transferido esa desconfianza al hombre. Hemos cambiado de maldición pero no de mentalidad.

LF – ¿Cree que el ‘movimiento’ ha ido demasiado lejos?

PB – ‘Saca de paseo a tu cerdo’ [la campaña ‘Balance ton porc’] ha permitido a las auténticas víctimas liberarse del terror y denunciar a sus atacantes, sí, pero el movimiento está desbordándose debido a los excesos, evocando las prácticas de la Revolución Cultural China, que clavaba a los discrepantes en la picota. Cada semana exige su lote de culpables a los que exhibir en el muro de la vergüenza. Cualquier acusación equivale a una condena. Sandra Muller, promotora de ‘Saca de paseo a tu cerdo’, califica de ‘verdugo’ a alguien que una noche le dijo, en un momento de embriaguez: ‘Tienes unas buenas tetas, haré que goces toda la noche’. Sostiene que eso la traumatizó durante diez años. ¿No es esto exagerado?

LF – Según algunas feministas, se da una continuidad entre violencia simbólica, verbal y física …

PB – No se distingue entre la violación, que es un crimen, el acoso, que es un delito castigado por ley, y la zona gris de las miradas insistentes, la renuencia e incluso los insultos. Esta confusión es extremadamente grave porque penaliza a las verdaderas víctimas expropiándolas de su desgracia por otras candidatas al mismo estatus. ¡Incluso el cumplido es visto como una agresión! Sembrando la confusión entre crímenes, delitos menores, abusos de poder y comportamientos inapropiados procedentes de las relaciones privadas, socavamos cualquier jerarquía del sufrimiento. Para lugares públicos, bares, discotecas, restaurantes, debemos considerar códigos de buena conducta que castiguen todo comportamiento grosero, con multas si fuese necesario. Sobre todo, debemos educar a los niños en el respeto y la cortesía. Pero es inquietante ver como regresa la vieja cantinela victoriana de la mujer-víctima. Como un pajarillo indefenso ante los ataques del macho furioso. Como si ellas no pudiesen lidiar con la torpeza, como si tampoco fuesen capaces de repeler acercamientos no deseados. Mujeres infantilizadas y desvalidas, cuando de lo que se trataría es de protegerlas y dotarlas de poder.

LF – ¿Debemos ver tras esos excesos un odio hacia el hombre?

PB – Para muchas, el hombre es culpable por el simple hecho de tener pene. Es por naturaleza el déspota malvado. ¿No escribió la escritora Nancy Huston [http://www.lemonde.fr/…/on-ne-nait-pas-homme_1194052_3232.h…] que ‘la erección es el problema más acuciante de la humanidad’? El crimen está en la anatomía, cada niño es un asesino en potencia. Cuando Caroline De Haas afirma que uno de cada dos o tres hombres es un agresor [https://www.marianne.net/…/video-un-homme-sur-deux–agresse…], está haciendo una amalgama irreflexiva. Si existiese un delito de incitación al odio contra el género masculino, ¡se llevaría el premio! Llegamos a la situación estadounidense, donde hombres y mujeres conviven como dos tribus a ambos lados de un río y comunicándose sólo ley en mano, en un estado de hostilidad contractual permanente. « Los dos sexos morirán separados », dijo Proust. En los Estados Unidos, todavía podrán hablar pero con la mediación de un abogado.

LF – ¿Desaparecerá el ámbito privado en favor de una judicialización de todas las relaciones sociales, incluidas las afectivas?

PB – Eso ya es muy visible en los campus estadounidenses. En la década de 1990, el Antioch College (Ohio) ya instituyó un estatuto entre niños y niñas. Estipula que ‘debe obtenerse y renovar el consentimiento en cada encuentro sexual’ y detalla cada una de las áreas anatómicas autorizadas a explorar, senos, muslos, tipos de beso, etc. Este tipo de recomendación se ha extendido. Existen aplicaciones de teléfonos móviles como « Sí al sexo » que reemplazan el consentimiento tácito por el consentimiento expreso, formalizado mediante tecnología. Además de reintroducir la mirada social en lo que es un acto íntimo, preocupa observar que si un ‘no’ es siempre un ‘no’, un ‘sí’ nunca es totalmente un ‘sí’. Algunos estudiantes, decepcionados, vuelven al acuerdo tácito y revisan retrospectivamente el encuentro como un asalto, manteniendo latente la posibilidad de demanda.

LF – Es paradójico tratándose de una sociedad tan liberal …

PB – El verdadero poder en los Estados Unidos es judicial, no político. El sueño americano es el de una sociedad completamente recreada y reconfigurada por la ley hasta en los más nímios detalles y que destierre el uso, es decir, la herencia involuntaria, portadora de siglos de subyugación. Esta naturaleza procedimental es problemática cuando de lo que se trata es de regular el resbaladizo terreno de los afectos y las pasiones. Todas las relaciones amorosas están codificadas, incluso la seducción, que se asemeja a veces a una entrevista de trabajo. Acordamos citas, ‘dates’, mediante una gradación y un procedimiento más rígidos que el mapa del Tendre*. Estados Unidos es la sociedad de las reglas, mientras que nosotros somos una sociedad de modales que deja más espacio para la improvisación, el juego y la coquetería. En este neopuritanismo, el sacerdote es reemplazado por el abogado y el juez. Olvida que el amor es también un bello riesgo, y considera que cualquier persona que se sienta perjudicada en una relación debe poder buscar una indemnización. Cada uno es convocado a poner su deseo por escrito, para saber de antemano lo que quiere, para acabar con el concepto de ‘quizás’. Se olvida así que la lujuria es como un juego, tendente a la ambigüedad y que no siempre estamos seguros de nuestro deseo antes de ser presas de él. Estos procedimientos hacen negocio a cuenta de la complejidad de los sentimientos humanos. Francia debe resistir el clima de macarthismo moral que nos llega de los Estados Unidos; para nosotros, lo que une a hombres y mujeres es más importante que lo que los separa. Tenemos que preservar esa atmósfera de libertad erótica y amorosa que hizo de la Europa latina un lugar de tan alta civilización. En ese sentido, es posible que el Viejo Mundo deba ser el porvenir del Nuevo.

LF – En un discurso pronunciado durante la Marcha de las Mujeres, la actriz Natalie Portman apelaba a una « revolución del deseo ». ¿Ese afán de politizar el deseo puede ser peligroso?

PB – La revolución en Hollywood nunca será otra cosa que una versión de Hollywood. La idea de una solución política a las desgracias del amor no es nueva. Nace con Sade y Fourier y será teorizada por Wilhelm Reich en el siglo XX: una buena gestión de las pulsiones libidinales debería traer paz a la sociedad. Pero el amor no es una enfermedad que se preste a tratamientos. Deseamos seres que, en el mejor de los casos, nos deseen a cambio, y esta simple reciprocidad es tan maravillosa que no es preciso introducir el ritornello de la Revolución: la ley velando por las personas, los ciudadanos amándose unos a otros como lo consideren conveniente sin que el Estado o la justicia interfieran. Ceder al sentimiento amoroso es reconectarse con el viejo teatro de las pasiones. Somos a menudo revolucionarios en las declaraciones, pero siempre anticuados en nuestras inclinaciones. No olvidemos el inmenso ejército de hombres y mujeres invisibles que no tienen acceso a la gran fiesta de placer y a los que la proclama de la bella y talentosa Natalie Portman probablemente deja indiferentes.

LF – Algunos denuncian una ‘cultura de la violación’ que estaría presente en todas las representaciones artísticas y populares. ¿Ve ahí usted una voluntad de purga?

PB – Ya en la década de los noventa, Picasso, Balthus, Renoir, Degas, Gauguin fueron blanco de activistas preocupados por la pureza estética. Una académica francesa pontifica, por ejemplo, en Libération que ‘Blow-Up’ ahora debe verse como una incitación a la violación [http://www.liberation.fr/…/blow-up-revu-et-inacceptable_161…]. Volveremos a ver a Polanski, Fellini, Truffaut de este aniquilador del ángulo. En Magazine Littéraire [http://archives.magazine-litteraire.com/des-blancs-qui-en-d…], una ‘especialista’, Sophie Rabau, recomienda sacar a pasear al cerdo en la ficción: Carmen, Traviata y Célimène ceden, no gracias a la tenacidad de sus amantes, sino debido a que son violadas. Lo mismo ocurre con la Bella Durmiente del Bosque, que no ha dado su consentimiento mientras dormía al beso liberador … Liberemos todo el canon artístico con las tijeras de nuestros nuevos censores.

LF – Con su mesianismo defensor de un futuro radiante y reconciliado, ¿no será el feminismo la última utopía del siglo XXI?

PB – El feminismo está demasiado dividido para convertirse en un sustituto de las grandes ideologías. La reconciliación entre los sexos es una quimera. Las fatalidades anatómicas, las potencialidades permitidas a unos y denegadas a otros (por ejemplo, el don de la maternidad, el distinto concepto del placer) clausuran la posibilidad de cualquier entente idílica. Siempre habrá entre hombres y mujeres una relación indiscernible de atracción y miedo. Pero para los teoricistas del género, dos sexos son demasiados. La década de los sesenta se basó en la gozosa utopía de la promiscuidad universal, especialmente porque el SIDA aún no existía. Si hubiésemos releído a los clásicos de la literatura francesa, especialmente al Marqués de Sade, habríamos comprendido que toda liberación del deseo es también liberación del derecho de toda persona a querer poseer a cualquiera. En Sade, esa liberación conduce siempre al campo del delito.

LF – ¿No estamos asistiendo a un golpe de timón, cincuenta años después del « gozar sin obstáculos » proclamado en Mayo del 68?

PB – Hemos renunciado definitivamente a Mayo del 68. Se creyó que habían desaparecido de un plumazo 2.000 años de judeocristianismo, que las zonas vergonzosas habían pasado a ser zonas gozosas. El punto de inflexión llegó en la década de los ochenta con los casos de pedofilia: el deseo ha perdido su inocencia. Curioso destino para una generación que quiso romper con todos los tabúes y que ha descubierto en la sexualidad una parte de sombra, de violencia. Eros es una pulsión tanto de muerte como de vida. Paradójicamente, hoy queremos mantener el porno, la permisividad, pero penalizar a los pervertidos. Como para vengar esas libertades otorgadas en términos de moral. El lema de nuestro tiempo es « gozar y castigar ». Al mismo tiempo, se busca el placer y el castigo. Y nos arriesgamos a cosechar tan sólo el disfrute del castigo.

[* Nota del trad.: la ‘Carte Tendre’, es un documento cartográfico del siglo XVII, que mapea mediante metáforas los sinuosos caminos y sendas del amor].

[Entrevista con el escritor y filósofo Pascal Bruckner, aparecida el sábado 3 de Marzo en ‘Le Figaro’:

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/03/02/31003-20180302ARTFIG00304-pascal-bruckner-le-nouveau-puritanisme-ne-diabolise-plus-la-femme-mais-l-homme.php]

Y también en castellano :

Neo-Feminismo e islamismo : Convergencias

Puedo testimoniar que de la violación, se sale