* En préambule, je tiens à préciser que la « féminité toxique » du titre n’est sous ma plume qu’une provocation gratuite, un simple renvoi d’ascenseur à la « masculinité toxique » perpétuellement brandie par les néoféministes. Je considère en effet que la « féminité toxique » n’existe pas en soi, pas plus que la « masculinité toxique » ; ces deux ensembles de caractères ne relevant jamais que de la division biologique des sexes – laquelle ne devrait (heureusement) pas être abolie de sitôt, n’en déplaise à l’Église Universelle de la Névrose Féministe. Parler de l’une comme de l’autre s’apparente donc à du sexisme, puisqu’il s’agit de diffamer un sexe et ses caractéristiques, quand bien même ceux-ci ne seraient pas choisis – car non, tout ne se choisit pas et tout n’est pas transposable d’un sexe à l’autre : rappelons que notre personnalité même est façonnée par notre ADN et que l’idéologie du genre est une gigantesque imposture pondue par des intellectuels en débine (essentiellement des sociologues et des féministes d’extrême gauche). Encore une illustration récente : plusieurs études convergentes ont conclu que l’empathie n’était pas distribuée de la même manière chez les deux sexes (cf. J.-F. Bouvet, « L’empathie, les femmes et la testostérone », Le Point, 04/01/2023 : « La principale hormone sexuelle mâle constituerait donc bien un frein à l’empathie »). Exiger d’un homme qu’il se comporte en tous points comme une femme est donc absurde. Et c’est parce que le néoféminisme est un sexisme de la pire espèce qu’il faut absolument se garder de lui emboîter le pas en recourant à ce type d’accusation gratuite et de discrimination sexiste. S’il existe des hommes toxiques, comme il existe des femmes toxiques, probablement répartis à égalité sur cette terre, la masculinité et la féminité en soi ne s’abordent pas selon ces seuls critères moraux.
La masculinité et la féminité, des qualités héritées à la naissance – car habituellement corrélées aux taux d’hormone sexuelles –, qui servent ensuite de terreau à nos constructions personnelles, ne sont donc en soi ni bonnes ni mauvaises, ni morales ni immorales, ni condamnables ni vénérables : elles sont simplement – de la même manière que les sexes féminin et masculin sont des données irréfragables de la biologie sur lesquelles on ne revient jamais, n’en déplaise encore à l’actuelle folie transgenre : « Le système XY de détermination sexuelle est un système génétique de détermination du sexe retrouvé chez l’humain, la plupart des mammifères, certaines espèces d’insectes (diptères) et de plantes (Silene latifolia). Ce système […] affirme que les femelles ont des chromosomes de types identiques (XX) alors que les mâles ont des chromosomes de types distincts (XY) ».
Il n’y a donc pas à discuter ad libitum de ces données biologiques : on naît homme ou femme (XY ou XX), on ne « devient » jamais son sexe, on l’est de naissance (Miss Beauvoir a encore déblatéré sur ce point des inepties plus grosses qu’elle). De la même manière, les hommes continueront à afficher leur masculinité et les femmes leur féminité puisque, à moins de souffrir de troubles mentaux plus ou moins sévères, ils ne peuvent guère faire autrement – sachant qu’il existe naturellement tout un continuum de comportements sexués, sur une échelle du masculin et du féminin très variable d’un individu à un autre ; ce qui ne pose en soi aucun problème. Il existe des femmes hétéros très masculines, des lesbiennes très féminines et réciproquement, et inversement chez les hommes gays et hétéros ; tout ceci ne relevant que de variables personnelles qui n’auraient jamais dû être exploitées par l’idéologie du genre de la manière éhontée que l’on connaît. Comme le dit également Marie-Estelle Dupont (« Face à Bock-Côté », 21/01/23), « l’idéologie mortifère » des trans-activistes, en imposant que « la pathologie devienne la référence », pratique une « récupération idéologique cynique » (38-39′).
Le plus « amusant » est qu’en dépit du battage médiatique féministe – qui s’échine comme toujours à lutter contre des moulins à vent –, les femmes, mêmes féministes, continuent à préférer, et de loin, les hommes masculins ! (« Sur Tinder et ailleurs, « même après #MeToo, les filles veulent encore des gars, des vrais », Le Temps, 12/10/22 – article payant sur lequel je reviendrai plus bas). Le verbiage féministe et son emprise totalitaire et rééducatrice ne sont donc une fois de plus sur ces sujets qu’une immense perte de temps pour tout le monde, qui ne pourront à terme que finir dans les poubelles de l’histoire des idéologies fumeuses. Si la féminité ou la masculinité « toxiques » n’existent pas en soi, ce qui existe bien, par contre, ce sont la stupidité féministe et sa mauvaise foi abyssale, que le ressac de l’actualité nous ramène chaque jour sous les yeux.
Tár et la pleurnicherie féministe au cube
Venons-en donc à l’article qui nous a encore bien fait sourire la semaine dernière : « Offensée en tant que femme, en tant que cheffe d’orchestre, en tant que lesbienne » : Marin Alsop fustige le film Tár avec Cate Blanchett » (Madame Figaro, 11/01/2023). « I’m offended by Tár as a woman, as a conductor, as a lesbian », larmoie ainsi au cube et en VO Marin Alsop (The Sunday Times, 08/01/2023).
Dans ce long-métrage de Todd Field, l’actrice australienne Cate Blanchett incarne Lydia Tár, une chef d’orchestre lesbienne, tout aussi célèbre et admirée que narcissique, manipulatrice, toxique et prédatrice. Le film nous fait assister à l’ascension et la domination de Lydia, suivies de sa descente aux enfers, dans l’infâmie des accusations de harcèlement moral et même d’abus sexuels.
Bien que Lydia Tár soit présentée par le film comme un personnage fictif, Marin Alsop s’est immédiatement reconnue en elle, « en tant que lesbienne, chef d’orchestre et femme de pouvoir », dit-elle – elle ne précise pas cependant si le côté manipulateur et abuseur serait également le sien, la seule chose en vérité qui nous aurait réellement intéressés.
Le film, qui sort en France cette semaine (le 25/01/23), a déjà raflé un Golden Globe (celui de la meilleure actrice), un prix d’interprétation à la Mostra de Venise, et il se dirige tout droit vers un troisième Oscar pour Cate Blanchett, puisqu’il se dit qu’elle y est éblouissante – un peu de jalousie féminine et de bonne vieille compétition intrasexuelle ne seraient d’ailleurs peut-être pas à écarter totalement dans cette affaire.
Découvrant ce portrait au scalpel d’une femme surpuissante et tyrannique – ou plus exactement, la description des tentations et dérives du pouvoir, indépendamment du sexe de son représentant –, un portrait qui se veut aussi froid et objectif que sans jugement, Marin Alsop crie comme devant à la misogynie.
L’accusation à tous les vents de misogynie est cette tarte à la crème de la rhétorique féministe, ce mot magique censé anathémiser toute velléité de pensée non conforme à la doxa de la Sainte Église de la Victimitude Perpétuelle : « Mon souci est qu’il s’agit encore une fois d’un portrait misogyne d’une femme au pouvoir », se lamente Marin, ajoutant que le fait que « le personnage devienne hystérique vient renforcer ces stéréotypes millénaires que les hommes ont sur les femmes« . Il faut pourtant rappeler ici que les « stéréotypes » ne sont en soi ni bons ni mauvais (cf. David Geary : « Les stéréotypes ne font que décrire les comportements typiques des garçons et des filles ») et que la « lutte contre les stéréotypes » n’est qu’une réécriture par la névrose féministe de la réalité des sexes à des fins de déconstruction (c’est-à-dire de destruction). N’oublions jamais non plus que le néo-féminisme est avant toutes choses un nihilisme et, de manière de plus en plus flagrante, l’autre nom de la dépression féminine contemporaine (Edit : on notera au passage que les désordres psycho-sociaux causés par le féminisme commencent à être décrits – sans toutefois que le lien soit nommé entre les deux. Il suffit pourtant d’observer quelques instants les féministes pour les reconnaître intégralement dans ce portrait : « Syndrome de la fée Clochette : ces femmes insatisfaites et en manque d’affection », Psychologies, 01/02/23).
Marin va même plus loin, parlant d’un rôle « anti-femme » : « Il y a tellement d’hommes réels, documentés, dont ce film aurait pu s’inspirer mais, au lieu de cela, (Todd Field) met une femme dans le rôle mais lui donne tous les attributs de ces hommes. C’est “anti-femme” (« That feels antiwoman » en VO) ». Elle déroule ici encore un argumentaire aussi creux qu’usé jusqu’à la corde – que j’ai déjà maintes fois dénoncé –, consistant à essentialiser ou amalgamer toute femme, réelle ou fictive, avec « toutes les femmes », aussitôt que celle-ci est prise en flagrant délit de mauvais comportement. Comme si moi, qui suis aussi une femme, je devais être comptable de tous les travers des autres porteuses de vagin… Et puis quoi encore ? Je ne me sens absolument pas offensée ou visée en tant que femme quand une salope assassine ses enfants ou quand une garce MeToo ou BalanceTonPorc ne trouve pas mieux, pour purger ses envies de vengeance, que de lancer des accusations graveleuses contre son ex ! Je ne suis en rien la sœur de ces femelles, et leurs démêlés avec la justice ne soulèvent en moi aucune forme de « sororité » : je suis responsable de mes actes, certainement pas des leurs.
Si Marin se sentait visée, car présentée de manière parfaitement reconnaissable – donc objectivement diffamée – en prédatrice et personne odieuse, je comprendrais qu’elle ne soit pas très contente et qu’elle attaque le film (si tant est qu’elle n’ait rien à se reprocher en termes de comportements tyranniques ou d’abus psychologiques et sexuels; je ne sais rien de sa vie). Mais pleurnicher sur le seul fait qu’un personnage fictif peu sympathique soit, comme elle, une femme et une lesbienne est absolument sans intérêt – sinon démontrer que comme d’habitude avec les féministes, la stratégie consiste à toujours se victimiser gratuitement pour mieux botter en touche sur les vrais sujets. Le vrai sujet étant ici que femme et/ou lesbienne, on peut très bien se comporter lamentablement, comme n’importe quel être humain et ceci, indépendamment de son sexe ou de son orientation sexuelle.
« Sa préoccupation première n’est pas de blanchir sa propre réputation, mais bien celle de ses consœurs », peut-on lire dans la presse. Et allons-y encore pour la rhétorique essentialiste ! De quelles consœurs parle-t-on? Des autres femmes chefs d’orchestre ou de toutes les femmes et/ou lesbiennes facilement offensées? Moi, en tant que femme, je ne lui demande rien : elle n’est pas la représentante des femmes et on ne l’a investie d’aucune mission de bouc émissaire ou de redresseuse de torts. Pour ma part, je le répète : je ne suis pas la sœur de ce personnage, qu’elle soit brillante ou infâme, lesbienne ou hétéro, peu me chaut. Je conchie sous toutes ses formes la « sororité » féministe : je ne suis définitivement la sœur d’aucun de ces engins. Ma seule famille, en termes de genre humain, est celle d’Homo sapiens et celle-ci comprend bien évidemment des individus des deux sexes.
« Avoir l’opportunité de faire le portrait d’une femme dans ce rôle et la transformer en agresseur, cela m’a brisé le cœur, gémit Marin. Je pense que toutes les femmes et toutes les féministes devraient être gênées par ce genre de représentation, car il ne s’agit pas vraiment de femmes cheffes d’orchestre, n’est-ce pas ? Il s’agit des femmes en tant que leaders dans notre société ».
C’est ce que je disais. Eh bien non, Madame, « toutes les femmes » ne sont pas gênées par « ce genre de représentation », loin de là. Il y en a même qui, comme moi, trouvent au contraire très intéressant que la nature humaine sous toutes ses coutures soit décryptée, disséquée, désossée par l’art ou par le cinéma – dont c’est d’ailleurs l’un des rôles premiers : nous parler de nous, êtres humains, de notre petit théâtre personnel et interpersonnel, de nos grandeurs et de nos faiblesses. Depuis quand les chefs d’orchestre lesbiennes et les femmes de pouvoir devraient-elles bénéficier d’un statut à part ? En quoi n’appartiendraient-elles plus à l’humanité en marche ? Parce que non contentes d’exercer leur pouvoir, quand ce n’est leur tyrannie idéologique, les féministes et lesbiennes seraient désormais au-dessus des lois du commun ?
« Je sais qu’il y beaucoup de gens qui ont aimé le film mais, pour une fois qu’on a l’occasion de voir une femme dans cette position, (…) pourquoi choisir une femme alors qu’il y a plein d’exemples d’abus de pouvoir chez les hommes? », s’interroge-t-elle encore, déroulant sns vergogne sa misandrie de fausse victime.
Parce qu’il n’y a jamais d’abus de pouvoir chez les femmes, peut-être ? Dans le film, « la dureté [de Lydia], son mépris et l’emprise affective et sexuelle qu’elle exerce sur son entourage de jeunes femmes impressionnées par son statut sont mis en lumière » , insiste Le Point (« Comment Cate Blanchett défie l’époque », 19/01/23) ; un comportement somme toute assez banal chez les personnalités narcissiques masculines ayant gravi les échelons du pouvoir – mais qu’il n’y a aucune raison de ne pas retrouver chez les femmes perverses narcissiques (lesquelles sont aussi nombreuses que leurs homologues masculins, voir plus bas) et/ou les carriéristes. Il est assez prévisible que l’accession massive des femmes aux postes de pouvoir ne pourra que faire se multiplier ce type de situations.
« Supposer que les femmes vont soit se comporter de manière identique aux hommes, soit devenir hystériques, folles, démentes, c’est perpétuer quelque chose que nous avons déjà vu au cinéma tant de fois auparavant », pleurniche-t-elle ensuite, usant toujours de la même rhétorique féministe : il devrait être interdit de montrer une mauvaise femme. Dans le monde imaginaire des féministes doctrinaires, seuls les hommes auraient à voir avec la mauvaiseté ; et même si ce n’était pas le cas, il n’y a qu’eux qu’on aurait le droit de fustiger, d’accabler ou de clouer au pilori. Une Fââme serait par nature une sainte intouchable, une sorte de vache sacrée planant au-dessus des lois et du réel. Mais depuis quand être femme et/ou lesbienne procurerait-il un bouclier d’impunité ? Dans quelle constitution cela est-il inscrit ?
On relèvera au passage cette contradiction toute féministe : selon Marin, une femme ne peut pas se comporter comme un homme… alors que toute la propagande féministe clame le contraire urbi et orbi – quand elle réclame une égalité de traitement (dont elle feint de ne pas voir qu’elle existe déjà) en matière de salaire, de justice, de diplômes et de tant d’autres choses… Il faudrait savoir : on réclame l’égalité et l’indifférenciation de traitement, ou pas ? Ah mais c’est vrai, ça ne marche que dans un sens… La Fââme étant le Bien par essence, elle ne peut absolument pas se comporter comme un mâle qui lui, est le Mal… Une sainte Fââme ne peut ni harceler, ni abuser, ni mentir, ni exploiter… Quand relèvera-t-on enfin l’insanité, la manipulation, l’hypocrisie, de tels discours ?
Cate Blanchett essaie pourtant de relever le niveau
« Lors de première du film à la Mostra de Venise en septembre, Blanchett avait indiqué qu’elle n’avait pas du tout pensé ‘au genre’ du personnage et qu’il ne s’agit pas d’un ‘film sur des femmes mais sur des humains' », nous rapporte Challenges (« Tar, film sur le pouvoir ou portrait « misogyne » d’une cheffe d’orchestre? », 14/01/2023).
Sur la BBC Radio 4, Cate Blanchett a également réagi aux propos de Marin Alsop, expliquant qu’il s’agissait seulement dans le film d’une « méditation sur le pouvoir » et que « le pouvoir n’avait pas de genre » – ce en quoi elle a parfaitement raison : le pouvoir n’a pas de sexe (en français, gender se traduit par sexe, pas par genre).
Elle redit un peu la même chose dans cet entretien pour Madame Figaro : « Tár parle du pouvoir, des abus de pouvoir, de ce qu’il advient quand on est trop près de l’épicentre du pouvoir, la façon dont il peut changer les gens à qui on l’a confié, mais aussi leur entourage. Car c’est de tout un système dont il est question ici ».
Elle dément encore qu’il s’agisse d’un « film de femmes » et elle a à nouveau raison : « Film de femmes? Je ne pense jamais à ça. En tant qu’actrice, je ne pense pas qu’un personnage doive être absolument genré, c’est plus subtil que ça. D’ailleurs, a priori, personne dans la vie ne se pose cette question : suis-je un homme ? Suis-je une femme? Excepté ceux à qui la société n’a pas permis d’être ce qu’ils voulaient être : dans ces cas-là, évidemment, les qualifications de genre sont incroyablement importantes ». En effet, excepté une poignée de personnes authentiquement en souffrance (ceux atteints de dysphorie de genre) et les hypocrites féministes qui manipulent les adolescent(e)s un peu perdu(e)s, personne ne se pose ces questions du soir au matin.
Quand #MeToo retournera ses canons contre les femmes
Tár est donc un portrait qui n’est pas « sans rappeler le mouvement MeToo et les scandales qui ont éclaboussé le milieu de la musique classique, notamment les chefs d’orchestre James Levine et Charles Dutoit, ou encore le légendaire Placido Domingo », souligne également Challenges et à vrai dire, il n’est pas à exclure que la roue tourne un jour au désavantage des accusatrices. On le sait, le néoféminisme se signale toujours par son incapacité ontologique à anticiper le coup d’après (voir : [Échec et mat] – Les féministes et le coup d’après). Tout à ses fureurs en vertugadin, ce féminisme borgne se prend toujours le retour de boomerang (le « backlash ») en pleine poire – un bien juste retour des choses, en vérité. On peut donc prophétiser sans trop de risques de se tromper que le jour approche où des hommes et des femmes, victimes de femmes et de féministes, leur rendront enfin la monnaie de leur pièce.
L’artiste et sa personnalité toxique
J’avais déjà abordé, avec l’exemple de Picasso notamment (« Génie du mâle – Picasso et les pisseuses »), le problème que pose à la morale féministe la confrontation entre la puissance créatrice d’un artiste de génie et son comportement – pas si exceptionnel – de prédateur dans ses relations interpersonnelles. On le sait, les féministes se refusent à séparer l’homme de l’artiste quand il s’agit d’un homme : si Picasso, Rodin, Polanski ou tant d’autres ont contrevenu à la morale sexuelle de nos mères supérieures, ils doivent être intégralement condamnés et bannis de l’histoire de l’art : la cancel culture doit les frapper de plein fouet. Pas de quartier quand il s’agit d’un homme !
Comme le note avec justesse l’article de Madame Figaro : « Le film pose aussi une autre question : comment imposer une vision artistique sans dommages collatéraux ? Comment créer librement dans le respect de l’autre et l’inclusivité ? Comment manier la cancel culture quand on travaille sur des artistes classiques dans des contextes qui ont évolué ? ». Ce sont également quelques-unes des questions abordées sur ce site.
Et justement : pourquoi le génie de Picasso, adossé à une personnalité hautement narcissique, ne pourrait-il trouver son pendant chez, au hasard, une chef d’orchestre lesbienne ? Pourquoi les forts taux d’hormones sexuelles mâles (androgènes), que l’on retrouve chez les hommes, artistes ou non, mais également à des concentrations plus élevées que la moyenne chez les lesbiennes, ne pourraient-ils expliquer certaines choses dans les deux cas ? Comme je l’écrivais dans mon article sur Picasso :
« [Ce supplément de testostérone] expliquerait aussi que les lesbiennes, qui ont un cerveau plus masculin que les femmes hétérosexuelles – car ayant reçu davantage d’androgènes durant la gestation (ce qui signifie au passage que l’orientation sexuelle ne se choisit pas) –, aient des goûts masculins et qu’on les retrouve plus souvent dans l’ingénierie ou dans des métiers masculins. Et que si « génie lesbien » il y a – qui sait, après tout –, il ne faudrait pas qu’il oublie au passage de rendre hommage aux hormones mâles. »
Bref, quoi qu’il en soit de la personnalité et de la vie privée de Marin Alsop – dont, je le redis, j’ignore tout –, ce film a au moins l’intérêt de présenter l’histoire d’une artiste « parvenue au sommet de son art et de la reconnaissance sociale et qui a, dans la sphère privée, bien des zones d’ombre ». Et l’on voit à quel point il peut être difficile aujourd’hui, sous le régime autoritaire féministe, d’explorer librement l’étendue des réalités humaines.
Les comportements toxiques n’ont pas de sexe
Tout le monde le sait ; tous les témoignages des Youtubeurs et des spécialistes de la « perversion narcissique » le répètent sur tous les tons : les personnalités toxiques et manipulatrices sont à 50% des hommes et 50% des femmes. Il s’agit dans tous les cas de personnes – et ce, quelle que soit leur orientation sexuelle – mal construites affectivement et psychiquement, qui vont conserver toute leur vie dans leurs rapports affectifs la mentalité d’enfants de trois ans, essayant désespérément de recréer la fusion maternelle et échouant chaque fois à s’en détacher, parce que ces étapes ne se sont pas déroulées correctement quand elles étaient petites. Et ces histoires-là n’ont pas de sexe. Pourquoi seuls les hommes narcissiques devraient-ils être désignés à la vindicte, alors que les femmes toxiques font tout autant de ravages? Sur le sujet, on peut se reporter aux vidéos d’Antoine Peytavin (entre autres) :
Le réel, l’ennemi de toujours des idéologues féministes
Je reviens donc en conclusion à cet article du Temps fort instructif, car il soulève malgré lui la déconnexion féministe et ses éternels combats contre des moulins à vent : « Sur Tinder et ailleurs, « même après #MeToo, les filles veulent encore des gars, des vrais », 12/10/22).
« Les filles, elles revendiquent publiquement l’égalité, le respect, l’écoute, etc. Mais, dans leur propre couple, elles finissent toujours par préférer le gars bien carré, bien classique, qui prend des décisions et leur impose son agenda », y déclare Maximilien, 25 ans, « beau gosse en dernière année de master ». Le jeune homme constate en effet que « même les filles les plus féministes finissent avec des partenaires costauds, autoritaires, qui filent leur route, finalement assez peu attentifs aux besoins de leur copine ».
La journaliste s’en ouvre à Laura, militante féministe universitaire de 27 ans, dont « le copain, une forte tête, n’est pas le plus respectueux, ni le plus soutenant. Et, en effet, quand elle a eu un petit ami plus doux, plus à l’écoute, elle s’est ennuyée », nous dit-elle.
« En fait, c’est assez logique, explique Laura. J’ai beaucoup de tempérament, des avis tranchés et de l’énergie. Je ne peux pas être avec quelqu’un qui me mange dans la main. J’ai besoin d’un contradicteur, d’un poil à gratter. Et souvent, le lieu du débat, voire du conflit, c’est le foyer. […] Le lieu du conflit, c’est la vie ».
Maximilien a donc très bien compris comment les choses se passaient dans la vraie vie et Laura n’a pas tort elle non plus : le conflit, c’est la vie. La journaliste, complètement perdue, appelle alors à la rescousse sa vieille amie féministe afin d’obtenir ses lumières. Laquelle, comme de bien entendu, lui débite ses sentences hors-sol : « C’est tout le problème du conditionnement. On est rattrapées par de vieux schémas. Mais ton jeune ami devrait persévérer, car, une fois, il tombera sur une fille extra, une perle, qui aura compris que l’amour, le vrai, ce n’est pas un combat ».
L’exact contraire de ma définition de l’éromachie, donc, qui est ma manière de théoriser la réalité des rapports entre les sexes dans la vraie vie. Car oui, les relations entre les sexes sont difficiles et conflictuelles, non, la vie de couple ne se déroule pas que sous une pluie de pétales de roses, non, ce n’est pas la peine d’en faire un drame et de vouloir déconstruire le sexe opposé, oui, il existe une bonne guerre des sexes (par opposition à la sale guerre des sexes féministe) et c’est d’ailleurs ce qui donne son nom à ce site : « Qu’est-ce que l’eromakia et pourquoi ce nom ? ».
Je reprends pour terminer les justes propos de Marie-Estelle Dupont sur CNews l’autre soir, lorsqu’elle plaidait pour que l’on « accepte le roc biologique de la différence des sexes » (37′), rappelant qu’hommes et femmes ont « des compétences complémentaires » et que Sandrine Rousseau voudrait « revenir à un matriarcat sacrificiel », en prônant la « vengeance sur les hommes par la castration ». Elle défend également, et ceci pourrait se rapporter au sujet du jour, « la pulsion érotique au sens large pour créer quelque chose », car « c’est la pulsion érotique qui est le premier matériel de la pensée » – une formule qui s’applique parfaitement à Picasso : « La libido, l’érotisme, le sexe à l’état pur, le goût pour l’hétérosexualité sont évidemment au cœur de l’art de Picasso. Raisons pour lesquelles les féministes veulent le détruire, puisqu’il incarne très exactement tout ce qu’elles abhorrent », écrivais-je dans mon article. Je n’ai pas vu le film Tár, mais qu’est-ce qui nous dit qu’il n’en va pas de même pour Lydia – voire pour la vraie Marin ? Pourquoi sa libido, son génie artistique et ses abus narcissiques ne seraient-ils pas intimement liés, et pourquoi devrait-on s’interdire de les envisager conjointement ? On le fait bien pour Picasso… Alors, pourquoi toujours deux poids, deux mesures ?
L’épouvantable « régression psychique » à laquelle on assiste actuellement, sous les coups de boutoir du néo-féminisme notamment, contribue directement à « l’effondrement de la libido chez les jeunes, à l’indifférenciation des sexes et à la perte d’érotisation du lien », conclut Marie-Estelle Dupont dans cette interview (38′). Des propos qui vont tout à fait dans le sens de ma défense de l’éromachie, qui n’est elle aussi rien d’autre qu’un plaidoyer pour un juste retour à l’équilibre entre les sexes et la prise en compte de leurs réalités respectives, parfois semblables, parfois différentes, souvent complémentaires.
- Épilogue : quand la pub se permet de railler avec talent l’abus de pouvoir au féminin
La campagne Free, qui déferle sur nos écrans depuis l’automne 2022, est clairement pour moi la pub de l’année. Au milieu des sempiternelles et insupportables executive women premier degré claquant des talons à la Défense ou pétaradant au volant de leur voiture rouge vif (la voiture rouge étant un symbole phallique bien connu des publicistes), ou des post-adolescentes agressives grimaçant sur des hurlements pour vendre du parfum, on voit apparaître la géniale Stéphanie Pasterkamp, crevant littéralement l’écran en directrice marketing de Reef-Telecom plus vraie que nature. En parfaite businesswoman surinvestie par sa mission, elle ne recule devant rien pour placer son produit, quitte à sacrifier ses hommes avec le sourire :
Le spot est un petit bijou qui me fait exploser de rire à chaque diffusion (et Dieu sait que je ne les compte plus). Je me suis quand même tout de suite demandé quand est-ce que les féministes allaient faire leur caca nerveux (« Co-co-comment ?? Une Fââme de pouvoir caricaturée, mais how dare youuu ?? »). J’attends donc avec impatience que MadMoiZelle ou Sandrine Rousseau montent sur leurs ergots pour ajouter un dernier paragraphe à cet article 🙂 .
. Image de couverture : Cate Blanchett en Lydia Tár dans le film Tár et Marin Alsop dirigeant l’orchestre au Royal Albert Hall de Londres en 2012 (NBC News / Focus Features; Redferns via Getty Images)
- Sur le même sujet :
« Accusée de « management brutal », la patronne de France Culture démissionne » (Le Figaro, 24/01/2023).
Non contente d’avoir fait de France Culture un dépotoir féministe, une décharge publique de la paranoïa, de l’inculture absolue et de la misandrie sous toutes ses formes du féminisme névrotique, on découvre que l’abominable directrice de la station, Sandrine Treiner, pratiquait en plus l’abus de pouvoir et le harcèlement moral, qui l’eût cru… Le jour même où je mets en ligne cet article sur le sujet, elle démissionne… comme quoi ! On ne s’étonnera pas non plus de la voir user de la mauvaise foi habituelle et de la rhétorique victimaire déplacée de sa secte pour se justifier : « Mais gna gna gna, ‘tout est plus périlleux pour les femmes. J’en ai moi-même fait les frais par le passé‘, hiin ». Moi je n’aurai qu’un seul mot : BON DÉBARRAS !