L’éromachie est bien présente ici, puisque les paroles de la chanson (« Solitude », 1979) apportent un éclairage intéressant : et si les blessures du poisson christique (« ichtys ») n’étaient au final dues qu’à quelque mésaventure avec la gent féminine ?
L’immiscion du Quantum Jesus ouvre une perspective sur la lumière, sur sa présence et son absence simultanées. Le christianisme étant une théologie de la lumière, il n’est donc pas si surprenant que la physique quantique lui ait été appliquée au XXIe siècle (ici par des sectes américaines).
Les thèmes de la crucifixion et/ou de la résurrection se retrouvent également dans Blood Circus (le Cirque de Sang – voir vidéo) et dans Un jour, je serai vivant (voir vidéo).
Blood Circus
Un jour, je serai vivant
. Quelques vues supplémentaires du tableau :
. Pour découvrir tout l’oeuvre peint de J.-P. C. :
Le Cirque de Sang raconte la forme sanglante que prennent les religions (sacrifice du Christ), les fanatismes (ceintures d’explosifs) ou encore les perversions sexuelles et criminelles (serial killers). La mort est partout.
L’éromachie a laissé place ici à des allusions à la violence pure, sexuelle, fanatique, criminelle.
La figure du vampire, pour son appétence pour le sang et parce qu’elle est un double récurrent de l’auteur, fait son retour dans cette oeuvre, sous forme de cadavres de chauve-souris.
La Crucifixion a pris une forme androgyne – en lieu et place du corps du Christ, un sexe féminin stylisé enveloppe une sorte de caducée composé de quatre serpents entrelacés évoquant un sexe masculin à quatre têtes. Des flammèches de sang s’écoulent, reliant les sexes.
À la jonction des quatre verges (à l’origine, cinq têtes de serpents, voir photo) est fixée une petite bouche de fontaine en forme de tête de lion. Elle peut évoquer ce qui sort d’un sexe masculin – mais pourquoi pas aussi, l’eau que le coup de lance du centurion romain a fait couler du corps du Christ sur la croix. On aurait alors le sang et l’eau qui jaillissent de la plaie du Christ.
Le sexe féminin peut également être assimilé à la blessure, au sang et aux armes de la Passion, comme le montre l’illustration dans la vidéo (miniature de la dévotion à la blessure et au sang du Christ, Psautier de Bonne du Luxembourg, 1348-1349, folio 331).
Il s’agirait peut-être au final d’une valse sexuelle sanglante impliquant les deux principes sexuels, masculin et féminin.
Mais n’y a-t-il pas d’autre issue que le sacrifice, le sang, la violence et la mort, rien d’autre que l’éternel bal des vampires où chacun n’aurait d’autre possibilité pour exorciser sa peur de la mort que de se nourrir de la vie et du sang de l’autre ?
Peut-être que si… et ce pourrait être le message du croissant lumineux, qui depuis a reçu un tube de lumière clignotante…
. Le sexe et le serpent
J’ai repris la thématique du sexe et du serpent pour l’illustration de « Dum Dum » (Vue sur Cour, 1990) : « Pas de serpent sans Ève…« ; à partir notamment de la pub Pure XS de Paco Rabanne :
A noter que cette idée du publiciste de parfumer le sexe du garçon n’est pas un unicum. La maison Hermès y avait déjà pensé à travers une contrepèterie fort subtile et déjà ancienne, puisque le parfum Eau d’Orange Verte date de 1978. Je vous laisse chercher…
Jean-Patrick Capdevielle – Un jour, je serai vivant – 2016
Hadès et Perséphone ou la Rédemption par l’amour (septembre 2016)
Ici, l’éromachie ( = combat amoureux) se joue entre Hadès, dieu des enfers, et Perséphone, déesse du printemps et des enfers.
La relation entre Hadès et Perséphone (Pluton et Proserpine pour les Romains) est placée, comme souvent, sous le signe de l’ambivalence. Elle débute de manière brutale (rapt ou viol), mais se conclut par un compromis : après avoir été enlevée brutalement, Perspéphone accepte de partager la vie d’Hadès pendant les six mois de l’année durant lesquels la nature est au repos. Une fois l’hiver passé, à chaque solstice du printemps, elle le quitte – pour le retrouver à chaque solstice d’automne et régner de nouveau avec lui sur les enfers.
La vidéo articule plusieurs séries d’antagonismes :
La mort et la vie éternelle : « Un jour, je serai vivant » / « Mort, je serai ta mort ; Enfer, je serai ta morsure » (Osée 13, 14)
L’enfer (celui d’Hadès ; celui de Jérôme Bosch) et le paradis (de Bosch également : le tunnel de lumière)
La symbolique ambivalente du fruit (ici la grenade, attribut de Prosperpine) : fruit défendu (le plaisir de la chair) ou fruit de la vie éternelle (la rédemption) pour les chrétiens.
L’amour sous toutes ses formes : amour rédempteur, amour charnel, violence sexuelle.
Et bien d’autres choses encore…
Voir aussi :
. Five Years – La Naissance des saisons (juin 2017)
David Bowie, Five Years (Remastered Version, 2002)
Jean-Patrick Capdevielle, La Naissance des saisons, 2017
Voir aussi :
. Pour découvrir tout l’oeuvre peint de J.-P. C. :