[« Féminité toxique » ?] – Harcèlement scolaire : la part des filles

La tragédie qui fait l’actualité ces jours-ci, le meurtre prémédité de la petite Alisha, 14 ans, par un couple de jeunes barbares (un garçon dont on a vu la malheureuse mère à la TV et une fille dont on protège soigneusement l’identité), 15 ans tous les deux, jette une lumière crue sur le harcèlement scolaire et la part qu’y prennent les filles. Mais avec, comme toujours, un traitement différencié : on glose à n’en plus finir sur la toxicité des garçons, tout en prenant soin de balayer sous le tapis celle des filles. C’est le cas d’Anne-Liz Deba, brillante jeune femme qui parle très bien du harcèlement qu’elle a subi, mais qui curieusement, ne mentionne le sexe de ses harceleurs que pour parler d’un groupe de garçons en 3e. Son harcèlement a cependant commencé en 6e, puis s’est poursuivi en 5e, puis en 4e, etc., mais il ne s’agissait toujours que de « personnes » : à aucun moment, l’intervieweuse de BFMTV ne lui demande non plus de préciser le sexe de ses harceleurs. J’ai trouvé cela un peu curieux. Il est vrai que, au lendemain de la Journée de la Pleurnicherie Universelle, cela aurait fait un peu tache, après avoir été bien obligés d’ouvrir les journaux du 8 mars par les aveux du scandaleux mensonge de la collégienne qui a abouti à la décapitation de Samuel Paty, de poursuivre dès le lendemain en examinant l’implication d’une fille dans l’assassinat d’une autre fille ou sur la part féminine, non négligeable, du harcèlement scolaire.

Les filles sont aussi des harceleuses

Je vais commencer par mon témoignage personnel, puisqu’il se trouve qu’en classe de 5e (j’avais 11 ans), j’ai eu à subir des violences de ce type. Tout était parti d’une broutille sur le chemin du retour de l’école lorsqu’une fille, plus âgée que moi et inconnue (elle devait être dans une classe supérieure et de toutes façons, je ne connaissais personne, étant arrivée quelques mois plus tôt dans cette ville où mon père s’était fait muter pour un an) ; cette fille, donc, m’avait provoquée en me demandant de porter son cartable. J’avais refusé. Il s’en est alors suivi une traque qui a duré des semaines : au retour du collège et alors que je devais emprunter des sentiers de traverse dans un quartier en construction pour rentrer chez moi, elles me tombaient dessus en bande et nous nous battions à coups de poings, de pieds et de cheveux arrachés. Une fois, elles m’ont même capturée et entraînée dans un terrain vague, une sorte de no man’s land où elles m’ont bandé les yeux et attachée à une carcasse de landau. Je les entendais glousser et s’activer, puis j’ai senti une énorme brûlure sur mon visage : elles y faisaient couler de la cire fondue au moyen d’une bougie – on notera le raffinement, tout féminin, du supplice. Elles ont continué à rire puis sont parties en courant, me laissant me dépêtrer seule du landau et rentrer chez moi. C’est un souvenir brûlant et je n’ai aucun besoin d’une Muriel Salmona pour le faire remonter de ma mémoire. Bon, je m’en suis remise (j’ai quand même redoublé ma 5e ; je m’étais laissée couler en classe, pour diverses raisons, alors que j’étais jusque là une plutôt bonne élève) et peut-être en ai-je gardé la conviction, encore inconsciente à l’époque, que la « sororité » était une bonne blague – pour ne pas dire un tas de merde (je conchie vigoureusement ce concept, comme je l’écris régulièrement sur ce site).

De fait, mon histoire de harcèlement est tout à fait classique, puisqu’elle coche les cases les plus caractéristiques du genre : enfant isolé qui vient d’arriver dans un nouveau collège, petit côté intello, âge de 10-11 ans et surtout, du côté adverse, profil de la « cheftaine de bande », récurrent dans les témoignages.

Des années plus tard, j’ai vu mes propres enfants, une fille et un garçon, subir eux aussi des actes de harcèlement et de moqueries, tous deux vers l’âge de 10 ans ; actes impliquant aussi essentiellement des filles. Il va de soi que les garçons harcèlent aussi et je ne doute pas que ce soit un comportement partagé à égalité par les deux sexes – avec peut-être même une prévalence féminine, mais on ne le saura jamais, car on peut compter sur les féministes pour minimiser et occulter l’implication des filles… quand ce n’est pas la retourner complètement et prétendre que si elles sont harceleuses, c’est forcément de la faute des garçons ou du « patriarcat ». C’est faux, mon seul témoignage démontrant le contraire : il n’y a jamais eu le moindre garçon dans cette bande de pisseuses et je doute, vu leur niveau de violence, qu’elles les craignaient particulièrement. Il semble assez récurrent de toutes façons que les filles harcèlent majoritairement des filles et les garçons des garçons, le harcèlement scolaire étant une forme assez primitive de compétition intra-sexuelle. Je précise également que je n’en ai jamais parlé à mes parents et que mes propres enfants ne m’ont jamais raconté eux-mêmes ce qu’ils avaient vécu. Je sais donc à quel point il peut être difficile d’en parler à ses ascendants.

Comme le montre cette fiche sur la forme plus contemporaine de cyber-harcèlement, la parité y est également respectée : les victimes sont autant des hommes que des femmes, tous âges confondus (49% des victimes de cyber-harcèlement sont des hommes, 51% sont des femmes).

La réalité du harcèlement féminin

Le sujet du harcèlement féminin est évoqué au détour d’un paragraphe dans cet article, « Différences entre les sexes : Darwin avait raison » (Le Point, 12 juin 2019) et j’espère que c’est un sujet qui sera amené à être exploré plus avant, malgré la doxa féministe victimaire : « Autre exemple de différence marquée : les troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété, qui touchent en moyenne deux fois plus les femmes que les hommes. Les travaux analysés par Archer révèlent un lien avec l’importance accrue que les relations sociales revêtent pour les femmes. À l’adolescence, la dépression est aussi corrélée à l’agression indirecte (ragots, médisances, ostracisation), dont font davantage usage (et sont davantage victimes) les femmes ». J’avais vu passer il y a un an ou deux ans un article d’un journal canadien sur ce phénomène du harcèlement féminin, mais impossible de le retrouver (si quelqu’un le connaît, merci de me le signaler 😉 ).

« Quand c’est une fille qui harcèle une autre fille, c’est forcément qu’elle est victime du patriarcat » (ben voyons)

C’est pourtant l’angle souvent retenu pour relater ces affaires : « En primaire, j’ai frappé une fille de mon école pendant un an », se souvient Emma, qui travaille aujourd’hui dans la haute couture. « Je l’injuriais, je la bousculais, je lui donnais des claques. Elle était toute petite, elle avait de l’argent, des fringues de marque. Cela a suffit pour faire d’elle mon défouloir ».  Et l’article de tout mettre quand même sur le dos du père d’Emma: « Son père est parti, la laissant seule avec sa mère et son grand frère. Les temps sont durs : l’argent manque, la maman, souvent absente, travaille beaucoup, et Emma s’enfonce dans la dépression, sans que personne ne s’en aperçoive. » Ben oui, une fille ne peut pas être foncièrement méchante, sa nature étant le bien par définition. Sauf que ce n’est pas aussi simple que cela.

Une autre fille témoigne avec honnêteté que son comportement de harceleuse était seulement lié à sa personnalité dominante et très sûre d’elle : « Je chantonnais aussi à tue-tête au milieu de la cour un chant raciste à l’intention de mon camarade Mohammed… En CM2, j’ai pris le soin de voler l’amoureux de ma meilleure amie. Pour passer le temps, je liguais mes copines les unes contre les autres. (…) J’ai aussi, pour le plaisir, giflé si fort Louis, un amoureux, que ses lunettes en sont tombées de son nez en pleine classe. Là, l’enseignante m’avait remise à ma place. Toutes ces choses, je les ai faites juste pour le fun. Harceler était mon hobby. Et même quand une amie m’a dit qu’une de mes cibles pleurait la nuit à cause de mes remarques, je n’ai pas changé de comportement ». Le « patriarcat » a bon dos…

Autre exemple, dans cet article : « Ma fille est accusée de harcèlement scolaire », où l’on a affaire à une famille parfaitement équilibrée, avec la présence d’un père. La gamine harceleuse, 10 ans, explique : « J’avais l’impression que Marie allait me voler Suzanne, alors j’ai pensé que le plus simple c’était de l’éloigner de la bande. » Marie termine à l’hôpital, complètement détruite pour de banales histoires de jalousie et de possessivité, comme c’est hélas fréquent chez les filles. Filles que l’on retrouve encore dans l’exemple tragique relaté par la mère : « À la télé, les reportages passent en boucle avec le témoignage poignant de cette mère qui a créé une association parce que sa fille Margot s’est pendue après avoir été moquée pendant des mois dans son école par sa rivale, à la tête d’une bande de trois harceleuses. » 

Et c’est en effet une réalité bien connue, y compris des tribunaux : « Harcèlement scolaire : « Elles lui ont écrit qu’elles allaient la tuer », et de fait, les deux collégiennes de 11 ans sont mises en examen : « tout s’est passé dans l’enceinte d’un collège mosellan, dans une classe de sixième, à l’intérieur d’un groupe de filles qui n’a pas accepté l’arrivée d’une élève qu’elles ne connaissaient pas ». Tout simplement. Les témoignages de harcèlement féminin ont beau être légion sur internet (« Enjoy Phoenix : ses harceleuses refusent de s’excuser » ; « La réponse parfaite d’une petite fille à ses harceleuses »; « Harcelée au collège, Élisa, 15 ans, souffre d’anorexie : « J’ai failli y passer »: « Mes amies, qui n’étaient en fait pas mes amies, passaient leur temps à me dire que j’avais un physique disgracieux, que j’étais grosse, que je ne trouverais jamais de petit copain », raconte la jeune fille », etc., malgré tout, rares sont ceux qui osent vraiment travailler le sujet.

À ma grande surprise, MadMoiZelle livre un article plutôt objectif sur le sujet, ses auteurs n’ayant pu trouver, malgré tous leurs efforts, le moindre angle pour blâmer le patriarcat : « Harcèlement scolaire : parole aux ‘harceleuses' » (elles ont quand même mis des guillemets à « harceleuses », tant c’est une réalité difficile à accepter pour elles). Mais la neutralité de l’article est d’autant plus appréciable que cette production « scientifique » (« Harceleurs et harcelés : des expressions du mal-être différentes », 2016) fait pour sa part une conclusion nettement plus polluée par les études de genre et qui a va à l’opposé de leurs propres chiffres. Alors que ceux-ci montrent que les garçons sont davantage victimes de harcèlement que les filles, ils concluent quand même que ce sont ces dernières qu’il faut davantage protéger, même quand elles sont harceleuses… Il y a donc encore du boulot…

[à suivre…]

  • Voir aussi :

=> Sur les nouvelles formes de harcèlement – notamment le cyber-harcèlement sur les réseaux sociaux –, une fiche d’infirmation à lire et diffuser : Le cyber-harcèlement : le prolongement du harcèlement scolaire (8/11/20)

=> Un guide complet de comportement en ligne destiné à une population particulièrement visée par le cyber-harcèlement : celle qui est porteuse du Trouble du Spectre Autistique (TSA), et notamment les Asperger, souvent désarmés face à la manipulation et la méchanceté : Troubles du spectre autistique : guide de sécurité en ligne (09/07/21)

. Peggy Sastre – Conflans, Argenteuil : deux cas de « féminité toxique » (Le Point, 12/03/21)

[Victimes professionnelles] – Les féministes et la « charge mentale »

On croyait avoir entendu toutes les jérémiades possibles et imaginables au sujet de la dernière oppression imaginaire à la mode chez les néoféministes, la « charge mentale »… mais France Culture vient encore de repousser les limites. Alors que dans la vraie vie, les hommes font le ménage depuis longtemps – j’en connais beaucoup, tout autour de moi, qui l’ont toujours fait, et bien fait, y compris jusqu’à l’obsession, – et qu’un très grand nombre s’y est mis plus récemment, au point que même Le Monde leur consacre enfin un article objectif : « Ils nettoient, repassent, étendent le linge : de plus en plus d’hommes donnent un coup de balai aux stéréotypes » (29/01/21), les hystériques de service sur France Culture s’étouffent et hurlent à qui mieux mieux au « patriarcat et au paternalisme », ne pouvant supporter un seul instant de devoir renoncer à leur meilleur sketch de pleurnicheuses professionnelles. À ce niveau de bêtise et de mauvaise foi, on devrait avoir le droit de parler de paranoïa et de bouffées délirantes : dans ce billet bouffi de ridicule, la « philosophe » de France Cul nous explique que les hommes « transcendent » le ménage « en expérience paternaliste au nom d’un bouleversement du patriarcat, gneu gneu gneu » (ce qu’on comprend surtout, c’est que l’idéologie féministe finit par être pathogène pour le cerveau). 

Mais qu’en est-il réellement de cette fameuse « charge mentale » dont les pleureuses subventionnées nous rebattent en continu les oreilles depuis 2017 ?

La « charge mentale », c’est le temps et l’énergie (l’investissement personnel) que les femmes consacrent à la « tenue du foyer », c’est-à-dire au soin des enfants et au ménage – avec les préoccupations afférentes. Et les féministes se sentent, comme à leur habitude, lésées, puisque leur conception de l’égalité ne peut s’entendre que dans l’indifférenciation des sexes : toute perspective de différences ou pire encore, de complémentarité des sexes, les rend complètement folles :

(citation tirée de cette interview)

Il était évidemment à prévoir qu’en tant que féministes égotiques et haineuses, y compris de tout ce qui se rapporte à leur propre progéniture, elles allaient en faire des cacas nerveux – dès qu’il faut se préoccuper d’autre chose que de son nombril, la féministe hurle et répand ses habituels torrents de larmes et de plaintes. Elle va alors faire une fixation sur les corvées ménagères et harceler son homme pour qu’ils fasse tout ou presque à sa place, transformant sa vie de couple ou de famille en un enfer de récriminations où chaque geste sera épié, décortiqué, pesé, soupesé, contrôlé, comparé, critiqué, où la mesquinerie le disputera sans relâche à l’acrimonie – pour s’étonner ensuite de se retrouver, ou de rester, célibataire. Derrière la « charge mentale », on retrouve aussi l’obsession féministe de transformer les hommes en femmes, puisque c’est exclusivement depuis le point de vue de leur propre nombril (ou de leur vagin) qu’elles envisagent l’humanité dans son ensemble. Avant de recenser toutes les incohérences de ces récriminations, demandons-nous d’abord pourquoi les femmes font globalement un tel foin du ménage, et pourquoi elles s’en soucient depuis toujours davantage que les hommes.

. Darwinisme et « charge mentale »

Comme toujours, c’est Peggy Sastre qui en parle le mieux, dans son livre Comment l’amour empoisonne les femmes, Paris, 2018, ou dans cet article en ligne, « 30 000 ans de charge mentale : et après ? », Brain Magazine (08/03/18) : « Ce rapport sexuellement différencié au ménage peut se résumer ainsi : les femmes nettoient pour que la maison reste propre, les hommes pour qu’elle arrête d’être sale. Quand l’enfant paraît, il y a un creusement de ce fossé comportemental entre hommes et femmes. Les raisons scientifiques, c’est que les femmes ont plus intérêt à protéger leur foyer, d’un point de vue hygiénique. Comme ce sont elles qui portent les enfants, ce sont elles qui ont le plus à craindre la saleté et les pathogènes. Elles ont été sélectionnées par l’évolution pour accorder une attention plus forte à ceux-ci que les hommes ». Elle ajoute cependant : « Il y a tout un spectre de comportements entre les deux pôles masculins et féminins, ce n’est pas du tout binaire. Il y a des hommes qui aiment beaucoup faire le ménage, des femmes qui détestent cela. Mais d’un point de vue global, les femmes ont beaucoup plus à craindre le jambon moisi dans le frigo que les hommes. »

À ces différences de comportement, il y a naturellement une cause biologique, hormonale : « Ce qu’on observe dans toutes les études scientifiques sur ce sujet, c’est effectivement que les femmes sont plus fortement dégoutées, par exemple par les excréments, les vers ou la morve. Cette plus forte proportion au dégoût est modulée par une hormone féminine : la progestérone. » Et quand l’enfant paraît, « il y a une division du travail qui se fait assez spontanément. » Schématiquement, les hommes vont chercher l’argent et les femmes se consacrent aux enfants et ce, dans tous les milieux et quelque soit le niveau d’éducation ; c’est quelque chose d’universel qui échappe aux injonctions sociétales.

Peggy Sastre rappelle également que paradoxalement, ce sont les hommes qui effectuent les métiers les plus sales : « Si les femmes sont, relativement aux hommes, plus sensibles à la saleté quotidienne, elles s’éloignent cependant de la saleté « à risque ». Quand les risques supplantent les bénéfices du nettoyage individuel, elles s’en extraient. C’est pour cela qu’on voit que les métiers liés à l’hygiène et qui sont très risqués au niveau pathogénique – comme les égoutiers, les métiers dans les stations d’épuration, les éboueurs – sont des métiers très majoritairement effectués par des hommes. » Inversement, et comme attendu, les femmes sont toujours attirées par les professions en lien avec le care ; c’est le fameux « paradoxe norvégien » qui démontre que plus les femmes sont libres de choisir leur orientation, plus elles choisissent des professions féminines stéréotypées, en rapport avec leur biologie.

En résumé et comme toujours, les féministes sont aveugles au pouvoir de la biologie et de leurs propres hormones, ne réalisant jamais que, même en faisant du féminisme radical, elles ne sont que le jouet de leurs influx hormonaux.

  • Charge mentale et control freaks

La « charge mentale » illustre aussi la tentation féministe de l’hypercontrôle à l’égard des hommes. Dans cet article, « Moi, les hommes, je les aime », la sociologue Thérèse Hargot avait évoqué cet aspect, soulignant deux points principaux :

  1. Les hommes savent résister et être libres, sans être esclaves de leur besoin de reconnaissance : « Prenons par exemple ce que l’on nomme souvent l’« égoïsme masculin » qui s’évalue désormais au travers d’une notion sociologique imposée par les féministes : « la charge mentale », ce « poids psychologique » que représente l’ensemble des tâches domestiques et éducatives, reposant principalement sur les femmes. J’aime les hommes parce qu’ils sont capables de dire « J’ai pas envie », et de ne pas le faire. D’abord, c’est vrai, ça m’a révoltée. « Moi non plus, j’ai pas envie de faire les machines, les repas, les courses. On s’en fiche de nos envies, tu entends ça ? On doit le faire, c’est tout. Et il faut bien que quelqu’un s’y colle ! », ai-je pu si souvent crier. Jusqu’au jour où j’ai compris la raison de mon énervement : ils s’autorisent ce que je ne m’étais jamais autorisé à faire, m’écouter, vivre mes envies. Quitte à dépérir intérieurement, quitte à m’épuiser littéralement. Imaginer ce que les autres attendaient de moi, imaginer ce qui leur ferait plaisir, imaginer ce qu’il serait bien moralement de faire et m’y conformer, pour tout ça, j’excellais. Dans les faits, j’attendais toujours un « merci », un « tu es formidable » et de mes enfants, un « tu es une super maman ». Je me pensais généreuse, dans le don de moi-même, « femme-courage », « femme-dévouée », « femme-aimante », alors que j’étais totalement centrée sur ma quête de reconnaissance, mon besoin de validation : « Dites-le que je suis quelqu’un d’aimable ! », parce que dans le fond, la seule à en douter, c’était moi. « Si tu changes, si tu t’investis davantage dans les tâches ménagères, si tu me remercies et si tu reconnais tout ce que je fais pour nous, alors moi j’irai mieux », penser cela était mon erreur. »

    Il s’agit là du « surinvestissement domestique et sentimental » dont parle Peggy Sastre dans Comment l’amour empoisonne les femmes. On peut parler aussi du perfectionnisme des femmes et de leur plus grande difficulté à gérer leur temps (ce sont encore les hormones qui sont en jeu, avec la chronobiologie) : « Charge mentale : « Le perfectionnisme domestique étouffe les femmes » (Le Figaro, 07/02/18). Cet article rappelle aussi que la charge mentale est de nos jours autant partagée par les hommes que par les femmes, mais que ces derniers ne passent pas leur vie à s’en plaindre.

    Il faut rappeler également la difficulté qu’ont la plupart des femmes à déléguer les tâches ménagères, peut-être parce que c’est en elles de faire ces choses plus soigneusement. Même moi qui ne suis vraiment pas une obsessionnelle de la chose, je suis obligée de repasser derrière mon mari quand il étend le linge, puisqu’il le pose en gros paquets tous chiffonnés sur l’étendoir à linge – mais cela m’a toujours fait rire, il n’y a vraiment pas de quoi en faire un cake ! Il faut relever ici le côté très anxieux de beaucoup de femmes et comprendre que ces histoires de « charge mentale » ont souvent à voir avec la psy, la dépression et l’anxiété, l’autre visage du féminisme.

2. Elle relève ensuite un second point, crucial à mes yeux : le problème est typiquement féminin, car il réside dans le profil largement partagé de « control freak » : « Vivre avec un homme à l’état d’esprit différent du mien m’a permis de comprendre que le changement, c’est à moi de l’opérer. C’est à moi d’arrêter de culpabiliser, à moi de lâcher-prise, à moi d’accepter l’imperfection, à moi de me rassurer quant au fait que je suis aimable. En vérité, la « charge mentale », c’est une création de l’esprit dont souffrent les femmes « control freak », angoissées par l’idée de mal faire, ne supportant pas que les choses soient faites autrement qu’elles les avaient pensées, empêtrées dans leur besoin de réassurance narcissique empêchant, de ce fait, à l’homme de s’investir à part égale dans le foyer. Ce n’est pas une création d’un patriarcat, le problème n’est pas chez les hommes, il est à résoudre chez les femmes. »

Et en effet, le néo-féminisme est très clairement une affaire de control freaks, c’est-à-dire de femmes hypercontrôlantes, d’hégémoniques en quête de domination. Ce trait psychologique se retrouve dans tous les domaines qu’elles entendent régenter, en particulier dans leur volonté obsessionnelle de « rééduquer » les hommes ou, comme elles disent aujourd’hui, de les « éveiller » (le wokisme). Si elles pouvaient diriger en matrones ou en mères supérieures des camps de rééducation pour les hommes, elles se précipiteraient pour le faire :

Personnellement, je mets ces visées rééducationnelles sur le compte d’un désir de maternité refoulé et de ce fait projeté sur tous les hommes, que ces néofem en mal d’enfants considèrent comme des êtres immatures ayant besoin de leurs lumières éducatives. Ou comme leurs chiens, qui sait ? Les chiens sont, selon les éthologues, des petits loups domestiques ayant conservé à vie des caractères de louveteaux ou de bébés ; c’est ce que l’on appelle la pédomorphose, c’est-à-dire « la rétention à l’âge adulte de traits typiquement juvéniles ». Ce qui expliquerait le côté « petit animal mignon » et attendrissant des chiens et possiblement la propension qu’ont les femmes à « bébéfier » et materner ces derniers (ce n’est pas une critique, je suis comme ça aussi avec le mien). Et qui sait, pour les féministes, les hommes également ? Les néofem sont idéologiquement anti-maternité et oeuvrent consciencieusement, consciemment ou inconsciemment, au déclin démographique de tous les pays où le féminisme est dominant. Il ne serait alors pas si étonnant de les voir reporter leur manque de maternage et leurs rêves refoulés d’éducatrices sur leurs compagnons à deux comme à quatre pattes.

Il faut ajouter à cela le pénible côté maniaque, obsessionnel et dépressif de certaines femmes en manière de ménage, confinant souvent aux troubles anxieux voire aux TOC. Si en plus la femme est féministe, j’imagine l’horreur pour le pauvre mari !

  • Paradoxe féministe : les femmes (et les féministes) préfèrent les machos

Le cinéma des féministes sur le partage obligatoire des tâches ménagères relève en réalité d’une forme de dissonance cognitive assez récurrente chez elles. Car dans les faits, elles méprisent et fuient les hommes qui font le ménage ou qui voudraient tenir le poste d’homme au foyer. L’exemple qui suit est tout à fait emblématique :

Parce que dans la vraie vie, ça se passe comme ça, y compris dans les banlieues et chez les fans de PNL (dont je suis au passage moi aussi ! )

Dans la vraie vie, les femmes continuent à attendre d’un homme qu’il apporte des ressources au foyer et que son ambition aille bien au-delà du ménage. En réalité, ce que veulent les féministes, c’est le beurre et l’argent du beurre. Elles veulent un homme qui fasse tout : travailler à l’extérieur, les élever socialement, leur rapporter de l’argent ET faire les courses et s’occuper des enfants. En gros, elles veulent juste être des petites princesses avec un homme à leur service complet (air connu…).

De plus, dans les faits, les femmes, y compris les féministes, restent prioritairement attirées par les machos et les « pervers narcissiques » – pour des raisons biologiques et culturelles que j’ai abordées dans d’autres articles (« [Des souris et des hommes] – Féministes et « pervers narcissiques » : l’amour sorcier » et « Féministes et pervers narcissiques, les liaisons dangereuses« ). Et il s’agit généralement d’hommes qui ne font pas beaucoup le ménage ! Seraient-ils, comment dire… plus sexy ?

Confirmation de ce que j’écris : « Je suis féministe mais j’aime avoir des rapports sexuels avec un macho, pourquoi ? » (Europe 1, 05/02/21)

  • Paradoxe féministe (suite) : plus les hommes sont de corvée ménagère et plus les couples explosent !

Eh oui ! Plus les femmes cassent les couilles de leur mec pour qu’il fasse le ménage et plus elles risquent de voir leur mariage partir en sucette. C’est ce qu’a fait ressortir une vaste étude norvégienne intitulée « L’égalité à la maison » et relayée dans cet article : « Plus un homme aide à la maison, plus il risque le divorce » (Sud-Ouest, 27/09/12). L’étude a en effet montré que « plus les tâches ménagères étaient réparties équitablement dans un couple, plus les risques de divorce étaient élevés«  ! Contre-intuitif, n’est-il pas ?

Les auteurs de l’étude n’osant pas – politiquement correct exige – explorer trop profondément le lien de causalité entre les deux faits, ils se contentent de mettre sur le compte de la « modernité » de ces couples le fait qu’ils soient moins stables. On peut tout de même conclure que les couples répondant le plus aux critères féministes sont des ménages davantage voués à l’échec pour un ensemble de causes dont le partage des tâches ménagères ne serait qu’un aspect. On peut en déduire facilement que la féministe est tellement casse-couille dans tous les domaines de la vie de couple que peu d’hommes peuvent y survivre bien longtemps. Le féminisme est de toutes façons un facteur de célibat assez facile à repérer, même si aucun sociologue (étant quasiment tous des féministes de gauche) n’ose publier de recherches sur le sujet – on ne trouve sur le net que des témoignages de féministes dans le déni (« Chuis féministe radicale, célib et malheureuse, mais ça n’a rien à voir avec mon féminisme, hein ! »).

Le chercheur norvégien reconnait tout de même une causalité « dans les marges » entre divorce et répartition « égalitaire » des tâches : « On peut plus facilement se chamailler si on a les mêmes rôles et si on a le sentiment que l’autre ne fait pas sa part » – et c’est précisément ce qui se passe avec les féministes et leur comptes d’apothicaires dans tous les domaines – car la féministe confond toujours les relations H/F avec un contrat de travail, un exercice comptable ou un acte notarié. Elle passe donc sa vie à calculer, comparer, compter et recompter, se plaindre et récriminer, invoquant sans fin la « charge mentale » et le « patriarcat » tout puissant.

L’étude conclut que si dans sept couples sur dix, c’est la femme qui effectue le plus de tâches ménagères, « elles se satisfont globalement de cette situation et que leur niveau de bonheur en général est très proche de celui des femmes de couples dits « modernes ». » Eh oui, la clé du bonheur conjugal n’est donc pas dans le partage imposé des tâches ménagères… Qui l’eût cru ?

Comme le font aussi remarquer les hommes, non seulement « la femme ne voit pas le travail qui est fait, elle ne voit que ce qui n’est pas fait », mais la plupart des tâches effectuées par les hommes ne sont jamais considérées comme des tâches… Les pneus crevés, le bricolage, la plomberie, vidanger le siphon, tout ces travaux masculins sont systématiquement ignorés et méprisés. Les femmes se focalisent exclusivement sur le partage des tâches ménagères sans jamais proposer leur aide pour les gros travaux – puisque la seule chose qui les intéresse est d’imposer leur imperium sur les hommes et de les transformer en femmes, leur unique critère du juste et du bien.

On peut encore déduire de tout ce qui précède que la « charge mentale » et les récriminations qui l’accompagnent servent régulièrement de prétextes tout trouvés pour accabler un homme qu’on a de toutes façons décidé de quitter – comme dit le proverbe, « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ». Avec cet argument imparable, les femmes trouveront facilement toutes les tares possibles et imaginables à leur compagnon.

  • Le progrès technique qui a soulagé les femmes des VRAIES corvées ménagères est exclusivement le fait des hommes

C’est l’aspect le plus ridicule de ces récriminations. Plus les corvées ménagères se sont réduites comme peau de chagrin, plus les progrès techniques ont délivré les femmes de la charge domestique et plus les féministes hurlent à l’oppression. Comme je l’écrivais dans « La glossolalie féministe ou le syndrome du hamster », la féministe du XXIe siècle n’a toujours pas remarqué que le monde avait changé et qu’elle ne vivait plus dans les années 1950. C’est fini, le temps des lavandières où les femmes allaient toutes au lavoir une fois le printemps venu, agenouillées pendant des heures dans des cales de paille et de bois, leur battoir à la main, tapant des journées entières sur les draps de la ferme qui attendaient depuis l’hiver d’être lavés ! Ma grand-mère a connu ça dans la campagne bretonne. Les femmes ne s’en plaignaient même pas, d’ailleurs, elles adoraient ces journées de retrouvailles, à bavarder toute la journée entre copines et voisines. Les ingénieurs qui ont mis au point la machine à laver le linge ont en réalité bien plus fait pour la condition féminine que trois générations de féministes ! Mais aujourd’hui madame tape sa crise parce que c’est son tour de mettre le linge dans le tambour et d’appuyer sur le bouton : je maintiens que c’est juste totalement ridicule !

Les féministes sont systématiquement aveugles à tout ce qu’elles doivent aux hommes. Elles oublient évidemment que leur libération sexuelle, elles la doivent aussi à un homme, celui qui a inventé la pilule en 1956, Gregory Pincus. La vérité, c’est que sans tous ces hommes, les féministes auraient beaucoup moins de temps pour pleurnicher H24 contre le patriarcat. C’est ce qu’écrivait Camille Paglia : « Nous pourrions faire un catalogue épique des réalisations masculines, que ce soit les rues pavées, les installations sanitaires, les machines à laver ou encore les lunettes de vue, les antibiotiques et les couches jetables.(…) Si la civilisation avait été laissée aux mains des femmes, nous habiterions encore des huttes de paille. (…) Il est hypocrite pour les féministes et les intellectuels de jouir des plaisirs et des commodités du capitalisme tout en les dénigrant. (…) Rendez à César son dû. » (in Introduction à Personas Sexuelles, Laval : Hermann, 2017, p. 113-114)

Petit clin d’oeil amusant, on notera que même le marketing pro-femme récent, à travers la campagne de lutte conte le cancer du sein « Thinkpink » (2020), n’hésite pas à recourir aux vieux stéréotype de la femme qui fait la lessive, en associant la couleur rose, la femme et le lave-linge. Les féministes radicales se sont encore étouffées, moi j’ai juste souri.

Campagne Whirlpool / Thinkpink (2020). Lave-linges vendus aux enchères contre le cancer du sein
  • En conclusion : la « charge mentale », c’est surtout une bonne occasion de pleurnicher à vie et de se victimiser pour ne pas disparaître

Car que resterait-il aux féministes contemporaines qui vivent dans le confort grâce aux progrès techniques masculins (l’ingénierie à laquelle elles la doivent étant toujours essentiellement masculine, pour des raisons qui tiennent au cerveau masculin, ne leur en déplaise), si elles n’inventaient pas sans cesse de nouvelles raisons de se victimiser ? Quand les hommes inventent des progrès techniques pour soulager les femmes des corvées ménagères, les féministes s’inventent en retour des oppressions imaginaires pour les remercier.

On conclura sur l’inanité totale de cette « charge mentale », dans la mesure où le célibat étant en augmentation chez les deux sexes (grâce, en partie, à la guerre des sexes promue par le néoféminisme), le partage des tâches se pose donc de moins en moins. Mais plus un problème est microscopique et plus les féministes en font des caisses. C’est la définition même du néoféminisme : s’inventer des oppressions en cascade pour ne surtout pas disparaître.

  • Une citation de Michel Houellebecq pour finir :

« J’ai jamais pu encadrer les féministes… reprit Christiane, alors qu’ils étaient à mi-pente. Ces salopes n’arrêtaient pas de parler de vaisselle et de partage des tâches ; elles étaient littéralement obsédées par la vaisselle. Parfois elles prononçaient quelques mots sur la cuisine ou les aspirateurs ; mais leur grand sujet de conversation, c’était la vaisselle. En quelques années elles réussissaient à transformer les mecs de leur entourage en névrosés impuissants et grincheux. A partir de ce moment – c’était absolument systématique – elles commençaient à éprouver la nostalgie de la virilité. Au bout du compte, elles plaquaient leurs mecs pour se faire sauter par des machos latins à la con. J’ai toujours été frappée par l’attirance des intellectuelles pour les voyous, les brutes et les cons. Bref, elles s’en tapaient deux ou trois, parfois plus pour les plus baisables, puis elles se faisaient faire un gosse et se mettaient à préparer des confitures maison avec les fiches cuisine Marie-Claire. J’ai vu le même scénario se reproduire, des dizaines de fois. »
Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, Paris, 1998.

  • … Et n’oublions pas que :
  • Voir aussi :

[La paille et la poutre] – Éliane Viennot, le féminisme et la misogynie

Éliane Viennot entend donner des leçons de morale féministe aux femmes qui résistent à ses injonctions victimaires, allant jusqu’à les traiter de « femmes misogynes ». Revenons un instant sur ce mauvais procès et voyons qui est la plus misogyne des deux.

Je fais référence ici à sa tribune parue le 12 mars 2020 dans Libération, « Les femmes misogynes sont déprimantes, mais elles ne sont pas nos ennemies », écrite en réaction aux femmes qui avaient critiqué le cirque ridicule d’Adèle Haenel aux Césars 2020. Précisons d’emblée que personnellement, je n’ai pas de problème à être l’ennemie d’Éliane Viennot et que je me contrefiche de son absolution ou de son pardon. Quand je dis « ennemie », c’est sur le plan intellectuel et non pas personnel, cela va de soi,  puisqu’il s’agit exclusivement d’un combat d’idées, parfaitement licite, n’en déplaise à tous les tenants gauchistes de la censure qui ne supportent pas que l’on puisse penser différemment d’eux (je ne suis pas près d’oublier les paroles de cet imbécile de Lagasnerie sur France Inter : « J’assume totalement le fait qu’il faut reproduire un certain nombre de censures en vérité dans l’espace public pour rétablir un espace où les opinions justes prennent le pouvoir sur les opinions injustes »). Bref.

Éliane Viennot confond évidemment « femme critiquant les délires du féminisme » avec « misogyne » – une faiblesse intellectuelle tristement partagée dans le monde du féminisme universitaire, que j’avais déjà abordée dans cet article : « La femme antiféministe, épine dans le pied des féministes ».

Éliane Viennot incarne à la perfection ce « chœur des vierges en treillis » que la géniale Annie Le Brun moquait déjà en 1978, ce troupeau de brebis parties mener leur combat d’opérette contre leur fantasme favori : « seule la domination masculine est au centre du combat », gna gna gna. La « domination masculine », cette imposture bourdieusienne qui n’existe que dans la tête d’É. V. et qui n’est dans les faits rien d’autre que ce qui lui permet de vivre grassement aux frais de la collectivité tout en racontant à peu près n’importe quoi : 

[Patriarcat imaginaire] – L’Obs veut nous vendre à tout prix la « domination masculine »

L’habituelle phraséologie victimaire est convoquée dans la tribune, depuis Polanski qui fait partie du « groupe des prédateurs » jusqu’à « l’empressement à faire allégeance » aux « dominants », en passant par la  « solidarité des oppresseurs », la « règle du masculin qui l’emporte sur le féminin » et autres balivernes téléphonées.

E. V., tout comme sa collègue, la grande intellectuelle féministe Camelia Jordana, n’a jamais digéré la fameuse « Tribune des 100 ».  Elle s’en prend donc à ses signataires, de même qu’à Natacha Polony et aux avocates qui ont dénoncé l’impossibilité de porter une autre parole (voir : « Marie Dosé : « La libération de cette parole est en train de confisquer les autres », France Inter, 9/03/20). Elle est aussi toute fière de nous apprendre qu’elle a consacré un développement aux « errements des femmes ‘éclairées’» de l’époque des Lumières.

Suit une explosion de colère assortie de chantage et de menaces : « Car c’est bien cela qui est révoltant. La haine de soi « de base », celle des femmes qu’on croise au boulot ou dans des cercles proches, on arrive parfois à la supporter. Celle des diplômées, celle des « arrivées », celle des émancipées qui crachent sur les héroïnes d’aujourd’hui, on n’y arrive pas. On se dit qu’elles devraient savoir, elles, que leurs positions, leurs diplômes, leur droit à s’exprimer, elles les doivent à d’autres femmes : à Christine de Pizan, à Marie de Gournay, à Olympe de Gouges, à Hubertine Auclert, à Simone de Beauvoir, à toutes celles et aux quelques ceux qui ont lutté pendant des siècles pour que les femmes puissent concourir pour les bonnes places, exprimer leurs talents, dire leur mot. On se dit qu’elles devraient être reconnaissantes, continuer la lutte, passer le relais, puisque l’égalité est encore loin. Ou fermer leur gueule, simplement. »

Bien. Je suis justement une femme émancipée, diplômée, « éclairée », etc., qui se reconnaît dans l’héritage des Lumières (et même beaucoup plus qu’elle et ses camarades néo-féministes qui conspuent l’universalisme H24). Mais je ne le dois pas plus à Olympe de Gouges ou Simone de Beauvoir qu’aux hommes qui ont contribué non seulement aux Lumières, mais à la construction de l’humanisme depuis la Renaissance et même bien avant ! Car c’est toute la civilisation occidentale judéo-chrétienne qui a porté l’égalité des sexes – on peut même remonter jusqu’à saint Paul, un fieffé misogyne pourtant, qui mettait les sexes sur un pied d’égalité dans la vie chrétienne : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme » (Galates 3, 28). C’est aussi sur cette culture et sur ces textes que l’égalité des sexes s’est frayée un chemin jusqu’aux Temps Modernes !

Les femmes ne se sont pas dressées courageusement contre des hommes qui voulaient les maintenir ou les mettre en esclavage : ce sont ces derniers qui les ont invitées à les rejoindre dans leurs cercles au fur et à mesure que les avancées techniques, économiques et intellectuelles de la civilisation le permettaient, tout simplement !  Et c’est là toute l’histoire de l’Occident. Même dans cet article qui voudrait démontrer le contraire, « La longue marche des femmes de France vers l’émancipation », Scarlett Beauvalet-Boutouyrie est bien obligée de révéler en creux que la situation de la femme n’a pas toujours été la soumission et l’esclavage que prétendent les féministes – car les faits, eux, ne mentent pas (je fais le compte-rendu de cet article, et du ridicule dossier de l’Obs dans lequel il s’insère, ici). 

Après nous avoir intimé de « fermer notre gueule », la tribune bascule dans l’habituel délire névrotique féministe : « Aussi en vue soient-elles, ces femmes ne sont que des femmes. C’est-à-dire des victimes du patriarcat. » « Que » des femmes et qui plus est, « des « victimes de patriarcat » ! Comment peut-on être plus rabaissant, plus misérabiliste et plus ridicule ? C’est donc cela que l’université française enseigne aujourd’hui ? Quelle honte, quelle déchéance que ce victimisme pleurnichard juste bon à traiter toute femme de victime des hommes. Comment peut-on se dire intellectuelle et tenir des propos aussi stupides ? Cela ne peut que conforter tous ceux qui sont convaincus que l’entrée des femmes dans le monde du travail a fait partout baisser le niveau, baisser les salaires et à terme détruit les institutions. L’université est en train d’en payer le prix. Elle est désormais désertée par les forces vives de la jeunesse qui préfèrent payer des écoles de commerce privées parfois hors de prix plutôt que d’être exposés à cet enseignement officiel  de la misandrie – cette crétinisation des esprits, comme disait très justement Annie Le Brun.

La conclusion est amusante : « Oui, ces femmes-là sont misogynes, puisqu’elles n’hésitent pas à charger leurs semblables ». Eh bien, si c’est ça la définition de la misogynie, É. V. est elle-même misogyne, puisque c’est précisément ce qu’elle vient de faire, charger ses semblables qui ont l’outrecuidance de ne pas penser comme elle… Elle va sans doute venir ensuite nous bassiner avec sa « sororité », ce concept niais tout droit sorti des sectes.

Ce qu’elle dit juste après ne me concerne pas, n’étant pas féministe : « Et non, quoi qu’elles en disent, elles ne sont pas féministes, car le féminisme consiste à s’attaquer à la domination masculine et à ceux qui travaillent à la maintenir à flot. » Lol ! Puis elle continue à délirer, comme si toute femme était nécessairement victime des hommes ou du pseudo-patriarcat, ou encore trop bête pour se rendre compte qu’elle se tirerait dans le pied : « De telles femmes, tant que le patriarcat n’aura pas été aboli, les féministes en trouveront sur leur route – puisqu’elles (et ils) font reculer les dominants, effrayant celles (et parfois ceux) qui n’ont pas compris où sont leurs intérêts. » Et encore et toujours le ouin-ouin sur les « dominants », les « machos »… Il n’y a pas à dire, ça vole haut, la réflexion dans le monde des études de genre…

Elle se pense entourée de guerrières « talentueuses, brillantes, courageuses » ; moi je vois surtout des parasites universitaires lobotomisé(e)s au conformisme affligeant, ne produisant plus que de l’écume. Comme l’écrivait rudement Camille Paglia : « Les grandes chercheuses (…) ont été formées par la discipline intellectuelle de la tradition masculine classique, et non pas par le sentimentalisme fadasse d’une indulgente sororité de pleure-misère, de laquelle n’a encore émergé aucun livre de premier ordre. Chaque année, les féministes fournissent de plus en plus de preuves pour soutenir la vieille accusation disant que les femmes ne peuvent ni penser ni écrire ».
[Camille Paglia, Femmes libres, hommes libres, Laval (Qc), 2019, p. 106].

[à suivre…]

  • Sur l’accusation bien pratique de misogynie, voir aussi :

  • Sur Simone de Beauvoir, tout aussi misogyne que féministe :
  • Pour une réfutation magistrale des thèses néoféministes d’Eliane Viennot :

Grinshpun-Szlamowicz: « La masculinisation de la langue française est une thèse farfelue ». Dans leur nouvelle revue, les linguistes Yana Grinshpun et Jean Szlamowicz critiquent les fondements théoriques de l’écriture inclusive.

  • Retour vers la page-portail :

[Annie Le Brun] – « Des staliniennes en jupons » : la guerre au néo-féminisme (1978)

Au cas où cet extrait des archives de l’INA venait à être retiré de Facebook ou de Twitter, je donne ici une transcription de l’intervention d’Annie Le Brun, venue présenter dans l’émission « Apostrophes » du 10 février 1978 son ouvrage Lâchez tout, paru en 1977 :

https://twitter.com/Inafr_officiel/status/1353973698575953920

Annie Le Brun : « L’ampleur de la révolte féminine de femmes comme Louise Michel, comme Flora Tristan, se trouve canalisée, caricaturée dans les limites d’un corporatisme sexuel qui nivelle toutes les différences pour imposer la seule différence des sexes. C’est pourquoi j’ai parlé de néo-féminisme par opposition au féminisme, dont le souci majeur était justement d’en finir avec tous les ghettos des femmes entre elles.
Ce que j’appelle le néo-féminisme trouve sa force dans le nombre et dans la similitude. Pour parler au nom de toutes les femmes, on cherche à effacer l’individualité de chaque femme – comme on a toujours cherché à effacer l’individualité de chaque femme et aussi de chaque homme indifféremment, au nom de Dieu, de la famille, de la patrie et même de la révolution. Les différentes solutions collectives de ce siècle, enfin, du genre ou fascisme, ou stalinisme, etc., nous ont au moins appris quelque chose : c’est qu’on n’est jamais assez délicat quand le nombre est brandi sous prétexte d’anéantir l’individu.
Les féministes actuelles, sous prétexte de libération, incitent les femmes à se rassembler pour endosser l’uniforme de leur sexe. Ces néo-féministes-là s’arrogent scandaleusement le droit de parler au nom de toutes les femmes. Et qu’en parlant au nom de toutes, elles en viennent à exercer un pouvoir idéologique.
Ce livre est un appel à la désertion en général, et en particulier des rangs du militantisme féministe. Parce que dans « militantisme », il y a le mot « militaire », et que pour ma part, je serai toujours du côté des déserteurs contre les armées en marche.

Bernard Pivot : Vous admettez que c’est un pamphlet ? Vous êtes dure avec ce que vous appelez les néo-féministes. Vous les appelez « staliniennes en jupons »…

Annie Le Brun : Oui… Pour moi, la question fondamentale est d’en finir avec les meutes hurlantes dont notre époque s’est montrée si féconde, à instaurer ce climat de récrimination continuelle, de suspicion systématique de l’autre. Parce que ça… Tout ce quez vous avez dit… Il y a quand même une suspicion systématique de l’homme, n’est-ce pas ? Et alors, on vient à refuser aux hommes et aux femmes le seul moyen qu’ils ont, ici et maintenant, de subvertir la misère des rapports humains. Car on les dissuade insidieusement de se rencontrer, voire de s’aimer et ça pour moi, c’est criminel.
On assiste à la mise en place d’une idéologie totalitaire en trois temps. Alors, premier temps, on désigne l’ennemi, l’ennemi commun : c’est l’homme, qui est considéré comme la négativité absolue. Et c’est un véritable terrorisme de la « femellitude ». Parce que je sais qu’il y a des femmes qui luttent réellement et qui sont scandalisées devant tant d’impostures et de sottises, mais qui ne le disent pas au nom de la cause des femmes. Alors ça, pour moi, c’est le terrorisme idéologique, ce genre de silence.

Bernard Pivot : Et vous allez jusqu’à dire que le néo-féminisme est une gigantesque entreprise de crétinisation ?

Annie Le Brun : Oui, parce que par exemple, tout à l’heure, vous avez assez habilement, Gisèle Halimi, éludé le passage qui concerne la censure dans le programme commun. Moi, je trouve ça assez grave, parce que quand on lit que dans les livres , l’histoire et la littérature vont être strictement – je ne sais plus la formule exacte –, vont être strictement contrôlés, alors…

Autre invité : Et l’enseignement aussi, strictement défini…

Annie Le Brun : Mais à en juger parce que j’appelle les néo-féministes, ce que j’ai déjà donné comme échantillons dans les purges, c’est Sade, c’est Baudelaire, c’est Lautréamont, c’est Miller, c’est Bataille, et puis c’est aussi Freud, c’est Breton, c’est Novalis qui vont tomber sous les coups de la bêtise militante.

Gisèle Halimi : Il y a en France une loi qui punit toute propagation, tout propos, toute image, tout film qui est raciste. C’est interdit d’avoir un propos raciste. Personne n’est venu dire ici : « Mais dites donc, la censure, vous lui portez atteinte, car après tout, on peut être raciste avec énormément de talent. Et au nom de la culture, on doit laisser parler aussi les racistes ».
Ce que je veux dire, c’est que notre proposition, elle n’est pas tellement originale. Je vais vous dire ce qu’on a fait, les juristes : on a pris la loi sur le racisme et on y ajouté, justement quand cela porte atteinte à la dignité de la femme. Si vous voulez, on a mis « sexisme », en gros, au lieu de « racisme ».

Bernard Pivot : Le problème, est-ce que ce n’est pas ennuyeux de mettre « sexisme » à la place de « racisme » ? Est-ce que c’est bien équivalent ?

Gisèle Halimi : Mais c’est ennuyeux pour qui ? Les femmes ont envie, justement, de conquérir leur droit à la dignité et au respect. »

***

  • Nous sommes donc en 1978 et absolument tout est en place : la misandrie néofem, le comportement militaire moutonnier des féministes, la tentation de guerre totale aux hommes, la destruction des rapports amoureux, la confiscation de la parole des femmes dissidentes dont les féministes s’arrogent le porte-parolat, l’entreprise de crétinisation générale, le désir de censure des auteurs masculins qui dérangent (l’actuelle « Cancel Culture »),… il ne manquait rien. Et au milieu de cette armée en marche, une femme seule, lucide et courageuse, dont les propos ont été balayés par le militantisme féministe – je n’ai jamais vu repasser une seule interview d’elle sur le néo-féminisme dans les médias grand public. J’ignorais même qu’elle avait créé le terme « néo-féminisme » en 1977.

On notera aussi l’argumentation fallacieuse de la méprisante Gisèle Halimi, avec le rouleau compresseur de la confusion racisme-sexisme, complètement hors de propos par rapport à ce qui venait d’être dit : incapable de répondre sur le fond, elle insinue qu’Annie le Brun est racisto-sexiste, ce qui n’a aucun sens.

La vague des mijaurées puritaines avait déjà déferlé – nous sommes à la fin de la « seconde vague » féministe, qui avait tourné au stalinisme et à la « bitophobie », comme disait Pierre Desproges à la même époque :


Pierre Desproges, in Les Réquisitoires du Tribunal des flagrants délires, Paris, Seuil, 2003 (Réquisitoire du 16 novembre 1982).

Ces bigotes qui voient du sexisme et de « l’atteinte à la dignité des fââmes » dans tout et n’importe quoi, moi j’ai envie de leur répondre qu’elles peuvent se garder leur cris d’orfraie et leurs jérémiades : dans ce pays, les hommes n’ont JAMAIS ATTENTÉ À MA DIGNITÉ DE FÂÂME, jamais. Je trouve même ce vocabulaire ultra-moral tout à fait ridicule.

  • Sur le retentissement du passage d’Annie Le Brun à « Apostrophes » :

« Dans le surréalisme, elle a pris les choses intéressantes », selon Raphaël Sorin, qui fut son éditeur en 1977, année punk.
Cette année-là, cette bad bad girl, démolisseuse de faux-semblants, fait elle-même figure de punk à l’émission littéraire d’alors, « Apostrophes » de Bernard Pivot. Sans sommation, elle balance un cocktail Molotov au visage des néoféministes, sur le plateau : Lâchez tout, son pamphlet, édité au Sagittaire.
« Contre l’avachissement de la révolte féministe avec Simone de Beauvoir, contre le jésuitisme de Marguerite Duras […], contre le poujadisme de Benoîte Groult, contre les minauderies obscènes d’Hélène Cixous, contre le matraquage idéologique du choeur des vierges en treillis et des bureaucrates du MLF, désertez, lâchez tout : le féminisme c’est fini. »
Son oeil à infrarouge s’exaspère devant l’imposture du néoféminisme post-soixante-huitard qui s’approprie un siècle de combat des femmes, devant son corporatisme sexuel consternant. « Dans militantisme, il y a militaire. Je serai toujours du côté des déserteurs », écrit celle qui ne veut représenter qu’elle-même.
Sombre, sophistiqué, délicat, son visage de Garbo punk reste impassible tandis que se déchaîne la riposte sur le plateau d' »Apostrophes ». « Elle tenait tête, sarcastique. Le retentissement fut extraordinaire », dit Raphaël Sorin. Calme, cette « âme insurgée » (selon Mathieu Terence) défend son propos en allumant des cigarettes à la chaîne. « Ce fut la première et la seule critique d’extrême gauche du féminisme », dit-elle aujourd’hui avec malice. Le lendemain, un bouquet de deux mètres est livré dans ce même appartement, « Ces fleurs étaient de Jean-Jacques Pauvert, dont les publications m’avaient nourrie. J’étais abasourdie ». L’éditeur s’incline devant une femme capable de parler contre la censure. »
Marie-Dominique Lelièvre, « Annie Le Brun. Grande dame, d’un bloc », Le Nouveau Magazine Littéraire, n° 7, 1/07/2018.

  • La vignette de l’article ainsi que les photos ci-dessous sont tirées du blog de Pierre Pascual, ici, dont je copie-colle également cette jolie présentation d’Annie Le Brun : « Il y a quelques années j’étais tombé sur ce vieux numéro d’Apostrophes où Annie Le Brun parle de tout ça – Annie merveilleuse, sombre, presque gothique, post-Morticia aux yeux violets, à la voix grave et délicate. Je ne pouvais pas m’empêcher en l’écoutant parler de faire des photos avec mon iPhone (celles qui illustrent le début de ce billet) et j’avais envie d’être elle : Annie Le Brun. »
Annie Le Brun (1978). Photos : Pierre Pascual
  • Peut-être avait-elle suivi ce numéro « d’Apostrophes »… Dans les mêmes années et avec un esprit tout aussi caustique, Claire Bretécher mettait à son tour les féministes en boîte :

[à suivre…]

[Bouche d’égout] – Camelia Jordana se répand sur Deneuve et Bardot

Camelia Jordana ou la bêtise faite femme, pardon, féministe !

Commençons par rappeler que le propos de mon site est de dénoncer le féminisme et non pas les femmes. Camelia Jordana ne se répand pas en insanités dans les médias depuis des mois parce qu’elle est une femme, mais parce qu’elle est féministe. Les autres femmes n’auront donc pas à s’excuser dans leur ensemble pour la bêtise, le racisme et le sexisme de Camelia Jordana :

Je n’avais pas envie d’écrire sur Jordana car, bien qu’étant habituée aux bas-fonds de la « pensée » féministe, je n’avais pas le coeur de sonder un tel purin idéologique, encore plus malodorant que ce que je me coltine déjà habituellement ; j’avais donc choisi d’ignorer cette idiote :

Pascal Bruckner lui avait de toutes façons répondu de manière étayée : « La seule identité encore autorisée pour les blancs est l’identité de contrition » (Le Figaro, 22/01/21), recourant même à cette image si juste : « Camélia Jordana appelant à déconstruire le système masculin, c’est un peu « Martine fait de la trottinette en citant Jacques Derrida » ; je n’aurais pas dit mieux !

John Goetelen vient aussi de lui consacrer son billet du jour (« Camelia Jordana, si j’étais une femme »). Pas plus que lui, je ne comprends qu’elle ne soit pas attaquée en justice pour incitation à la haine raciale et pourquoi un tel sexisme décomplexé est toujours non seulement toléré mais encouragé. Qu’un média comme L’Obs présente ses scories intellectuelles comme s’il s’agissait d’une sociologue en dit long sur l’interminable descente dans les ténèbres de ce journal.

Abritée derrière sa couleur de peau, ses origines maghrébines et son sexe comme autant de boucliers d’impunité, Jordana peut donc dérouler tranquillement son puant marketing féministe afin de vendre sa prochaine daube musicale avec l’appui d’une presse de gauche qui n’est plus qu’une métaphore de la Cloaca Maxima des Romains (le grand égout de la ville).

Rome, Cloaca Maxima, IIIe siècle avant Jésus-Christ.

Catherine Deneuve, Brigitte Bardot et les déjections de Camelia

Mais puisque Camelia s’empare encore de sujets qui sont centraux pour moi, tels Catherine Deneuve ou l’antiféminisme, me voilà bien obligée de m’occuper de son cas, quoi qu’il m’en coûte, et donc de me farcir son babil dans cet article du Point : « Pour Camélia Jordana, Deneuve et Bardot incarnent « l’antiféminisme par excellence » (22/01/21). En même temps, que des débiles pareilles s’emparent du sujet, c’est un peu du pain béni pour moi.

Miss Begonia s’en prend donc à des femmes auxquelles son petit cerveau lavé à l’indigence du néoféminisme ne peut évidemment rien comprendre. Hortensia n’étant pas une foudre de guerre au point de formuler une pensée originale, elle se contente comme toujours de réciter tant bien que mal tout ce que les nunuches de MadMoiZelle et d’ailleurs craquettent et stridulent en choeur H24 sur les réseaux sociaux, tels des essaims de guêpes ou des nuées de sauterelles. Il est toujours fascinant de voir autant de pseudo-rebelles prendre des postures de contestataires alors qu’elles ne sont que le bras armé du conformisme et de la pensée dominante les plus absolus.

Je cite Le Point : « Une façon pour Camélia Jordana de rendre la monnaie de leur pièce à Bardot et Deneuve, qui, ces dernières années, n’ont pas caché leurs réserves ou leur hostilité au mouvement #MeToo. Les propos de la chanteuse répondent ainsi directement à une phrase prononcée par Bardot en décembre 2018, quand la star des Sixties critiquait les positions extrêmes des militantes féministes. « On n’a plus le droit de dire aux femmes qu’elles sont belles, de leur mettre la main sur les fesses, on est tout de suite envoyé au tribunal comme harceleur, déplorait-elle dans Le Parisien. Je trouvais adorable quand on me disait que j’avais un joli cul. J’allais pas porter plainte pour ça. Les mecs, ils ne vont plus avoir envie de faire la cour aux filles. Évidemment, je ne parle pas des excès, de la violence… ».

Bardot ne disait pourtant là que des choses sensées. Mais Camélia, comme ses consoeurs, n’a toujours pas digéré la fameuse « Tribune des 100 », cette « autre parole »– une vraie parole dissidente pour le coup – qui moi m’avait fait un bien fou. Car en Féministan, seules les lyncheuses et les misandres ont le droit de s’exprimer ; les autres femmes ont seulement le choix de se taire ou, comme Deneuve et Bardot, de se faire violemment attaquer par les nouvelles chaperonnes de la vertu. Ceci dit, que leurs prêches ne s’adressent pas à toutes les femmes (particulièrement les femmes fortes, libres ou de droite qu’elles ne supportent pas) est plutôt une bonne nouvelle. Personnellement, je n’accepterai jamais d’être embrigadée par ces régiments d’hystériques à qui je n’ai rien demandé et à qui je dois bien moins qu’elles se l’imaginent.

C’est pourquoi, à la surprise générale, je rejoins tout de même, mais pour des raisons inverses, Camélia quand elle babille que « ces artistes n’ont pas pour autant été des féministes avant l’heure. Elles n’étaient pas le symbole du féminisme, juge-t-elle. Elles incarnaient LA femme parce qu’elles étaient des muses, l’antiféminisme par excellence ».

Lol ! La formulation de Camelia ne brille pas par sa clarté, mais il ne faut sans doute pas chercher trop profond non plus. C’est aussi mal dit que mal pensé. Ce que Camélia ne semble en tout cas pas comprendre, c’est que si ces femmes vivant leur féminité en accord avec elles-mêmes, dans l’amour des hommes et sans craindre le « male gaze« , parce qu’elles n’avaient pas peur des relations hétérosexuelles, ne sont effectivement pas à l’image de son féminisme de cloaque, c’est tout à leur honneur ! Quand on respire les remugles malodorants, racistes et sexistes, du féminisme de Camélia, c’est un honneur et une fierté de ne pas être assimilée à ça, et mieux encore, de ne jamais l’avoir préfiguré !

Et c’est justement en cela que moi je les admire, ces femmes. Il n’est pas facile aujourd’hui de porter l’étiquette antiféministe, avec tous ces petits commissaires du peuple et ces procureurs du Moralistan perpétuellement à vos trousses ; c’est toute la grandeur de ces femmes d’avoir le courage, les couilles, comme on dirait aujourd’hui, de s’affranchir de cette nouvelle terreur intellectuelle.

Elles ne sont pas totalement seules à se dresser courageusement dans le monde du cinéma; il y a aussi Scarlett Johansson et Maïwenn, dont je salue la trempe et la beauté, entourées qu’elles sont de hordes de starlettes la bave aux dents :

Il est tout de même intéressant de relever que le féminisme d’autrefois s’appelle aujourd’hui de l’antiféminisme. C’est aussi ce qui est en train d’arriver à des féministes de formation telles que Camille Paglia, Peggy Sastre, ou même Élisabeth Badinter, ou encore moi-même. Jusqu’aux années 2010, je me croyais ordinairement pro-féministe, avant de comprendre non seulement ce qu’était devenu le féminisme, mais surtout quels ferments il portait en lui depuis le départ : les néo et post-féminismes racistes et misandres actuels ne sont pas complètement tombés du ciel. Quoi qu’il en soit, la guerre est déclarée entre les nouvelles et les anciennes féministes.

Camélia récite ensuite tous les poncifs de sa secte : « Elles ont aussi vécu avec l’idée que se prendre une main au cul était quelque chose de normal, voire de « sympathique ». Tout est là… ». Mais pauvre bêtasse, on n’a pas dit que c’était sympathique, on a juste dit qu’on n’en était pas mortes, parce qu’on n’est pas des pleurnicheuses en sucre, on en a sous la semelle, nous !

« Il y a encore des mecs qui pensent que, parce qu’ils sexualisent une femme, elle doit se sentir flattée. Le regard de l’homme est censé être la seule chose après laquelle elle court… ». Et revoilà le « male gaze » et l’abominable « sexualisation » des femmes… Camélia la bigote n’est pas loin de promouvoir le voile, avec ce discours, comme le font déjà ses copines néoféministes : le voile, c’est la pudeur, et l’islam aussi, pas vrai ? On vous voit venir, avec vos petits sabots… « Le voile facial de la femme orientale, de fantasme colonial à objet de résistance » (Slate, 22/01/21). Le propos de cet article est très clair : contre la sexualisation des femmes orientales et le « male gaze » occidental, seul le voile est la bonne option ! On sait très bien que c’est aussi ce que pensent Camélia et ses inspiratrices, pour qui seul le « male gaze » de l’homme blanc est à combattre. Les naïfs qui ne comprennent toujours pas cette convergence des nouvelles bigotes, néoféministes et islamistes. se préparent des réveils très brutaux.

Et Bégonia de conclure avec l’habituelle exhortation des gauchistes et des control freak réunies : « Aujourd’hui, il faut déconstruire beaucoup de choses, il faut éduquer aussi. » Éduquer, rééduquer les hommes… J’ai déjà évoqué cette obsession propre à toutes les néoféministes :

Et gneugneugneu, il faut déconstruiiiire, on vous diiit ! Il faut tout déconstruiiire, surtout les zhoms, hein ! Maintenant, quand j’entends le mot déconstruire, je sors mon revolver ; c’est vraiment le mot magique pour repérer le gogol postmoderne (France Culture n’a bien sûr que ce mot à la bouche).

En attendant de les déconstruire eux-mêmes (ou plus exactement qu’ils se déconstruisent tous seuls en s’effondrant sous le poids de leurs propres couches de bêtise), je relève quand même à quel point ce genre de petite rate (je parle de Camelia et rappelle que nous sommes dans les égouts du féminisme) sème les graines de la haine et de la division. Car que fait-elle, sinon provoquer les hommes blancs gratuitement pour qu’ils sortent de leurs gonds devant ces flots répétés d’insultes, au risque de se fâcher vraiment ? C’est le but de la manoeuvre, on l’a compris, pour pouvoir entamer aussitôt la suite de la complainte sur les fameux « suprémacistes blancs ». Le piège est parfaitement réglé. Et c’est ce qui m’est le plus insupportable, cette manière de provoquer délibérément le conflit – sans raison, puisque elle est une grande bourgeoise qui gagne grassement sa vie – juste pour servir de porte-drapeau à tous les groupes indigénistes et décoloniaux en embuscade derrière elle, qui lui soufflent ses provocations car ils n’attendent que de ramasser la mise de la discorde. C’est en cela qu’elle est définitivement pour moi la madone des égouts.

[à suivre…]

  • Sur Catherine Deneuve, voir aussi :

[Échec et mat] – Les féministes et le coup d’après

La rhétorique féministe a ceci de remarquable que tous les combats qu’elle remporte se terminent immanquablement par des retours de bâton aussi bien sentis que jamais anticipés.

En langage féministe, le retour de bâton est le fameux concept de « backlash », celui-là même qui avait donné son nom à l’essai d’une des pires féministes radicales de l’histoire, Susan Faludi (1991). Depuis ce temps, les féministes rajoutent donc des bassines de larmes à leurs bassines de larmes, sans jamais comprendre que les boomerangs qu’elles se ramassent régulièrement en pleine poire ont bien moins à voir avec leur « patriarcat » fantasmé (mais si pratique) qu’avec leur propre incapacité à réfléchir, à se projeter dans l’avenir (même immédiat), bref, à anticiper le coup d’après.

Avant de commencer à en recenser les innombrables exemples – si nombreux qu’on pourrait même parler à ce sujet de marque de fabrique féministe –, je reviens à cette réflexion de Camille Paglia sur ce qui différencie les organes sexuels masculins et féminins, et notamment l’analogie qu’elle propose entre le pénis masculin et la capacité à se projeter :

« L’urinement mâle met en évidence la concentration et la projection. Voilà un mode d’expression que les femmes ne maitriseront jamais. (…) Les femmes, comme les chiens femelles, sont destinées à l’accroupissement, au squat. Il n’y a pas de projection au-delà des frontières de soi ».
[Camille Paglia, Femmes libres, hommes libres, Laval (Qc), 2019, p. 70-71]

Malgré son essentialisme apparent (il faudrait citer le passage dans son entier pour remettre l’extrait en perspective), cette observation est bien plus profonde que son apparence provocatrice ou humoristique pourrait le laisser penser – car elle s’applique aussi à la capacité intellectuelle à se projeter. C’est pour cela qu’elle m’est tout de suite venue à l’esprit en observant l’incapacité systématique des féministes, noyées dans leurs émotions, leurs névroses, leurs fixations et leurs fureurs revanchardes, à voir venir le coup d’après.

Cette incapacité ontologique des féministes à se projeter au-delà des frontières de soi s’illustre parfaitement aujourd’hui dans les préoccupations exclusivement régressives et auto-centrées des néo-féministes : « Ouin ouin, mon clito, ma chatte, mes règles, mon vagin, mes poils, mon soutif, ma cellulite, mes troubles mentaux », etc. (voir « L’univers néo-féministe » ; sur l’urinement féministe et sa jalousie vis-à-vis du masculin, on pourra se reporter à cet article : « Anthologie du féminisme urinaire »).

Mais venons-en au catalogue des incuries féministes liées à leur manque congénital d’anticipation.

  • Les féministes du genre, les transgenres et les queer

Il s’agit de l’exemple actuellement le plus frappant et pour moi le plus risible. Depuis les années 1980, le Gender Feminism – la mouvance majoritaire du féminisme de gauche et d’extrême gauche – a consisté à lutter âprement contre les différences sexuelles. Au nom d’une égalité confondue stupidement avec un égalitarisme dans l’indifférenciation, ces féministes se sont appliquées à « déconstruire » symboliquement une à une toutes les différences sexuelles, ignorant délibérément les apports de la biologie et de la science des hormones. Il suffisait pourtant d’un peu de jugeote pour prévoir combien ces postures seraient un affront grotesque au réel – lequel ne manquerait pas de leur rappeler qui est le plus fort–, mais comme les féministes du genre sont inaccessibles à toute forme de raison et de bon sens, elles ont continué inlassablement à s’enferrer dans leurs chimères. Le résultat est aujourd’hui une violente guerre de tranchées entre les féministes pro-trans et les autres, baptisées TERF (« Féministes radicales excluant les trans ») par les premières.

C’est à ce titre qu’une femme irréprochable comme J. K. Rowling se voit traîner dans la boue depuis 2020 pour avoir simplement rappelé qu’une « personne avec des règles » était biologiquement une femme. Les réseaux sociaux ainsi que la presse de caniveau à leurs ordres, tels Télérama ou Marie-Claire, ont courageusement hurlé à la transphobie… (Lire : « J. K. Rowling a raison : le sexe est une réalité biologique », Le Point, 7/11/20). Comme le disaient si bien les Monty Python dans leur séquence incroyablement visionnaire de La Vie de Brian (1979), la lutte contre la réalité n’est rien d’autre que le nerf de la guerre féministe contre « l’oppression symbolique » :

Pour ma part, je ne m’engagerai pas dans cette guerre, n’étant ni féministe ni activiste trans. Je me réjouis cependant que ces événements qui se multiplient dans le sport notamment, où des MtF, c’est-à-dire des hommes devenus femmes, dament le pion à des femmes biologiques sur les podiums, aient obligé certaines féministes du genre à revenir un peu sur terre et se souvenir que ce n’est pas parce que, pour X raisons, on a décidé de changer de sexe, qu’on ne conservera pas certaines spécificités physiologiques de son sexe de naissance – la biologie n’étant pas soluble dans le genre, n’en déplaise à ces idéologues folles.

Il s’agit en tout cas d’un des meilleurs exemples de l’incapacité des féministes à anticiper le coup d’après. Comme s’il n’était pas prévisible depuis le début qu’après avoir clamé partout qu’on pouvait décider de son sexe et en changer comme on voulait, il n’y aurait pas que des femmes qui feraient la transition. Cette manière de toujours sous-estimer les hommes – et ici, d’oublier carrément leur existence – est particulièrement emblématique des insuffisances de la pensée féministe. Aujourd’hui, le monstre enfanté par les féministes s’est retourné contre elles et commence à les dévorer sous leurs yeux (lire : Ingrid Riocreux, « La chasse aux TERF aura-t-elle raison du féminisme? »).

Les délires répétés du Planning Familial français, une officine militante tombée depuis de nombreuses années aux mains du féminisme pathologique du genre, crée dans ce contexte sa plus grosse polémique en août 2022 avec cette affiche sans queue ni tête qui défend l’hétérosexualité inversée (un homme blanc travesti en femme à barbe et une femme noire gonflée aux stéroïdes, tous deux aux airs parfaitement neu-neus, qui jouent à papa-maman) :

Août 2022 : Le Planning Familial français en pleine crise de stupidité

Autre exemple allant dans le même sens (et cela risque fort de se multiplier) : à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), une professeur féministe d’études de genre a été harcelée et a finalement renoncé à enseigner sa matière parce qu’un étudiant queer ne supportait pas qu’elle utilise les mots « homme » et « femme » en cours ; que soi-disant c’était une insulte aux trans ! (La Presse, 6/02/21). Son désarroi ne peut que faire de la peine, même si, d’une certaine manière, on peut de nouveau interpréter cet événement comme un retour de boomerang bien mérité dans les dents de tous ceux qui ont promu la folie du genre pendant des décennies au cœur même de l’enseignement supérieur.

  • La libération sexuelle de la seconde vague

L’exemple historique le plus frappant des limites intellectuelles de l’idéologie féministe est bien sûr le retour de bâton de la libération sexuelle. Dans les années 1960 et 1970 et grâce à une invention masculine, la pilule, les féministes ont exigé de pouvoir baiser comme elles voulaient, quand elles voulaient, sans risquer de devenir mères. Résultat : elles ont surtout servi de trous ambulants à des hommes qui n’en demandaient pas tant, tout en démonétisant totalement la « valeur marchande » de l’offrande de leur corps – et se mettant par conséquent très vite en porte-à-faux.

Si certaines femmes se sont très bien accommodées de cette situation – celles qui avaient assez de tempérament pour ne pas se mettre à pleurer et paniquer à l’heure de gérer non seulement leur liberté sexuelle mais les risques afférents, les autres, en petites filles fragiles ne sachant que s’en remettre à l’autorité paternaliste (contrairement à ce qu’elles prétendent), ont alors inventé le « backlash » et remis sur pied la bonne vieille morale puritaine – je parle ici de Faludi et de toutes les féministes qui depuis les années 80 ne jurent que par la « culture du viol ». Quand des femmes comme Camille Paglia, Élisabeth Badinter ou moi-même sur ce site critiquons ces néo-bigotes, nous nous faisons traiter de masculinistes alors que nous ne faisons que rappeler que le monde réel n’est pas celui des Bisounours et des pettes licornes arc-en-ciel, et que dans ce monde, il y a les hommes. Mais une fois de plus, les féministes avaient oublié leur existence et n’avaient pas anticipé le coup d’après. La vraie femme forte n’est pas la féministe qui pleure pour tout et son contraire, mais la femme capable d’affronter le réel. Je renvoie de nouveau à Camille Paglia sur ce sujet : [Antiféminisme] – Éloge de la femme forte.

Sur ce thème, voir aussi : Aristide Renou, « Cheap Sex, ou le grand mensonge de la libération sexuelle » (Politique Magazine, 05/07/19)

  • #MeToo, #MeTooIncest, #SciencesPorcs, …

Les féministes, la presse et le grand public continuent de se gargariser des prétendus succès de #MeToo. Le mouvement est pourtant davantage contre-productif pour les femmes qu’il n’en a l’air, comme le rappelle Peggy Sastre dans ce podcast (de 11 à 15 mn), dans la mesure où il favorise les prédateurs qui ne s’adapteront que mieux aux proies les plus vulnérables (les femmes fragiles, les handicapés) et que les « hommes du milieu » seront les grands perdants.

La terreur instaurée par #MeToo dessert aussi les femmes dans l’entreprise. On sait désormais que les hommes préféreront recruter d’autres hommes plutôt que de risquer un procès pour harcèlement sexuel pour avoir simplement tenu la porte de l’ascenseur à une collaboratrice et frôlé sa main en appuyant sur le bouton : « Aux Etats-Unis, depuis #MeToo, de plus en plus d’hommes n’osent plus travailler avec des femmes ». Grâce aux féministes et leurs accusations frénétiques, d’autres femmes se verront donc pénalisées. Le féminisme au travail, ce sont aussi des femmes (les hôtesses du Tour de France) qui perdent leur job au profit d’hommes ; encore un truc fichtrement bien pensé !

Pour ce qui est de #MeTooIncest, le coup d’après sera probablement des drames familiaux consécutifs aux dénonciations sauvages sur les réseaux sociaux. La justice ne se rend pas en appelant au lynchage sans précaution. Ce seront des milliers de familles explosées qui vont en payer le prix, à tous les niveaux. Je reviendrai sur ce point dans quelques mois, à l’heure du bilan. Je renvoie en attendant aux commentaires déposés par YGS sur cette page :

« Les victimes d’abus sexuels commis par un ou des adultes durant leur enfance sont souvent des personnes très fragiles, extrêmement vulnérables. Les inciter à s’exposer ainsi sans prise en charge, sans soutien ni préparation, c’est les mettre en grand danger. En particulier, ces victimes ont de fortes tendances suicidaires. Je serais très surpris si #metooinceste ne débouchait pas sur une série de drames.
Il conviendra alors de s’interroger sur la responsabilité de ceux et celles qui les ont encouragés à s’exposer ainsi sans leur offrir la moindre assistance. Il conviendra aussi de s’interroger sur leurs motivations. Car s’il y a bien une chose dont n’ont pas besoin ces victimes, c’est qu’on se serve à nouveau d’elles sans la moindre considération pour les dégâts qu’elles subissent. »

. 10 février 2021 : il n’aura fallu que quelques jours pour que s’accomplisse cette tragique prédiction : Guillaume T., l’accusateur public de l’élu parisien Maxime Cochard, est retrouvé mort dans sa chambre d’étudiant à Nanterre. Selon les premiers éléments, son suicide ne serait pas lié directement à cette affaire – de plus, il ne présume en rien de la véracité de ses accusations. Il témoigne cependant de la très grande fragilité psychique des accusateurs des réseaux sociaux et ici, de la plus forte propension masculine à passer à l’acte et « réussir » son suicide. Ce n’est de toute évidence que le premier d’une longue série.

=> Sur ce sujet : « #Metoo : On y passera tous ! », par Soleil Håkansson (Causeur,  20 février 2021)

. Février 2021 : Le hashtag #SciencesPorcs, qui permet aux pleureuses néo-féministes de Sciences-Po de s’épancher sur Twitter et de lancer leur chasse à l’homme (ici, plus précisément, leur chasse au jeune homme blanc, féministe et de gauche) illustre également le retour de bâton qui frappe de plein fouet l’IEP, coeur de la matrice néo-féministe en France. Les donneurs de leçons en wokisme et morale sexuelle d’ultragauche qui y pavoisaient tombent les uns après les autres sous les attaques des serpents qu’ils ont eux-mêmes couvés et allaités pendant des années. Dans un premier temps, ce sont les hommes blancs de plus de 50 ans qui trinquent ; juste après viennent les jeunes hommes blancs accusés de viol ou d’agression sexuelle pour un mot ou un geste maladroit en soirée, ensuite ce seront les gays – blancs de préférence et tous âges confondus car, tout LGBT qu’ils aient pu être, ils n’en restent pas moins des porteurs de pénis. Tous ces promoteurs inconscients du néoféminisme et de la misandrie seront les premiers à se prendre un retour de bâton qui les fera peut-être réfléchir un peu – même si on peut en douter. Quant aux pimbêches qui pratiquent gratuitement la chasse aux sorcières sur Twitter, il suffira juste d’attendre un peu pour qu’arrivent les procès en diffamation et les condamnations pour fausses accusations [à suivre…].

  • La destruction du père et de la fonction paternelle

Un autre exemple du manque d’anticipation féministe est leur acharnement à détruire les repères familiaux tels que le mariage, la maternité et la paternité, au point que ce sont les femmes elles-mêmes et leurs enfants qui en paient le prix le plus élevé – en termes de paupérisation, d’échec scolaire, de délinquance, de troubles psy, etc.

J’ai abordé tout récemment cette question dans cet article, liant même (c’est une hypothèse) la destruction de la figure paternelle à l’émergence des profils de « pervers narcissiques » – dans les faits des immatures psycho-affectifs qui n’ont pas pu bénéficier de fondations solides pour se construire correctement : [Des souris et des hommes] – Féministes et « pervers narcissiques » : l’amour sorcier.

C’est ainsi que l’on se gausse (tristement) quand on découvre qu’une hyène féministe, qui a passé sa vie entière à déféquer sur les pères, fait des moulinets avec ses bras en demandant où il sont passés le jour où elle réalise à quoi ils pouvaient bien servir :

  • La chute de la natalité, le célibat et une fin de vie sans descendance

Le prix à payer de la « libération » de la femme est trop souvent ce « goût de cendres dans la bouche » dont parlait Simone de Beauvoir au soir de sa vie, n’ayant pas connu la vie de famille et la maternité. Car la triste réalité du monde féministe est aussi celle-là :

. Des femmes qui sont avantagées par rapport aux hommes sur le marché du travail (contrairement à ce qu’elles prétendent), mais qui ne font quasiment plus d’enfants. Au-delà des femmes, ce sont d’ailleurs les occidentaux des deux sexes qui ne veulent désormais plus se reproduire. Le renouvellement des générations n’est plus assuré, malgré l’apport des naissances liées à l’immigration, déjà plus nombreuses que les naissances autochtones (cf. « La natalité en 2020 en France au plus bas depuis 1945 »). Or une civilisation qui n’enfante plus est appelée à disparaître, c’est inéluctable ;
. Un souci majeur pour les retraites dans les décennies à venir ;
. Un nombre de célibataires des deux sexes qui explose, une démographie qui s’essouffle et un avenir très sombre pour tout le monde.

=> Sur féminisme et célibat :

On notera enfin que les victoires féministes n’ont pas rendu globalement les femmes plus heureuses. Il suffit pour s’en rendre compte d’écouter les jérémiades féministes quotidiennes sur France Culture par exemple. La féministe n’a jamais autant pleuré, jamais autant crié, ne s’est jamais autant lamentée, sur absolument tout. Le féminisme m’apparait définitivement comme un miroir déformé de la femme dans ce qu’elle a de plus désolant : une créature ne sachant que pleurer et taper du pied comme une petite fille pour que son papa (le « patriarcat ») lui cède tous ses caprices. J’attends toujours de croiser des féministes capables de grandir enfin, mais ce n’est visiblement pas pour demain, quand je les vois encore et toujours pleurer pour avoir des poils comme les zhoms, ou pour ne pas mettre de soutif comme les zhoms, et j’en passe. Je baille de mépris.

  • Pour ce qui est du soutien-gorge et du mouvement No-Bra, d’ailleurs, le coup d’après est que :

1/ Les hommes préfèrent de toutes façons les femmes jeunes sans soutien-gorge car les seins jeunes sont nettement plus érotiques sans (puisqu’on voit mieux le téton poindre). Les jeunes néofems qui s’imaginent ne pas faire le jeu des hommes en refusant le soutif ont donc encore tout faux.
2/ Les seins tombent sans soutien-gorge, quoiqu’en disent les jeunes néofems qui n’ont rien vécu. Dans 20 ans , on retrouvera les mêmes ex-jeunes néofems en train de se faire mettre des prothèses en silicone ou de pleurer sur leurs seins en gants de toilette – une fois que le rapport de forces se sera inversé et qu’elles ne seront plus les reines du bal. Comme toujours, il suffit juste d’attendre un peu pour voir les féministes se prendre le mur et se remettre à pleurer… Sur le sujet : [Bigotes féministes] – Évidemment, que les seins ont une fonction érotique !

  • Ayant tout juste écrit ce qui ce précède, je tombe sur ces propos de Michel Houellebecq, qui synthétisent à la perfection ce concept du « coup d’après » :

« Pour ma part j’ai toujours considéré les féministes comme d’aimables connes, inoffensives dans leur principe, malheureusement rendues dangereuses par leur désarmante absence de lucidité. Ainsi pouvait-on dans les années 1970 les voir lutter pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle, etc. tout à fait comme si le « système patriarcal » était une invention des méchants mâles, alors que l’objectif historique des hommes était à l’évidence de baiser le maximum de nanas sans avoir à se mettre une famille sur le dos.
Les pauvres poussaient même la naïveté jusqu’à s’imaginer que l’amour lesbien, condiment érotique apprécié par la quasi-totalité des hétérosexuels en activité, était une dangereuse remise en cause du pouvoir masculin.
Elles manifestaient enfin, et c’était le plus triste, un incompréhensible appétit à l’égard du monde professionnel et de la vie de l’entreprise ; les hommes, qui savaient depuis longtemps à quoi s’en tenir sur la « liberté » et « l’épanouissement » offerts par le travail, ricanaient doucement.
Trente ans après les débuts du féminisme « grand public », les résultats sont consternants. Non seulement les femmes sont massivement entrées dans le monde de l’entreprise, mais elles y accomplissent l’essentiel des tâches (tout individu ayant effectivement travaillé sait à quoi s’en tenir sur la question : les employés masculins sont bêtes, paresseux, querelleurs, indisciplinés, incapables en général de se mettre au service d’une tâche collective quelconque).
Le marché du désir ayant considérablement étendu son empire, elles doivent parallèlement, et parfois pendant plusieurs dizaines d’années, se consacrer à l’entretien de leur « capital séduction », dépensant une énergie et des sommes folles pour un résultat dans l’ensemble peu probant (les effets du vieillissement restant grosso modo inéluctables). N’ayant nullement renoncé à la maternité, elles doivent en dernier lieu élever seules le ou les enfants qu’elles ont réussi à arracher aux hommes ayant traversé leur existence – lesdits hommes les ayant entretemps quittées pour une plus jeune ; encore bien heureuses lorsqu’elles réussissent à obtenir le versement de la pension alimentaire.
En résumé, l’immense travail de domestication accompli par les femmes au cours des millénaires précédents afin de réprimer les penchants primitifs de l’homme (violence, baise, ivrognerie, jeu) et d’en faire une créature à peu près susceptible d’une vie sociale s’est trouvé réduit à néant en l’espace d’une génération. »
Michel Houellebecq, Interventions, 2020

  • La guerre raciale

Le néo-féminisme sexiste et raciste qui depuis quelques décennies a désigné l’homme blanc occidental comme le coupable universel et qui, ayant viré « intersectionnel », a décidé de faire combat commun avec le féminisme islamique pro-voile pour lui taper dessus, est en train d’enfanter le pire boomerang de son histoire :

Panneau du collectif féministe raciste « Sans blanc de rien », mars 2021

Il s’agit là d’un féminisme « racisé », pro-voile et pro-islam, mais aussi pro-trans et pro-LGBT, une sorte de gloubi-boulga victimaire ultra-raciste produit par des QI d’huîtres peinant à aligner trois mots intelligibles en français correct. Le féminisme paranoïaque, au terme de sa sale guerre contre sa propre civilisation, a donc déroulé le tapis rouge à l’obscurantisme le plus crasse, à un véritable âge des ténèbres, celui d’un racisme totalement décomplexé qui – il ne l’avait une fois de plus pas anticipé – lui revient déjà en peine figure.

Je ne m’aventurerai pas à décortiquer plus avant ce féminisme racial BLM ; je laisse des observateurs qui ont les reins plus solides que moi s’en emparer, devinant facilement quelles agressions ils auront à subir en retour. Ayant été formée à l’humanisme et à l’universalisme anti-raciste (de gauche, qui plus est, une gauche que j’ai fui ventre à terre depuis qu’elle a enfanté ce féminisme misandre et racial), je n’ai pas le coeur d’entrer dans cette guerre des races – d’autant que je ne suis même pas féministe. Je me contente simplement de noter que le féminisme est devenu une idéologie bien malade, une sorte d’asile à ciel ouvert.

[A suivre…]

Voir aussi :

. Sur les TERF et les trans-activistes, un bon résumé dans cette vidéo :

[Des souris et des hommes] – Féministes et « pervers narcissiques » : l’amour sorcier

Ce petit article vient en complément de mes premières réflexions sur les liens qui unissent féministes et « pervers narcissiques » :

Il m’apparait en effet que l’explosion constatée du phénomène de l’emprise et des « pervers narcissiques » – ou tout au moins l’explosion des témoignages sur le sujet – n’est pas sans lien avec le déferlement du féminisme dans nos sociétés. Il m’apparaît même plus précisément que la banalisation du comportement de prédateur chez une partie des hommes pourrait être la conséquence directe (mais en grande partie involontaire et inconsciente) de cette domination idéologique du féminisme. Mes hypothèses sont les suivantes :

1/ Le comportement féministe (c’est-à-dire délaissant, méprisant, manipulateur ou immature) des mères envers leurs enfants, couplé au délitement du père, favorise leur immaturité psychique et affective. Laquelle fait ensuite le lit de ce qu’on appelle, sans doute à tort, la « perversion narcissique ».
2/ Les femmes, y compris les féministes, sont attirées instinctivement par les profils de « pervers narcissiques »; elles se pressent autour d’eux comme les volailles dans un poulailler autour du mâle dominant. Les « mâles alpha » raflent la mise partout où ils passent. Certaines néoféministes développent même le type de « l’hyperfemelle » pour attraper encore plus sûrement ce type de prédateur. Pourquoi ? Probablement parce que le fantasme (inconscient) de soumission est ce qu’il y a de plus ancré chez les femmes. Officiellement, en brandissant leurs slogans féministes, elles font mine de rechercher des homme soumis, mais dans les faits et dans le secret des alcôves, elles ne vibrent que pour celui qui saura les mettre en coupe réglée. Démonstration :  « Je suis féministe mais j’aime avoir des rapports sexuels avec un macho, pourquoi ? » (Europe 1, 05/02/21)
3/ Une fois qu’elles se sont bien cassé les dents sur le profil de macho qu’elles ont pourtant activement recherché (repoussant systématiquement les hommes pas assez beaux, pas assez grands, pas assez sexy, pas assez clinquants, pas assez fringants, pas assez riches, etc.), elles se mettent à pleurer toutes les larmes de leurs corps et décrivent alors le fameux PN, l’autre nom du diable fait homme (en fait, celui qui leur résiste et qui n’était de toutes façons pas l’homme idéal qu’elles s’étaient imaginé). Et en avant pour le retour sur le consentement (« Ouais, sur le coup, j’étais consentante, mais en vrai, j’étais pas consentante, gnéé »), la prétendue « mémoire traumatique » (qui leur permettra d’inventer de toutes pièces des agressions qui tombent à pic pour envoyer n’importe qui en prison sans preuves), et bien sûr, la fameuse « emprise » (le nouveau nom du sentiment amoureux) auquel j’ai consacré cette page.

Voici donc quelques éléments qui pourraient lier féministes et PN :

#Metoo favorise les prédateurs

C’est Peggy Sastre qui l’explique très justement dans ce podcast enregistré à la date anniversaire de la fameuse « Tribune des 100 » dont elle est l’une des rédactrices :

Entre 11 et 15mn, elle explique qu’aprés #Metoo, les hommes un peu balourds, un peu maladroits mais gentils n’oseront plus du tout draguer ni même aborder une femme. Tandis que les vrais prédateurs, eux, s’adapteront sans aucun souci et auront une autoroute devant eux pour s’en prendre aux femmes les plus vulnérables – puisque c’est le propre de l’évolution pour un prédateur que de s’adapter à sa proie. Ce sont donc seulement les « hommes du milieu » qui paieront le prix de #MeToo, pendant que les autres seront toujours plus favorisés.

Cette dérégulation du marché de la séduction en faveur des prédateurs, ce retour à « l’âge de la savane » est également abordé avec justesse dans cet article : « L’inégalité de beauté, la grande oubliée » (Le Point, 25 mai 2019) : les nouvelles relations amoureuses instaurées notamment par le féminisme et l’individualisme contemporains, qui privilégient une minorité d’hommes au détriment de tous les autres (la règle des 20/80), nous renvoient directement à la sauvagerie et la loi du plus fort.

La lutte inlassable du néo-féminisme contre la galanterie, contre les acquis de la civilisation occidentale, contre l’héritage humaniste dans son ensemble, vont dans cette même direction. Tout ce qui peut réduire à néant des siècles de culture – dans le sens où cette culture, avec des institutions comme le mariage, la monogamie ou la cellule familiale, pouvaient contribuer à dompter les instincts brutaux et asservir un peu la nature – est porté au pinacle. Les féministes ne jouissent que de voir des familles explosées, des mères célibataires paupérisées, des enfants sans pères et sans repères.

La destruction du père favorise la décivilisation

Les résultats sont pourtant sous nos yeux. Les prisons sont remplies d’anciens enfants sans pères. L’échec scolaire concerne prioritairement les enfants sans pères. La pauvreté aussi (les foyers monoparentaux avec les enfants élevés par la mère seule sont un indicateur infaillible de pauvreté et de délinquance). Mais les féministes continuent inlassablement à détruire la figure paternelle, confondant toujours aussi bêtement « paternité » et « patriarcat ». En chassant le père, la féministe a récupéré toute la charge de l’éducation des enfants, mais elle ne s’en sort pas aussi bien qu’elle le pensait.

Le féminisme est l’ennemi historique non seulement de la maternité, mais de la paternité (on peut dire de la famille dans son ensemble). Pour la paternité, ses conséquences se voient aussi bien chez les hommes que les femmes : au fur et à mesure que les féministes ont attaqué la fonction paternelle, les hommes eux-mêmes l’ont abandonnée. Depuis l’après-guerre les hommes, non seulement abandonnent couramment leurs enfants, mais veulent moins que jamais se reproduire. Leurs compagnes avortent à leur demande ou avec leur soutien. C’est un processus global qui se voit dans les chiffes de la dénatalité de l’homme blanc : la « transition démographique » est un euphémisme pour ne pas nommer ce qui se produit sous nos yeux. Les occidentaux n’assurent plus depuis longtemps le renouvellement des générations ; Ils ont de moins en moins d’enfants et s’éteignent de plus en plus souvent sans petits-enfants. Il en va de même dans d’autres pays développés, tels la Corée du Sud ou le Japon (« Ni Lolita ni mère, le nouveau féminisme nippon »). La situation est de plus en plus alarmante partout (« L’Allemagne a le mal de mères », Libération, 12/11/12), et plus elle se dégrade, plus les féministes militent pour le mouvement no-kids, que ce soit par nihilisme écologique stupide ou pour cause de dépression ou envie de mort congénitales (« Éloge de la dénatalité et du féminisme »). On y retrouve les habituelles pleurnicheuses autocentrées du site MadMoiZelle, relayées par Slate (« Ouiiin, la grossesse va abîmer mon cooorps, bouhouhou »). Précisons que si le féminisme n’est ni à l’origine de cette dénatalité, ni son seul responsable, il joue de tout de même un rôle indéniable dans le phénomène, qu’il contribue encore à accélérer aujourd’hui [NB. Les indices de fécondité donnés pour la France ne discriminent pas entre les enfants nés de « français de souche » et ceux nés de familles immigrées, mais les statistiques sur les prénoms les plus en vogue dans les maternités parlent d’elles-mêmes. Assez clairement, le nombre d’enfants par famille est inversement corrélé à l’adhésion au féminisme].

En résumé, les enfants ne naissent plus beaucoup, et si jamais ils naissent, ils seront la plupart du temps privés de pères – mais personne ne veut en mesurer les conséquences. Elles sont délétères pour l’enfant, ce qui n’est plus à démontrer, mais pire encore, elles semblent être à relier directement avec l’explosion des « pervers narcissiques » si chers à nos féministes.

« Pervers narcissiques » et destruction de la fonction paternelle

On s’interroge toujours beaucoup sur les origines du phénomène. Pourquoi tant de femmes aujourd’hui se plaignent-elles d’être tombées dans les griffes d’un « prédateur » ou d’un « vampire psychique » ? Je ne mets pas en doute la véracité de cette épreuve, pour l’avoir expérimentée par moi-même. Mais je m’interroge sur la banalité de ce mode relationnel qui semble en passe de devenir la norme. Pourquoi tant d’hommes et de femmes – car les prédateurs affectifs sont des deux sexes –, pourquoi donc tant de gens ne sont-ils plus capables de vivre leurs rapports affectifs autrement que sous le mode de la dépendance affective, du rapport de forces et du besoin de soumettre et de détruire l’autre ?

Des observations que j’ai pu faire, il semble ressortir une constante : l’absence de père. C’est aussi ce que Racamier, l’inventeur du concept de « perversion narcissique » avait relevé : « Enfant, on lui a imposé peu de limites, le père a souvent été absent, disqualifié. Il n’a pas posé la loi, et n’a pas permis à l’enfant de se détacher de sa mère. Le pervers narcissique a pu avoir enfantl’illusion active, de remplacer vraiment et impunément le père auprès de la mère. Le père est évincé… (Racamier, Les perversions narcissiques). La mère a pu avoir un comportement inconstant et inadéquat, qui n’a pas permis à l’enfant d’être rassuré. L’indulgence permanente de ses parents ne lui a pas appris à gérer, ni à tolérer la frustration, à l’âge adulte cette dynamique se rejoue sans cesse » (passage tiré de ce post).

Je pense qu’on ne souligne pas assez la possibilité que cette immaturité psychique à vie qui caractérise les « PN » puisse être liée à une construction défectueuse pour cause d’absence (ou de simple disqualification) de la figure paternelle, associée à une emprise maternelle. Elle se vérifie en tout cas auprès de tous les cas que je connais.

La libération sexuelle féministe a-t-elle encouragé les « pervers narcissiques » ?

Comme l’expliquent aussi les interlocutrices du podcast cité plus haut, les féministes de la seconde vague ont exigé la liberté, la liberté la plus totale dans tous les domaines – sans réaliser un seul instant que la liberté a un corollaire, qui s’appelle le risque. Or plus les générations de féministes se succèdent et plus elles sont fragiles et pleurnicheuses face au risque et moins elles acceptent que la liberté ait un prix. C’est ce que j’écrivais dans mon témoignage sur l’agression sexuelle et c’est également ce que déplore Camille Paglia dans ses écrits.

Le « pervers narcissique » incarne tous les aspects du diable. Il est le mal absolu, Lucifer en personne qui s’abat sur sa proie et la laisse pantelante.

Des générations de petites filles à la fois fragiles et toutes puissantes se succèdent alors, donnant l’impression de taper leur crise devant chaque homme qui leur résiste, l’étiquetant PN aussitôt qu’il les déçoit ou ne marche pas à la baguette. Dans sa réflexion un peu touffue sur les PN, Paul-Loïs Caudron remarque aussi que la libération sexuelle censée abattre le patriarcat n’a rien abattu du tout mais a au contraire favorisé les profils de « prédateurs » : « Car si un homme use du ‘cadeau’ du corps d’une femme, mais qu’il s’en fout un peu, se joue d’elle ; et en sous-main préfère sa liberté, son éclat, son intérêt, cela amorce un déséquilibre. Si de plus, il a l’ascendant dans d’autres domaines, qu’il en joue en outrance, renverse l’accusation, alors c’est l’engrenage : amour + souffrance = dépendance », écrit-il. Ce passage m’a interpellée, car il souligne justement la désillusion de la femme toute puissante qui n’avait pas anticipé que l’homme ait juste envie de baiser et que la libération sexuelle ait pu l’arranger bien plus qu’elle, au final. Ce sont des choses que j’avais également évoquées au sujet de la libération sexuelle : « Elles ont jeté leur soutien-gorge et leur culotte dans les fourrés pour réaliser juste après qu’elles avaient simplement servi de trous ambulants pour des hommes qui n’en demandaient pas tant. D’où le retour en force du puritanisme féministe au début des années 80 dans les universités américaines. »

En conclusion, je propose donc que l’on s’interroge sur le rôle de la libération sexuelle de la seconde vague féministe dans l’explosion des cas de « perversion narcissique », que l’appellation soit ou non valide scientifiquement. Il est possible qu’elle ne le soit pas, mais ce qu’elle recouvre est au final assez simple à comprendre : quelques générations d’enfants sans pères se sont construits psychiquement de manière déséquilibrée, et ils ne peuvent donc que reproduire à vie des comportement d’immatures affectifs. Jamais les féministes n’accepteront de faire leur autocritique et de reconnaître ce qu’elles ont produit (ou ici, détruit). Et une fois de plus, elles auront montré qu’elles sont seulement capables de brandir leur petit poing rageur sans réfléchir aux conséquences de leurs accès de rage narcissique.

Il faut rappeler enfin que les femmes, et donc les féministes, puisque la plupart le sont, sont toujours en pleine dissonance cognitive quant à leurs choix de partenaires : elles exigent publiquement des hommes soumis, des « wokes », des cucks, des hommes féministes, bla bla bla, mais ne fantasment en privé que sur ceux qui leurs feront faire H24 des montagnes russes émotionnelles.

Les raisons pour lesquelles les femmes préfèrent les PN sont envisagées ici :

[à suivre…]

[Affaire Duhamel] – Paula, Évelyne, Camille, trois générations de féministes, trois expériences de l’amertume

Je viens de me positionner totalement à rebours de la majorité sur l’affaire Duhamel (janvier 2020), refusant de participer à une curée pilotée par une clique de néoféministes poussant un agenda que je ne connais que trop.

Le livre de Camille Kouchner, La familia grande, instrumentalise en effet la vie intime de son frère jumeau – quand celui-ci a toujours demandé à ce qu’on le laisse avancer dans sa vie sans le ramener sans cesse à cette affaire et sans l’enfermer dans un statut de victime à vie dont il n’a que faire (lire « Peggy Sastre – Affaire Duhamel : au bout du malaise » (Le Point, 08/01/2021). Il n’a, de plus, jamais souhaité s’exprimer publiquement sur les faits et il maintiendra probablement cette position. Camille Kouchner elle-même reconnait dans son livre, et laisse filtrer en interview, que son frère ne souhaitait pas rendre l’affaire publique. D’emblée, il y a donc ici pour moi une forme de viol de l’intimité qu’aucune forme de croisade ne devrait justifier. Je le dis d’autant plus sereinement que je sais très bien que la résilience existe et que l’ON PEUT se remettre d’un viol (je ne dis pas « toujours », je dis « PARFOIS », merci de ne pas déformer mes propos).

Car l’objectif est ici, avec l’appui de Muriel Salmona, l’inventrice de la « mémoire traumatique » (une imposture scientifique, cf. Julie Brafman, « L’amnésie traumatique, concept «séduisant» mais controversé », Libération, 20/12/17), d’obtenir à terme l’imprescriptibilité de toutes les affaires de sexe. Autrement dit, de mettre en place le régime juridique de la « République Morale du Féministan », une république féministe où la chasse aux sorcières (enfin, aux hommes) et la justice immanente des réseaux sociaux et des médias mainstream tiendraient lieu de justice tout court ; le tout au nom d’une morale anti-sexe de chaisières d’église. Nous avons déjà un pied dans cette République :

Entendons-nous bien : dans le cas présent, l’agression sexuelle, voire le viol sont, selon toute vraisemblance, avérés (aucune décision de justice n’ayant à ce jour été prononcée, et respectant la présomption d’innocence, je ne m’avancerai pas plus sur ce sujet). Mais quand bien même l’homme serait-il coupable, cela ne justifierait en rien le lynchage public auquel il a droit. La justice n’est pas la vengeance ; la justice n’est pas le pilori médiatique, la justice n’est pas le lynchage sans possibilité de se défendre – d’autant que certains protagonistes, telles les soeurs Pisier, ne sont plus là pour empêcher qu’on parle à leur place : cette mise à mort sociale par une foule chauffée à blanc n’est pas digne d’une civilisation avancée.

La vengeance. C’est bien ce qui se dégage de cette entreprise éditoriale conduite par Camille Kouchner, épaulée par Ariane Chemin du Monde et par L’Obs, dont le vice-président, Louis Dreyfus, est le mari de Camille Kouchner, – avec, donc, en arrière-plan comme mentionné plus haut, Muriel Salmona. Tou(te)s incarnent ce néo-féminisme vindicatif et vengeur qui ne recule devant aucun procédé, même le plus vil, pour faire avancer « la Cause » – et purger au passage leurs vieilles rancoeurs (ici, Camille Kouchner ne supportait tout simplement pas que Duhamel soit dans la lumière et pas elle, comme elle l’a elle-même reconnu).

Au-delà de ses ruminations contre Duhamel (bien plus importantes que celles de son frère, semble-t-il), Camille Kouchner règle aussi dans ce livre ses comptes avec sa mère avec laquelle elle a un énorme contentieux, et elle en profite pour lancer ses boules puantes sur tout le milieu au sein duquel elle a grandi – sorte de crise d’adolescence tardive mais tout à fait caractéristique de ces néoféministes qui ont toujours beaucoup de mal à quitter l’enfance. Pauvre petite fille riche, cela a dû être si dur de passer ses vacances à Sanary-sur-Mer avec le gratin de la gauche, ou de rejoindre son people de père avec Christine Ockrent qui, mais quelle horreur, était parfois distante le soir… Plutôt que de s’en prendre à C. Ockrent, peut-être devrait-elle plutôt questionner l’éclatement de la cellule familiale voulue par le féminisme, avec les relations habituellement conflictuelles avec les beaux-parents que cela engendre (on sait même que les crimes commis sur les enfants sont le fait des beaux-pères à une proportion écrasante par rapport aux pères biologiques; voir « L’effet Cendrillon »). Camille et son frère sont justement bien placés pour le savoir… mais ce serait moins politiquement correct de regarder ces choses en face, n’est-ce pas.

Je n’ai pas non plus voulu suivre dans ce lynchage les contempteurs de Mai 68 qui, comme les QAnon, ont tendance à voir des pédophiles partout et à faire de la lutte contre une pédophilie fantasmée leur cri de ralliement [comme l’explique Tristan Mendès-France, le combat contre la supposée pédocriminalité des élites est l’hameçon qui a permis aux complotistes de QAnon de se développer rapidement en France]. D’autant qu’ici, la pédophilie est rien moins qu’avérée (la victime avait 14-15 ans et n’était plus un enfant : il s’agit en réalité d’éphébophilie). Même la notion d’inceste reste contestable d’un point de vue anthropologique, malgré les récents changements de la loi. « Détournement de mineur par adulte ayant autorité » devrait donc suffire. Mais on conviendra que c’est moins racoleur que « inceste » ou « pédophilie » sur les réseaux sociaux et cela, les médias l’ont bien compris.

J’ajoute, sans vouloir pour cela défendre les hypocrisies et les inconséquences de Mai 68, que même si une poignée d’illuminés ont imprudemment défendu la pédophilie dans les années 70, ils n’ont en aucune manière provoqué une vague de pédophilie dans ce pays. La réprobation a été immédiate et générale et a au contraire amené une intransigeance encore plus grande envers ces comportements déviants. La pédophilie est un trouble pathologique du comportement qui n’a ni couleur politique ni couleur sociologique et qui est malheureusement un invariant de l’espèce humaine sous toutes les latitudes. Même les formidables bonobos cités en exemple par le féministe Pascal Picq… sont pédophiles, c’est dire !

Trois générations de féministes amères

Parmi le flot d’articles souvent crapoteux publiés par la presse people, où Gala, Closer, Voici, Public, etc. ont rivalisé d’obscénité, allant jusqu’à accuser Olivier Duhamel d’être responsable de la mort de Marie-France Pisier (j’espère qu’il les attaquera en diffamation, de même que Camille Kouchner pour ses insinuations comme quoi il serait également responsable de la mort de sa mère Evelyne), j’ai été interpellée par cet article de Gala :

« Qui est Paula Caucanas, la mère d’Évelyne Pisier, qui s’est suicidée ? »

Paula Caucanas, la grand-mère, était donc une féministe de la première heure. Gala glorifie Camille de parler d’elle en ces termes : « Lorsqu’elle me racontait ma grand-mère, ma mère soulignait ses idéaux. » En quittant son mari à la fin des années 1950, cette femme, Paula Caucanas de son vrai nom, a fait « exploser les conventions bourgeoises ». Résolument libre et peu soucieuse du qu’en-dira-t-on, elle ne semblait pas non plus avoir de tabou avec sa fille Évelyne, à qui elle a raconté très tôt « comment avoir un orgasme à cheval ou à vélo » alors que celle-ci était « à peine pubère. » (…) À ses filles, elle a aussi appris la liberté sexuelle. Très jeunes, Évelyne et Marie-France Pisier ont fait preuve « d’une arrogance sexuelle stupéfiante »a rappelé Camille Kouchner dans son ouvrage. On y apprend en effet qu’Évelyne incitait sa fille à la précocité sexuelle en lui disant qu’elle-même avait fait l’amour à 12 ans, ou qu’elle invitait une amie à « déniaiser » son fils adolescent.

Évelyne, très proche de sa mère, a construit à son tour toute sa vie et toute sa carrière sur le féminisme militant et un comportement de vamp (pourquoi pas…). Mais « Paula Caucanas a mis fin à ses jours alors qu’elle n’avait que 64 ans, deux ans après le suicide du père de ses filles par arme à feu, à l’âge de 75 ans. « Ils avaient toujours dit qu’ils ne voulaient pas vieillir. J’arrive à cet âge. Mais je ne comprends toujours pas », avait confié Évelyne Pisier à Libération en 2005. »

En se suicidant, Paula plonge sa fille Évelyne dans les affres de l’alcool et d’une « dépression abyssale », un gouffre dont elle ne remontera jamais. Malheureuse et à côté de sa vie, elle n’apprendra que 20 ans après les faits ce qui est arrivé à son fils. Vouée aux gémonies par sa fille Camille et par les foules écoeurées qui viennent cracher sur sa tombe, elle paie aujourd’hui très cher sa réaction (pourtant explicable d’un point de vue psychologique) de minimisation des faits.

Deux générations de femmes brisées, donc, dont la jeunesse flamboyante s’achève dans la noirceur et même la fange pour Évelyne. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi personne ne semble voir la part du féminisme dans leurs destins tragiques ? Aujourd’hui, en 2021, le néoféminisme victimaire aigri et puritain de Camille demande des comptes au féminisme laxiste en matière de moeurs de sa mère. Un féminisme qui n’était pourtant pas dénué de qualités, car Évelyne Pisier avait su ne jamais sombrer dans la pleurnicherie victimaire – avec Élisabeth Badinter, elle s’était même opposée à la parité, cette manière sexiste de préférer les femmes sur le critère de leurs ovaires en lieu et place de leur matière grise. Mais reprenons l’enchainement des faits.

Dans les années 1960, Évelyne et Marie-France Pisier sont biberonnées au féminisme tout puissant et soi-disant libérateur de leur mère. Celle-ci, à la limite de l’abus psychique (mais les féministes militantes ne s’encombrent pas avec ce genre de détails) explique à ses filles comment se masturber alors qu’elles sont « à peine pubères » (probablement un euphémisme, elles devaient être plus jeunes). Eh bien moi, si à 11 ou 12 ans, ma mère avait fait ça, je l’aurais maudite ! Je l’aurais vécu comme un viol de mon intimité ! Mais Camille ne voit pas le problème ; mieux même, elle semble trouver cela admirable. Ces féministes n’ont décidément plus beaucoup de repères. On notera au passage que dans les années 1950, c’était donc déjà le règne du clitoris tout puissant (comme quoi les néofems et autres #tasjoui ne savent que réinventer l’eau tiède).

On notera aussi une forme de narcissisme et d’immaturité dans les mots rapportés de Paula, refusant de vieillir et choisissant, par son suicide mis en scène de manière sordide, d’abandonner sa fille : « En 1988, lorsqu’à son tour leur mère, sidérant tout le monde, se suicide sans raison apparente à 66 ans et s’arrange, avec un égoïsme inouï, pour que ses trois enfants découvrent eux-mêmes son corps abîmé, c’est une déflagration pour le clan Pisier » (« Splendeurs et misères des soeurs Pisier », Le Point, 12/01/21). La descente aux enfers d’Évelyne est clairement précipitée par le double suicide de ses parents, principalement celui de sa mère puisque, tout comme sa soeur Marie-France, elle avait vécu dans la haine totale de son père, refusant de le voir et même d’aller à ses funérailles.

Paula avait souffert d’un double cancer du sein suivi d’une ablation mammaire, terrible diagnostic qui a pu influencer sa décision – ce qui peut s’entendre. Je dois ajouter une chose terrible, mais malheureusement exacte, au sujet du cancer du sein : l’allaitement prolongé protège de ce cancer. Or le féminisme d’après-guerre a lutté âprement contre l’allaitement maternel, supposé réduire les femmes au statut de vaches laitières et préférant les renvoyer bien vite à l’usine. J’ose donc dire que ce féminisme a du sang sur les mains. Pour Paula, ses filles étant nées dans les années 40, j’ignore si elles les a allaitées, je suppose que oui, donc ceci ne la concernerait pas a priori.

Évelyne est une jeune femme belle et brillante à qui le monde déroule un tapis rouge, accumulant les succès masculins et personnels et menant avec sa soeur une vie de jet-setteuse dans les hautes sphères de la gauche féministo-révolutionnaire (option caviar). Les photos de sa relation avec Fidel Castro témoignent de son succès international.

De 1964 à 1968, Évelyne, installée à Cuba, est la maîtresse de Fidel Castro

Camille K. dépeint ensuite une mère de famille moins reluisante, décrivant un univers familial glauque et malsain et ce, bien avant l’arrivée d’Olivier Duhamel dans leurs vies. Évelyne a certainement beaucoup souffert de l’échec de son mariage avec Bernard Kouchner. Mais à aucun moment, Camille ne semble questionner l’idéologie féministe de sa mère, ni comprendre la manière dont son féminisme a pu influencer son comportement, de la jeune femme arrogante et toute puissante à la mauvaise mère. Il y a pourtant des choses qui moi, me sautent aux yeux. Ce n’est pas seulement de sa mère, mais du féminisme de la seconde vague, dont il aurait fallu faire le procès, puisque la première n’est que l’expression du second. Sans l’éducation méprisante de Paula – et de tout le féminisme – envers le rôle maternel, peut-être Évelyne se serait-elle comportée différemment avec ses enfants.

Je relève aussi le côté typiquement « féministe » d’Évelyne : « Castro sonnait Évelyne quand il voulait, raille un vieux camarade de Marie-FranceÀ Paris, elle emmerdait tout le monde en donnant des leçons de féminisme, mais à Cuba, elle était vraiment le prototype de la femme soumise. » Évelyne s’est ensuite couchée devant Olivier Duhamel, son despote domestique préféré. Ses amis ont été surpris, mais pas moi, car toutes les féministes sont comme ça, hier comme aujourd’hui, crachant sur leurs pères et les hommes normaux, mais faisant la queue pour se faire détruire par des « pervers narcissiques » et autres prédateurs à peine masqués (lire Féministes et pervers narcissiques : les liaisons dangereuses). L’emprise, on pleure après, mais sur le coup, qu’est-ce que c’est excitant (eh oui)…

Quoiqu’il en soit, les curseurs de la morale sexuelle s’étant déplacés et rigidifiés – aujourd’hui un film comme Beau-Père de Bertrand Blier, sorti en 1984 et qui raconte le désir amoureux et sexuel d’une fille de 14 ans (14 ANS !) envers son beau-père joué par Patrick Dewaere (34 ans à l’époque) provoquerait un scandale national, ou plus exactement ne pourrait même plus être tourné et son réalisateur se verrait jeté en pâture sur #MeToo –, on mesure face à quel âge de glace on se trouve désormais. Je ne suis pas en train de dire que l’histoire de La Famila grande ait quoi que ce soit à voir avec celle de Beau-Père, puisque le frère ici n’était pas consentant. Je dis juste que pour les besoins de « la Cause », on fait feu de tout bois, prenant à témoin les foules qui ne demandent que ça, sans se soucier de l’exactitude des faits allégués – rappelons qu’on parle ici d’un « roman autofictionnel » et non d’un témoignage sous serment, et que la justice ne s’est pas prononcée. De plus, on peut se demander comment, dans un milieu d’intellectuels où tout le monde savait trouver les mots, un adolescent de 15 ans – qui n’était pas visiblement pas le dernier des abrutis, au vu de son futur parcours de vie – ait été incapable d’envoyer paître son beau-père. Il y a des choses qui restent à clarifier car elles sont à la limite de la crédibilité.

Les dénonciations, vraies ou fausses, mais invérifiables, de « viols » à 30 ou 40 ans de distance faisant sans doute moins recette – après Haenel, Springora, les affaires Polanski, etc., la formule est devenue un peu éventée –, on s’est peut-être dit qu’avec « inceste » et « pédophilie » dans le plan de com’, ça claquerait plus fort et que le succès éditorial serait garanti.

Je suis frappée en tout cas par cette propension des bien-pensants à brûler furieusement ce qu’ils adoraient jusqu’à peu. Hier encore icône du féminisme libérateur, Évelyne Pisier incarne du jour au lendemain, « grâce » à sa fille, l’abomination faite femme. Eh bien, toute antiféministe que je suis, j’ai de la peine pour elle. Je pense qu’elle ne méritait ni de représenter une libération qui n’en a pas été une pour elle, ni son contraire. Je considère qu’elle a tout simplement vécu une vie de féministe du XXe siècle, écartelée par des injonctions contradictoires qui ne pouvaient que la faire chuter. Ainsi va le féminisme… et paix à son âme.

En attendant, à travers ce tweet très classe, c’est lui qui mange ses morts, à commencer par Évelyne Pisier.

[à suivre…]

  • Voir aussi :

. Une recension de La Familia Grande par Aristide Renou qui pointe lui aussi l’idéologie féministe d’Évelyne et sa désastreuse influence sur son comportement :

https://aristidebis.blogspot.com/2021/07/la-familia-grande-le-feminisme-en-action.html

. Comme elle l’a montré lors de son passage dans l’émission « La Grande Librairie » (13/01/20), Camille Kouchner fait malheureusement partie de ces néoféministes en croisade qui défendent la pseudo « mémoire traumatique » de Muriel Salmona et dénient à toute victime la possibilité de se remettre un jour d’un viol. Je prends le contrepied exact de ces salades manipulatrices dans ce témoignage :

  • Sur l’imposture Muriel Salmona, grande manipulatrice victimaire devant l’Éternel :

. Peggy Sastre, « Muriel Salmona: la psy qui traumatise » (Causeur, 10/03/21). La promotrice de la notion d’amnésie traumatique est une femme dangereuse.
. Erwan Seznec, « Les liaisons dangereuses de Muriel Salmona » (Causeur, 20/03/21). Enquête sur une psy aussi médiatique que dangereuse.
. « N’enfermons pas l’enfant victime d’inceste dans son traumatisme ! Relevons le défi de mieux l’entendre, le protéger, l’accompagner » (Le Monde, 24/03/21)
. « Inceste: une tribune publiée dans Le Monde dénonce à son tour le « message délétère » de Muriel Salmona », (Causeur, 25/03/21)
. Voir aussi : Démystifier les mythes à propos de la « mémoire traumatique » (Brigitte Axelrad).

. Les féministes médiatiques et éditoriales ont toujours raffolé des histoires de « viôôôl », parce que c’est tellement vendeur… ne l’oublions pas.

. Évelyne Pisier était une maîtresse-femme, une féministe influente au caractère trempé qui a fait valser les hommes autour d’elle une bonne partie de sa vie. Elle s’est pourtant inclinée devant des personnalités masculines autoritaires telles Fidel Castro ou Olivier Duhamel. Pourquoi ? =>

[Mythologie féministe] – Les Suffragettes et le droit de vote des femmes

« Oui, mais, gna gna gna, sans les Suffragettes, tu ne voterais même pas, han ! »

Bien. Je crois qu’il est temps de remettre les pendules à l’heure.

  • En France comme partout dans le monde, les femmes n’ont obtenu le droit de vote que quelques années (au pire décennies) après les hommes – et à l’échelle de l’histoire, c’est peanuts de peanuts !

J’avais déjà rappelé quelques faits historiques dans cet article : « La glossolalie féministe ou le syndrome du hamster ».

– Les féministes : « Hiiiiin, les Fâââmes ont dû attendre le XXsiècle pour pouvoir voter, c’est honteux ! Patriarcâât !!! »

Déjà, c’est faux : « Avant le XXe siècle, quelques pays accordent partiellement ou provisoirement le droit de vote aux femmes (…). Le Royaume de France introduit un droit de vote restreint pour les élections consulaires (gouvernements urbains) depuis le XIIe siècle selon les régions. Pour les États généraux depuis le XIVe siècle jusqu’en 1789. » (Source: Wikipedia). Comme on le voit d’emblée, les Suffragettes n’ont pas pesé pour grand chose…

Ensuite, les hommes français ont attendu le milieu du XIXe siècle pour accéder au suffrage universel, et encore, pas tous. Les conditions étaient restrictives et seule une partie des hommes votait.

Au XXe siècle, c’est la gauche qui s’est opposée au vote des femmes car elle savait qu’il serait conservateur. C’est le gouvernement de Vichy qui le premier, en rédige le projet, en 1941. Le vote sera acté en 1944. Par rapport aux hommes et à l’échelle de l’histoire et de la longue durée, cela reste cependant un délai très court. Les militaires français ont quant à eux dû attendre 1945 pour avoir le droit de vote, soit un an après les femmes ! Ils ne font pourtant pas autant de raffut… Et il faudra encore attendre 1956 pour que les français d’Outre-Mer, hommes et femmes, aient le même droit de vote que les métropolitains. Ils ne nous rebattent pas non plus les oreilles comme les pleureuses professionnelles, comme c’est bizarre…

  • Les femmes n’ont pas eu besoin des Suffragettes pour que les hommes leur donnent le droit de vote

Aux États-Unis, « les femmes pouvaient voter dans l’État du New Jersey de 1776 à 1807 sous la condition, comme pour les hommes, d’êtres elles-mêmes propriétaires », etc. On pourra trouver sur cette page Wikipedia de nombreux autres exemples du vote des femmes dans le monde avant les Suffragettes (par exemple en Suède de 1718 à 1771). Le droit de vote est définitivement accordé aux femmes dans la majorité des pays à partir du tournant du XXe siècle : dès 1893 en Nouvelle Zélande, 1901 en Australie, 1906 en Finlande, 1910 dans l’état de Washington, 1911 en Californie, 1912 en Arizona, Kansas et Alaska, 1913 en Norvège, 1915 au Danemark, 1916 au Manitoba, 1917 en Russie, etc.

Je ne vais pas tous les citer, puisque tous les pays occidentaux y viennent les uns après les autres – et ils n’avaient pas de Suffragettes ! De plus, les féministes sont aveugles et borgnes car ce sont des hommes qui, partout, ont réclamé et donné le droit de vote aux femmes… tout simplement parce que c’était la marche de l’histoire et de la civilisation occidentale et que l’égalité juridique des sexes était en germe depuis des décennies, pour ne pas dire des siècles ! Au Royaume-Uni, c’est le philosophe John Stuart Mill qui, à partir de 1867, bataille pour cette réforme. Comme à leur habitude, les féministes ont pris le train en marche et brandi leur petit poing rageur pour revendiquer un combat depuis longtemps porté et remporté par des hommes. Les féministes sont toujours les spécialistes des faux combats et des fausses victoires. C’est tellement plus facile de se poser en David terrassant un Goliath (le patriarcat) mort depuis longtemps !

Pour rappel, les femmes obtiennent le droit de vote en 1919 au Royaume-Uni… quand les hommes eux-mêmes ont attendu 1918 pour avoir tous le droit de voter ! « Il faut attendre 1918 pour que le droit de vote soit étendu à tous les hommes de plus de 21 ans – ou presque- et aux femmes de plus de 30 ans ». Bref…

Petit tableau récapitulatif
  • Les Suffragettes, et tout particulièrement l’une de leurs chefs de file, Mary Richardson, avaient déjà toutes les caractéristiques des hystériques misandres

Comme je l’avais évoqué dans cet autre article, « Punir, censurer, interdire, les féministes au musée », les Suffragettes anglaises se sont surtout illustrées par leur folie destructrice : le 10 mars 1914 à la National Gallery de Londres, la suffragette Mary Richardson attaquait au hachoir la Vénus au miroir de Velázquez (v. 1650), occasionnant sept entailles dans le tableau et endommageant fortement la zone entre les deux épaules. Elle a été condamnée pour cet acte de vandalisme à six mois de prison, le maximum prescrit pour destruction d’œuvre d’art.

Vénus au miroir de Velázquez lacérée par Mary Richardson, 10 mars 1914

Mary Richardson inaugurait ici la figure de la féministe puritaine et misandre ne supportant pas le regard des hommes porté sur la nudité féminine – elle a expliqué plus tard « qu’elle n’aimait pas la façon dont les visiteurs masculins regardaient bouche bée toute la journée » cette peinture. Mary s’en était prise à l’image d’une femme alors même qu’elle prétendait défendre « les femmes ». Qu’est-ce que son inconscient ne supportait donc pas chez cette Vénus ? Eh bien qu’elle soit érotique, bien sûr, offerte au désir des hommes et qu’elle ait le pouvoir de les émoustiller. Et c’est toujours aujourd’hui le problème majeur des féministes qui s’intéressent à l’art.

Les Suffragettes anglaises se sont également signalées par la destruction de dix autres tableaux dans les musées anglais entre mai et juin 1914 et il aura fallu pas moins que la première guerre mondiale pour mettre un terme à ces exactions.

  • Les Suffragettes, reines du terrorisme, du vandalisme et de l’agitation névrotique

Les Suffragettes posent des bombes, allument des incendies, envoient des colis piégés et inaugurent un « règne de la terreur » féministe. Je cite simplement la page Wikipedia qui leur est consacrée :

« Les suffragettes ont parfois eu recours à des méthodes assimilées par certains historiens à du terrorisme. Si certains réfutent ce terme et lui préfèrent le qualificatif de « vandalisme », arguant du fait que les propriétés et bâtiments que des suffragettes ont détruits ou incendiés étaient vides (il y en eut 250 en 6 mois en 1913), l’historien Simon Webb rappelle que Mary Leigh et d’autres suffragettes ont mis le feu à un théâtre, avant d’y faire exploser une bombe, alors que des gens étaient à l’intérieur. Elles ne furent cependant pas accusées de terrorisme, car ce crime n’existait pas à l’époque, et furent poursuivies pour avoir « causé une explosion de nature à mettre en danger la vie d’autrui ». Les suffragettes britanniques placèrent une série de bombes (la plupart explosant avec succès, certaines parfois défectueuses) dans plusieurs lieux, par exemple dans l’abbaye de Westminster, la cathédrale Saint-Paul, la banque d’Angleterre, la National Gallery, des gares, ou encore au domicile du chancelier David Lloyd George. Cette dernière fut placée par la militante Emily Davison. La bombe ayant soufflé les vitraux de la cathédrale de Lisburn en 1914, attribuée aux suffragettes, représente à la fois la première explosion de bombe du XXe siècle en Irlande, précédent celles de l’IRA, et la dernière bombe posée par les suffragettes : elle explosa le jour de l’entrée en guerre du Royaume-Uni, après quoi l’essentiel des suffragettes stoppèrent leurs activités et s’impliquèrent dans l’effort de guerre.

L’historienne Fern Riddell découvrit qu’en plus des bombes, les suffragettes envoyèrent des courriers piégés (méthode dont elles sont les inventrices, selon Simon Webb) contenant des flacons de phosphore qui se brisaient lorsqu’ils étaient manipulés, occasionnant de sévères brûlures chez les postiers. Fern Riddell affirme qu’en 1913, les suffragettes étaient un « groupe terroriste très organisé », et selon elle « il ne fait aucun doute que tout ceci a toutes les caractéristiques de ce qu’on définirait aujourd’hui comme du terrorisme ». Elle cite aussi les propos de la police et des suffragettes, employant tous deux l’expression de « règne de terreur » pour qualifier la campagne menée par les suffragettes, ou les journaux de l’époque titrant sur le « terrorisme suffragette ». Pour Fern Riddell, certains détails indiqueraient qu’au cours de leurs dernières années, il y eut une tentative coordonnée des suffragettes pour effacer leurs actions les plus violentes des ouvrages de mémoires publiés. »

1913: Incendie de l’église Sainte-Catherine d’Hatcham par les Suffragettes

Comme on le peut le voir, c’est tout à fait édifiant. On notera la manipulation typiquement féministe consistant, comme à leur habitude, à réécrire l’histoire à leur avantage – on appelle aussi cela du révisionnisme historique, manoeuvre pour ainsi dire devenue leur marque de fabrique et raison pour laquelle il ne faut en aucun cas abandonner le champ de l’histoire aux féministes.

On relèvera aussi cet aspect significatif : à partir de l’entrée en guerre (1914), les Suffragettes se calment et se consacrent à l’effort de guerre. Car c’est toujours la même histoire : le féminisme hystérique ne peut se développer qu’en temps de paix, une fois que des hommes, au prix de leur sang, ont offert à ces femmes un pays suffisamment pacifié pour qu’elles puissent se livrer à leurs épanchements et hurlements revendicatifs. Mais que la situation se tende et que la guerre soit à nos portes… et elles se rangent aussitôt derrière les hommes. Il en sera évidemment de même avec nos féministes actuelles en cas de future guerre de civilisations (même si beaucoup ont déjà décidé de se ranger derrière les hommes du camp adverse).

En conclusion, on retiendra que les Suffragettes ne sont qu’une imposture féministe de plus, un groupe terroriste d’agitées du bocal qui se sont contentées de prendre le train de l’histoire en marche tout en sabotant gratuitement le patrimoine artistique. Quasiment nulle part, les hommes n’avaient dans leur totalité accès au suffrage avant qu’elles-mêmes y accèdent. La mythologie féministe a fait des héroïnes de ces excitées surtout douées pour hurler, saccager ou étaler leurs névroses. Sans elles, la marche du monde aurait été exactement la même. Tous les pays développés auraient donné le droit de vote aux femmes, les uns après les autres, comme ils l’ont fait bien avant elles – ou bien après, comme la France (1944) ou la Suisse (1971), en fonction de leurs évolutions culturelles et historiques propres. Les Suffragettes, ou l’art féministe de faire du vent et de tirer à soi la couverture, as usual

1959. Affiche Suisse en faveur du vote des femmes.
Parce que c’était la marche de l’histoire et que les hommes aussi l’ont voulu !
  • Et aujourd’hui, l’abstention est majoritairement féminine, ici aux élections européennes de 2019, mais c’est valable pour toutes les élections, en France et dans la plupart des pays d’Europe ! Tout ça pour ça… (soupir).

Nathalie Heinich – La « cancel culture » n’a rien à faire sur notre territoire (Le Monde, 8/08/20)

Nathalie Heinich : « La « cancel culture » n’a rien à faire sur notre territoire » (article également publié sous le titre « La “cancel culture” est la conséquence du sous-développement juridique nord-américain », Le Monde, 07 et 08 août 2020)

Ce conformisme idéologique, issu de la nouvelle gauche américaine, n’a rien de progressiste, estime la sociologue. En France, la liberté d’expression est encadrée par la loi

La cancel culture, qui nous vient des campus nord-américains et des réseaux sociaux, normalise les tentatives pour faire taire littéralement, pour « annuler » – les opinions considérées comme illégitimes. On la voit aujourd’hui défendue, non seulement outre-Atlantique par des militants radicaux, qu’ils soient féministes, anti-homophobes, anticolonialistes, antiracistes ou anti-appropriationnistes (refusant que des productions culturelles soient reprises par d’autres que les membres des « communautés » dont elles sont censées être issues), mais aussi par des sympathisants français des causes ainsi défendues. En face, ce sont jusqu’à présent les conservateurs qui tiennent le haut du pavé dans la dénonciation de ces pratiques tel, hélas, un certain Donald…

Il est temps de sortir de cet affrontement « trumpeur » entre censeurs « de gauche » et anti-censeurs « de droite », car la censure que promeuvent et pratiquent ces nouveaux « annulateurs » n’a rien de progressiste, en dépit du crédit que leur confère la légitimité de leurs causes aux yeux d’une partie de la gauche. Et elle n’a rien à faire sur notre territoire, pour une raison que semblent ignorer les partisans de la cancel culture.

Ce qu’ils ignorent, en effet, c’est que son ancrage dans la société nord-américaine n’est pas l’effet de la prégnance dans leurs pays des maux contre lesquels luttent souvent à juste titre ces militants; il est avant tout le produit d’un système juridique spécifique : le premier amendement de la Constitution américaine, tout comme l’article premier de la Charte canadienne des droits et libertés, fait de la liberté d’expression un « droit fondamental positif », rendant a priori anticonstitutionnelle toute entrave à ce droit.

Or, tout autre est le système juridique français, où la liberté d’expression est d’emblée contenue dans des lois qui la restreignent, en interdisant, par exemple, l’incitation à la haine raciale, l’appel au meurtre, l’encouragement à la discrimination en raison du sexe ou de l’orientation sexuelle, ou encore le négationnisme.

Au risque de l’arbitraire

La différence est patente : là où, en France, la liberté d’expression est encadrée par la loi, en Amérique du Nord elle ne peut guère être bridée que par la mobilisation publique. Ce n’est plus le droit qui la régit, mais les simples citoyens, au risque de l’arbitraire et de la guerre civile larvée. D’où ce qu’on a appelé à partir des années 1980 les culture wars, avec les manifestations massives contre des expositions artistiques ; et d’où, aujourd’hui, les mobilisations sur les campus et les réseaux sociaux pour priver de parole, voire de poste, ceux dont les propos sont jugés déplacés, offensants ou simplement déplaisants.

Les appels au lynchage médiatique se donnent libre cours, au mépris de la liberté académique et de la liberté de la presse, aboutissant à empêcher les enseignants, les chercheurs et les journalistes de faire, tout simplement, leur métier. Soit on intime aux « mal-pensants » l’ordre de se taire, soit on se tait soi-même pour éviter de se retrouver dans la prochaine charrette.

La cancel culture n’étant rien d’autre que la conséquence du sous-développement juridique nord-américain en matière de liberté d’expression, son importation en France est absurde et ne témoigne que de l’ignorance ou du déni de notre culture juridique. Car c’est la loi qui protège les libertés beaucoup plus sûrement que l’absence de loi.

Que personne dans notre pays n’ait le droit de s’instituer censeur, ni juge à la place des juges ni policier à la place des policiers, parce que l’encadrement de ce qui est licite ou illicite relève de la représentation démocratique par l’intermédiaire du législateur, de l’institution judiciaire et de la police : voilà ce qu’ignorent, ou feignent d’ignorer, les partisans français de la cancel culture, qui ne s’autorisent que d’eux-mêmes lorsqu’ils s’arrogent le droit d’empêcher une représentation théâtrale parce qu’elle leur paraît irrespectueuse des droits des minorités, une projection cinématographique parce que le réalisateur a fait l’objet de plaintes en justice ou une conférence parce que son auteur serait « homophobe » – sans autre forme de procès.

Ainsi, ce qui se nomme ailleurs cancel culture devrait être clairement désigné, chez nous, par le seul terme adéquat : « culture de la censure ». C’est pourquoi, quelle que soit la justesse des causes défendues, l’on ne peut se contenter de condamner les « excès » de ces militants radicaux tout en suggérant que la fin justifie malgré tout les moyens.

L’on doit poser fermement la seule question qui vaille : quelles sont la légitimité et la légalité des méthodes utilisées par ces nouveaux censeurs ? Faute de quoi la gauche risque de sombrer à nouveau dans les tentations totalitaires qui en ont assombri l’histoire, depuis la Terreur révolutionnaire jusqu’aux horreurs staliniennes. Et faute de quoi aussi nous ne vivrons plus dans un Etat de droit, ni dans une démocratie, mais dans l’équivalent, à l’échelle des réseaux sociaux, de ce que fabriquait naguère le ragot de village : le contrôle social sans appel, sans merci, sans recours.

« Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui affranchit », affirmait magnifiquement Lacordaire (1802-1861). Est-ce à croire que ceux qui, aujourd’hui, prétendent à la liberté sans limites d’interdire la parole à leur prochain voudraient en revenir à la loi du plus fort la loi de la meute ?

Note(s) :

Nathalie Heinich est sociologue. Chercheuse au CNRS, elle a publié de nombreux ouvrages et articles sur le statut d’artiste, l’art contemporain, la question de l’identité, l’histoire de la sociologie et les valeurs. Elle vient également de publier un article intitulé « Nouvelles censures et vieux réflexes totalitaires » dans le n° 82 de la revue Cités