La rhétorique féministe a ceci de remarquable que tous les combats qu’elle remporte se terminent immanquablement par des retours de bâton aussi bien sentis que jamais anticipés.
En langage féministe, le retour de bâton est le fameux concept de « backlash », celui qui a donné son nom à l’essai d’une des pires féministes radicales de l’histoire, Susan Faludi (1991). Depuis ce temps, les féministes rajoutent donc des bassines de larmes à leurs bassines de larmes, sans jamais comprendre que les boomerangs qu’elles se ramassent régulièrement dans la figure ont bien moins à voir avec leur « patriarcat » fantasmé (mais si pratique) qu’avec leur propre incapacité à réfléchir, à se projeter dans l’avenir (même immédiat), bref à anticiper le coup d’après.
Avant de commencer à en recenser les innombrables exemples – si nombreux qu’on peut même parler à ce sujet de marque de fabrique féministe –, je reviens à cette réflexion de Camille Paglia sur ce qui différencie les organes sexuels masculins et féminins, et notamment l’analogie qu’elle propose entre le pénis masculin et la capacité à se projeter :
« L’urinement mâle met en évidence la concentration et la projection. Voilà un mode d’expression que les femmes ne maitriseront jamais. (…) Les femmes, comme les chiens femelles, sont destinées à l’accroupissement, au squat. Il n’y a pas de projection au-delà des frontières de soi ».
[Camille Paglia, Femmes libres, hommes libres, Laval (Qc), 2019, p. 70-71]
Cette observation est bien plus profonde que son apparence provocatrice pourrait le laisser penser – car elle s’applique aussi à la capacité intellectuelle à se projeter. C’est pour cela qu’elle m’est tout de suite venue à l’esprit en observant l’incapacité systématique des féministes, noyées dans leurs émotions et leurs fureurs, à prévoir le coup d’après.
Cette incapacité ontologique du féminisme à se projeter au-delà des frontières de soi est aussi parfaitement illustrée par les préoccupations exclusivement régressives et auto-centrées des néo-féministes (« Ouin ouin, mon clito, ma chatte, mes poils, mon soutif, ma cellulite », etc. ; voir « L’univers néo-féministe »). Sur l’urinement féministe et sa jalousie vis-à-vis du masculin, on pourra se reporter à cet article : « Anthologie du féminisme urinaire » :
Venons-en donc au catalogue des incuries féministes liées à leur manque d’anticipation.
- Les féministes du genre et les transgenres
Il s’agit de l’exemple actuel le plus frappant et pour moi le plus drôle. Depuis les années 1980, le Gender Feminism, la mouvance majoritaire du féminisme de gauche et d’extrême gauche a consisté à lutter âprement contre les différences sexuelles. Au nom d’une égalité confondue stupidement avec un égalitarisme dans l’indifférenciation, ces féministes se sont appliquées à « déconstruire » symboliquement une à une toutes les différences sexuelles, ignorant délibérément les apports de la biologie et de la science des hormones. Il suffisait pourtant d’un peu de jugeote pour comprendre combien leurs postures seraient un affront grotesque au réel. Mais comme ces féministes sont inaccessibles à toute forme de raison et de bon sens, elles continuent inlassablement à s’enferrer dans cette voie. Le résultat est aujourd’hui une violente guerre de tranchées entre les féministes pro-trans et les autres, baptisées TERF (« Féministes radicales excluant les trans ») par les premières.
C’est à ce titre qu’une femme irréprochable comme J. K. Rowling s’est vue traîner dans la boue toute l’année 2020 pour avoir simplement rappelé qu’une « personne avec des règles » était biologiquement une femme. Les réseaux sociaux ainsi que la presse de caniveau à leurs ordres, tels Télérama ou Marie-Claire, ont courageusement hurlé à la transphobie… Comme le disaient si bien les Monty Python dans leur séquence incroyablement visionnaire de La Vie de Brian (1979), la lutte contre la réalité est bien le nerf de la guerre féministe contre « l’oppression symbolique » :
Pour ma part, je ne m’engagerai pas dans cette guerre, n’étant ni féministe ni activiste trans. Je me réjouis cependant que ces événements qui se multiplient dans le sport notamment, où des MtF, c’est-à-dire des hommes devenus femmes, dament le pion à des femmes biologiques sur les podiums, aient obligé certaines féministes du genre à revenir sur terre et se souvenir que ce n’est parce que pour X raisons on a décidé de changer de sexe, qu’on ne conservera pas certaines spécificités physiologiques de son sexe de naissance – la biologie n’étant pas soluble dans le genre, n’en déplaise à ses idéologues folles.
Il s’agit en tout cas d’un des meilleurs exemples de l’incapacité à anticiper le coup d’après. Comme s’il n’était pas prévisible depuis le début qu’après avoir clamé partout qu’on pouvait décider de son sexe et en changer comme on voulait, il n’y aurait pas que des femmes qui feraient la transition. Cette manière de toujours sous-estimer les hommes – et ici, d’oublier carrément leur existence – est particulièrement emblématique des insuffisances de la pensée féministe. Aujourd’hui, le monstre enfanté par les féministes s’est retourné contre elles et commence à les dévorer sous leurs yeux.
- La libération sexuelle de la seconde vague
L’autre exemple le plus frappant des limites intellectuelles de l’idéologie féministe est le retour de bâton de la libération sexuelle. Dans les années 1960 et 1970 et grâce à une invention masculine, la pilule, les féministes ont exigé de pouvoir baiser comme elles voulaient et quand elles voulaient, sans risquer de devenir mères. Résultat : elles ont surtout servi de trous ambulants à des hommes qui n’en demandaient pas tant, tout en démonétisant totalement la « valeur marchande » de l’offrande de leur corps – et les mettant par conséquent très vite en porte-à-faux.
Si certaines femmes se sont très bien accommodées de cette situation – celles qui avaient assez de tempérament pour ne pas se mettre à pleurer et paniquer à l’heure de gérer non seulement leur liberté sexuelle mais les risques afférents, les autres, en petites filles fragiles ne sachant que s’en remettre à l’autorité paternaliste (contrairement à ce qu’elles croient), ont alors inventé le backlash et remis sur pied la bonne vieille morale puritaine – je parle ici de Faludi et de toutes les féministes qui depuis les années 80 ne jurent que par la « culture du viol ». Quand des femmes comme Camille Paglia, Élisabeth Badinter ou moi-même sur ce site critiquons ces néo-bigotes, nous nous faisons traiter de masculinistes, alors que nous ne faisons que rappeler que le monde réel n’est pas celui des Bisounours et des pettes licornes arc-en-ciel, et que dans ce monde, il y a les hommes. Mais une fois de plus, les féministes avaient oublié leur existence et n’avaient pas anticipé le coup d’après. La vraie femme forte n’est pas la féministe qui pleure, mais la femme capable d’affronter le réel. Je renvoie de nouveau à Camille Paglia sur ce sujet :
- #MeToo et #MeTooIncest
Les féministes, la presse et le grand public continuent de se gargariser des prétendus succès de #MeToo. Le mouvement est pourtant davantage contre-productif pour les femmes qu’il n’en a l’air, comme le rappelle Peggy Sastre dans ce podcast (de 11 à 15 mn), dans la mesure où il favorise les prédateurs qui ne s’adapteront que mieux aux proies les plus vulnérables (les femmes fragiles, les handicapés) et que les « hommes du milieu » seront les grands perdants.
La terreur instaurée par #MeToo dessert aussi les femmes dans l’entreprise. On sait désormais que les hommes préféreront recruter d’autres hommes plutôt que de risquer un procès pour harcèlement sexuel pour avoir simplement tenu la porte de l’ascenseur à une collaboratrice et frôlé sa main en appuyant sur le bouton : « Aux Etats-Unis, depuis #MeToo, de plus en plus d’hommes n’osent plus travailler avec des femmes ». Le féminisme au travail, ce sont aussi des femmes (les hôtesses du Tour de France) qui perdent leur job au profit d’hommes; encore un truc fichtrement bien pensé !
Pour ce qui est de #MeTooIncest, le coup d’après sera probablement des drames familiaux consécutifs aux dénonciations sauvages sur les réseaux sociaux. La justice ne se rend pas en appelant au lynchage sans précaution. Ce seront des milliers de familles explosées qui vont en payer le prix, à tous les niveaux. Je reviendrai sur ce point dans quelques mois, à l’heure du bilan. Je renvoie en attendant aux commentaires déposés par YGS sur cette page :
« Les victimes d’abus sexuels commis par un ou des adultes durant leur enfance sont souvent des personnes très fragiles, extrêmement vulnérables. Les inciter à s’exposer ainsi sans prise en charge, sans soutien ni préparation, c’est les mettre en grand danger. En particulier, ces victimes ont de fortes tendances suicidaires. Je serais très surpris si #metooinceste ne débouchait pas sur une série de drames.
Il conviendra alors de s’interroger sur la responsabilité de ceux et celles qui les ont encouragés à s’exposer ainsi, sans leur offrir la moindre assistance. Il conviendra aussi de s’interroger sur leurs motivations. Car s’il y a bien une chose dont n’ont pas besoin ces victimes, c’est qu’on se serve à nouveau d’elles sans la moindre considération pour les dégâts qu’elles subissent. »
- La destruction du père et de la fonction paternelle
Un autre exemple du manque d’anticipation féministe est leur acharnement à détruire les repères familiaux tels que le mariage, la maternité ou la paternité, au point que ce sont les femmes elles-mêmes et leurs enfants qui en paient le prix le plus élevé – en termes de paupérisation, d’échec scolaire, de délinquance, de troubles psy, etc.
J’ai abordé tout récemment cette question dans cet article, liant même (c’est une hypothèse) la destruction de la figure paternelle à l’émergence des profils de « pervers narcissiques » – dans les faits des immatures psycho-affectifs qui n’ont pas pu bénéficier de fondations solides pour se construire correctement :
- La chute de la natalité, le célibat et la fin de vie sans descendance
La triste réalité du monde féministe est aussi celle-là :
. Des femmes qui sont avantagées par rapport aux hommes sur le marché du travail (contrairement à ce qu’elles prétendent), mais qui ne font quasiment plus d’enfants ;
. Des hommes et des femmes qui ne veulent plus d’enfants. Le renouvellement des générations n’est plus assuré malgré l’apport des naissances liées à l’immigration, déjà plus nombreuses que les naissances autochtones (cf. « La natalité en 2020 en France au plus bas depuis 1945 ») ;
. Un souci majeur pour les retraites dans les décennies à venir ;
. Un nombre de célibataires des deux sexes qui explose, une démographie qui s’essouffle et un avenir très sombre pour tout le monde.
On notera enfin que les victoires féministes n’ont pas rendu globalement les femmes plus heureuses. Il suffit pour s’en rendre compte d’écouter les jérémiades féministes quotidiennes sur France Culture par exemple. La féministe n’a jamais autant pleuré, jamais autant crié, ne s’est jamais autant lamentée, sur absolument tout. Le féminisme m’apparait définitivement comme un miroir déformé de la femme dans ce qu’elle a de plus désolant : une créature ne sachant que pleurer et taper du pied comme une petite fille pour que son papa (le « patriarcat ») lui cède tous ses caprices. J’attends toujours de croiser des féministes capables de grandir enfin, mais ce n’est visiblement pas pour demain, quand je les vois encore et toujours pleurer pour avoir des poils comme les zhoms, ou pour ne pas mettre de soutif comme les zhoms, et j’en passe. Je baille de mépris…
- Pour ce qui est du soutien-gorge et du mouvement No-Bra, d’ailleurs, le coup d’après est que :
1/ Les hommes préfèrent de toutes façons les femmes jeunes sans soutien-gorge car les seins jeunes sont nettement plus érotiques sans (puisqu’on voit mieux le téton poindre). Les jeunes néofems qui s’imaginent ne pas faire le jeu des hommes en refusant le soutif ont donc encore tout faux.
2/ Les seins tombent sans soutien-gorge, quoiqu’en disent les jeunes néofems qui n’ont rien vécu. Dans 20 ans , on retrouvera les mêmes ex-jeunes néofems en train de se faire mettre des prothèses en silicone ou de pleurer sur leurs seins en gants de toilette – une fois que le rapport de forces se sera inversé et qu’elles ne seront plus les reines du bal. Comme toujours, il suffit juste d’attendre un peu pour voir les féministes se prendre le mur et se remettre à pleurer… Sur le sujet :
[A suivre…]